Test de Expeditions: A MudRunner Game - Les bienfaits d'une nouvelle formule

De la découverte de son concept avec Spintires en 2014 où l'on s'amusait avec des vieux camions dans la campagne russe, à SnowRunner il y a quelques années, la licence a parcouru un sacré chemin. Axée simulation et avec un goût certain pour les challenges impossibles, la série a son identité bien à elle et joue sur un terrain unique, celui d'un environnement hostile où un véhicule peut s'embourber et être perdu au moindre mauvais choix. Cette année, la série revient avec Expeditions: A MudRunner Game, dans une nouvelle formule qui ne plaira pas à tout le monde.

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Balade aventurière...

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Le concept est simple : devenir maître de son véhicule pour atteindre ses objectifs. Expeditions, comme ses prédécesseurs, raconte un duel entre le véhicule et le terrain. C'est un jeu de franchissement qui joue sur les spécificités des véhicules à disposition et les obstacles naturels de terrains où aucune route, ou presque, n'a été tracée. La topographie est l'ennemi principal, tandis que la mécanique doit être assimilée pour pouvoir avancer : il faut en effet savoir gérer le poids et l'impulsion du véhicule, les différents types de transmission, la pression des pneus ou encore l'utilisation de treuils pour se sortir de certaines situations complexes. Et à ce titre, chaque "expédition" (les missions du jeu) se prépare en amont. L'objectif est clairement défini à chaque fois, puisqu'il s'agit d'explorer des sites archéologiques, d'utiliser des sondes sismiques, d'établir des camps avancées, de remorquer des collègues aux véhicules embourbés ou encore de récupérer des ressources. Ensuite, il s'agit de choisir les véhicules à emmener pour l'expédition, sachant que le mode coopératif en ligne n'arrivera que dans une future mise à jour. À côté, il faut préparer les bonus passifs, incarnés par des techniciens et spécialistes que l'on embarque, les ressources qui pourraient être utiles comme des jerricanes, des points d'accroche pour utiliser le treuil sans arbre, des objets spécifiques à certaines missions (sondes sismiques et détecteurs de métaux) et autres joyeusetés. Chaque expédition propose un budget à utiliser pour ces éléments, qu'il faut apprendre à gérer soit pour rester dans les limites du budget, soit pour limiter l'utilisation en plus de celui-ci de notre propre budget accumulé grâce aux gains des missions précédentes. Comme chaque expédition annonce d'emblée les budgets alloués, il est possible de se préparer en amont et d'éviter de dépenser trop de sous en améliorations du véhicule avant d'aborder une expédition qui nécessite un certain budget.

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Un peu plus axé sur la narration que ses prédécesseurs, même si cela se limite à quelques descriptions d'expéditions, le jeu offre une ambiance très aventurière qui tranche avec ses prédécesseurs. Si l'on prend SnowRunner en exemple, il offrait une ambiance plus axée sur le travail, sur la productivité, tandis que Expeditions raconte la découverte de zones encore vierges d'influence humaine. Les secrets sont nombreux sur les différentes cartes proposées, c'est-à-dire Little Colorado, Arizona et les Carpathes, et on y trouve un vrai bon sentiment de liberté. Un sentiment induit plutôt par l'environnement, les grandes étendues de nature comme les plaines désertiques, les canyons et les forêts, où la moindre route à franchir peut devenir le défi de très longues minutes. Il y a, visuellement, des choses très intéressantes et des panoramas franchement séduisants, mais on regrette quand même que ces ambiances visuelles se limitent à deux grandes différences. Little Colorado est une carte à part de l'Arizona, mais cette zone des États-Unis faisant partie de l'Arizona, on trouve entre les deux lieux de très grandes similarités. C'est essentiellement des terres arides, tandis que la dernière zone, les Carpathes, offre une vue imprenable sur des vallées, forêts et ruisseaux au charme évident. S'il faut se contenter réellement de deux environnements seulement, le jeu reste très généreux sur son contenu avec 79 expéditions au total. Cinq pour Little Colorado qui est un grand tutoriel et 37 pour chacune des deux autres zones. L'éditeur annonce une centaine d'heures pour en voir le bout, mais la durée de vie dépend essentiellement de la capacité de chacun à braver les obstacles : il faut observer, faire preuve de logique, mais aussi expérimenter pour comprendre le comportement des véhicules sur chaque revêtement. Une chose est sûre, c'est qu'il faut de nombreuses dizaines d'heures pour aller au bout du jeu, chose que nous n'avons pas fait car le titre finit par être très répétitif avec des expéditions qui sont de plus en plus longues (parfois jusqu'à une heure, une heure et demi). Ce n'est pas forcément un jeu sur lequel on revient picorer de temps en temps pour une session courte à cause de ça et c'est peut-être son plus gros défaut. Même si ces longues expéditions sont probablement une nécessité, rien que pour le challenge et le besoin de gérer le carburant, mais aussi parce qu'elles permettent d'exploiter à fond le terrain et la multiplication des obstacles pour atteindre un objectif.

