Test de TIEBREAK - L'habit ne fait pas le moine

Les années se suivent et se ressemblent ; régulièrement, de nouveaux jeux de tennis font leur apparition, mais tous souffrent de défauts majeurs qui les empêchent de s'installer durablement au sein des communautés friandes de ce type de jeu. Si un mastodonte du genre est réapparu il y a quelques mois en amenant avec lui de bon espoirs, d'autres animent ce marché atypique où il faut à la fois parvenir satisfaire des envies de réalisme et d'accessibilité. Le dernier prétendant au titre se nomme TIEBREAK, jeu sous licence officiel ATP et WTA, qui arrive avec la promesse d'un contenu pléthorique. Mais un contenu généreux suffit-il à dynamiser le jeu ?

Test de TIEBREAK - L'habit ne fait pas le moine

L'avantage des licences

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Il est indéniable qu'en obtenant les licences ATP et WTA, les deux principaux tours du tennis, le studio australien Big Ant Studios a frappé un grand coup. Il y a quelques mois, c'était la fameuse licence TopSpin qui faisait son retour, mais comme on le disait déjà dans notre test, le jeu décevait pour son contenu riquiqui. En récupérant ces deux licences, TIEBREAK de son côté s'offre la garantie d'un contenu généreux grâce à 65 joueurs et 55 joueuses, ainsi qu'à l'intégralité des Masters 1000, 500 et 250 qui peuvent être joués. Il manque certes les licences des Grand Chelem pour compléter le calendrier, mais le jeu propose tout de même des alternatives sans licence. Ce contenu gigantesque est l'argument numéro un pour un titre qui doit rentabiliser son partenariat et qui en profite amplement pour mettre son mode carrière à l'épreuve. Passage obligatoire pour quiconque souhaiterait créer son propre pro ou jouer la carrière d'un ou d'une pro existante, ce mode permet d'aborder les tours ATP et WTA en planifiant son calendrier comme bon nous semble, en s'inscrivant aux différents tournois tout en gérant la récupération. Qu'on soit clairs toutefois, la gestion de l'énergie du joueur est assez basique, il est pratiquement impossible de tomber à court d'énergie (sauf à faire un tournoi par semaine tous les mois), ce qui permet d'aller aux quatre coins du monde pour se frotter aux différents tournois. Face à nous, des joueurs et des joueuses du roster officiel, mais aussi des personnages générés par le jeu, de quoi varier les tournois et limiter le risque d'affronter les mêmes en boucle. Même si dans les tours les plus avancés des Masters 1000, le joueur rencontre nécessairement quelques têtes connues, entre les Djokovic, Sinner et autres Nadal. Sur le principe, ce mode carrière fonctionne plutôt bien, mais il sonne un peu creux à cause de fonctionnalités annexes dont l'utilité n'est pas évidente. Je pense à l'investissement qui peut être réalisé sur le staff du joueur afin d'obtenir quelques bonus passifs, dont l'intérêt ne saute pas immédiatement aux yeux. De la même manière, le gain d'expérience est assez austère, pour un mode qui ne semble pas complètement fini : on gagne de l'expérience, mais aucun point de compétence, ça ne semble servir à rien. On parle pourtant d'un jeu qui a longtemps été en accès anticipé sur PC, et qui a déjà connu plusieurs mises à jour depuis sa sortie le 22 août dernier.

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Pour le reste, TIEBREAK offre tout ce que l'on attend d'un jeu de tennis : possibilité de jouer des tournois (hors carrière), des simples et doubles, de réaliser des matchs d'exhibition ou de jouer en ligne. À l'image de son mode carrière, ces différents modes souffrent de la même austérité : pas de commentaires quelconque, un public bien peu enjoué entre deux échanges, une musique discrète et des menus qui font le strict minimum. On salue certes la générosité du contenu du jeu, mais il faut bien avouer que ce n'est visuellement pas très emballant, mais on peut lui reconnaître d'aller droit au but. Je ne m'attarderai toutefois pas sur le jeu en ligne, ayant été dans l'incapacité de faire le moindre match. En effet, le titre semble avoir été rapidement déserté et il m'a été impossible tout au long du test de trouver le moindre adversaire. Un mauvais point assurément pour TIEBREAK, qui aurait bien eu besoin que l'on goûte aux échangeés contre un humain pour mieux apprécier son gameplay tant l'IA peine à séduire.

