Test de Silent Hill 2 - Remake sous acide pour PH basique
Konami n’aime pas faire les choses dans l’ordre et a demandé à la Bloober Team, studio polonais rôdé aux jeux d’horreur/ambiance, de mettre les mains dans le cambouis pour déterrer Silent Hill 2 et lui offrir un gros coup de polish, 23 ans après l’original.
La Colline Silencieuse a des Yeux
Licence rivale de Resident Evil marquant avec elle l’âge d’or du survival horror, Silent Hill avait disparu depuis près d’une dizaine d’années après le Projet avorTé de Kojima Productions qui avait été rangé au fin fond des tiroirs de Konami. L’espoir renaquit lors du livestream Silent Hill Transmission en 2022 avec annonces en pagaille de projets autour de la licence, dont un remake de Silent Hill 2 sous la houlette de la Bloober Team. D’espoirs en craintes en passant par des doutes, le rythme des annonces suivantes soufflait le chaud et le froid sur le retour de James Sunderland, mais les dernières previews sentaient bon.
Déjà, je tiens à signaler que je fais partie de la frange de joueurs qui ont préféré se cantonner aux Resident Evil et n’avaient jamais (ou presque) touché à la rivale, quand bien même on m’avait proposé de m’y initier. Je n’avais donc pas eu le bonheur d’incarner James Sunderland, jeune veuf à la recherche de sa Mary dans les brumes épaisses de la petite ville du Maine où se camouflent nombre de monstruosités sorties des pires cauchemars de ses visiteurs. C’est donc avec un œil neuf (voire naïf) que j’ai découvert le jeu dans sa version remake, avec des commentaires d’ami(e)s en live, qui eux avaient poncé l’original en long, en large et en travers.
Mary à tout prix
Pas de surprise au niveau du scénario, rien n’a bougé dans ce remake : retaper la bâtisse et donner un coup de peinture ne nécessite pas de péter les fondations, surtout quand elles sont solides. Il s’agira donc bien toujours de partir à la recherche de la… femme morte de James, qui lui aurait demandé dans une lettre de venir la rejoindre dans « leur endroit à eux ». Même s’il sait que c’est impossible, cette obsession qui transcende la curiosité le pousse toujours plus loin dans le brouillard alors que manifestement la faune locale tient à ce qu’il y reste à tout jamais.
Plus étonnamment, il fera la rencontre d’autres personnes errant dans Silent Hill, à commencer par Angela qui, elle, est à la recherche de sa mère ; mais aussi d'Eddie, un jeune homme clairement perdu qui affirme avoir été « appelé par la ville »… Et surtout Maria, qui ressemble comme deux gouttes d’eau à feu Mary, mais avec un petit quelque chose de différent. Cette ville cache décidément plus de secrets sous ses brumes qu’on pourrait croire. Mais où est Mary et qui est Laura, cette jeune fille qui affirme la connaître ?
Le Secret de la Pyramide
En me lançant vaillamment à l’assaut de Silent Hill, je ne pensais pas si bien dire. Les monstres sont nombreux, très nombreux, surtout quand on se balade dans la ville en dehors des endroits clos où se passe l’essentiel de l’intrigue ; il sera même souvent préférable de passer son chemin et de zigzaguer entre les hommes-capotes qui n’attendent qu’une bonne excuse pour vous vomir dessus. Bien plus véloces et en nombre que dans l’original selon mes potes vétérans, on se croit moins dans un jeu d’ambiance que dans un jeu d’action ; souvent la caméra est prise en défaut et il est nécessaire de bien la maîtriser pour ne pas perdre de vue certaines atrocités qui peuvent sembler se téléporter à côté de vous si on n’y fait pas gaffe et que l’angle de vue est bloqué par un mur dont il a du mal à se détacher. Personnellement, ça ne m’a pas trop dérangé, car je suis plus rôdé à ce genre d’exercice, mais j’entends bien la critique de celles et ceux habitués à plus de jeu d’ambiance alors qu’on a déjà beaucoup de mal à distinguer des ennemis dans certaines zones (mention spéciale aux Mandarins sous le sol dans des pièces très, très sombres…).
