Test du Vaillant Petit Page – Petit, mais costaud
Développé par des vétérans du jeu-vidéo, le Vaillant Petit Page (The Plucky Squire dans sa version originale) avait vite séduit par son mélange de phases en 2D et 3D. D'abord annoncé pour 2023, c'est ce mois de septembre 2024 que le titre est enfin disponible.
Le petit Laïus est le héros d'une série de livres pour enfant. Dans ces histoires, il défend sans relâche le royaume de Mojo contre les machinations du méchant sorcier Ragecuite. Mais ce dernier, excédé de perdre systématiquement, parvient à mettre la main sur une étrange magie et expulse le petit page en dehors même de sa propre histoire. Banni du livre, perdu dans un monde inconnu en trois dimensions, notre personnage doit trouver un moyen de faire rentrer les choses dans l'ordre.
Juger un livre à sa couverture
La grosse particularité du titre est la faculté du personnage de pouvoir alterner entre le monde du livre et le monde réel.
À l'intérieur du livre, tout est en 2D, dans un très joli style coloré et enfantin. Les tableaux de jeu se limitent à la taille des pages, tout comme les cinématiques. C'est dans cet environnement que se fait la majeure partie de la narration.
Le monde réel est représenté en 3D. Ce dernier se limite au bureau où traine le livre du Vaillant Petit Page, mais le meuble est encombré par un immense bric-à-brac qui sert à construire différents décors et labyrinthes. Si les objets sont globalement représentés de manière réaliste, les personnages issus du livre y apparaissent avec de charmants modèles tout en rondeurs. Ces parties font souvent office de donjon : la configuration change à divers moment de l'histoire et il faudra se frayer un chemin vers un outil salvateur.
The Legend of Violetta : A Laïus Between Worlds
Les auteurs ont été visiblement marqués par The Legend of Zelda. Jonathan Biddle, co-créateur du jeu, l'avait d'ailleurs déjà prouvé avec The Swords of Ditto.
Comme dans la série de Nintendo, le jeu se joue la plupart du temps en caméra fixe, vue de haut trois-quarts, que ce soit dans les phases 2D ou 3D. De temps en temps, on passe à une vue de côté où il faudra progresser de plateforme en plateforme (ce qui rappelle Link's Awakening, d'ailleurs). Le petit personnage peut frapper, sauter et faire des roulades (calmez-vous, on est très loin d'un Souls). Il faudra défaire les ennemis, mais aussi malmener le décor afin de récupérer des objets.
Le passage d'une dimension à une autre n'est pas spécifique aux transitions avec le livre. Au milieu du bazar dans le monde réel trainent des bouts de papier griffonnés qu'il est possible de traverser, ce qui permet de rejoindre des zones autrement inaccessibles. Cette fois, le gimmick rappelle la particularité de A Link Between Worlds.
Mais les aventures de Link ne sont pas les seules à avoir inspiré notre nouveau venu. De temps en temps, Laïus peut décrocher certains mots depuis les textes du livre et les intervertir avec d'autres. L'opération a pour effet de drastiquement modifier l'environnement. Le principe rappelle forcément Baba Is You où les règles du monde changent selon les combinaisons.
Régulièrement, la progression est coupée par des mini-jeux : tir, jeu de rythme... Souvent dans la référence, ils procurent un changement bienvenu dans le déroulement de l'expérience, mais sans être trop omniprésents. Le tout est vraiment dispersé avec intelligence.
Quand un ennemi, arbre, buisson ou autre forme de mobilier passe par le fil de l'épée, de la monnaie peut être abandonnée à la place. Cet argent permet au personnage d'acheter de nouvelles facultés comme le lancer d'épée ou le coup tournoyant. Quelques secrets trainent également sur le chemin : des illustrations ou des bestioles perdues. Les dessins permettent d'ailleurs de découvrir les concepts de niveaux ou de mini-jeux qui n'ont finalement pas été retenus dans la version finale.
De 7 à 77 ans (à la louche près)
L'aventure n'est pas bien difficile dans son mode par défaut. Le personnage possède plusieurs points de vie et des objets de soin peuvent être régulièrement récupérés en chemin. Et les ennemis ne sont pas les plus malins du paysage vidéoludique. Si le joueur vient à échouer, le jeu reprend à un point de passage proche de l'action ; la défaite n'est donc pas pénalisante.
Quand bien même, le jeu pense aux plus jeunes (et aux moins agiles) avec non seulement un mode "Histoire" (concentré sur le coté narratif), mais aussi quelques options d’accessibilité : invulnérabilité, les ennemis meurent en un seul coup, assistance des sauts…
En jeu, le mini-magicien Barbelunette traine souvent dans le secteur pour prodiguer quelques conseils sur la manière de passer tel obstacle ou tel puzzle. Le joueur est donc rarement bloqué dans sa progression.
Les trois premiers chapitres de l'histoire présentent doucement les différents mondes et les mécaniques principales qu'il faudra exploiter pour tout traverser. La récit sur la suite reste dans une ligne générale assez classique, mais il apporte tout de même quelques péripéties et autres surprises. Le tout joue en tout cas à merveille avec le principe du microcosme du conte encapsulé dans le monde réel. Mais on demeure tout de même dans le registre des histoires pour enfant : si elle reste agréable à suivre pour un adulte, il ne faut pas non plus s'attendre à des rebondissements dramatiques.
Comme son modèle hylien, Laïus est le parfait exemple de protagoniste silencieux. Les autres personnages ne se privent pas de combler le vide en parlant beaucoup. Parfois un peu trop, au risque de répéter les choses, probablement afin de s'assurer que le joueur ne soit pas perdu ou n'ait pas oublié comment utiliser un outil ou ce qu'il doit faire à présent.
L'intégralité du jeu est en français. Les personnages du livre parlent uniquement par texte. La version française semble d'ailleurs un peu dépasser du cadre : il n'est pas rare que la phrase se termine sur une seconde fenêtre, souvent avec seulement un dernier mot, ce qui induit un rythme étrange à la lecture. Les puzzles où on intervertit du texte peuvent également mener à faire des choix grammaticalement douteux, mais sans être non plus bloquant pour leur résolution.
Seul le narrateur est doublé, et ce dans pas moins de onze langues. Chez nous, c'est François Tavares qui prête sa voix (Thomas Buck dans Mafia 3, mais aussi beaucoup de voix-off à la télévision). Le ton colle très bien à l'archétype de l'histoire narrée au coin du feu, avec quelques belles nuances selon l'évolution de la chose.
Côté musique, la partition s'en sort très bien aussi. Elle se permet même d'aller flirter avec des registres qu'on n'attendait pas forcément dans ce type d'univers.
Nous nous permettons de sortir la formule cliché : le Vaillant Petit Page devrait plaire aux petits comme aux grands. Les visuels sont charmants, surtout dans l'univers en 2D. Le jeu est pensé pour être pris en main par les plus jeunes, mais certains affrontements peuvent s'avérer plus retors que d'autres (surtout sur la fin). L'histoire, à priori naïve, apporte assez de surprises pour s'y intéresser de près. Cette aventure de 8 à 10 heures a définitivement beaucoup pour elle.
Test réalisé sur PC par NeoGrifteR à partir d’une version fournie par l’éditeur.
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Plateformes | Nintendo Switch, PlayStation 5, Windows, Xbox Series X|S |
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Genres | Action, dungeon crawler, jeu de rôle (rpg), plateformes, fantasy, médiéval |
Sortie |
17 septembre 2024 |
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