Test de Two Falls - Un jeu pour apprendre du passé

Profiter des jeux vidéo pour instruire, même un peu, le joueur sur des pans méconnus de notre histoire n'est pas rare, surtout dans les jeux narratifs. C'est à cet exercice que s'essaie Two Falls (ou Nishu Takuatshina) en nous embarquant à la découverte du destin croisé de deux personnages issus de deux mondes bien différents.

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À deux, c’est mieux

L’action de Two Falls prend place au XVIIᵉ siècle, le long du fleuve Saint-Laurent, au Québec. Nous y suivons deux personnages. Jeanne tout d’abord, une fille du Roy, qui a quitté la France pour rejoindre le Québec pour y trouver un mari et une nouvelle vie. Le naufrage de son navire lui fait croiser la route de Pierre, un trappeur bourru. Le long voyage vers la ville met la jeune femme devant des choix difficiles qui remettront en question ses convictions et sa foi. Maikan quant à lui est un jeune Innu qui a découvert les signes d’une menace pour son peuple et la forêt dans laquelle il vit. Persuadé que les hommes blancs ont fâché l’esprit de l’hiver, il suit la piste des fautifs. Mais au fil des rencontres avec les étrangers, Maikan doit décider s’il veut résister au changement ou s’adapter pour survivre.

Capitaine, le 3ème héros du jeu
Capitaine, le 3ème héros du jeu

Savoir passer la main

Dans la forme, Two Falls se présente comme un walking-sim narratif assez classique. Le jeu nous propose d’incarner alternativement Jeanne et Maikan durant des séquences assez courtes. On s’aperçoit également vite que le monde du jeu est assez linéaire et que les zones dans lesquelles se déroulent les séquences sont assez petites. Le joueur ne reste pourtant pas un spectateur passif de l’histoire. En effet, le joueur façonne l’évolution des deux personnages dans la manière dont il interagit avec le monde et les personnes qu’il rencontre. Fréquemment, une scène de vie ou un dialogue nous place devant un choix, peut-être un peu binaire. Ces choix accentuent ou atténuent un trait de notre caractère ou modifient la manière dont nous sommes perçus, ce qui a un impact dans d’autres passages du jeu. Il n’y a probablement pas là de quoi relancer le jeu une fois fini, mais ça offre un semblant d’impact sur l’histoire qui est bienvenu.

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Différentes saisons

Côté narration, deux personnages impliquent deux histoires. Je ne peux pas dire avoir été emballé par les débuts de celle de Jeanne. Elle gagne cependant en profondeur dans la dernière partie du jeu, lorsque la jeune femme innocente des débuts est placée devant des actes qui mettent sa foi et sa moralité à l’épreuve. Le jeu n’épargne pas les colons européens tout en essayant, toujours, de lancer des ponts entre leur monde et celui des indigènes. L’histoire de Maikan suit presque une trajectoire inverse à celle de Jeanne. Personnage que j’ai trouvé le plus intéressant en début de jeu, il devient trop rapidement un simple suiveur, se contentant de remonter la piste d’un voleur alors que Jeanne devient peu à peu le moteur de l’histoire.

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Je ne peux également pas m’empêcher d’avoir un regret très personnel qui concerne les langues. Le jeu est doublé en VO et VF et propose des doublages en français (avec des morceaux de québécois dedans). Mais pas de langues indiennes, à l’exception d’un petit dialogue qui n’implique pas Maikan. Résultat, pour un jeu qui insiste beaucoup sur la nécessité de comprendre l’autre, on se retrouve souvent avec des situations un peu absurdes (comme la première rencontre de Maikan avec le groupe de Tehon). Bon, c’est un classique de la localisation que ce soit au cinéma ou dans les jeux, mais il y avait peut-être moyen de faire ça un peu plus élégamment.

Après un naufrage, on rame

Pour représenter les magnifiques décors naturels dans lesquels les protagonistes vont évoluer, les développeurs ont fait le choix d’un style artistique qui rappelle un peu Firewatch. C’est donc stylisé, plus que réaliste, mais plutôt joli, même si les modèles des personnages sont en retrait par rapport aux environnements. Niveau moteur, c’est de l’UE 5 et ça se sent. Mais pas dans le bon sens. Le jeu n’évite pas les problèmes de retard d’affichage des textures qui semblent récurrents avec l’UE, mais on se retrouve avec un jeu terriblement gourmand, ce qui a un impact marqué sur les performances. Ainsi, sur ma configuration (R7 5700X3D et RTX 3060), le jeu oscillait selon les scènes entre 40 et 60 fps. En 1080p, avec le réglage graphique « Performance ».

Ok, les effets de lumières sont pas mals mais...
Ok, les effets de lumières sont pas mals mais...
... ça rame
... ça rame

Il s’agit d’une exigence matérielle totalement assumée par les développeurs, justifiée par l’utilisation des technologies de pointe de l’UE 5 (Lumen et compagnie). On peut argumenter sur la nécessité d’avoir un jeu de ce genre qui tourne à plus de 30 fps, mais il me paraissait important d’aborder ce point tant la configuration recommandée actuellement sur Steam tient du gros bullshit. À titre d’exemple, il faudra plutôt miser sur une RTX 4070 et 32 go de RAM pour espérer du 50 fps en 4K. Ne vous fiez donc pas aux recommandations matérielles annoncées pour avoir une expérience correcte dans les résolutions intermédiaires. Pour ne rien arranger, le jeu n'intègre ni DLSS ni FSR et est même assez minimaliste sur ses options puisque seuls des préréglages sont disponibles.

Les personnages sont très en deçà du reste
Les personnages sont très en deçà du reste

Conclusion

Si l’on met de côté sa gourmandise matérielle, Two Falls avait quelques atouts à mettre en avant. Visuellement, c’est tout de même assez réussi et les choix que l’on fait parviennent à donner l’illusion qu’ils impactent l’histoire. Mais le jeu souffre également un peu d’une narration inégale entre ses deux personnages, qui pourra être compensée par la découverte de la culture Innu.

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