Test de Noob : Les Sans-Faction - Vis ma vie de joueur de MMO

Créé en 2008 par Fabien Fournier et Anne-Laure Jarnet, Noob relate les aventures épiques et surtout comiques d’une guilde de joueurs débutants dans un MMORPG. Après la vidéo et la bande dessinée, c’est au tour du jeu vidéo d’utiliser la licence.

C’est l’histoire d’une histoire

Noob: Les Sans-Factions vous propose de découvrir l’aventure de deux personnages (Martin & Adam) qui souhaitent entreprendre l’aventure sur le MMORPG Horizon 4.2. En effet, la nouvelle extension annonce l’arrivée de l’e-sport et il est plus que temps de s’y mettre. Après quelques instants en jeu, Baster (Martin) et Drek (Adam) font la connaissance de deux autres personnages qui les rejoignent : May et Logs. L’objectif de ces joyeux lurons est d’atteindre le niveau 100 pour faire partie de l’élite des joueurs d’Horizon.

Un pitch somme toute intéressant et changeant un peu la donne en matière d’histoire déjà contée. Toutefois, ma grande difficulté par rapport à l’histoire est notamment le fait que nous sommes dans une histoire qui raconte une histoire. Ici, nous suivons Martin et Adam qui découvrent eux-mêmes l’histoire d’Horizon. De ce fait, les personnages du jeu ne s’adressent pas à nous, mais bien aux personnages. Cela crée une sensation d’être spectateur de l’aventure d’un autre. L’idée du MMORPG étant d’incarner un personnage et de lui donner vie au travers de ses aventures, cela m’a assez ennuyé de me retrouver à vivre les aventures d’un autre.

20230619225909 1
20230619230537 1

D’ailleurs, ce point est particulièrement renforcé par le fait que vous ne disposez concrètement d’aucun choix, que ce soit dans la classe des personnages, le nom de votre guilde, le nom de vos personnages… Si le concept pouvait être intéressant, je l’ai principalement trouvé rebutant sur le long terme.

L’écriture est, la plupart du temps, assez enfantine et colle plutôt bien à l’univers du jeu qui se veut extrêmement coloré. Si on retrouve l’ambiance de la série, on constate aussi que cela permet au jeu d’être un tremplin pour attirer une population plus jeune. Noob étant sorti en 2008 et ayant continué son parcours depuis au travers de différents médias, il n’est pas inutile d’attirer un nouveau public pour renforcer sa fanbase. Qu’on se le dise, le jeu pourrait être le premier pas pour qu’un enfant découvre l’univers des jeux de rôles. Même si d’autres choix pourraient être plus concrets…

Le jeu qui valait plus d’un million d’euros

Avant que le jeu ne soit lancé, il subissait déjà de vives critiques. En effet, un twitto avait publié, durant l’alpha, des images du jeu en expliquant sa déception et surtout l’incompréhension face au budget que le studio avait reçu. Qu’on se le dise, depuis ces images, le jeu n’a malheureusement pas beaucoup évolué. 

Graphiquement, le jeu mélange à la fois de jolis décors avec un mode Chibi qui laisse clairement à désirer. Je ne comprendrai jamais ce choix de la 3D pas franchement belle à regarder plutôt que d’être parti sur quelque chose de beaucoup plus travaillé en 2D. On retrouve un univers qui pourrait être sympathique, mais il y a tellement de détails qui vous sortent du jeu en mode « Mais pourquoi les gars ? ». Le personnage qui tape sur son clavier en étant 20 cm au-dessus de son écran, l’univers IRL totalement sans vie, l’interface de combat qui est la plus basique au monde… Bref, une succession de choix qui laissent clairement à désirer.

Par exemple, le choix de symboliser chaque porte par un point d’exclamation vert sur la minimap. Le point d’exclamation étant le symbole d’une quête à prendre dans les MMO, c’est perturbant au possible. Il n’y a aucune indication sur la minimap pour rendre une quête et il faut constamment passer par le menu pour savoir où aller et à qui parler. Encore une fois, on est à l’opposé de ce qui se fait dans un MMO et cela vient perturber l’idée de base qu’on joue des joueurs dans un MMO. Le jeu apparaît alors comme ayant le cul entre deux chaises entre son envie de faire honneur aux jeux de rôles du passé et le fait de faire vivre son MMO. Autre point pour illustrer le propos, c’est chouette de mettre des petites pièces pour symboliser un marchand, sauf que quand il y a 15 marchands sur une carte et que tu ne sais pas qui est qui… Ce n’est pas comme ci l’univers MMO était justement réfléchi pour favoriser au maximum les déplacements.

On retrouve dans le jeu quatre classes allant du Néogicien au Berserker en passant par l’Élémentaliste et la Cartomancienne. Chaque classe a son identité propre, mais aussi ses arbres de talent à lui. Il est possible de construire son personnage via cet arbre. Malheureusement, l’équilibrage est tel que certaines compétences sont réellement trop puissantes comparativement à d’autres. De plus, pour obtenir un talent, il vous faut compléter ce dernier au maximum. Donc si le talent est à 0/3, il faut dépenser 3 points pour l’obtenir (sauf pour les passifs). Un point encore bien étrange, car on a plus souvent l’habitude d’obtenir un talent en dépensant un premier point et de le faire évoluer en dépensant plus de points, mais ça reste un détail.

