Test de Kingdom Come: Deliverance II - Le retour de la vengeance
Voici enfin venir le deuxième volet d'un jeu dont le succès s'est forgé dans le temps sur son premier opus, au point que l'on puisse dire qu'il est très attendu par une partie des joueurs. Déception, candidat au GOTY 2025 ou entre deux ? Voyons cela ensemble.
Il s'appelle toujours Henry
Tout d'abord, afin de contextualiser le test, sachez que je n'avais pas joué au premier avant d'apprendre que j'allais avoir le deuxième à tester. J'ai réparé en partie cet oubli à la fin de 2024, suffisamment pour avoir une plutôt bonne idée de ce qu'est un KCD débuggé.
Deuxième élément de contextualisation : la clé de test nous a été fournie environ un mois avant la sortie du jeu. Je salue cette initiative qui permet de vraiment avoir du temps pour s’immerger dans un jeu d’une telle envergure.
KCD 2 est la suite directe de KCD 1, car on joue à nouveau Henry, toujours dans sa quête de vengeance inachevée lors du premier volet. Envoyé en mission avec Hans Capon, tout ne se passe pas comme prévu, et c'est le début des ennuis pour Henry. Avant cela, on a droit à une petite séquence de "flashforward" servant de mini-tutoriel sur quelques éléments du jeu.
Si le jeu fait de son mieux pour rappeler l'historique des aventures de Henry, il apparaît évident que c'est en ayant joué au premier opus qu'on profite vraiment de la continuité de l'histoire mais les événements s'enchaînent tellement vite et avec intensité que le nouveau venu n'aura que peu de difficultés à se mettre dans l'ambiance.
Le premier, en mieux ?
Si, à sa sortie en 2018, KCD 1 avait beaucoup souffert de bugs, de problèmes d'optimisation et de gameplay, KCD 2 apparaît dès le départ plus abouti.
Il n'est pas exempt de soucis, qu'ils soient graphiques, liés aux scripts, à la stabilité ou autres, mais le gameplay en est rarement gâché, en tout cas sur PlayStation 5. Certains bugs peuvent même prêter à sourire, comme lorsque Hans Capon passe toute une séquence avec des réactions dignes d’un mec bourré, alors que son phrasé et la situation indiquent pourtant qu'il est sobre.
Graphiquement, c'est toujours très beau, encore plus beau que le premier, tout en étant largement plus fluide en mode performance. En revanche, en mode qualité, le gain graphique est peu perceptible, tandis que la fluidité, sans devenir catastrophique, s'en ressent. Notons que Warhorse Studios recommande une PlayStation 5 Pro pour jouer en mode qualité. Les visages ont le plus profité des améliorations, avec pour beaucoup d'entre eux de très jolies animations faciales. Cela crée un léger décalage avec la staticité des échanges lors des dialogues, toujours basés sur le classique champ/contrechamp. On attendra mieux pour KCD 3 à ce niveau.
Les divers écrans et menus ont également gagné en fluidité et en style, avec une approche "grimoire" du plus bel effet.
Les zones de jeu sont encore plus grandes que dans le premier opus avec toujours la possibilité de débloquer des points de voyage rapide ... réellement rapides cette fois, car c'en est fini du chronomètre qui ralentit presque jusqu'à l'arrêt le temps de charger. Même chose concernant le sommeil où la dernière heure ne dure plus une plombe.
Et mieux équipé
On peut maintenant équiper Henry avec trois sets d’équipement, permettant de passer rapidement de l'un à l'autre. Une excellente nouvelle pour les joueurs comme moi qui avaient la flemme de déshabiller/rhabiller Henry pour des sessions d'infiltration. On perd un peu en réalisme, puisque l’on se change encore plus vite qu'un transformiste, mais le confort gagné est indéniable.
