Test de Trine 5: A Clockwork Conspiracy - L’épisode de trop ?

Depuis pas loin de 15 ans, la franchise Trine occupe une place de choix dans la catégorie des jeux de plateforme-action-puzzle jouables en coop. Hormis lors d’un troisième épisode qui marquait la tentative, vite abandonnée, de passer le jeu en 3D, la franchise nous a toujours offert des jeux de qualité qui essayaient d’aller un peu plus loin. Jusqu’à aujourd’hui.

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Soit tu meurs en héros, soit tu vis assez longtemps pour devenir le méchant

Nous retrouvons pourtant avec plaisir nos trois héros du Trine alors qu’ils s’apprêtent à être conviés à une célébration en leur honneur. Zoya, la voleuse, explore une bibliothèque interdite, à la recherche d’une carte menant à un trésor non encore découvert. Amadeus, le mage, essaie de se réconcilier avec sa femme durant des vacances bien méritées tandis que Pontius, le chevalier, enquête dans un cimetière dont le repos des morts est troublé par un apprenti nécromancien. La routine, et une occasion parfaite de reprendre en main chacun des personnages. Mais en guise de célébrations, nos trois compagnons se voient piégés par une noble et son armée de soldats mécaniques. Maintenant considérés comme des traitres par le peuple qu’ils ont si souvent protégé, le trio se lance à l’aventure pour retrouver leur honneur et vaincre les véritables méchants de l’histoire. Bon, je ne vais pas vous mentir, l'histoire n'est clairement pas le point fort de ce nouvel épisode. Elle démarre lentement et les antagonistes peinent à exister tant ils sont peu présents dans l'aventure.

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Si vous n’avez jamais touché à un jeu Trine de votre vie, laissez-moi vous rappeler le principe. Trine est donc un jeu de plateforme-puzzle agrémenté de quelques combats. L’objectif du jeu est de terminer les niveaux et de résoudre les énigmes qui se dressent sur votre chemin en combinant au mieux les capacités des trois personnages à votre disposition. Amadeus peut par exemple créer des boites ou des planches ainsi que faire léviter des objets, Zoya dispose d’un grappin et d’un arc tandis que Pontius était, historiquement, le personnage que l’on dédiait au combat, comme tout bon chevalier avec épée et bouclier. La série est jouable tant en solo, mode dans lequel le joueur change de personnage à la volée, qu’en coopération jusqu’à 4 joueurs. Trine 5 ne change pas fondamentalement sa formule, préférant apporter ici ou là quelques petits ajustements. Pontius est l’un des principaux bénéficiaires des quelques nouveautés de cet épisode puisqu’il se voit gratifier de la possibilité de planter son épée dans le décor, permettant ainsi de créer de nouvelles plateformes temporaires où grimper. Pas révolutionnaire, mais tout de même bienvenu.

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Le coup de la panne

Trine 5 est encore plus beau que ses prédécesseurs, nous sommes heureux de retrouver notre trio préféré toujours aussi bien doublé, mais… quelque chose cloche. Durant les premières heures, on s’ennuie quand même sévère devant ce nouveau Trine. Le jeu n’est pas mauvais, il est juste à l’image des principaux ennemis que l’on affronte : mécanique. Pour qui a joué à tous les épisodes de la série, il est difficile de ne pas ressentir une impression de déjà-vu tout le long des premiers niveaux. Il faut dire aussi que ce nouvel épisode met bien trop longtemps à démarrer et encore plus à redonner à nos héros une partie de leurs aptitudes passées. Pratiquement 8 chapitres pour qu’Amadeus soit capable de créer plusieurs objets simultanément ? 16 pour que Zoya puisse utiliser deux cordes ? C’est trop.