20230619230449 1
20230619231440 1
20230630141406 1
20230702143320 1

Les combats se déroulent au tour par tour. Un affrontement se lance dès qu’un monstre vous touche et je dois vous avouer que ça aussi, c’était bien pénible. Ce système était déjà présent dans des vieux jeu comme Grandia par exemple, toutefois, dans ce dernier, les cartes étaient assez grandes que pour éviter les monstres si on n’avait pas envie de combattre. Ici, certaines cartes sont tellement petites qu’on se tape tous les combats à l’aller comme au retour. C’est parfois vraiment pénible. On rajoute à cela que les combats sont d’une simplicité… La plupart du temps, vous passez votre temps à enchaîner les mêmes compétences surpuissantes et plus on avance, moins l’univers propose de challenge vraiment intéressant, car les compétences sont de plus en plus explosées. Je pense notamment à l’invocation de Logs qui lui permet de jouer son tour tranquillement et d’ensuite soigner l’ensemble du groupe pour 50 de mana… Le problème des compétences, c’est qu’il n’y a aucun contrecoup intéressant pour apporter un peu de réflexion sur les combats. Même Drek, le berserker qui peut utiliser sa vie pour infliger plus de dégâts, est mal pensé, car la quantité de vie prise est ridicule par rapport à sa capacité à reprendre de la vie. Du coup, on se retrouve à faire des combats en boucle, sans challenge, et l’ennui se fait vite ressentir.

Pourtant, je trouvais vraiment intéressante la progression de niveau. Vos personnages ne peuvent gagner de l’expérience que par dizaine de niveaux (0-10, 10-20…). Une fois que vous avez atteint le cap, vous gagnez des points de talents, de l’équipement, des ingrédients de métiers, etc. Pour aller au prochain cap, il faut défaire un étage de la tour Galamadriabuyak. L’idée est en soi originale et permet vraiment d’investir la montée en niveaux de ses personnages. De plus, elle permet de revisiter des éléments du passé et d’investir le Lore du jeu. Pourquoi diable avoir fait le choix de rendre cela aussi simpliste à visiter et à défaire ? Pis encore, on gagne limite 1/3 de barre de niveau à chaque montée… Du coup, à peine sorti de la tour, on joue une heure et on est déjà capé. Sauf que vous ne pouvez aller à la tour qu’en suivant l’histoire. Du coup, là encore, on se retrouve face à un choix qui manque de réflexion et surtout d’équilibrage.

Minimum syndical

Noob: Les Sans-Factions est à mes yeux un projet qui n’aurait jamais dû voir le jour en l’état. Oui, cela reste un jeu sympatoche qui fera vibrer le cœur de la fanbase la plus ardue et découvrir l’univers aux autres, mais, à mon sens, c’est surtout un prétexte pour dire : « on a fait un jeu vidéo ». En effet, il y a un manque de profondeur dans les choix établis tout au long du jeu que ce soit graphiquement, sur le gameplay ou même encore sur la bande sonore.

Un exemple récent en comparaison est Chained Echoes. Le jeu a récolté dix fois moins d’argent que Noob, il propose une expérience 16 bit rétro, mais surtout quelque chose de plus travaillé dans sa conception Après, ce n’est que mon avis mais pour le cas de Noob: Les Sans-Faction, je pense surtout que des choix ont été faits qui ne correspondait pas forcément au budget alloué au projet. tant en matière de graphismes que de gameplay, on sent une volonté de proposer quelque chose mais cela n'aboutit jamais vraiment à quelque chose de concluant.

20230620223558 1
20230702112906 1
20230702134757 1
20230702112744 1

A certains moments, j’ai vu le potentiel de l’univers que je suis maintenant depuis Nolife (moins aujourd’hui). Il y a de l’idée, des possibilités, mais c’est vraiment dommage de ne jamais aller plus loin dans la réflexion et dans la profondeur. Comment on peut décemment accepter le fait qu’un jeu sorte en cet état en 2023 sur de nombreux points expliqués dans ce test ?

Noob n’est pas un jeu dramatique, mais à l’instar de bien des jeux de licence célèbre, on est parfois en attente de bien plus et surtout de quelque chose de plus consistant à se mettre sous la dent. Je pense que la plupart des gens faisant parti de la fanbase apprécieront cette aventure dans l’univers d’Horizon. Pour les autres, ce sera sans doute plus compliqué de passer le cap pour 29,99 euros (malgré une durée de vie de plus de 20h pour l'histoire). Dans une promo, peut-être ?

Le jeu est disponible actuellement sur PlayStation 4/5, Switch et PC Windows.

Test réalisé sur Steam par Glaystal à partir d'une version commerciale.

Réactions (42)

Afficher sur le forum

  • En chargement...