Test de Avowed - Un retour de qualité pour la franchise Pillars of Eternity
On la croyait condamnée à l'oubli après un second épisode qui n'avait pas trouvé son public, mais la franchise Pillars of Eternity n'a pas été abandonnée par Obsidian. C'est ainsi que le studio nous propose aujourd'hui Avowed. Un nouveau nom pour un jeu de qualité qui n'oublie pas son passé.
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L’appel de la nature
Avowed prend place dans les Terres Vivantes, une région du monde d’Eora où se côtoient diverses races. La plupart sont venues sur cette île mystérieuse pour prendre un nouveau départ et la cohabitation entre ces colons et la nature sauvage ne se fait pas sans heurts. Nous incarnons un émissaire de l’empereur d'Aedyr dont les troupes tentent de s’approprier les lieux. Nous avons été envoyés pour enquêter sur une mystérieuse épidémie, le Malrêve, qui se propage sur l’île, corrompant tant la nature que ses habitants. Mais cette mission devient plus personnelle lorsque vous ressentez un lien ancien avec cette île. Voilà pour une rapide présentation du jeu.
Abordons sans attendre la question que vous vous posez sans doute : faut-il avoir joué à Pillars of Eternity pour jouer à Avowed ? Dans l’absolu, non. Avowed est un jeu autonome, même s’il compte des références et clins d’œil aux deux Pillars. Par contre, connaitre la série est un plus, l’univers étant assez riche. Heureusement, les dialogues reprennent une idée des jeux précédents en proposant, via l’historique, d’afficher un cadre qui contient une description des principaux termes et concepts utilisés. C’est mieux que rien. J’émettrais tout de même une réserve importante : Avowed risque de vous spoiler Pillars of Eternity 2. Bon à savoir si le jeu vous tente.
Une divine création de personnage
Comme tout RPG qui se respecte, Avowed commence par la création du personnage. Première surprise, le jeu ne vous propose pas de choix de races : vous serez un(e) être divin, point final. Pas un Dieu, un être divin. Petit rappel du lore, les êtres divins sont nés de parents normaux, mais ont été, durant leur conception, bénis par l’une des divinités du panthéon d’Eora. En résulte un enfant qui porte des marques physiques héritées de la divinité en question. Cette race imposée est un choix scénaristique qui en décevra peut-être certains, mais j’aurais tendance à le trouver acceptable. En effet, les divins ont quasiment disparu depuis les évènements de Pillars of Eternity 2, ce qui rend notre personnage assez unique et explique aisément pourquoi tout le monde nous connait sans nous avoir jamais vu.
En pratique, cet aspect divin se traduit durant la création de personnage par le choix des marques associées, tant sur le visage que dans les cheveux, ce qui donne pour le coup une gueule assez unique à notre personnage. Obsidian a toutefois pensé à ceux et celles qui trouveront ça un peu too much et propose une option pour les masquer. Le reste de la personnalisation est assez standard avec les classiques sélections de cheveux, barbes, cicatrices et autres tatouages. Vous pouvez également personnaliser les diverses propriétés du visage si vous le souhaitez. Enfin, vous devez choisir l’historique de votre personnage, son background si vous préférez, ce qui vous donne des options de dialogue uniques. Pour finir, vous pouvez modifier les stats de départ qui sont, par défaut, distribuées en fonction de votre choix d’historique.
Évolution du personnage dans la durée
Vous avez sans doute remarqué que je n’ai à aucun moment évoqué la possibilité de choisir une classe durant la création de personnage. La raison est simple : il n’y a plus de classes au sens strict du terme. Les différentes capacités dans lesquelles vous pouvez piocher pour construire votre personnage sont réparties dans trois catégories : Combattant, Rôdeur et Mage. On y trouve des capacités tant actives (sorts, cris, charge, etc.) que passives (améliorations des dégâts de certaines armes, effets secondaires des attaques, etc.). Toutes ces catégories sont divisées en différents paliers qui se débloquent en fonction du niveau de votre personnage. Le système est donc accessible, plus grand public, mais ce qu’on gagne en liberté d’évolution, on le perd en originalité. Dites donc au revoir à des concepts comme le Clairvoyant ou le Chanteur, entre autres. Enfin, on trouve une dernière catégorie dédiée à des pouvoirs spécifiques à votre statut de Divin. Ces pouvoirs se débloquent naturellement au fur et à mesure de l’avancée dans l’histoire d’Avowed et ne nécessitent pas d’investir des points lors d’un gain de niveau. Sachez aussi qu’il est possible de réinitialiser les points de son personnage à tout moment contre une somme modique.
