Test de Ereban: Shadow Legacy - De l'infiltration qui demande à sortir de l'ombre

Annoncé en 2022 et prévu pour 2023, le jeu d'infiltration Ereban; Shadow Legacy a traversé une période difficile, notamment en se séparant de son éditeur. Le jeu arrive finalement sur PC uniquement ce 10 avril. Voyons ensemble ce qu'il en est.

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Et l'Ombre fut

Vous êtes Ayana, dernière représentante d’une race que l’on pensait disparue : les Ereban. Vous avez accepté l’invitation d’Hélios, une puissante méga-corporation qui a mis un terme aux guerres de l’énergie qui ont ravagé le monde. Depuis, Hélios fournit de l’énergie aux quatre coins de l’univers en exploitant la puissance de Khepri, un soleil. Si Hélios s’intéresse à vous, c’est pour faire de vous l’un de ses agents. C’est du moins ce qu’elle vous a dit, car l’entretien tourne au traquenard. Si vous avez réussi à vous échapper, il vous faut rejoindre la Résistance pour découvrir ce que cache réellement Hélios, ce qui est arrivé à votre peuple et en quoi votre race les intéresse tant.

En recherche de réponses
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Marche à l’ombre

Dès les premières images d’Ereban, je n’avais pas pu m’empêcher d’y trouver une ressemblance avec Aragami, jeu de Lince Works sorti il y a déjà pratiquement 8 ans. Une ressemblance assumée qui peut s’expliquer par la proximité des deux studios, puisque Baby Robot Games et Lince Works sont voisins, tous deux installés à Barcelone. Comme Aragami, Ereban est un jeu d’infiltration qui adopte une approche assez old-school et punitive, mais qui est épicée par un gimmick de gameplay reposant sur les ombres. De par la nature de sa race, Ayana dispose de la faculté de se fondre dans les ombres et de s’y déplacer. Ce qui lui permet d’éviter les patrouilles dans les ombres du sol ou de grimper dans celles des murs. Ou de passer au travers des barreaux d’une grille. Une aptitude bien pratique quand on n’est pas douée pour le combat et que le moindre ennemi que vous croisez peut vous éliminer en un seul coup. Ayana n’est pas une combattante et si elle peut éliminer un ennemi qu’elle prend par surprise, ses possibilités d’action sont réduites. Ainsi, il vaut souvent mieux utiliser l’environnement et ses ombres à son avantage pour esquiver les gardes que de chercher l’affrontement.

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Entre ombre et lumière

De ce fait, les premiers moments dans le jeu sont assez délicats. Notre principale force, la fusion dans l’ombre, est fortement limitée dans le temps et Ayana manque d’outils pour avancer. Ça passe encore lorsqu’on évolue dans des environnements semi-ouverts qui nous laissent généralement assez de liberté de mouvement pour approcher nos cibles. Mais dans les sections plus linéaires et fermées, le jeu devient frustrant. Dans ces passages, éliminer les ennemis n’est que rarement une option viable, on a trop vite fait de déclencher l’alarme après la détection d’un cadavre. Il faut éviter les patrouilles et les possibilités de le faire sont peu nombreuses. On galère, on se frustre, ce n’est pas le meilleur visage du jeu.

Quelques outils vous aideront à avancer
Puis vient le moment où l’on commence à dompter le jeu. On a débloqué quelques améliorations au gré du scénario et de nos explorations s’ajoutent à notre arsenal. La fusion dans l’ombre a gagné en durée et on en saisit mieux les possibilités. Ereban est alors à son meilleur. Pas exempt de défauts, on y reviendra, mais le jeu est assez correct pour être amusant à jouer. Le système de fusion est sympa et les déplacements fonctionnent assez bien. Le jeu glisse même ici et là quelques passages qui tendent vers le jeu de plateforme, lorsqu’il faut utiliser les ombres d’objets mouvants pour se déplacer le long des murs vers des endroits autrement inaccessibles. Des passages pas toujours réussis, la faute à une caméra qui fait des siennes, mais l'intention est bonne à la vue des pouvoirs d'Ayana.

