Une journée de chien

Un coup frappé à ma porte me tire du sommeil. Il fait toujours nuit dehors et le temps est à la pluie, comme trop souvent. Je tâtonne à la recherche d’une lumière avant de m’extirper péniblement de mon lit. En route vers la cuisine, mais le frigo est vide. Le téléphone sonne et une voix me dit de vérifier la note glissée sous ma porte. Un nom, rien de plus. Étrange façon de débuter une enquête, même pour un ancien flic comme moi. Qu'importe, n'importe quel annuaire me donne une adresse pour débuter mon enquête. Les quelques personnes que je croise sur le chemin vers ma destination semblent pressées. Personne ne souhaite rester dehors dans cette ville où la loi et la justice sont des questions gérées par des grandes corporations défendant surtout leurs propres intérêts.

J’arrive enfin chez ma cible. Personne ne répond lorsque je frappe à la porte. Je ne suis pas venu jusqu’ici pour repartir les mains vides, alors je jette un œil sous le paillasson de l’entrée. Bingo, un double des clés. Quel cliché ! Je m’introduis donc dans l’appartement pour découvrir un cadavre dans le salon. Les vieilles habitudes ne se perdent jamais et je commence mon enquête en fouillant l’appartement. Là, une note m’apprend le code du coffre-fort de la victime. Ici, son portefeuille me révèle son identité. Un badge d’accès m’apprend où il travaillait. J’inspecte rapidement le corps. Cause de la mort : blessure par balle. Heure de la mort : un peu plus tôt durant la journée. J’en profite également pour relever les empreintes. Il y en a plusieurs différentes, l’une d’elles appartient peut-être au coupable. On frappe à la porte. Ce sont les services de sécurité des corpos. Il est temps de disparaître. Un conduit d’aération fera l’affaire. La suite ? C’est vous qui voyez.

La ville qui ne dort jamais

Ce que je viens de vous narrer est le début de la mission qui sert de tutorial au jeu. Une mission bien plus dirigiste que ne l’est réellement le jeu. Car Shadows of Doubt est avant tout un bac à sable dans lequel le joueur, tout détective privé soit-il, est parfaitement libre de choisir ses affaires. Meurtres, disparitions, vols ou collectes de preuves sont également au programme, si vous le souhaitez. Mais ne vous y trompez pas, même la mission la plus simple sur papier sollicitera votre talent d’enquêteur. Tenez, un de mes jobs me demandait de balancer de la nourriture sur quelqu’un. Facile non ? Oui, sauf que le quelqu’un n’était identifié que par son lieu de travail et par ses empreintes digitales. Shadows of Doubt génère son contenu de manière procédurale. Et le régénère même, si je puis dire, puisqu’il m’est déjà arrivé de voir certains éléments être modifiés à la suite d’un chargement de sauvegarde. Genre le personnel d’un restaurant ou une note placée sur un table qui se retrouve collée à un mur.

Tromper la sécurité et pirater des ordinateurs, mon quotidien

Inspecteur la bavure

Ce point mis de côté, le concept de Shadows est assez intéressant et j’ai ressenti un petite vibe Deus Ex en jouant au jeu. Comme ce dernier, le jeu place le joueur devant un vague objectif et le laisse se débrouiller pour la suite, en assumant les conséquences. Le jeu ne vous prend pas par la main et vous devez vraiment réfléchir à comment trouver la solution à un problème. Vous devez accéder aux fichiers du personnel d’une société ? Cherchez les clés ou le code pour ouvrir la porte, défoncez-la avec le risque que le bruit attire l’attention, trouvez une entrée alternative ou simplement payez quelqu’un pour obtenir l’accès. La résolution des affaires est d’ailleurs soumise à cette même nécessité d’assumer nos choix : le joueur peut se tromper et son erreur éventuelle sera sanctionnée. Au contraire, plus notre travail sera soigné, plus la récompense sera importante.

Doutes

Si le concept est prometteur, le jeu est encore pour l’instant assez brut de décoffrage, à l’image de toute la partie interface. Pour vous assister dans vos enquêtes, vous disposez d’un tableau virtuel sur lequel vous pouvez épingler toutes les informations utiles que vous découvrez. Cela peut rapidement devenir illisible quand vous commencez à cumuler les éléments qui n’ont pas forcément de rapport direct avec votre mission. Mais ce n’est là que l’un des nombreux points que le jeu devra résoudre durant son accès anticipé : l’inventaire, les interactions avec les habitants, les dialogues à l’ergonomie complètement foirée (choisir la réponse avec les flèches directionnelles et confirmer avec le bouton gauche de la souris, sérieusement ?). Et j’en oublie sûrement. Il y a beaucoup de travail pour apporter du confort de jeu d’ici la sortie.

Des dialogues un peu limité

Un point me laisse tout de même un peu dubitatif je l’avoue : le jeu me semble pour l’instant assez artificiel dans son déroulement. C’est particulièrement frappant dans les dialogues. Les options qui sont proposées lors d’une conversation semblent fixes et il ne me semble pas possible d’interroger quelqu’un sur un sujet particulier. Oh, vous pouvez interroger n’importe qui sur une personne de votre choix. Vous obtiendrez souvent des réponses reprenant le modèle du « je l’ai vu près de la rue x ». Ce qui est assez étrange quand vous interrogez le personnel du restaurant dont votre cible est un client régulier. À l’heure actuelle, Shadows of Doubt semble donc mettre l’accent d’avantage sur la partie infiltration et collecte/vol d’indices que sur l’aspect social du métier de détective. À voir si ça changera.

Conclusion

Prometteur, le jeu devra passer par une dose de peaufinage tant sur le plan du gameplay que sur le plan technique. Le jeu se montre en effet assez gourmand du côté configuration. C’est le prix à payer pour un monde entièrement simulé. Shadows of Doubt possède du potentiel, mais c’est un potentiel qui est pour l’instant encore à l’état brut. À lui de profiter des mois à venir pour briller de milles feux à la sortie.

Aperçu réalisé par Grim sur PC à partir d'une version fournie par l'éditeur.