Test de Jagged Alliance 3 - L'attente en valait la peine
24 ans. C'est le temps depuis lequel les fans de la série Jagged Alliance attendent de voir un développeur proposer une suite qui fait honneur à la licence. C'est cette fois à l'équipe d'Haenimont Games, plutôt connue pour la série Tropico, de relever le gant. Voici leur journal de guerre.
The A-Team
L’histoire de Jagged Alliance 3 est des plus simples. Le président d’une nation d’Afrique de l’Ouest est enlevé par un vilain cliché de cinéma répondant au surnom de « Major ». Celui-ci a vite pris possession des mines de diamants du pays grâce à sa milice, et la fille du président n’a d’autres choix que de faire appel à l’Agence tous risques des mercenaires de l’I.A.M. pour sauver son père et reprendre le contrôle du pays. Le jeu joue clairement la carte de la parodie du cinéma d’action avec plus ou moins de réussite. L’humour dont font preuve les personnages dans les dialogues est ainsi parfois particulièrement lourd et ne sera pas au goût de tout le monde.
On reproche régulièrement aux jeux vidéo modernes leur tendance à prendre le joueur par la main. Jagged Alliance fait exactement l’inverse : il y a longtemps que je n’avais plus croisé un jeu qui se soucie aussi peu des joueurs débutants, tant en termes de difficulté (le jeu se montre rapidement punitif) qu’en termes simplement d’accessibilité. Pardonnez-moi donc si ce test a, par moment, un petit air de tutoriel rapide.
Je danse le I.A.M.
Après avoir créé notre partie et choisi la difficulté et les règles qui s'appliqueront à celle-ci, la première étape est de sélectionner notre première équipe de mercenaires. Commençons par créer un mercenaire personnalisé. Vous ne pouvez en créer qu’un seul et ses stats de départ seront globalement moins bonnes que celles des mercenaires prédéfinis du jeu. Il est également cher, mais ce personnage personnalisé ne demande pas de salaire. La phase de création est assez simple. Le joueur répartit ses points dans la dizaine de statistique disponibles, comme la santé (qui détermine les points de vie), l’adresse (la précision des tirs) ou l’agilité (les points d’action). Terminons en lui donnant deux avantages à choisir dans la liste.
Vient ensuite la phase de recrutement de l’équipe qui entoure votre mercenaire perso. Les mercenaires sont classés en plusieurs catégories de qualité, de recrue à légende. Chaque mercenaire que vous recrutez demande un salaire et vous ne pouvez les recruter que pour une durée limitée. Vous pourrez bien sûr prolonger leurs contrats, mais attention aux éventuelles hausses des salaires qui en découleront. En début de partie, notre budget est limité et nous ne pouvons pas contacter les mercenaires les plus compétents. De plus, chaque mercenaire a son caractère propre et s'entend plus ou moins bien avec les autres, ce qui peut avoir un impact sur les exigences salariales de certains. On fera également attention à leurs compétences uniques, certaines s'avérant particulièrement puissantes même chez les novices. Va donc pour deux novices (un toubib et un mécano) et un vétéran tireur d’élite.
Prise de contact
Nous voilà débarqués sur une petite plage, en route pour rencontrer notre futur employeur situé dans une maison non loin. En chemin, nous croisons nos premiers ennemis et sommes donc introduits aux combats du jeu. Enfin, introduits, c’est vite dit. Sur ce point comme beaucoup d’autre, Jagged Alliance 3 se montre économe en explications. Les combats se déroulent donc en tour par tour d’équipe (vous jouez vos personnages dans l’ordre de votre choix, puis l’intégralité de l’équipe adverse joue et ainsi de suite). Vos personnages peuvent se déplacer, tirer ou accomplir des actions spéciales durant leur tour, en fonction de leur équipement. On retrouve les grands classiques de ce genre de jeu, à savoir les systèmes de couverture, l’overwatch qui permet d’attaquer automatiquement un ennemi entrant dans un cône de surveillance défini ou la possibilité de se mettre à couvert et de reporter une partie de ses points d’action au tour suivant.
La phase d’attaque mérite également quelques petites explications. Le jeu prend en compte divers éléments pour déterminer si le tir fait mouche. La ligne de mire d’abord doit être dégagée. C’est surtout important si vous souhaitez éviter le friendly fire avec les armes automatiques. La distance entre également en ligne de compte. Elle est symbolisée par une petite barre lorsque vous avez sélectionné une cible. Chaque arme a sa distance d’efficacité optimale. Vous pouvez également choisir d’effectuer un tir ciblé sur une partie précise de l’ennemi, en fonction des protections dont il dispose. Enfin, vous pouvez dépenser des points d’action pour augmenter la précision de votre tir. Ah, j’oubliais : la météo et l’environnement jouent également un rôle, tout comme les munitions utilisées. Avec autant d’éléments à prendre en compte, certains auraient peut-être voulu un indicateur résumant les chances de toucher. Il n’en est rien. Sachez toutefois que le jeu est ouvert aux mods et qu’un mod officiel existe pour régler ce point de gameplay. L’objectif est, selon le développeur, de représenter le côté chaotique et imprévisible des combats et savoir quand prendre un tir ou non fait donc partie de l’expérience. Je ne suis pas convaincu par l'explication, mais admettons, l'existence du mod est un moindre mal.