En manque de sensations

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Les matchs contre l'IA ont tendance à tourner en rond. La faute à un manque de variété des coups de la part de nos adversaires, mais également du système de services qui est complètement raté. Au contraire de la plupart des jeux de tennis sortis jusqu'à maintenant, le type de service ne dépend pas de la touche utilisée (sur PlayStation : carré pour un service slicé, croix pour un service à plat...) mais du type choisi selon une liste. Pour choisir, on fait défiler le type de services avec les gâchettes jusqu'à sélectionner celui souhaité et on enclenche avec croix. Le problème, c'est non seulement la simplicité de celui-ci, puisqu'il est presque impossible de servir en dehors des lignes, mais en plus, le joueur contrôlé par l'IA réagit directement au service choisi. Pour bien vous l'expliquer, quand on passe du service à plat au service slicé au moment de la sélection, avant même d'enclencher le moindre tir (à un moment où notre joueur ne bouge donc absolument pas), on voit le joueur contrôlé par l'IA se décaler en choisissant le tir slicé : avant même de servir, avant même le moindre mouvement, sans indice de notre part, l'IA se décale pour anticiper la balle fuyante d'un tir slicé. En revenant au service à plat, l'adversaire IA reprend un positionnement plus à l'intérieur, en sachant d'ores et déjà que la balle ne sera pas fuyante. C'est assez risible à voir puisque l'on peut s'amuser à passer très vite de l'un à l'autre service avec l'IA qui se déplace de manière hérétique de gauche à droite, jusqu'à ce que l'on finisse par s'ennuyer et balancer n'importe quel service. De toute manière, cela ne change rien, puisque l'IA anticipe tout et il est impossible de réaliser un ace sauf à exploiter un glitch déjà connu.

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Pour le reste, le gameplay reste très académique, les échanges. stéréotypés, et la physique de balle est parfois difficile à comprendre. Les différents coups ne se valent pas, avec un tir à plat étrangement difficile à placer qui finit trop souvent dans le filet (même sur des balles hautes), un tir lifté absolument impossible à rater et des lobs plutôt inutiles. Le jeu au filet est sous-exploité malheureusement par une IA qui n'y va presque jamais et qui ne joue pas souvent de drop shots pour nous y emmener. La plupart des échanges se règlent à coups de tirs puissants, même si sur ce point on apprécie plutôt bien la mécanique qui consiste à utiliser la gâchette gauche ou droite (selon le côté du court où l'on reçoit la balle) afin de courir plus vite et de réaliser des tirs plus longs, plus proches des lignes quitte à risquer une sortie. C'est une douce éclaircie dans un gameplay autrement plutôt insatisfaisant, à tel point que la lassitude pointe le bout de son nez après seulement quelques matchs. Et ce n'est pas l'emballage visuel, plutôt pauvre, et les animations tout juste correctes, qui permettent d'améliorer les choses. Au moins, la modélisation de quelques joueurs et joueuses est plutôt réussie, même si on sent que le moteur graphique a une génération de retard. Il en est de même pour les sensations, complètement absentes, la frappe de la raquette n'ayant pratiquement aucun feeling, tandis que les balles semblent flotter. De manière générale, TIEBREAK se manque complètement sur la représentation d'un match de tennis : les moments d'intensité, le momentum, les coups mous, la gestion de l'endurance, autant de choses qui font varier et évoluer les matchs dans la réalité et que l'on ne retrouve pas du tout ici.

Conclusion

C'est un peu toujours la même histoire pour Big Ant Studios. Pas vraiment des débutants dans le tennis, puisqu'on leur doit les deux AO Tennis ainsi que Tennis World Tour 2, les développeurs australiens ne parviennent toujours pas à offrir un jeu de tennis à la hauteur des ambitions annoncées. Certes, ils ont réalisé un beau coup en récupérant les licences ATP et WTA, leur permettant d'offrir un roster de joueurs et de joueuses assez monumental et bien loin devant la concurrence. Mais tout le reste, du mode carrière qui n'est pas vraiment fini, jusqu'au gameplay aux failles trop évidentes pour être amusant plus d'un match, fait qu'on a vite envie de ranger TIEBREAK et de passer à autre chose.

Test réalisé par Hachim0n sur PlayStation 5 à partir d'une version fournie par l'éditeur.

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