Test de Ninja Gaiden II Black - Un retour dans son jus

Alors que le retour de la licence Ninja Gaiden a été annoncée le 23 janvier dernier avec un quatrième épisode prévu pour la fin d'année, Koei Tecmo en a profité pour sortir du bois un remaster du deuxième opus de la saga, intitulé cette fois-ci Ninja Gaiden 2 Black. Immédiatement disponible après son annonce sur PlayStation 5, PC et Xbox Series X|S (ainsi que sur le Game Pass), le titre se base sur l'épisode Ninja Gaiden Sigma 2 qui était lui-même une nouvelle version du jeu originellement sorti sur Xbox 360 en 2008. Un choix qui chagrine des fans qui ont souvent préféré la première version du jeu à son portage sorti plus tard, à cause de choix de game design peu populaires, néanmoins on se souvient qu'en 2021 Team Ninja disait déjà avoir perdu le code source des deux premiers opus originaux de la saga. Alors, le studio a-t-il été capable de sauver ce qu'il reste de l'épisode Sigma, et gommer les défauts qui ont longtemps irrité les fans ?

NinjaGaiden2Black.png

Les défauts de Sigma, l'emballage de l'original

NINJAGAIDEN2Black_20250201202556.png
Le fait que ce remaster soit basé sur Ninja Gaiden Sigma 2 sorti en 2009 sur PlayStation 3, un an après l'original sur Xbox 360, pourrait paraître anecdotique aux néophytes, mais il est en réalité très controversé. À l'époque, Team Ninja avait fait des choix plutôt mal accueillis sur cette version. En supprimant le sang par exemple lors des démembrements pour le remplacer par un sorte d'effluve violette, en diminuant de plus de 60% le nombre d'ennemis totaux du jeu pour offrir des combats contre de plus petits groupes et ce afin de maintenir un framerate correct (la version PS3 ayant une meilleure résolution que l'original sur 360), et en augmentant par conséquent les points de vie des ennemis pour compenser leur plus faible nombre. On pourrait aussi citer la disparition des tests de valeur (des petits défis trouvables dans les niveaux) ou des ajustements de gameplay qui l'ont rendu plus facile que son aîné. À contrario, la version Sigma ajoutait des boss supplémentaires (assez mal-aimés, qu'on ne retrouve pas dans ce Ninja Gaiden 2 Black), un mode coopératif à deux ou encore des munitions illimitées pour les armes à distance. Autant de petits ajustements qui bouleversaient considérablement l'expérience de jeu, avec un Ninja Gaiden 2 soudainement moins exigeant et pas plus intéressant à jouer. Au contraire, les combats n'en devenaient que plus pénibles à cause de la résistance accrue des ennemis, allongeant ces séquences, et il ne lui restait plus que les combats de boss pour briller. Alors, en se basant sur cette version, faute de mieux suite à la perte du code source de l'original, il y avait fort à faire pour Ninja Gaiden 2 Black afin de convaincre les fans.

Mais avant d'aborder les différences et nouveautés vis-à-vis de Sigma, quelques mots sur le fond du jeu. L'histoire de Ninja Gaiden 2 est assez bateau. Simple excuse pour démembrer des ennemis en masse, elle nous emmène dans un Manhattan d'un futur proche où un ninja, Ryu Hayabusa, est aux prises avec le clan secret des Black Spider Ninja qui lui mène la vie dure. Assez mal écrite, vite expédiée, l'histoire n'est en réalité qu'un prétexte à une succession de missions nous faisant traverser de nombreux niveaux jusqu'à la découverte du mal, d'où viennent les hordes des démons qui se dressent sur le chemin de Ryu Hayabusa. Les cinématiques ne servent qu'à montrer quelques poses un peu stylées du héros, ou de multiples plans suggestifs sur les corps des personnages féminins. Confuse, l'histoire manque de sens, et on en perd vite le fil. Heureusement, le jeu offre une belle diversité de décors et de niveaux, renouvelant constamment la progression et évitant ainsi de tomber dans trop de redites, même si les quelques missions où l'on incarne des personnages féminins (Ayane, Rachel et Momiji, que les fans de Dead or Alive connaissent bien) manquent de sel en nous faisant repasser par les mêmes zones que Ryu. Cela s'explique essentiellement par le fait que ces niveaux ont été ajoutés très tard, dans la version Sigma, et n'existaient pas dans le jeu original. 

NINJAGAIDEN2Black_20250201173616.png
La progression n'en reste pas moins frustrante. Le gameplay de Ninja Gaiden 2 a assez mal vieilli, avec un "lock" automatique des ennemis complètement à la rue et un héros qui a tendance à taper un peu où il veut malgré les ordres donnés via le stick gauche. C'est d'autant plus frustrant contre les boss qui nous envoient des minions pour combattre à leurs côtés, et plus encore dans les nombreuses zones étroites (couloirs, petites pièces) où la caméra moitié libre, moitié fixe, s'en mêle pour ajouter encore un peu plus de confusion. Pour autant, cette édition reprend l'aventure "facilitée" de Sigma avec un Ryu plus résistant, des ennemis qui débarquent en horde, mais qui attaquent rarement simultanément et qui, pour l'essentiel, ne servent que de chaire à découper en attendant d'atteindre le boss du niveau. On peut quand même se faire surprendre avec certains ennemis classiques un peu plus vicieux ou par des mini-boss qui finissent par devenir des ennemis normaux, mais le jeu est suffisamment généreux en orbes de soin qui tombent des corps tranchés des démons pour pouvoir recharger la barre de vie. À cela s'ajoutent des objets de soins disséminés dans les niveaux et qui peuvent être utilisés à tout moment. Malheureusement, les checkpoints sont assez mal placés et certaines morts peuvent forcer à refaire et à ré-enchaîner quelques arènes avant de revenir au point où l'on en était. 