Les objets sont encore très nombreux, avec leurs statistiques d'encombrement et bruit qui jouent sur la furtivité de notre personnage tout comme leur style qui affecte les interactions avec les PNJ, les tâches de sang ne faisant généralement pas bonne impression ... sauf si vous souhaitez menacer votre interlocuteur.
Des bourses/pochettes permettent d'avoir des armes et des consommables en accès rapide. Là encore, cela évite un passage fastidieux dans le menu, ce qui est très appréciable.
Les stats et compétences d'Henry sont encore plus nombreuses et souvent plus pertinentes, alors que, dans le premier jeu, on ne savait parfois pas trop quoi choisir tant certaines semblaient inutiles. On peut également apprendre à se battre avec bien plus d'armes (y compris une arme à feu) et une compétence de combat globale (cac ou distance) permet de ne pas être complètement à la rue lorsqu'on débute avec une arme non maîtrisée. Tout cela progresse de façon organique ; je n'ai jamais ressenti le besoin de "farmer" mes statistiques, contrairement à ce qui peut arriver dans un Skyrim par exemple.
Un système de combat toujours polémique ?
Kingdom Come: Deliverance introduisait un système de combat se voulant réaliste, basé sur des parades et des contres. C'était exigeant, plutôt efficace en un contre un (même si certains ennemis en mode "mur" semblaient intouchables), mais cela tournait rapidement au cauchemar face à plusieurs adversaires.
Pour le 2, Warhorse Studios ne se renie pas, mais fait tout de même quelques concessions bienvenues. Tout d'abord, Henry est de base plus réactif, moins lourd, et on enchaîne les frappes plus facilement. Au lieu d'avoir cinq directions de frappe et une d'estoc, on en a trois et l'estoc, ce qui permet de mieux choisir son attaque. Les ennemis m'ont également semblé moins résistants, même si l'on est parfois surpris par la puissance de certains adversaires.
Le système de parade/riposte fonctionne très bien et donne des échanges parfois très dynamiques, pas le temps de s'ennuyer. L'esquive est également mieux intégrée et se révèle souvent utile. Le combat contre plusieurs adversaires n'est donc plus un cauchemar, mais un challenge dont on se sort... quand on s'en sort évidemment.
On dispose également d'un chien qui peut nous aider, et pas qu’un peu, en combat. C'était un DLC du premier jeu et on est bien content de le retrouver ici d'autant qu'avec la progression dans sa maîtrise de dressage il peut servir de diversion en le faisant aboyer pour attirer des ennemis. Il ne peut pas mourir, au pire il s'en ira un moment par perte de "confiance" en vous. Les indécrottables solitaires pourront jouer sans, une commande permettant de l'envoyer à la niche.
Le jeu nous place régulièrement dans des situations scénaristiquement compliquées, si bien qu'on ne sera jamais totalement tranquille, comme lorsque l'on se retrouve à nouveau en guenilles, physiquement affaibli, entouré d'ennemis bien remontés. Ajoutons la faim et le manque de sommeil qui peuvent finir de nous plomber et nous transformer en chips sur pattes.
On cause au moins autant qu'on se bat
Dans Kingdom Come, il faut avoir la langue aussi affûtée que nos armes. Henry peut tenter de se sortir de diverses situations grâce à six styles de communication. Le "skill check" est parfois un peu obscur, mais être propre et bien habillé donne souvent un énorme avantage, contrairement à puer à dix kilomètres (même si certaines compétences jouent là-dessus).
Les premières heures de jeu sont particulièrement punitives à ce niveau, car les circonstances ne jouent pas en notre faveur. Pour avoir les moyens de se payer un lit ou un bain, il faut envisager de recourir au meurtre et/ou au vol. Rester honnête peut s'avérer très compliqué, car la Bohême du 15ᵉ siècle n'est pas pour les fragiles.
Il est toujours nécessaire de faire attention à la fatigue et à la faim d'Henry, l'un et l'autre agissant sur son étant de forme. On est d'ailleurs heureux de pouvoir faire sécher certains aliments afin de les conserver longtemps plutôt que d'avoir des aliments inbouffables sur soi.