Explorer les ombres

Pourtant, si j’apprécie globalement le jeu, un point m’a poussé à éviter de m’attarder dans les niveaux. Il s’agit du côté aléatoire des détections et du manque de prédictibilité des réactions ennemies. Ainsi, les gardes semblent parfois être omniscients lorsque vous êtes détecté, se dirigeant droit vers votre position et ce, même si vous n’avez pas pris la peine de les attendre. Et parfois totalement abrutis, lorsque vous faites volontairement du bruit pour les attirer et qu’ils cherchent partout, sauf à l’origine du bruit. Il n’est malheureusement pas rare que, sauvegarde automatique oblige, une détection accidentelle vous oblige à revenir plusieurs minutes en arrière et à recommencer en espérant que cette fois, rien d’étrange dans le comportement du jeu ne viendra vous pourrir la vie. Ce qui s’avère frustrant dans les passages un peu plus fermés du jeu.

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Et c’est dommage, parce que le jeu nous encourage à explorer. Il y a ainsi de nombreux messages dans les niveaux qui nous en apprennent plus sur le monde d’Ereban. De la même manière, il faudra explorer un minimum pour obtenir les outils nécessaires au déblocage de nouveaux gadgets ou les orbes permettant d’améliorer les pouvoirs d’Ayana. Sans oublier les composants permettant de les fabriquer. Car les gadgets et les pouvoirs d’Ayana n’ont qu’un nombre d’utilisations limité. À l’inverse d’autres jeux qui fixent la limite par mission ou permettent de les recharger à certains points clés, Ereban vous permettra de fabriquer de nouvelles « charges » sur le terrain, à la volée, pour peu que vous ayez les composants sur vous. Ces composants peuvent être trouvés dans le monde, oubliés au sol ou récupérés sur les restes d’une de vos victimes, qu’elles soient humaines ou robots. Dans les faits, je n’ai jamais vraiment ressenti de manque à ce niveau, même sans explorer le monde dans ses moindres recoins.

Une finition en pointillés

Difficile de ne pas aborder un dernier point qui mettra régulièrement la patience du joueur à l’épreuve : les bugs. Oh, pas des gros bugs qui bloqueront votre progression dans le jeu, mais des petits bugs qui peuvent vous mettre dans la mouise lorsqu’ils se produisent. Zones du jeu où l’on passe sous la carte lorsqu’on s’approche trop près d’un mur en forme d’ombre, des objets de lancer comme les leurres et les mines qui seront parfois placés n’importe comment et bien sûr la classique caméra qui part en vrille dès que l’on est trop proche d’un mur, il y en a un peu pour tous les goûts. Plus étrange, il semble y avoir un trou dans la narration du jeu entre la fin du premier chapitre et le début du deuxième. On le sait maintenant, Baby Robot Games s’est séparé de Raw Fury comme éditeur du jeu, entraînant notamment le report des versions consoles et l’annulation de la sortie du jeu sur le Game Pass. Ces petits problèmes seraient-ils un effet secondaire malheureux de ce divorce ?

Sur le plan visuel, le jeu reste assez simple. Le design d'Ayana est plutôt réussi, mais les décors manquent quand même terriblement d'originalité. C'est également vrai pour les ennemis, dont on se souvient plus pour les dialogues que l'on surprendra parfois lors de leur patrouille plutôt que pour leur design. Enfin et pour finir, le jeu dispose d’un doublage anglais de plutôt bonne qualité, mené par Cissy Jones qui prête sa voix à Ayana. Le jeu possède également une traduction intégrale en français pour ce qui est des textes. Du côté de la durée de vie, il m'aura fallu une douzaine d'heures pour arriver au terme du jeu, ce qui me semble être une fourchette haute à la vue de mes (més)aventures.

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Conclusion

Ereban n’est pas un jeu facile à dompter et à apprécier. Sa prise en main est rendue douloureuse par son côté punitif et frustrante lorsque les nombreux bugs viennent perturber l’expérience. Pourtant, lorsqu’on creuse un peu, il y a des moments où le jeu se montre sous son meilleur jour pour devenir plaisant à parcourir. Un jeu que je ne recommande toutefois pas à tout le monde, tant ses problèmes de finition peuvent être une énorme source de frustration.

Test réalisé par Grim sur PC à partir d'une copie fournie par le développeur.

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Plateformes Windows
Genres Action, plateformes, fantasy

Sortie 10 avril 2024 (Windows)

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