Test de Operation Wolf Returns: First Mission - en VR et contre tout

Où est-ce que les missiles sont localisés ?

Quand j'étais gamin dans les années 80, je regardais comme tant d'autres gamins tous les films d'action qui passaient à la télé. J'ai dû évidemment attendre un peu avant d'avoir le droit de regarder des films de guerre mais c'est un genre qui a été tellement sclérosé de nanars (Portés Disparus, Delta Force, Korkusuz, Strike Commando...) qu'on ne savait plus où donner de la tête. Évidemment et heureusement, des chefs d’œuvre ont émergé, dont la série des Rambo qui avait pris un tournant plus action dès le second volet (sans compter les Full Metal Jacket, Platoon, le Maître de Guerre...). Côté jeux vidéo, on avait droit dans les 80's aux bornes d'arcade équipées d'un pistolet ou autre arme de guerre en bon plastique pour défourailler du mécréant, et Operation Wolf en était un digne représentant avec son uzi trônant fièrement en guise de contrôleur pour la borne. Et le moins qu'on puisse dire c'est qu'à l'époque, le scénario était pour le moins classique et dans la droite lignée de tous les nanars du moment : un soldat, le Loup Solitaire, était envoyé pour libérer des soldats Américains tenus en otage dans un camp en Amérique du Sud. Mais à ce moment-là, on ne s'en souciait pas trop, les nanars n'étaient pas encore considérés comme tels et le jeu vidéo ne brillait pas très souvent de scénarios complexes tant qu'on pouvait s'amuser à jouer à Stallone ou Chuck Norris.

Revenons en 2023 maintenant : de l'eau a coulé sous les ponts et des décennies de films et jeux vidéo ont défilé, les nanars ont été reconnus universellement (même si la définition fait parfois débat : nanar ou navet ?) et on peut reconnaître que les Operation Wolf, en mode serious business, sont de parfaits exemples de produits bloqués dans leur époque. Mais comme la réalité virtuelle se prête particulièrement bien au genre des rails shooters, on peut comprendre pourquoi Microïds tente d'opérer un retour de la franchise avec ce nouveau titre développé par le studio Virtuallyz Gaming, et présenté comme un "remake de l’un des fondateurs du genre Rail Shooter" ; et cette fois le style tente de virer à la parodie, à la fois dans le ton et le style graphique pour accompagner de façon pertinente un scénario qui ne prête encore pas à la réflexion, je cite le site officiel :

incarnez un agent spécial luttant contre une nouvelle organisation criminelle. En plus des trafics d’armes et de drogues, l’organisation, menée par le mystérieux Général Viper, a développé une nouvelle arme surpuissante. Après avoir découvert plusieurs de ses bases, vous serez envoyé sur place afin de démanteler l’organisation, éliminer cette arme et libérer les otages détenus dans les camps alentours.

On est prévenus mais on s'en doutait : on va affronter le jeu comme on affronte un bon nanar des 80's, et après tout pourquoi pas ; qu'importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse...

Philiiiiiippe, je sais où tu te caches...

Question ivresse, on en a un avant-goût mais si on se contente de la version "non-VR" on va surtout sentir la gueule de bois. Soyons honnêtes : le jeu est gentillet, mais sans la réalité virtuelle on perd largement en précision de la visée et en confort de jeu. C'est comme à l'époque où on saignait la borne d'arcade et qu'on se retrouvait ensuite chez soi à jouer sur son clavier de CPC. Bon, on savait y faire quand même et c'était tout de même jouable avec des portages très respectables signés Taito, mais même si on appréciait l'arcade à la maison, on rêvait de revenir à la borne : rien de plus frustrant que de rater des cibles parce que le curseur se déplace trop lentement à son goût pour fumer du malandrin ou libérer un otage alors que le rail avance irrémédiablement : sauver un otage ou prendre une boulette ? Cruel dilemme (lemme !). On va donc bien vite oublier le jeu si on n'a pas de casque de réalité virtuelle (je déconseille donc personnellement les versions Switch, PlayStation 4 et Xbox), mais on a au moins la consolation de  pouvoir bénéficier de la version VR de la plate-forme si on a l'autre version (et vice-versa).

Et c'est bien là qu'on peut apprécier le jeu pour ce qu'il est : un bon vieux rail shooter à l'ancienne sans trop de surprises. Il faut juste prendre rapidement le coup de main pour jongler entre les quatre armes à disposition : un gros flingue en mode semi-auto aux munitions illimitées mais à la puissance de feu réduite, un uzi (comme sur la borne) auto mais qui arrose n'importe comment, un fusil à pompe dévastateur mais avec une grosse dispersion, et enfin un fusil automatique M16 forcément bien plus précis et puissant que l'uzi mais avec un stock de munitions plus limité. Ma préférence allant évidemment vers ce dernier pour optimiser les dégâts sur les véhicules, et le pistolet pour les ennemis de base en optimisant les headshots. On aura aussi droit à quelques séquences aux commandes d'une mitrailleuse lourde pour déglinguer avec plaisir des hordes d'ennemis, au sol comme en vol en hélicoptère. En soi, le jeu respecte son héritage et si on est coutumier du rail shooter à papa, on goûtera sans peine à ce reboot de la série à condition de bien prendre le tout à la rigolade.

Fais un effort, ma patience a des limites mais il ne faut pas exagérer

Mais voilà, qui dit rail shooter, dit le plus souvent durée de vie très limitée. Ici, le jeu nous fera parcourir un total de six missions composées chacune de quelques niveaux et d'un boss final. À proprement parler le jeu n'est heureusement pas un remake strict du tout premier volet sinon c'était plié en une demie-heure ; cependant il ne s'agira pas non plus d'une réinvention du genre et on bouclera l'histoire en une heure et demie cinématiques comprises. L'affaire d'une petite soirée donc, mais ce sera parfait pour des sessions en VR où tout le monde n'est pas forcément réceptif à de longues sessions de jeu. Par contre, le jeu est très abondant en kits de soins à récupérer en tirant sur des animaux innocents (!) ou en libérant des otages et on n'a pas vraiment de challenge, ni de véritable rejouabilité au final sauf à vouloir monter dans le leaderboard qui est une autre innovation de ce nouveau volet pour la série.

Le jeu s'avère donc sympathique sans être un must-have. La réalisation est très correcte sans non plus être une vitrine technologique, il est facile de se prendre au jeu avec un gameplay simple (j'aurais apprécié cependant la possibilité d'inverser la visée pour les mitrailleuses lourdes...) et on pardonne le vide du scénario avec l'excuse de la parodie, mais il faut quand même se demander "et après ?" : a-t-on envie d'y retourner ? À moins d'être un acharné du leaderboard ou un nostalgique forcené, j'en doute pas mal personnellement. Et si on ne dispose pas d'un casque de réalité virtuelle je serais d'avis de passer complètement son chemin. C'était pas ma guerre...

Test réalisé par Bardiel Wyld sur PlayStation 5 et PS VR 2 à partir d'une version fournie par l'éditeur