Aperçu de Scars Above : l’inspiration a du bon

Davantage connu pour le peu convaincant Pagan Online, devenu offline faute de joueurs, Mad Head Games est aussi un prolifique développeur de jeux d’aventure et point & click en 2D comme Adam Wolfe ainsi que les séries Nevertales, Cadenza ou encore Rite of Passage. Basé en Serbie et plus récemment en Bosnie-Herzégovine, le studio est depuis 2020 rattaché à Saber Interactive, lui-même propriété du groupe Embracer. Mais alors qu’il était plus ou moins tombé dans l’oubli après l’échec de son hack & slash en ligne, sa nouvelle création pourrait lui permettre de revenir sur le devant de la scène.

Scars Above est présenté comme un jeu d’action-aventure à la troisième personne dans lequel vous incarnez le Docteur Kate Ward, scientifique membre du groupe SCAR (Sentient Contact Assessment and Response) ayant pour mission d’étudier l’énorme structure qui a fait son apparition dans l’orbite terrestre : le Métahédron. Mais la mission spatiale ne se déroule pas comme prévu et un étrange phénomène transporte le vaisseau et son équipage dans un monde inconnu. Séparée de son groupe, Kate se réveille au milieu de nulle part et doit retrouver ses compagnons en survivant dans cet environnement nouveau et inhospitalier.

Si le pitch a un léger goût de déjà vu, c’est parce qu’il possède quelques similitudes avec celui de Returnal, le jeu développé par Housemarque pour la PlayStation 5. Tous deux nous mettent dans la peau d’une femme seule se réveillant dans un monde inconnu et terrifiant, probablement extraterrestre, suite à un phénomène étrange lors d’un vol spatial. Toutefois, rassurez-vous : la comparaison s’arrête là, car si l’ambiance est très similaire, le gameplay diffère totalement. Si Returnal est un jeu de tir à la troisième personne sous adrénaline où la mort signifie le recommencement, tel un rogue-lite, Scars Above propose une alternative plus posée, bien plus proche d’un Souls - oui, encore eux -, avec l’équivalent des feux de camp sous forme de piliers, qui vous permettent de sauvegarder votre progression, de récupérer votre vie ainsi que vos munitions et si vous mourez, vous revenez au dernier pilier activé. Si ces similitudes peuvent décevoir, c'est sans compter sur les quelques particularités du jeu qui permettent à Scars Above de sortir du lot, notamment grâce à son système de combat.

Délaissant les épées et boucliers du médiéval fantastique, il vous place entre les mains une arme de science-fiction bien plus expéditive tirant des munitions élémentaires. Vous avez droit à quatre types de munitions : électriques, enflammées, gelées et acides. Chacune d’entre elles vous permet d'exploiter les faiblesses ennemies et de profiter de certaines conditions comme le sol mouillé pour l'électrocution ou de matières inflammables pour carboniser tout ce qui traine autour et ainsi éviter la confrontation directe, bien plus risquée. De plus, elles permettent aussi de débloquer certaines zones comme dans un Metroid - autre inspiration indéniable du jeu où les portes ne s’ouvrent que si vous possédez la bonne arme. Pour combler votre arsenal, vous avez tout de même droit à une lame, dont l’utilité se limite à couper des branches et tuer quelques araignées extraterrestres pour économiser des munitions. L'autre particularité, c'est la présence de petites énigmes et autres interactions avec les décors, qui vous demanderont de scanner des objets, d'utiliser correctement les différents types de minutions et de prendre le temps de regarder autour de vous. Ce n'est pas la panacée, mais cela permet de calmer un peu le rythme, de voir autre chose que des combats parfois stressants et d'élargir le panel d'actions possibles tout en les intégrant de manière logique dans le parcours de Kate.

