Aperçu d'Atelier Marie Remake : The Alchemist of Salburg - À l'origine, il y avait Marlone

Et oui, peu le savent, mais la série des Atelier ne date pas d’hier et il faut remonter à la toute première PlayStation pour en découvrir l’origine avec l’épisode Atelier Marie : The Alchemist of Salburg sorti en 1997. Jamais édité hors de l’archipel japonais, malgré les différentes versions et compilations sorties au fil des années, le public occidental n’a pas eu l’occasion de mettre les mains sur ce jeu, si ce n’est via une traduction de fans, et la licence n’est arrivée chez nous qu’avec la trilogie Atelier Iris, sortie sur PlayStation 2 en 2004. Mais cette injustice fera bientôt partie du passé, puisque le développeur Gust et l’éditeur Koei Tecmo profitent du 25ème anniversaire de cette longue série pour enfin sortir mondialement son tout premier épisode sous la forme d’un remake développé spécialement pour l’occasion et disponible sur PlayStation 4/5, Nintendo Switch et Steam pour 49,99€.

Toutefois, et c’est important de le signaler, ce remake n’a pas profité du même budget ni des mêmes ambitions que l’autre jeu anniversaire débarqué plus tôt dans l’année. En effet, tous les efforts ont été concentrés sur le dernier épisode de la trilogie Atelier Ryza et la différence de traitement saute aux yeux comme le nez au milieu de la figure. Si la série des Atelier subit toujours un certain retard technique, on peut constater depuis Atelier Sophie et plus encore avec Ryza, que des efforts non négligeables ont été apportés dans ce domaine. Chatoyants, de plus en plus détaillés, personnages plus expressifs, exploration plus libre dans des zones plus ouvertes, chaque nouvel épisode place la barre un peu plus haut, pour le plus grand plaisir des fans. Et il en va de même pour les systèmes de jeu, plus complets, plus novateurs ainsi que le marketing, qui a bien compris que les marchés occidentaux n’étaient plus à négliger, même si Atelier Ryza 3 a malheureusement perdu son droit à une traduction française - tout comme ce remake, soit dit en passant. Bref, la série des Atelier progresse dans pratiquement tous les domaines et voilà que nous tombe entre les mains ce remake d’Atelier Marie et là, forcément, la copie peut en laisser certains circonspects.

Dans Atelier Marie : The Alchemist of Salburg, nous suivons les aventures de Marlone, jeune alchimiste ayant l’incroyable talent de n’en avoir aucun, si ce n’est celui de rater tous ses examens à l’académie des alchimistes. Elle exaspère tellement ses professeurs que l’instructrice Ingrid lui impose un ultime défi, qui déterminera son avenir à l’académie : concevoir un objet d’une certaine qualité dans un délais de cinq ans. Si ce défi n’est pas relevé à temps, elle sera définitivement renvoyée de l’académie. Pour l’aider dans sa tâche, un atelier d’alchimie lui est confié et c’est ainsi que débute le jeu.

Ce qui saute aux yeux dès l’introduction, c’est le choix du style chibi, qui signifie « petit » dans le sens mignon et qui désigne un style visuel où chaque personnage est représenté sous forme caricaturale enfantine au corps disproportionnellement petit en comparaison de la tête. Design très utilisé dans le milieu de l’animation et de la bande dessinée japonaises, Gust en a fait la signature visuelle de ce remake ; se démarquant ainsi du reste de la licence, beaucoup plus proche des standards de la production japonaise à minima « réaliste. » En soi, le choix a du sens, puisqu’il se rapproche du visuel de l’époque, mais c’est aussi un moyen de limiter les coûts de production, car qui dit personnages chibi, dit moins de polygones nécessaires, moins de détails, moins d’animations, ainsi qu’une caméra plus proche et donc des décors plus minimalistes dans des zones souvent plus restreintes. Ce n’est pas pour rien que ce style graphique est souvent utilisé par de petites productions moins ambitieuses. Mais une fois l’étonnement passé, il faut tout de même avouer que le rendu est mignon, même si un peu cheap, et profite des changements de saisons pour fréquemment offrir de nouvelles palettes de couleurs. Et que dire des artworks magnifiques durant les dialogues, qui eux n’ont pas souffert de ce budget serré.

Quant aux mécaniques de jeu, il faut bien prendre en compte que l’on est ici face au tout premier jeu de la série et en tant que tel, il ne faut pas attendre de lui des systèmes complexes comme les épisodes suivants ont pu connaître. Ici, tout est réduit au plus simple. Vous prenez une mission à la taverne, vous engagez un ou plusieurs compagnons pour vous accompagner et vous allez dans les différentes zones qui entourent la ville pour récolter les ingrédients nécessaires à la confection du ou des objets réclamés. Un fois la récolte terminée, vous rentrez à l’atelier et vous pouvez lancer la fabrication, là aussi très simpliste puisqu’il suffit de choisir le nombre d’objets à fabriquer, en faisant bien attention au temps que cela prend, et de valider. Après cela, vous pouvez faire votre rapport à la taverne et c’est reparti pour un tour.

Pas de monde à sauver, pas de grande épopée à travers le continent, juste une jeune femme qui tente de trouver sa place et de relever un défi qui déterminera son avenir. Un jeu posé, parfait pour de courtes sessions de jeu, mais qui pourrait à la longue devenir répétitif, malgré les dialogues entre les personnages, plutôt attachants, et malgré les nouveautés. D’ailleurs, pour parler des nouveautés apportées au jeu d’origine, elles s’avèrent assez chiches même si elles sont bienvenues. Tout d’abord, il vous est possible au début du jeu de supprimer la limite des cinq années pour terminer le défi. Un ajout particulièrement utile quand on ne veut pas s’embêter à optimiser son temps, car le temps passe vite dans Atelier Marie et les saisons défilent sans vraiment nous laisser la chance d’en profiter. Ensuite, de nouvelles saynètes apportent un peu de profondeur aux relations entre Marie et les différents personnages qui l’entourent. Rien de bien transcendant, mais là aussi on prend sans rechigner. Enfin, de nouvelles tâches imposées par Ingrid poussent les joueurs à exploiter toutes les mécaniques offertes par le jeu et à faire participer tous les compagnons que Marie rencontrent. Au-delà de ces quelques ajouts, le jeu gagne aussi en confort de jeu avec la possibilité d'accélérer la vitesse des combats et l'accès à des menus plus complets, même si ces derniers sont répartis sur tellement de boutons différents qu'il est facile de s'y perdre. Pour le reste, le jeu est dans son jus et ça se ressent pas mal, donc nul doute que certains d'entre vous le trouveront vieillot, à raison. Quant aux musiques, elles ont elles aussi profité d'un lifting très réussi et il vous est permis de facilement passer de cette nouvelle version à celle d'origine à partir des options.

Si Atelier Marie Remake : The Alchemist of Salburg ne paie pas de mine et si l’aventure contée n’est pas des plus palpitantes, c’est tout de même un plaisir d’enfin avoir la chance de découvrir ce tout premier opus d’une série certes de niche, mais reconnue pour ses qualités indéniables. Léger, mignon et facile à prendre en main malgré des menus toujours aussi peu intuitifs, ce remake pourrait bien mériter un peu de votre temps si tant est que l'aspect et les mécaniques un peu datés ne vous rebutent pas trop. Rendez-vous le 13 juillet pour le test complet du jeu !

Aperçu réalisé par Lianai à partir d’une version Steam fournie par l’éditeur.