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Je trouve ça d’autant plus regrettable que la communication préalable du jeu mettait l’accent sur « une nouvelle manière de faire évoluer nos personnages, via des quêtes personnelles ». Dans les faits, il s’agit de portions de niveaux dans lesquels vous ne pourrez jouer qu’un seul personnage et au bout desquels vous attendent un coffre débloquant une nouvelle compétence. Le hic, c’est que plusieurs de ces nouvelles compétences sont des revisites de celles de l’épisode précédent. Et c’est dommage, car les vraies nouveautés sont plutôt sympas, mais trop rares et (de nouveau) fort tardives. On pense là par exemple à la téléportation de Zoya, très utile lorsqu'on la combine aux nouvelles capacités de ses camarades.

Des combats toujours à la tr(a)ine

Les combats ont toujours représenté l’un des axes de gameplay de la série. Et pas le plus réussi aux yeux de nombres de joueurs. Bien que ce nouvel épisode soit bâti sur les fondations de Trine 4, Frozenbyte a effectué un petit retour en arrière sur l’aspect particulier des affrontements entre nos héros et leurs ennemis. Premier changement qui va probablement être universellement salué, les combats ne prennent plus places dans des arènes artificiellement fermées par des murs magiques. Les arènes de Trine 5 laissent globalement plus de place pour respirer et semblent moins artificielles qu’auparavant. On remarque également une petite volonté de rendre les personnages utiles partout. Tout comme le lancer d’épée rendait Pontius utile dans les phases de plateforme, un personnage comme Amadeus se voit accorder un peu plus d’utilité au combat grâce à des améliorations de ses objets invoqués. À l’inverse, Pontius se voit un peu affaibli avec son bouclier dorénavant cassable.

Trine 5: A Clockwork Conspiracy
Trine 5: A Clockwork Conspiracy

Mais cette bonne volonté ne cache pas un problème récurrent de la série : tout ça n’est pas vraiment intéressant. Les ennemis ont beaux être un peu plus variés (soldats mécaniques, rats géants, squelettes), les combats sont toujours aussi brouillons. On notera toutefois une petite révision de la difficulté. Les personnages possèdent maintenant des points d’âme en nombre limité qui vous sont rendus aux points de sauvegarde. Mourir sans points d’âme vous ramène au dernier point de sauvegarde que vous avez croisé. Des points de sauvegarde qui se divisent maintenant en deux types : les normaux, où vous récupérez santé et points d'âme et les principaux. Ces derniers permettent de convertir l'expérience que vous avez glanée dans les niveaux (les fameuses fioles vertes chères à la série) en points de compétence. Chaque personnage possède ses propres compétences et améliorations à débloquer, dont certaines se montrent très utiles durant le jeu.

Une technique toujours au top

Les différents épisodes de Trine ont toujours été des réussites pour les yeux et ce n’est pas Trine 5 qui fera exception à la règle. C’est même le seul point où je le trouve supérieur à son prédécesseur : visuellement, c’est encore plus beau qu’avant. Les arrière-plans sont magnifiques et on trouve ici de petites animations qui renforcent le côté vivant du monde dans lequel on évolue. S’il m’a fallu me battre un peu pour que le jeu reconnaisse correctement mon pad Xbox lors du premier lancement, le reste de la partie s’est déroulé sans soucis majeurs. Côté vocal, Trine 5 bénéficie toujours d’une version française intégrale pour laquelle nous retrouvons les doubleurs habituels de la série (bien meilleurs que la version anglaise, à mon sens).

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Il était une fin ?

Je sors de ce test de Trine 5 avec un sentiment étrange. En soi, le jeu n’est pas mauvais, Frozenbyte maîtrise son sujet et ne nous refait pas le coup de l’expérimentation malheureuse de Trine 3. En fait, Trine 5 est un jeu à l’image des antagonistes auxquels font face nos héros. Comme eux, on a l’impression d’assister au remplacement de la magie qui animait la série par quelque chose de plus mécanique. Trine 5 ronronne et ne surprend que trop peu les habitués de la série. Aurait-on atteint les limites de la série ?

Test réalisé sur PC par Grim à partir d'une version fournie par le développeur.

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