Test de Tortues Ninja : Le destin de Splinter - Kowabunga
Le 6 novembre arrive sur PC Windows un jeu Tortues Ninja, mettant en action les quatres frères dans un titre roguelite jouable jusqu'à 4 joueurs sur un écran ou en ligne. Nous allons voir de plus près ce qu'il nous réserve.
Ayant marqué l'enfance de nombreux d'entre nous, les Tortues Ninja se sont faites plus discrètes suite à une certaine surexploitation de la licence, notamment aux travers de nombreux produits audiovisuels destinés aux enfants, mais à la qualité discutable. Le public du dessin animé originel ayant grandi, ces amphibiens ont fait leur retour au travers de divers produits destinés à ce public devenu adulte ou à leurs enfants. Parfois en l'abordant sous un nouveau angle et parfois en exploitant la nostalgie. Cela a pu donner lieu à de très bons résultats. Et d'autres fois non.
Ces derniers mois ont eu une actualité particulièrement chargée pour les célèbres chevaliers d'écailles puisqu'on a eu le droit en septembre à un DLC pour Shredder's Revenge, le beat em up de 2022 basé sur Turtles in Time (Arcade, 1991 et SNES, 1992) et, en octobre, à Les mutants se déchainent, à nouveau un beat em up, cette fois en 3D et surtout s'appuyant sur le film Teenage Years (2003). Ce dernier jeu est sorti sans aucune communication, dans la complète indifférence.
Le destin de Splinter arrive donc après ça, mais avec un peu plus de visibilité notamment car il a profité du dernier Steam Fest pour se laisser découvrir par les joueurs au travers d'une démo. Puis, ce n'est pas sa première sortie, mais je reviendrai dessus plus tard.
Quatre tortues d'enfer dans la ville
Le jeu nous propose d'incarner une des quatre tortues, équipée de son arme iconique, pour une attaque de base (qui s'enchaîne jusqu'à trois fois, la dernière - qualifiée d'attaque finale - étant un peu plus puissante et pouvant servir de déclencheur pour certains effets à gagner) et une attaque spéciale. Elles disposent chacune d'un outil (qui est une sorte d'attaque spéciale, mais pas liée à l'arme et donc pouvant potentiellement être remplacé), de deux bonus passifs et de légères différences de stats. De plus, toutes les tortues partagent la possibilité de réaliser un dash.
À noter que plutôt qu'un temps de récupération basé sur le temps, l'attaque spéciale et l'outil se rechargent en attaquant avec l'attaque de base. Et la recharge est assez rapide. Cela encourage un gameplay assez dynamique. À côté de ça, pas de saut et de gameplay aérien, pas d'attaque ultime. On a un combat assez simple (peut être trop), mais très efficace avec une bonne sensation manette en main.
Lorsqu'on lance la partie, on se retrouve face à une série de salles dans lesquelles on pourra avoir un bonus, affronter des ennemis, rencontrer le marchand, affronter un mini-boss, affronter un boss. Le tout à travers 4 chapitres (égouts, docks, rues, toits) à faire d'affilée. L'ordre du type de salles est toujours le même, mais il y a quelques variations : des événements peuvent apparaitre, des ennemis de différentes factions peuvent se battre entre eux, les ennemis rencontrés ne sont pas les mêmes, les mini-boss varient entre deux possibilités à chaque fois et surtout il y a a de l'aléatoire dans les récompenses et les propositions du marchand. Puis, une fois le jeu fini, on débloque la possibilité d'avoir au cours de la run des effets aléatoires modifiant les règles du combat.
Dans les récompenses, on a la monnaie à utiliser chez le marchand (et perdue à la fin de la run), divers ressources pour la progression permanente (à utiliser entre les runs) et surtout divers modificateurs pour le personnage (qui sont également perdus à la fin de la run). Le système des modificateurs peut être assez riche : il y a des effets qui peuvent s'activer sur certaines actions, des bonus plus permanents, la possibilité de remplacer son outil et également la possibilité de renforcer un modificateur (dont l'outil). Certains modificateurs sont limités à une tortue ou nécessitent de déjà avoir un certain modificateur. Il est même possible en disposant des bons modificateurs de deux familles de se voir proposer des modificateurs légendaires qui appartiennent à ces deux familles à la fois. Dommage qu'il n'y ait pas d'interface dans le repaire pour lister les modificateurs rencontrés et rappeler au joueur leurs pré-requis lorsqu'ils existent.
Au fil des runs, on récupère divers ressources pour des améliorations permanentes. Il y a des ressources consommables qui permettent d'acheter des amélioration pour soit renforcer directement les tortues soit augmenter les chances d'obtenir des ressources ou des modificateurs renforcés. Mais il y a également des ressources non-consommables qui servent juste d'indicateur de progression. Du coup, si plusieurs améliorations demandent d'avoir battu une fois le boss final, on pourra toutes les débloquer en l'ayant battu une fois, sans avoir à le battre une fois par amélioration. Certaines améliorations demandent d'avoir suffisamment progressé dans sa run avec une tortue précise, demandant de ne pas toujours jouer avec la même tortue.
Chevaliers d'écailles et de vinyle
Comme indiqué précédemment, les tortues sont toutes différentes, avec leurs forces et leur faiblesses. Léonardo et Raphael sont plus orientés mono-cible, Léonardo ayant un petit avantage sur le multi-cible grâce à son attaque spéciale alors que Raphael est plus orienté coups critiques. Donatello et Michelangelo sont plus orientés multi-cible ; Donatello est un peu plus tanky et a un (gros) avantage sur l'utilisation des outils tandis que Michelangelo a plus d'aire d'effet et une chance de faire des attaques qui font deux fois leurs dégâts.
