Test de Atelier Marie Remake : The Alchemist of Salburg - Le goût d'antan

Jamais édité hors du Japon, c'est un peu plus d'un quart de siècle plus tard que Gust nous propose de (re)découvrir le premier jeu de la série des Atelier dans une version remake à la fois très respectueuse du jeu original mais qui profite également de nombreux ajouts sans lesquels le poids des années se serait bien fait sentir.

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Avant, c'était comme ça

Ce remake a la bonne idée de proposer de jouer à l'Atelier Marie original et évidemment c'est par là que nous allons commencer pour mieux nous rendre compte des évolutions apportées dans le remake.

Suite à une petite introduction à base d'écran fixe, voix et de texte, on démarre en se faisant sermonner par la directrice de l'école d'Alchimie. On apprendre que Marie, ou Marlone de son vrai nom, est la pire cancre que l'école d'Alchimie ait jamais eu. Ça nous change des élus de la prophétie à la destinée exceptionnelle.

Le dernier recours pour Marie est une épreuve spéciale durant 5 années au bout desquelles elle devra être capable de présenter un chef d'œuvre d'alchimie.

On se retrouve alors aux commandes dans une maison avec au milieu un énorme chaudron, notre Atelier, le tout représenté dans une 3D isométrique qui flatte l'œil des nostalgiques. C'est loin d'être moche même si c'est évidemment daté. Afin de savoir quoi faire, il est nécessaire de lire quelques guides textuels dans le menu. On se rend alors à la taverne pour recruter des partenaires vu qu'on nous conseille de le faire et on part à l'aventure.

Alors "l'aventure" n'est pas forcément le terme le plus correct, car on ne peut pas dire que ça soit trépidant : on passe de l'Atelier à la taverne puis au premier lieu d'exploration quasi sans transition (juste un voyage sur carte à la Indiana Jones, mais sans l'avion) et la récolte des objets est automatique. Oubliez les outils et les clics sur les ressources, tout tombe automatiquement dans notre inventaire à chaque tour passé à explorer. La contrepartie est qu'à chaque tour, 1 jour passe, nous rapprochant de la fin des 5 années.

De temps en temps, des combats se déclenchent et le moins qu'on puisse dire est qu'au début Marie est sacrément à charge, heureusement qu'elle est accompagnée... par des mercenaires qui réclament de l'argent.
Ces combats sont en tour par tour, avec quelques choix simples entre attaque de base, défense ou plus tard utilisation d'objets créés en alchimie et une attaque spéciale. Rien d'exceptionnel, mais ça fait l'affaire.

Une fois le (minuscule) panier rempli d'ingrédients, on peut rentrer à l'Atelier et fabriquer des objets. La majeure partie du temps qui passe l'est devant le chaudron avec des recettes qui peuvent prendre plusieurs semaines à être réalisées, mais sont nécessaires à la progression qui permet de créer des objets de plus en plus avancés. De nouvelles recettes peuvent être apprises en achetant des livres à l'école d'alchimie. Notons que la réalisation des objets est très simple, car il suffit d'avoir les ingrédients de la recette pour lancer la création, pas d'histoire de bonus ou de qualité comme dans les derniers Ateliers en date. La réussite dépend du niveau de Marie, des accessoires dont elle dispose (achetables à l'académie) et de sa fatigue qui s'accumule avec chaque tentative de création. Rater quand on a 96% de chances de succès avec des ingrédients rare est toujours rageant.

L'argent est très important, car sans ça, il n'est pas possible de progresser ni d'embaucher des mercenaires. D'où la réalisation de tâches proposées à la taverne contre rétribution. Se crée alors un cercle vertueux alchimie -> argent -> alchimie à bien maîtriser pour ne pas se retrouver à court et perdre du temps dans la course contre-la-montre. En plus d'acheter quelques armes et armures (peu nombreux et peu variés), cet argent sert également à recruter en cours de partie des Lutins capable d'explorer ou de réaliser des recettes d'alchimie de façon automatisée. C'est très pratique, mais également coûteux.

La version d'origine d'Atelier Marie bénéficie d'un certain capital sympathie même si ses mécanismes sont d'un autre âge et la lutte contre le chronomètre monotone.

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Mais ça, c'était avant

Quand on lance le remake, on est tout d'abord accueilli par une vraie cinématique qui, sans éclater la rétine, a le mérite d'exister. L'oreille quand à elle est flattée par des thèmes joliment modernisés.

Les graphismes ne sont pas en reste : on est toujours sur une 3D mais à plat, en HD et des personnages au style chibi (cf l'excellente preview de Lianai) très réussis qui donnent à l'ensemble un potentiel de "mignonnerie over 9000". Les artworks des personnages, eux aussi plus modernes, sont également très beaux et disposent de légères animations lors des dialogues, ce qui rend l'ensemble plus vivant que le jeu d'origine.

