Test de Ad Infinitum - L'horreur qui plante

C'est en 2015 que Ad Infinitum présentait sa première bande-annonce. Sur fond de première guerre mondiale, semblait se dessiner une œuvre d'horreur avec des créatures inquiétantes dans les tranchées de la "der des ders" qui avait su titiller l'intérêt de certains joueurs.
Huit ans plus tard, le jeu sort mais n'est plus aussi attendu et ce n'est peut être pas plus mal.

banner

Ad Historia

Ad Infinitum nous propose d'incarner Paul, de retour du front dans le manoir familial au contraire de son frère Johannes. Dans un manoir vide de tout autre présence humaine (ou pas), on tente de contacter les esprits pour en savoir plus, entre les écrits laissés ça et là par une mère désespérée et les souvenirs d'un père trop autoritaire.

Assez classiquement on interagit en vue à la troisième personne avec le décor pour découvrir des objets et résoudre des énigmes (pas trop complexes) avant de revivre (?) les événements du front étant donné que chacun des trois chapitres est découpé en deux sections : l'exploration du manoir puis l'affrontement d'une entité monstrueuse dans les tranchées de la guerre.

Dans les deux cas, les musiques et l'ambiance sonore sont très réussis et contribuent largement au stress que le jeu met en place tout comme les doublages en français, bien interprétés.
Le manoir est joli, réaliste et est globalement agréable à explorer : on a généralement un objectif assez clair qui nous amène à trouver des objets et résoudre des énigmes dans le classicisme du genre.

Le front de la guerre est lui beaucoup plus dépouillé graphiquement et son exploration pâtit d'un effet couloir, pas illogique, mais évidemment moins intéressant.

Ouah ! Quelle baraque ! - Albert Wesker - 1996
Ouah ! Quelle baraque ! - Albert Wesker - 1996

Ad Horror

Si l'exploration du manoir base son horreur sur des petits sons et visions jumpscare, celle des tranchées joue plus sur l'action avec des monstres à éviter ou à fuir.

Du côté des décors, on est évidemment dans le beaucoup moins joli, la beauté des belles boiseries début XXème laissant place à la boue, la pluie et les barbelés.
On a également un objectif clair qui passe par des énigmes. Quant à l'exploration, elle est remplacée par l'évitement de monstres, car on se retrouve dans des niveaux très linéaires dont les quelques recoins ne sont là que pour cacher des médailles de soldats qui ne sont qu'un objectif à trophées.

Chaque fin de niveau se déroulant au front passe par l'affrontement avec un monstre en chef qui peut être abordé de deux façons différentes, ce qui entraîne des fins variées. Enfin, ça, c'est la théorie.

Une seule envie, s'en aller
Une seule envie, s'en aller

Ad Destitution

Si j'ai dépeint jusqu'ici le tableau d'un jeu réussissant ses objectifs d'horreur dans une ambiance de première guerre mondiale, c'est parce qu'il y arrive effectivement... quand il ne bugue pas de façon honteuse.

On pourrait pardonner les quelques ralentissements qui obligent à relancer le jeu, mais se retrouver devant une énigme insoluble parce que les objets nécessaires à sa résolution ont disparu, c'est autre chose.
Pire encore, quand on quitte le jeu (même de façon propre), il arrive que l'objectif revienne en arrière quand on se remet à jouer, sauf que ça a déjà été validé et donc les actions nécessaires ne sont plus faisables.
Et même les phases avec plus d'action ne sont pas épargnées. J'ai ainsi parcouru une zone entière dans laquelle on me disait d'éviter des monstres que je n'ai jamais vus pendant qu'une voix déclamait en boucle un texte qui aurait probablement dû s'arrêter après la première itération.

Il faudra un sacré patch pour corriger tous ces problèmes et ce qui n'incite pas à l'optimisme, c'est que le jeu est en développement depuis au moins huit ans et que les développeurs ont mis une option permettant de relancer la phase en cours, ce qui n'a un intérêt que si on rencontre un bug. Est-ce leur façon de contourner les problèmes ?

Et le pire est que tout ça, je l'ai vécu sur PlayStation 5, une plateforme bien connue qui devrait avoir un niveau de bug minimal pour un jeu qui sort dessus.

Ad Infinitum pourrait être une bonne pioche dans son genre entre son univers réaliste assez peu courant dans le genre et son ambiance "Jacob's Ladder" (celui de 1990), mais sa foultitude de bugs rend l'expérience plus horripilante qu'horrifiante. Si jamais un jour il est proprement débuggé, il vaudra le coup d'œil, mais en attendant, épargnez-vous la perte de temps qu'entraîne de trouver si on est bloqué par une énigme ou par un bug.

Qu'est-ce qui pourrait mal se passer franchement ?
Qu'est-ce qui pourrait mal se passer franchement ?

Testé par Aragnis sur Playstation 5 avec une version fournie par l'éditeur.

Réactions


Personne n'a encore réagi. Soyez le premier.