Test de The Invincible - Une adaptation plus réussie qu'attendu

Lorsque j'avais découvert The Invincible il y a un peu plus d'un an, sa courte démo avait eu bien du mal à me convaincre de m'intéresser au jeu. Cependant, maintenant que le jeu est prêt à sortir, je suis heureux de constater qu'il ne faut pas toujours juger un jeu sur la seule base de sa démo. Voici pourquoi.

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You're (not) alone

Après avoir visité de multiples mondes et accompli avec succès tout autant de missions, l’équipage du vaisseau Dragonfly s’apprête enfin à revenir sur Terre. Une dernière mission les sort toutefois de leur hibernation. Ils doivent découvrir pourquoi la planète Regis III intéresse l’Alliance, au point d’y envoyer son vaisseau le plus puissant, l’Invincible. Avec treize jours seulement avant l'arrivée de ce vaisseau, il n'y a pas une minute à perdre pour l'équipage qui est rapidement envoyé sur la surface de Regis III. Seuls le commandant, qui a été blessé à la jambe, et Yasna, une biologiste, restent à bord du Dragonfly. Problème, Yasna reprend conscience quelques heures plus tard sur le sol de Regis III, en ayant perdu toute communication avec le reste de l’équipage. Contrainte de partir à la recherche de ses compagnons, Yasna découvre un mystère qui pourrait bien mettre en péril le futur de l’humanité.

Définitivement plus le Kansas
Définitivement plus le Kansas

Une ressemblance assumée

Pour son gameplay, il est assez clair que Starward Industries s’est inspiré de Firewatch. Comme ce dernier, The Invincible est un simulateur de marche avec un très fort aspect narratif. Le jeu met ainsi en avant le fait que les choix du joueur ont un impact sur le déroulement de l'histoire. J’en ai effectivement rencontré certains de ces choix, bien que je sois un peu réservé sur l’impact réel de nos décisions, tant j’ai parfois eu l’impression de suivre un chemin prédéfini en progressant dans le jeu. Il est toutefois possible que cet impact se trouve du côté des dialogues et des choix moraux qui en découlent, notamment à la fin du jeu. On retrouve également la ressemblance avec Firewatch dans la maniabilité du jeu. Comme dans ce dernier, une importance particulière est donnée aux gâchettes de la manette. La droite sert ainsi aux interactions avec le monde tandis que la gauche permettra de gérer les dialogues.

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En effet, si Yasna débute le jeu seule et sans communications, elle parvient très vite à rétablir une liaison avec son commandant, qui devient la voix désincarnée qui l’accompagne tout au long de l’aventure. Au fil de l'histoire, les deux personnages ont l’occasion d'initier de multiples dialogues, déclenchés par les découvertes de Yasna (qu'elle peut signaler à son supérieur à l'aide d'une gâchette) ou simplement par la progression naturelle de l’histoire. Certaines des réponses sont limitées en temps, bien que le timing soit souvent assez large pour que l’on ait le temps de bien lire chaque réponse avant de faire son choix. Le système de dialogue permet également au joueur de se déplacer pendant les conversations, ce qui pose parfois problème sur les enchainements, Yasna lâchant ainsi une petite phrase contextuelle avant de reprendre son dialogue précédent comme si rien n’était. Le jeu souffre également de quelques problèmes de traduction, créant des incohérences majeures entre ce que l’on entend dans le doublage anglais et ce qu’on lit dans les sous-titres français.

Une histoire solide (ou presque)

L'histoire est résumé sous forme de BD, excellente idée
L'histoire est résumé sous forme de BD, excellente idée

Si le gameplay du jeu est donc assez basique, The Invincible se rattrape sur son histoire. Le jeu évite le piège de l'adaptation fidèle du roman éponyme de Stanislaw Lem et nous propose plutôt une histoire parallèle à celle du livre. L'intrigue du jeu fait ainsi écho à celle du livre, confrontant les joueurs à une situation similaire mais un point de vue différent. Le jeu possède donc assez de qualités narratives captiver les amateurs de science-fiction, mais aussi ceux qui cherchent simplement une bonne histoire. Le mystère qui entoure notre séjour sur la planète s’avère fascinant et l’ambiance fonctionne très bien durant les premières heures de jeu, alors que la menace reste diffuse. Les interrogations sur le sort de nos compagnons et sur la nature des structures métalliques que l’on aperçoit partout donnent envie de poursuivre malgré un rythme parfois haché. Yasna souffre en effet de problèmes de mémoire et le jeu comble ces lacunes à l'aide de flashbacks cassant un peu le rythme, surtout durant les premières heures de jeu. Dans l’ensemble, The Invincible fonctionne toutefois très bien durant une bonne partie de son aventure. Cependant, dès lors que la menace devient plus réelle et que le jeu cherche à accélérer son rythme, il perd un peu de cette force narrative pour offrir une dernière ligne droite que j’ai trouvé moins réussie. Il convient toutefois de noter que mes choix précédents peuvent avoir eu un impact direct sur cette portion du jeu, comme le suggèrent les succès.

Un autre monde

Les graphismes sont une autre réussite du jeu. Le jeu tire pleinement parti de l’Unreal Engine 4 pour immerger le joueur dans son monde. Les environnements de Regis III collent totalement à l’image que je me fais d’une planète aujourd’hui déserte. On y trouve un mélange de zones dégagées éclairées par un soleil rouge, des canyons vertigineux et des grottes plongées dans l’ombre. Le design des technologiques utilisées par Yasna et ses compagnons est également original puisqu’il semble tiré d’une série des années 50 ou 60. Ainsi, les robots présentent par exemple un design très retro qui ajoute au côté dépaysant du jeu. J’ai également beaucoup apprécié le travail fait sur la lumière et tous les petits détails qui rajoutent encore au réalisme des scènes, comme la poussière sur la visière du casque de Yasna ou les gouttes de pluie lors d’un orage. Seule petite note négative sur cet aspect, la caméra (en première personne uniquement) m’a souvent parue placée fort proche du sol. Ce qui amplifie certes le gigantisme des décors, mais rend certaines proportions un peu étranges. Les véhicules semblent par exemple minuscules par rapport à la taille de certains engins que l’on croisera.

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Pas irréprochable

Alors que The Invincible, en sa qualité de Walking Sim, ne propose finalement que des interactions assez réduites avec le monde, j’ai trouvé que le jeu manquait de souplesse dans sa maniabilité. Les passages durant lesquels il faut grimper ou descendre d’un rocher illustrent bien ce problème. Vous allez régulièrement vous heurter à des murs invisibles, car le jeu est restrictif sur les zones d'interactions possibles. De plus, certaines zones d’interaction n’apparaissent qu’après un dialogue, donnant l'impression qu'il n'y a rien à faire à un endroit où vous devez pourtant vous trouvez. Il faudra également garder un œil sur le suivi du jeu, ces petits couacs techniques se multipliant au fur et à mesure de la progression dans l’histoire. Il est difficile de dire si cela résulte d’un manque de finition globale ou juste d’une version de test un peu ancienne qui sera corrigée à la sortie.

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L’heure du bilan

En fin de compte, The Invincible offre une expérience immersive assez réussie malgré des imperfections. Son histoire captivante et ses graphismes soignés en font un jeu qui mérite d'être découvert. Si, comme moi, la démo ne vous avait pas convaincu, il pourrait donc être bon de lui accorder une seconde chance.

Test réalisé par Grim sur PC à l'aide d'une clé fournie par l'éditeur.

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