... Sur des terrains capricieux

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Pour arriver au bout des missions, souvent aller d'un point A à un point B pour récupérer ou déposer quelque chose avant de revenir à la base, il faut apprendre à connaître les spécificités des véhicules. Il y a les camions, qui sont puissants et peuvent déplacer des objets lourds, mais leur poids fait qu'ils ont du mal à franchir certains dénivelés sans l'aide de treuils. Inversement, ils sont indispensables pour franchir certains points d'eau, car avec un moteur de facto plus haut, le risque de le noyer est limité. À côté, les véhicules tout-terrain sont présentés comme des éclaireurs, dont l'agilité et la légèreté leur permet de franchir pratiquement tous les obstacles au sec et sur la boue (même s'ils se noient facilement dans l'eau). Néanmoins, ils sont moins stables, plus à même de se retourner en longeant une pente un peu trop inclinée, obligeant à être très prudent sur les coups d'accélération et l'orientation des roues. Il faut aussi apprendre à gérer le couple, en roulant à bas régime grâce au blocage de la transmission afin d'éviter de patiner sur des zones humides. Mais aussi gérer la pression des pneus, en la diminuant pour faciliter l'adhérence sur la roche et faciliter le franchissement, mais au coût d'une consommation accrue de carburant. Et c'est là que la préparation initiale est importante : chaque expédition indique le type de véhicule conseillé, mais aussi la distance qui nous sépare de l'objectif et ce afin de pouvoir anticiper l'éventuel besoin en carburant (en amenant plus de jerricanes quitte à alourdir le véhicule).

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Mais cette nouvelle formule opère aussi un changement de paradigme important face aux précédents jeux. La série des MudRunner, et Spintires avant cela, jouait sur l'existence d'un monde persistant où chaque véhicule acheté et utilisé restait sur la carte à disposition. On pouvait parfaitement abandonner un camion au milieu de nulle part pour l'utiliser plus tard sur une autre mission ou simplement l'abandonner après s'être complètement embourbé sans possibilité de s'en dégager, jusqu'à ce qu'on y retourne avec un autre véhicule pour le remorquer. Tout cela n'existe plus dans Expeditions, où tous les camions rentrent à la base automatiquement lorsqu'une mission est terminée ou abandonnée. Ce qui donne au titre quelque chose de plus linéaire, d'autant plus que la possibilité d'explorer librement les cartes ne se débloque qu'après avoir accompli certaines missions, sur chaque zone. Ce manque de liberté remet considérablement en cause le modèle initial de la licence, mais c'est un vrai coup de boost qui lui est apporté. D'abord en rendant celle-ci plus accessible et ensuite en offrant une alternative à SnowRunner sans tomber dans un simple clone avec deux nouvelles zones. Il y a néanmoins un vrai problème technique à pointer, celui relatif streaming des textures sur PlayStation 5 (au moins, s'agissant de la seule version testée) : les textures ne chargent parfois pas du tout sur certaines surfaces, la roche notamment, ou parfois elles chargent et disparaissent aussitôt, offrant un rendu d'une certaine laideur. Pire encore : cela empêche parfois de savoir quelle est la surface devant et autour du véhicule, alors que... tout le gameplay réside dans la manière d'aborder chaque surface pour ne pas casser la mécanique ou s'embourber. On espère que ce souci sera corrigé au fil des mises à jour, les développeurs ayant déjà prévu de maintenir leur jeu pendant un bon bout de temps. Mais à l'heure actuelle, ça casse un peu l'immersion.

Conclusion

Cela fait longtemps que la licence MudRunner se tente à plusieurs formules, hésitant parfois entre la liberté d'aborder ses maps et l'envie de mieux cadrer ses aventures. Avec Expeditions : A Mudrunner Game, la licence assume pleinement son envie de prendre les joueurs par la main en imposant des missions à la difficulté croissante, permet de découvrir en douceur la technicité du contrôle des véhicules et les possibilités qui s'offrent grâce à son moteur de jeu. Toujours aussi efficace pour rendre compte des difficultés du franchissement tout terrain, le moteur physique est toujours la principale qualité de la série. Et c'est bien parce qu'il est aussi difficile de se sortir de certaines situations (notamment quand le véhicule est embourbé) que le sentiment d'accomplissement est aussi grisant quand on s'en sort. Trouver la petite faille qui permet de battre l'ennemi du jour, qu'il s'agisse de rochers un peu pénibles ou d'une boue plus profonde qu'on ne l'imaginait, est toujours un grand plaisir. Et le fait de cadrer ce gameplay si satisfaisant dans une série de missions aux objectifs clairement définis rend le jeu plus accueillant que ses prédécesseurs, plus encore que SnowRunner qui avait déjà commencé à s'orienter vers cette idée. Le changement de paradigme vers moins de liberté de mouvement, un monde qui n'est pas persistant et des missions plus dirigistes peut décevoir les fans de la première heure, mais c'est malgré tout plutôt appréciable de voir que les développeurs tentent de faire évoluer leur licence et d'accrocher un nouveau public.

Test réalisé sur PlayStation 5 par Hachim0n à partir d'une version fournie par l'éditeur.

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