En jeu, la prise en main est plutôt agréable et si on peut regretter une certaine lourdeur dans les mouvements de Kate, les créatures sont suffisamment lentes pour que cela ne gêne pas. On trouve très rapidement nos repères tant la prise en main est classique et se rapproche des Souls. Ce n’est peut-être pas très original, mais ça fonctionne et c’est bien tout ce qui compte. L’utilisation de l’arme se fait avec les gâchettes, le changement de munition avec la croix directionnelle et si vous avez besoin de vous soigner, de récupérer vos munitions ou encore de créer un champ protecteur autour de Kate, le jeu propose tout un tas d’objets à utiliser grâce aux filaments, une ressource récupérable sur les cadavres. Il vous est aussi possible d'esquiver, même s'il va vous falloir anticiper tant l'action manque de réactivité. Quant aux créatures, elles ont toutes leurs forces et faiblesses, qu’il est possible de connaître grâce au scanner, et vous donneront parfois du fil à retordre, surtout les boss, assez coriaces et probables raisons principales de vos décès à venir. Chacun des trois chapitres parcourus ont apporté de nouveaux ennemis, aux designs et comportements différents, ce qui devrait écarter le sentiment de lassitude dans le jeu complet. Enfin, la difficulté s'est avérée relativement bien dosée tout comme le rythme, même si certains piliers peuvent sembler un peu trop éloignés des autres. Ce n'est clairement pas une promenade de santé, mais entre le choix du niveau difficulté parmi les trois disponibles et la mort très peu pénalisante, chacun devrait pouvoir y trouver son compte.

Afin de faciliter son voyage, Kate gagne de l'expérience en tuant certains ennemis ainsi qu'en récupérant des cubes de connaissances. Une fois atteint 100%, Kate gagne un niveau qui lui procure un point à attribuer dans un arbre de compétences. Kate pourra ainsi augmenter la quantité de munitions disponibles, ses points de vie ou encore son endurance, améliorer ses résistances aux attaques ennemis, augmenter la quantité de filaments transportables, diminuer le temps de recharge de l'arme et bien d'autres encore. De quoi rendre le voyage de Kate un peu moins cauchemardesque.

Pour ce qui est de l’aspect technique, c’est malheureusement le point qui déçoit un peu. Si le jeu tourne de manière stable, il fait anormalement grimper la température de la carte graphique, forçant le blocage à 60 images par seconde pour rester à des niveaux raisonnables. Ce sera sûrement corrigé avec le temps, le jeu étant toujours en développement et la build datant sûrement un peu, mais ce fut assez étonnant de voir des chiffres aussi ridiculement élevés. Visuellement, le jeu s’en sort plutôt bien, malgré quelques lacunes dans les animations, surtout lors des cinématiques, ainsi dans dans l'éclairage et les ombres, qui font que les surfaces peuvent manquer de relief. Ce n’est clairement pas le jeu le plus impressionnant à venir, mais la direction artistique rattrape largement ce petit manque d’ambition technique. Certains paysages sont splendides et le monde créé par les artistes de Mad Head Games attise sans problème la curiosité et l'envie d’en savoir plus, tout comme les quelques mystères qui entourent les raisons du crash du vaisseau de Kate et la disparition du reste de l'équipage.

Notez enfin que le jeu est totalement traduit en français et mieux encore, il profite d'un doublage intégral dans la langue de Molière. Si ce dernier peut manquer un peu de conviction et même surprendre dans certaines prononciations, sa présence est un vrai plus, qui devrait faire plaisir aux joueurs les moins à l'aise avec l'anglais.

Après trois chapitres sur Scars Above, il nous tarde d’y jouer davantage, de continuer à parcourir cet univers sombre et fantastique auprès de Kate. Le jeu ne révolutionne rien, n’est pas si original que ça et se repose peut-être un peu trop sur les acquis d’autres jeux ayant servi de références, mais il réussit malgré tout à trouver un juste équilibre dans son rythme et son gameplay, un poil mou, mais efficace. Si on espère que les dernières semaines de développement permettront de corriger certaines lacunes techniques, ce premier avant-goût fut très plaisant et Scars Above pourrait très bien être la première petite surprise de 2023.

Prévu pour le 27 février prochain, Scars Above sortira sur PC, PlayStation 4 et 5 ainsi que sur Xbox One et Series X|S.

Aperçu réalisé par Lianai à partir d'une version PC (Steam) fournie par l'éditeur.