Les interactions avec les autres personnages essaient d'être les plus logiques possibles, même si parfois, le côté "jeu vidéo" prend le dessus de façon absurde. Exemple : une personne que j’ai sauvée me traite ensuite comme un moins que rien parce que je suis sale. À l'inverse, avec des stats suffisamment élevées, j'ai réussi à convaincre un garde que mon assaut raté n'était qu'une démonstration d’une prise de soumission, que je pouvais même lui enseigner s’il me laissait partir.
Globalement, le jeu s'en tire bien sur son côté simulation de vie médiévale. L’histoire principale est riche en rebondissements, intéressante, parfois spectaculaire, mais est par contre assez dirigiste : quand on est sur une quête principale, le côté monde ouvert du titre disparaît souvent, car on doit suivre quelqu'un ou bien on est enfermé dans une zone spécifique dont on ne peut sortir avant d'avoir avancé le chapitre. Rien de choquant, il est tout à fait logique de ne pouvoir avancer une quête secondaire quand on vient de vous envoyer mater le personnage lié à cette quête secondaire.
D'ailleurs, ces quêtes secondaires sont plus ou moins intéressantes, mais elles participent toutes à cette ambiance unique propre aux Kingdom Come, avec une bonne dose d'humour, voire de burlesque. Elles font beaucoup voyager et j'ai apprécié les moments de respiration qu'elles représentent par rapport à l'intense quête principale.
Attention par contre au contenu pour les gens sensibles. Le jeu aborde des sujets potentiellement choquants et, s'il laisse presque toujours le joueur prendre ses propres décisions dans ces cas-là, on est dans un monde où la violence décide beaucoup de choses.
Le jeu qui convainc les convaincus
Kingdom Come: Deliverance 2 fait tout ce que faisait le premier, mais en mieux, en plus beau et en plus long. Après 35 heures de jeu, je suis à peine à la moitié de l'histoire et je suis loin d’avoir fait la plupart des quêtes secondaires. En temps de jeu réel, c’est environ dix heures de plus, à cause des nombreux échecs subis : le jeu peut être difficile, la moindre alerte menant souvent à une mort certaine. Il y a certaines quêtes de l'histoire principale qui sont particulièrement corsées, ou alors je n'ai pas su les aborder de la meilleure des façons, mais attendez vous à rejouer et rejouer certains passages.
Beaucoup des testeurs avaient signalé l'indigence de certains doublages français et ils ont été entendus, car on nous promet qu'une partie des doublages a été refaite pour la sortie et que l'autre partie devrait suivre rapidement.
Warhorse Studios ne cherche pas à plaire à ceux qui n'ont pas aimé KCD 1. On est dans la même lignée, au point qu'on pourrait presque reprocher au jeu d’être plus un "1.5" qu'un "2". Ceux qui ont aimé KCD 1 prendront un immense plaisir à retrouver son ambiance unique et à poursuivre les aventures d’Henry. Ceux qui ne l'avaient pas apprécié resteront probablement hermétiques. Quant à ceux qui ne connaissent pas la licence : jouez d'abord à KCD 1 à petit prix, et l’achat du 2 deviendra (ou non) une évidence.
Dans tous les cas, il est indéniable que cette suite attendue est réussie et on peut gager qu'on tient là un des meilleurs jeux de 2025.
Test réalisé sur PlayStation 5 par Aragnis à partir d'une version fournie par l'éditeur.
Sur le même sujet :
Plateformes | PlayStation 5, Windows, Xbox Series X|S |
---|---|
Genres | Action-RPG, jeu de rôle (rpg), médiéval |
Sortie |
4 février 2025 |
-
17:55
-
11:56
-
29 janvier 2025
-
29 janvier 2025
-
10 janvier 2025
Réactions (3)
Afficher sur le forumPas de compte JeuxOnLine ?
Créer un compte