Plus joli, plus saignant

NINJAGAIDEN2Black_20250205195317.png
Du côté des boss, le jeu est un peu plus heureux, avec un certain nombre de combats intéressants grâce à des patterns certes très, ou trop, facilement identifiables, mais qui obligent à maîtriser l'esquive et la parade. Il faut quand même se coltiner une poignée de boss qui volent et qui sont pénibles à jouer, la faute à des armes à distance (arc, canon, shuriken) à l'impact très limite et à une caméra qui peine à suivre l'action. Mais dans l'ensemble, les combats de boss restent un point fort, malgré la répétition de certains d'entre eux dans la dernière partie du jeu. C'est ce qui pousse d'ailleurs à avancer dans les différentes missions, avec toujours l'envie de découvrir le prochain boss, affinant ses armes dans l'espoir de leur faire de gros dégâts. Mais l'amélioration des armes est un point plus controversé : si on apprécie la possibilité de pouvoir faire évoluer la puissance des armes en dépensant des crédits recueillis contre les ennemis et dans des coffres, on a néanmoins toutes les peines du monde à vérifier si leur progression est bien réelle. Il faut bien avouer que le gain de puissance est presque anecdotique, uniquement perceptible en rejouant les premiers niveaux une fois terminé le jeu une première fois, à tel point que Ryu Hayabusa semble fébrile jusqu'au bout de l'aventure.

Heureusement, le manque de puissance est compensé par le retour du "démembrement" tel qu'il était pensé dans le jeu original. Exit le démembrement à base d'effluves violettes de Sigma et place à des éclaboussures de sang dans tous les sens. On retrouve le feeling du jeu original, mais on sent rapidement que cette élément visuel reste un gimmick. À cause des ennemis aux points de vie accrus hérité de Sigma, l'utilisation des nombreuses armes présente assez peu d'intérêt : qu'on utilise un sabre, les double sabres, la lance, les griffes ou encore les tonfa, le comportement et la résistance des ennemis est identique, avec un démembrement similaire. À part les mouvements des armes et donc la recherche des styles de coups et combos avec lesquels on est le plus à l'aise, il n'y a aucune véritable différence. Et c'est dommage, parce qu'on finit par n'en plus changer, et je dois vous avouer avoir fait la deuxième moitié du jeu avec une seule et unique arme (le double sabre) parce que je ne voyais plus aucun intérêt à essayer les autres. 

NINJAGAIDEN2Black_20250205182423.png
Enfin, c'est visuellement que ce remaster se distingue réellement. Si le contenu n'apporte rien et pire, retire quelques éléments (certes dispensables) de Sigma avec quelques boss en moins (les fameuses statues) ou un mode coopératif en ligne qui n'est plus en ligne et qui n'est coopératif qu'avec l'IA, l'aspect visuel a, lui, fait un sacré bond en avant. Le jeu est en effet passé à la moulinette de l'Unreal Engine 5 et gagne largement en finesse, en modélisation des personnages mais également en beauté des décors. Sans être à la hauteur des standards de notre époque, l'amélioration est considérable et il n'a, visuellement, plus rien à voir avec le dernier remaster de Ninja Gaiden 2 Sigma qui était sorti en 2021. Il en garde néanmoins la direction artistique, sublimée avec cette version, et ne dénature en rien l'original. 

Conclusion

S'il conserve un côté défouloir qui n'est pas déplaisant, Ninja Gaiden 2 Black, à peine remasterisé visuellement avec un passage à l'Unreal Engine 5, mais sans travail de fond, conserve les tares d'antan sans chercher à s'en émanciper. La caméra aux fraises, la rigidité des déplacements du héros (particulièrement perceptible dans les phases de plateforme) ou encore sa mise en scène d'un goût très limité des personnages féminins rappellent que l'on est face à un titre qui s'inscrit dans une époque pas toujours heureuse sur ce point. Plus facile que le premier titre de la saga, mais offrant malgré tout un challenge intéressant, il procure tout de même ce petit shot de dopamine que l'on vient chercher avec l'hémoglobine, qui fuse plus que jamais dans ce remaster, à chaque coup porté aux méchants. Et ce même si son histoire, mal racontée, est oubliée aussitôt le générique de fin terminé.

Test réalisé par Hachim0n sur PlayStation 5 à partir d'une version fournie par l'éditeur.

Réactions


Personne n'a encore réagi. Soyez le premier.

Aucun jolien ne joue à ce jeu, aucun n'y a joué.