Choisir le terrain
Vous vous en rendrez vite compte, les combats de Jagged Alliance peuvent rapidement prendre une mauvaise tournure. Les troupes ennemies vous dépassent souvent en nombre et ont régulièrement l’avantage de la position. Savoir choisir où placer les combats est souvent ce qui fait la différence entre une victoire éclatante et une défaite écrasante. Il faut donc réfléchir à son approche et être le plus discret possible pour ne pas être pris à découvert. L’I.A. se montre satisfaisante pour ce type de jeu. Elle tente de vous prendre à revers et utilise au mieux les spécificités des troupes dont elle dispose. C’est douloureux de se faire déloger d’un abri à coup de lance-roquettes, croyez-moi. Du coup, le jeu peut vite se révéler assez difficile, même en difficulté normale, et ce pratiquement dès le début. Évidemment, on ressent également une profonde satisfaction lorsqu’on termine le nettoyage d’une forteresse ennemie sans avoir subi de blessures graves. Dans l'ensemble, le système de combat du jeu se montre donc plutôt efficace et les affrontements plaisants à jouer tout le long du jeu.
Une question de point de vue
L’activité sur Jagged Alliance 3 se partage entre deux types de vue. La vue tactique est celle dédiée aux combats et à l’exploration. Vous vous y déplacez en temps réel tant qu’un combat n’est pas engagé avec l’ennemi. C’est dans cette vue que vous pouvez collecter des ressources ou interagir avec les habitants du Grand-Chien. Car oui, il est possible de traiter avec les habitants qui ont parfois des informations ou des missions pour vous. Gagnez la loyauté d’un village augmente les revenus des mines de diamants qui sont vos principales sources de revenus. Sachez également que vos choix ont des conséquences et quelques dilemmes vous attendent sur le chemin. Qui pourrait même se terminer en recrutement(s) de personnage(s) caché(s).
La vue satellite de son côté propose une gestion plus globale des événements. C’est sur celle-ci que vous découvrez les principaux points d’intérêt du Grand-Chien, tels que les mines, ports ou camps ennemis. C’est également là que vous planifiez le déplacement de vos escouades et que vous lancez diverses opérations. On dit régulièrement que le temps, c’est de l’argent, et la maxime est particulièrement vraie dans Jagged Alliance. Les opérations sont des activités auxquelles vous affectez vos mercenaires. On y retrouve les activités de reconnaissance pour la collecte d’informations, les soins des blessures engrangées au combat, l’entretien ou l'amélioration de votre matériel, mais également la formation de milice (qui aident à repousser l’ennemi quand il cherche à reprendre les zones que vous contrôlez) et l’entrainement de vos soldats. Tout cela prend du temps pendant lequel votre escouade est immobilisée. Il s’agit pourtant d’une étape à ne pas négliger : les blessures diminuent les points de vie maximum du mercenaire et un équipement mal entretenu peut s’enrayer au pire moment. Ou se briser. Le jeu consiste donc aussi à trouver un équilibre entre le temps que l’on passe à se préparer et celui qui nous reste avant de devoir remettre la main au portefeuille pour renouveler les contrats de nos mercs.
Vieille école
Le jeu se montre donc très complet et intéressant à jouer même si quelques points noirs ressortent sur la longueur. Commençons par l’interface. Volontairement old-school pour rendre hommage à la série, elle s’avère parfois peu efficace à l’usage. En tant que mercenaires, votre équipe est très dépendante du matériel qu’elle trouve sur le terrain tandis que votre inventaire est limité par la force de vos personnages. L’inventaire est donc individualisé et devient vite une plaie à gérer. Dans le même ordre d’idées, certaines options sont un peu dissimulées derrière des sous-menus et auraient gagné à être plus facilement accessibles.
La lisibilité de l’action est un autre point pour lequel je pense que le jeu peux mieux faire. Le jeu tire le maximum de son moteur graphique et affiche souvent un bon nombre de détails sur la carte. Mais cela se paye parfois en termes de lisibilité et il n’est pas toujours très simple de déterminer les zones de couverture. Un problème qui se pose également avec les lignes de tir. Nous avons certes un indicateur qui nous les indique lors des déplacements, mais on ne découvre souvent les pertinences de la ligne de tir qu’une fois arrivé à destination. C’est surtout criant lors des combats en intérieur où de nombreux obstacles ou les différents étages peuvent ne laisser la place qu’à des tirs rasants. Enfin, j’aurais aimé un peu plus de modernisme dans la gestion de l’infiltration, avec la possibilité de déplacer les cadavres de ceux que l’on parvient à éliminer discrètement.
Ça valait le coup d’attendre finalement ?
Mais malgré ces quelques points, Jagged Alliance 3 se révèle être un digne héritier de la licence qui fait oublier l'échec que fut Jagged Alliance: Rage!. Enfin, aura-t-on envie de dire. Le défi est au rendez-vous, même sans activer les options de morts permanentes qui rendent encore le jeu plus difficile, en solo ou en coop. Une belle réussite pour Haenimont Games donc.
Test réalisé par Grim sur PC à l'aide d'une copie fournie par l'éditeur.
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Plateformes | Windows |
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Genres | Stratégie, stratégie au tour par tour, guerre |
Sortie |
14 juillet 2023 (Windows) |
Aucun jolien ne joue à ce jeu, aucun n'y a joué.
Réactions (2)
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