Test de the Cosmic Wheel Sisterhood – Ma sorcière bien aimée
Deconstructeam est surtout connu pour the Red Strings Club qui était une réussite dans son gameplay, mais surtout dans sa manière de mener son histoire. Après un discret Essays on Empathy, le studio revient avec ce qu’ils qualifient comme étant leur plus gros projet à ce jour.
Fortuna est une cartomancienne talentueuse. Si bien qu’elle a pu prédire la fin de sa loge de sorcières, ce qui n’a pas vraiment plu à sa supérieure. Pour la peine, elle se retrouve exilée pendant un millénaire sur un astéroïde perdu au milieu de nulle part. Au bout de deux siècles de solitude, la jeune femme n’en peut plus : elle décide donc de braver tous les interdits et d’invoquer un Béhémoth. La proposition du démon est alors simple : en échange d’un pacte avec lui, il lui expliquera comment confectionner ses propres cartes et la guidera afin de s’enfuir de cette prison. À partir de là, elle fait la rencontre de plusieurs sorcières et se retrouve impliquée dans l’avenir de la même loge qui l’a isolée.
Cartes sur table
Le jeu est principalement une aventure narrative durant laquelle vous devez faire plusieurs choix cruciaux qui façonnent tous à leur manière le déroulement de l’histoire. Comme dans son prédécesseur, attendez-vous à ce que vos précédents choix vous reviennent à la figure aux moments les moins opportuns.
L’ensemble promet une aventure vraiment personnalisée pour chaque joueur. Alors que the Red Strings Club est constitué de 65 000 mots de dialogue, les développeurs révèlent que celui-là en compte pas moins de 200 000.
Mais dire que le joueur façonne lui-même son histoire n’est pas tout à fait vrai. Un autre facteur est à prendre en compte : le tirage de cartes, ces cartes mêmes que vous allez créer. La création de votre deck est en effet au cœur de toute l’aventure : une cartomancienne se doit d’avoir les meilleurs outils, et quoi de mieux de les façonner soi-même ?
Le sujet est un peu complexe : il faut quand même trois chapitres au jeu pour expliquer le concept et des écrits supplémentaires peuvent également être consultés pour en explorer toutes les subtilités.
Pour résumer, sachez qu’il faut d’abord des ressources sous la forme des quatre éléments : air, feu, terre et eau. Elles sont nécessaires pour acheter les trois composants de la carte : très grossièrement, disons le décor, le sujet principal et les accessoires. Il faut ensuite disposer ces différents éléments dans le cadre de la carte : laissez votre créativité parler et donnez vie à une toute nouvelle scène. Selon vos choix, le résultat final révèle sa véritable signification et avec elle de nouvelles possibilités.
Au départ, on fait tout ça un peu au pif, mais il est possible d’affiner son deck à l’aide de la pratique et surtout de quelques outils qui permettent de mieux appréhender la nature profonde de tout ça. L’autre difficulté est de collecter les ressources nécessaires ; mais là encore, de nouvelles possibilités s’ajoutent au fil de l’aventure pour pouvoir collecter ce qu’il faut.
C’est durant les séances de divination que ces cartes prennent toute leur importance. Des questions sont posées et Fortuna tire ses cartes au hasard pour en obtenir des réponses. Quand une carte est associée à une question, un menu propose de nuancer la réponse finale grâce à plusieurs choix : leur nombre dépend de la qualité des composants et la teneur générale est définie par la nature de la carte.
Concrètement, si vous tirez une carte aux attributs négatifs, la réponse ne sera pas de bonne augure, et vice-versa. Et il faut bien insister sur le rôle du hasard dans l'opération : si quelques cartes méchantes traînent dans votre deck, vous prenez tout à fait le risque de prédire la perte de votre interlocuteur, même si vous l'aimez bien. Et comme les choix classiques de dialogues, ces prédictions façonnent en profondeur la destinée de notre héroïne.
Choix de dialogues, cartes à créer et à utiliser, ce sont là les principales mécaniques de gameplay. Mais Deconstructeam a déjà prouvé qu’ils aiment multiplier les expériences et cela ne fait pas défaut ici. On vous laisse la surprise, mais le déroulement amène le joueur à devoir gérer différentes choses.
Destination, voyage, tout ça tout ça
Avec autant de choix, la rejouabilité du titre est forcément très importante. Et d’ailleurs, une fois arrivé à sa fin, selon le dénouement obtenu parmi les nombreux possibles, le jeu pousse à refaire une partie pour, cette fois, faire les choses autrement.
Et, quelque part, cette manière de gérer ses fins est peut-être un de ses gros défauts. Alors que le déroulement prône la liberté de choix et la possibilité de forger le destin du Cosmos selon (à peu près) notre volonté, la narration semble vouloir faire machine arrière sur les derniers moments et nous laisser comprendre que, non, ce n’est pas ça qu'elle espérait vous voir faire. C’est comme si le jeu n’assumait pas que le joueur puisse vouloir sciemment choisir une voie fondamentalement différente de la run idéale des développeurs, avec toute la dissonance que cela implique.
Bon, cela dit, le ressenti ici est carrément personnel et peut vraiment dépendre de la manière dont on mène notre barque. Votre serviteur a probablement un peu trop exagéré à pousser les potards vers la destruction et le chaos. Et qu’importe la destination, le voyage reste un tour de force qui laisse admiratif.
Ce n'est pas sorcier
The Cosmic Wheel Sisterhood se joue comme un point’n clic classique. Il peut être abordé entièrement à la souris ou via une manette de jeu.
Visuellement, on nous propose là un joli pixel art. Si vous aviez joué aux précédents jeux du studio, vous ne serez pas dépaysé tant le style reste dans la même veine.
Côté musique, elles participent parfaitement à l’ambiance. Certains thèmes se démarquent toutefois par leur qualité et on en viendrait presque à vouloir rencontrer plus souvent les personnages associés juste pour les entendre d'avantage.
Le texte est intégralement traduit en français. Certains personnages peuvent avoir des propos un peu crûs, ce qui surprend toujours un peu quand on est habitué aux prudes répliques habituelles. L’aventure tourne autour de la sororité au sein des sorcières et elle en profite pour aborder certains thèmes d’actualité (comme la transidentité ou le patriarcat), mais sans en faire le cœur de son propos. On peut d’ailleurs noter la participation de Anita Sarkeesian en tant que consultante.
The Cosmic Wheel Sisterhood a tout pour être une référence des aventures narratives à choix multiples tant elle permet de (globalement) façonner une aventure personnalisée. À cela s’ajoute la création de carte qui pourrait être qualifiée de facile à apprendre, mais difficile à maîtriser. Et le tout sert une histoire de… De… De vengeance ? De rédemption ? Eh bien, ça, c’est à vous de le décider, en réalité.
Test réalisé sur PC par NeoGrifteR à partir d’une version fournie par l’éditeur.
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Plateformes | Nintendo Switch, Windows |
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Genres | Aventure, aventure graphique, fantasy |
Sortie |
16 août 2023 |
Aucun jolien ne joue à ce jeu, aucun n'y a joué.
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