Là où j’ai un poil plus de mal – mais ce n’est pas propre à Silent Hill (les RE aussi en étaient truffés), ce sont tous les passages à énigmes qui m’ont donné l’impression d’être dans un escape game géant ; je sais bien que c’est un classique du genre, mais j’ai toujours eu un souci de fond quand je me dis qu’un démon taquin s’est fait chier à construire des objets à déverrouiller avec des clés diverses et variées récupérables après avoir par exemple vidé une piscine, assemblé des radiographies ou encore fouillé dans des endroits toujours plus dégueulasses (mais James, pourquoi diable vas-tu foutre ta main au fond de ce chiotte ? Comment sais-tu qu’il y a quelque chose dans celui-ci ? Et pas dans celui d’à côté ?...). Je sais, je sais, ce n’est pas le but du jeu de s’interroger là-dessus et on peut considérer que ces puzzles sont sortis de l’esprit tordu d’un visiteur imprudent, mais quand bien même… Bon au moins, il faut avouer qu’ils sont assez variés et pour peu qu’on suspende son incrédulité pour passer outre ce genre de détails, on se prend très bien au jeu des énigmes travaillées avec soin ; il y a d’ailleurs trois niveaux de difficulté à ces énigmes (celle-ci n’est pas modifiable en cours de partie par contre), permettant une rejouabilité avec quelques variations bienvenues si on veut éviter de se lasser.
The Mist
Côté refonte du titre, la Bloober Team a fait un boulot honnête avec l’Unreal Engine 5 mais, sur console, je conseille de rester au mode Performance pour une expérience de jeu plus confortable (comme très souvent) au détriment d’effets de lumière et de réflexions pas forcément indispensables. Et même dans ce mode, le jeu n’est pas exempt de saccades sur PlayStation 5 (surtout dans les zones du début et quelques autres vers la fin du jeu) ; toujours dans ce mode sur PS5, le jeu accuse souvent du flickering un peu dérangeant dans certaines réflexions au sol ou en fond. La meilleure expérience restera inévitablement le PC si on arrive à apprivoiser les options graphiques du jeu, comme tout bon gamer PC qu’il se doit. Cela ne veut pas dire que la version console est injouable évidemment, loin de là, mais si on hésite…
Au rayon des nouveautés, James peut esquiver les attaques avec un strafe bien senti et ça sera bien souvent nécessaire avec cette caméra replacée derrière lui et des monstres plus costauds qu’avant, alors qu’ils peuvent interrompre les combos au corps-à-corps avant de placer une attaque de leur cru. Au-delà des combats, le level design a été revu ainsi que les énigmes (qui ont eu quelques ajouts aussi apparemment). La durée de vie du jeu se retrouve doublée avec tout ça et il faudra un peu moins d’une vingtaine d’heures en y allant tranquillement pour conclure une première fois les pérégrinations de James, parmi les huit fins (dont deux nouvelles). Pour les audiophiles amateurs, à noter que l’OST a été revue et réenregistrée avec le retour d’Akira Yamaoka aux commandes, avec en bonus quelques nouveaux morceaux composés pour le remake. Enfin, l’autre vétéran Masahiro Ito a aussi participé à la fête en remettant le pinceau numérique à l’ouvrage sur la conception des monstres.
La Vie Rêvée de James Sunderland
De mon côté, j’ai pas mal apprécié tout le petit voyage de vacances de notre cher James, en cassant des Mannequins et en fuyant du Pyramid Head, avec des moments de tension bien retranscrits dans l’UE5 malgré quelques petits écueils techniques sur PS5. Les secrets de chacun se dévoilent progressivement entre deux combats de plus en plus éprouvants à mesure qu’on progresse vers là où se trouverait potentiellement Mary ; les énigmes en mode normal sont faisables assez tranquillement dans l’ensemble, mais en mode difficile c’est déjà une autre paire de manches… Dans l’ensemble, le remake est une belle réussite pour découvrir Silent Hill 2 ; pour les puristes de l’original, il se peut que la transition vers un jeu plus « nerveux » dans l’action soit difficile à faire, mais ça n'empêche pas que Bloober Team a ficelé un boulot du tonnerre pour ce remake.
Le prochain rendez-vous majeur de la saga devrait être Silent Hill F, qui tranchera avec les précédents en venant s’installer cette fois dans le Japon des 60’s. Quant à James, on le retrouvera bientôt sur le grand écran, signant le retour de Christophe Gans au cinéma sur la licence.
Test réalisé par Bardiel Wyld sur PlayStation 5 à partir d’une version fournie par l’éditeur.
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Plateformes | PlayStation 5, Windows |
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Genres | Action-aventure, survie, survival-horror, horreur |
Sortie |
8 octobre 2024 (Windows) 8 octobre 2024 (PlayStation 5) |
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