Test de Roadwarden - Un RPG textuel pour revenir à l'essence du genre

Le studio Moral Anxiety Studio fait une proposition minimaliste en apparence avec Roadwarden, mais bel et bien incroyablement riche. Le jeu se définit comme un RPG textuel, illustré par des tableaux aux nuances de marron en pixel. Le cœur du jeu est bien le texte, invitant le joueur à se glisser dans la peau d'un roadwarden, un homme parcourant les routes en milieu hostile pour le compte d'une guilde de marchand. Il s'agit justement de reprendre le poste du précédent roadwarden, porté disparu avec pour mission d'explorer le potentiel pour la guilde d'une mystérieuse péninsule.

Ce n'est pas une simple aventure narrative, le joueur pose des choix à commencer par incarner l'une des trois classes -- parmi les classiques de la fantasy -- déterminant ses compétences au gré d'une discussion. On est bien acteur de cette histoire, enfin des multiples histoires tissant ce monde. Chaque habitant a des choses à raconter pour se faire une idée du chemin à prendre pour la suite. Le temps est limité et chaque action en prend plus ou moins, selon son importance. On dispose de 40 jours en mode normal pour compléter sa mission, mais il faudra aussi prendre le temps de trouver un endroit où dormir en sécurité, se nourrir ou prendre soin de soi. Une odeur corporelle trop forte peut ainsi interférer avec certaines personnes.

Ce n'est qu'un détail parmi tant d'autres et il faudra bien des passages pour se faire un tableau précis de ce monde. Pour les plus assidus, un carnet pour les noter devient indispensable, car le journal du jeu est trop synthétique. Roadwarden se décompose en trois temps : cartographier au gré de ses déplacements pour ensuite affiner ses connaissances de la péninsule et la faire évoluer au fil de ses interactions. Les dés se chargent des situations dangereuses, mais un combat se joue surtout aux choix posés et à la préparation. Le monde de Roadwarden n'en restera pas moins mystérieux, tellement il regorge d'interactions possibles. Il faut compter une trentaine d'heures pour compléter le jeu dans les grandes lignes, alors qu'il ne fait pas perdre de temps pour monter son expérience ou acquérir des compétences.

On est bien à l'essence même du jeu de rôle, l'incarnation d'un personnage dont les choix et les actions contribuent à son développement et celui de l'histoire. On est presque étonné de voir qu'un jeu peut receler autant de possibilités et j'espère un jour voir un studio avec plus de moyens mettre en jeu un tel monde. Car si les mots sont savamment choisis dans Roadwarden, ils ne sont qu'une partie des possibilités offertes par le jeu vidéo. Les planches pixelisées qui se dévoilent au fur et à mesure ont néanmoins un certain charme, donnant un lointain aperçu d'un monde aussi envoutant que complexe.

En effet, en constatant comment nos choix prennent progressivement et irrémédiablement du sens, on prend conscience de toute la maîtrise et l'art déployés par les développeurs pour construire Roadwarden. Le joueur se charge de s'en saisir et de l'orienter en fonction de sa manière de voir et de vivre dans ce monde. Je rappelle toutefois qu'il est disponible uniquement en anglais et qu'aucune localisation dans une autre langue n'est prévue pour le moment.

Test réalisé par Agahnon sur PC à partir d'une version fournie par l'éditeur.