En ce qui concerne le scénario, on est sur les mêmes bases de 5 ans pour une réalisation de chef d'œuvre à la différence que le jeu propose l'option au début que cette date limite ne soit pas également une fin de partie.

Les mécanismes sont les mêmes : fabrication d'objets pour progresser, exploration pour récolter, mercenaires pour survivre, lutins pour aider et réalisation de missions pour financer tout ça. Le maître mot pour le développement du remake a dû être "ergonomie" : tout a été fait pour que les menus, austères dans le jeu de base, deviennent beaucoup plus agréables à naviguer tout en permettant un suivi et une anticipation des actions bien plus simple.

Gust a également mis en place dans ce jeu un vrai gameplay pour l'exploration : dans le remake, chaque lieu est composé de quelques zones reliées que l'on peut explorer autant qu'on veut en ramassant les objets visibles ou en affrontant les monstres présents. Comme dans les récents Atelier, si l'on engage le combat en frappant au préalable en mode exploration, cela nous donne un avantage en combat qui permet de taper au moins une fois avant que les monstres ne réagissent. Cela rend le jeu beaucoup moins dur que l'original, car on se débarrasse souvent de tout le monde sans prendre le moindre coup. Mais d'un autre côté, Atelier Marie n'a jamais prétendu tirer son charme d'une expérience hardcore gamer. Ces combats restent en tour par tour avec quelques animations sympathiques lors de l'utilisation des coups spéciaux, mais ça reste assez basique par rapport aux jeux actuels.

Le plus gros apport du remake est d'avoir intégré au jeu des tas de quêtes et d'événements liés à des personnages et/ou des dates qui font que l'on se sent beaucoup mieux guidé dans notre quête de l'alchimie parfaite. On le sent beaucoup plus que dans le jeu original, car des personnages frappent à la porte de l'Atelier pour parler et parfois demander des créations particulières. Ces demandes peuvent être liées à l'amitié entre Marie et ce personnage, amitié qui augmente quand on les prend avec nous en exploration.
C'est très sympa et un guide compile toutes les interactions possibles ; elles sont nombreuses. Impossible à mon avis à terminer avec les 5 ans de base du jeu d'autant que vos alliés doivent être embauchés pour progresser et si on veut battre les monstres les plus forts, il faut souvent prendre les mêmes. Dans ma partie, j'ai atteint le niveau maximum (50) avec deux alliés que j'ai pris 95% du temps avec moi au milieu de la dernière année. Si le niveau maximum n'est pas nécessaire pour terminer le jeu, il y a tout de même plus d'une dizaine de personnages qu'on peut embaucher donc il me paraît compliqué d'arriver à monter tout le monde correctement sur une partie unique et limitée dans le temps.
D'ailleurs, j'aurais tendance à conseiller de faire la première partie avec la date limite pour se mettre un peu de pression puis de partir sur un new game+ pour prendre le temps de développer toutes les amitiés et voir tous les événements, si cela vous tente.

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C'est mieux maintenant

Le studio Gust, a su bien cerner ce qu'il manquait au jeu de base pour essayer d'en faire quelque chose de tout à fait acceptable en 2023.
Néanmoins, améliorer un jeu qui a plus de 25 ans n'est pas une tâche de titan, l'entreprise était peu vouée à l'échec de ce point de vue.

Du coup la question qui se pose est "Est-ce que ce remake d'Atelier Marie vaut le coup/coût de nos jours ?".

Et à ce niveau, malgré toute la sympathie que j'ai pour le jeu, j'ai du mal à répondre un franc oui.
Si je ne peux nier avoir passé un bon moment, il fut néanmoins assez court. Difficile de donner une durée de vie précise, car le temps du jeu passe plus ou moins vite selon qu'on explore ou que l'on fasse de l'alchimie et même si l'exploration est évidemment nécessaire pour avoir les composants, il arrive un moment (surtout avec l'aide des lutins) où l'on déborde d'ingrédients.

J'ai personnellement terminé les 5 ans en environ 7 heures de jeu et j'avais 1 an d'avance pour l'objet de type chef d'œuvre. Je pense que les diverses améliorations et aides ont rendu le jeu trop simple et donc qu'il ne faut pas y chercher le plaisir à travers un quelconque challenge.

Par contre, si l'on adhère à l'ambiance du titre, se lancer dans une partie sans limite de temps pour voir tous les événements liés aux personnages et pouvoir prendre plus son temps pour par exemple arriver à visiter le château dont l'accès m'a toujours été refusé.

Notons par ailleurs que comme la plupart des Atelier, le jeu n'est qu'en anglais.

En conclusion, je dirais que Atelier Marie Remake : The Alchemist of Salburg fait un bon travail de remake, mais reste un peu dans son jus à cause de mécanismes datés qu'ils n'ont pas souhaité moderniser. Son ambiance bon enfant et le mode de jeu en temps infini pourront néanmoins séduire certains joueurs.

alchimie
craft

Testé par Aragnis sur PlayStation 5 avec une version fournie par l'éditeur

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