Bref, elles sont différentes, mais pas tant que ça. On reste sur des damage dealers avec pas vraiment d'outils pour faire autre chose ou pour avoir de véritables synergies en multi. Et ce sentiment que les différences ne sont finalement pas si significatives ne changent pas tellement une fois les modificateurs pris en compte. Il y a des builds possibles (avec un peu de chance), mais ils consistent essentiellement à se spécialiser dans une façon de jouer pour en maxer les dégâts. Car, au final, la quasi intégralité de ces modificateurs consistent à faire ou ajouter des dégâts en plus. Parfois, ca prend une forme un peu plus intéressante/amusante (par exemple, un modificateur qui fait que périodiquement un ennemi se prend des dégâts électrique, visualisé par un éclair qui lui tombe dessus), mais la majorité du temps ça se contente de grossir le chiffre des dégâts lors d'une attaque.
J'aurais bien aimé un peu plus de variation entre les tortues. Ou, simplement plus de personnages pour ajouter plus facilement des gameplays un peu plus différents. Plus de complémentarité entre les joueurs. Et de même avec les modificateurs (surtout que les outils pour plus de survivabilité/contrôle ne sont pas bien nombreux), avec des effets un peu plus intéressants visuellement. Mais c'est peut être quelque chose qui arrive, comme les développeurs ont déjà annoncé des DLC.
Ce "déjà" comme le fait que le gameplay était un peu plus simple que ce à quoi je pouvais m'attendre s'expliquent assez facilement. Si le jeu arrive sur PC Windows ce 6 novembre, il est sorti en juillet dernier sur Switch (permettant au passage l'ajout du multi sur un même écran) et, surtout, il a initialement été lancé en mai 2023 sur iOS. Du coup, avec un écran tactile, ajouter un saut ou une parade aurait été plus compliqué. Ça explique également le manque global d'options (en particulier, une option pour que les tortues parlent moins aurait été la bienvenue) et une gestion imparfaite de l'affichage des interfaces (avec des bouts coupés, particulièrement lorsqu'une utilisation de la manette est détectée, et une gestion étrange de l'affichage des détails des modificateurs). Par contre, ça n'explique pas pourquoi rien n'est fait pour afficher ce qu'il se passe lorsqu'un obstacle masque la vue.
Ce sont des guerriers fantastiques
J'ai parlé du multi et du manque de synergies entre les joueurs. Malheureusement, n'ayant reçu qu'une seule clé, je n'ai pas pu tester cet aspect par moi-même. Du coup, mes remarques sont un mélange d'extrapolations basées sur l'expérience du solo, mais également sur des vidéos YouTube des précédentes versions du jeu. Je ne vais du coup pas m'attarder plus que nécessaire là-dessus.
J'aurai cependant une remarque : on sent une certaine influence de Hadès sur le jeu, avec une forte place à la narration (mais malheureusement pas sur la possibilité de choisir son chemin pour obtenir les récompenses qu'on souhaite). Les développeurs ont mis beaucoup de PNJ iconiques de la série - ce qui ne manquera pas de ravir les nostalgiques - mais ça s'accompagne à chaque fois de longs dialogues. Même le marchand a le droit à ses longs dialogues. Les boss donnent lieu à un long dialogue avant et après le combat. Il y a un bouton pour les passer, mais il n'empêche que ça casse pas mal le rythme. Et si ça marche bien pour un jeu solo (ça marche mieux si on ne repasse pas autant par les mêmes dialogues), je ne suis pas sûr que ça se prête bien à un jeu qui se veut d'abord multi.
Ils sortent les nunchakus, c'est la panique
Le jeu Tortues Ninja : Le destin de Splinter est donc un jeu efficace, mais qui ne va malheureusement pas plus loin. Si on veut juste un roguelite à faire dans son coin, on trouvera facilement des titres qui ont une proposition un peu plus ambitieuse et qui arrivent à se démarquer un peu plus grâce à des mécaniques qui leur sont propres.
Le titre tire son épingle du jeu tout d'abord avec la licence Tortues Ninja qui apporte sa dose de nostalgie toujours la bienvenue, mais également en se plaçant d'abord comme un titre multi-joueurs. Il y a de plus en plus de jeux qui cherchent à se faire une place en combinant deux dimensions assez populaires : le roguelite et le multi. Mais le roguelite est quelque chose qui fonctionne mieux solo (du fait de la difficulté et de la courbe d'apprentissage) et donc trouver le bon équilibre entre ces deux aspects n'est pas si simple. Ici, j'ai l'impression qu'ils ont fait le choix de donner la priorité à l'aspect multi en ne développant pas plus que nécessaire l'aspect roguelite, ce qui est une solution plus facile à mettre en place, mais qui marche assez bien. Surtout sur un titre Tortues Ninjas qu'on imagine assez facilement chercher à toucher un public plus large qu'un Hadès.
Après, on a deux inconnus : une qui est de savoir ce qu'ils peuvent nous réserver pour la suite (on sait toutefois qu'il y aura de nouveaux personnages, de nouveaux lieux et de nouveaux ennemis et boss), l'autre qui est de savoir le tarif qui sera affiché au lancement. Sur Switch, il est affiché à 30€ (ce qui me parait un peu élevé pour la quantité de contenu), mais est actuellement à -20%, soit 24€ (ce qui me parait plus en adéquation avec la proposition).
Test réalisé par Peredur à partir d'une clé fournie par le développeur.
Sur le même sujet :
Plateformes | Nintendo Switch, Windows, iOS |
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Genres | Jeu de rôle (RPG), rogue-lite, amérique du nord, arts martiaux, contemporain, fantasy |
Sortie |
6 novembre 2024 (Monde) (Windows) |
Aucun jolien ne joue à ce jeu, aucun n'y a joué.
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