L’art de sentir les coups
En tant qu’action-rpg, Avowed fait évidemment la part belle aux combats. Et sur ce point, Avowed est une bonne surprise. Le jeu fait bien sûr la part belle au corps à corps et la sensation d’impact des coups est bien présente. On voit les personnages chanceler lorsqu’ils se prennent une attaque puissante ou un attaquant être repoussé lorsque son attaque est bloquée par notre bouclier. C’est peut-être un peu old school et basique par rapport à la concurrence du mois, mais ça fonctionne. La magie n’est pas en reste et même les sorts les plus basiques ont des effets sympas. Le combat à distance est par contre un peu en retrait, les armes à feu mettent du temps à être rechargées tandis que les arcs manquent trop d’impact à mon goût. Heureusement, on peut équiper deux sets d’armes et en changer à la volée, même si l’animation prend du temps.
En termes de mécaniques, Avowed reste assez simple. Les attaques peuvent être simples ou chargées (y compris pour les armes à distance) et consomment de l’endurance. L’endurance est également utilisée pour tout ce qui est défensif, que ce soit le blocage au bouclier ou l’esquive. À l’inverse, les capacités actives et les sorts utilisent de l’essence, une ressource qui s’obtient en tuant des ennemis. Petite nouveauté, la présence d’une barre d’assommement sur les ennemis que vous remplissez plus ou moins rapidement selon les armes. Lorsque la barre est remplie, l’ennemi est étourdi et vous lancez automatiquement une attaque spéciale qui lui inflige de gros dégâts. Enfin, on note rapidement que le jeu met l’accent sur les dégâts élémentaires, qui peuvent s’accumuler jusqu’à déclencher des effets secondaires sympas (le froid gèle l’ennemi, l’électricité se propage, etc.). Vous aurez d'ailleurs probablement envie de massacrer vos compagnons quand ils se rapprocheront de vous avec des accumulations électriques après la fin d'un combat. Pas vrai Kai ?
Un arsenal qui se voudrait unique
Niveau équipement, Avowed offre ce qu’il faut pour trouver son style de jeu. Arme à une main et bouclier, arme à deux mains, arc ou fusil, il y a de quoi faire. On peut même se lancer des combinaisons improbables, comme une baguette magique dans une main et un pistolet dans l’autre, la vitesse de l’un compensant la lenteur de recharge de l’autre. Les joueurs plus portés sur la magie retrouveront également le principe des livres de sorts de la franchise. En résumé, vous ne pouvez lancer que les sorts que vous avez appris avec vos points lors d’un gain de niveau auxquels s’ajoutent ceux inscrits dans le livre que vous avez équipé, si vous en avez un. Et à côté des livres assez communs, on en trouve aux sélections de sorts plus spécialisées, comme des livres de pyromanciens dédiés aux sorts de feu, par exemple. Enfin, on retrouve divers types d’armure, gants et bottes ainsi que des anneaux et colliers. Assez standard.
Il me faut aussi aborder l’itemisation du jeu. Dans Avowed, les stats d’un objet sont définies par sa qualité, de commun à superbe. Il est possible, et même recommandé, d’améliorer son équipement en utilisant les matériaux que l’on trouve un peu partout. En effet, la difficulté des combats ne dépend pas tant de votre niveau que de l’équipement que vous possédez. En effet, les ennemis sont définis par une qualité d’armure (selon le même principe que votre équipement) et si vos armes sont d’une qualité supérieure, vous bénéficiez d’un bonus de dégâts tandis qu’un équipement inférieur vous inflige un malus. On comprend donc qu’il vaut mieux avoir toujours de l’équipement « à niveau ». Comme acheter de l’équipement de qualité supérieure coûte assez cher, surtout en début de jeu, on est encouragé à passer par l’artisanat et l’amélioration.Par contre, un aspect du jeu saute assez rapidement aux yeux : l’omniprésence des pièces d’équipement uniques. Que ce soit en récompense de quêtes ou durant l’exploration du monde, vous mettez fatalement la main sur de l’équipement unique. Et vous le préférerez très vite à l’équipement standard. Les uniques possèdent en effet des enchantements qui leur donnent des effets secondaires puissants, mais leur qualité peut également être améliorée. On finit vite par se concentrer uniquement sur les uniques et à ne ramasser les autres que pour les revendre ou les désassembler pour les composants.
Un monde que l’on prend plaisir à découvrir
J’aimerais maintenant mettre l’accent sur ce qui est pour moi la plus grande réussite d’Avowed, à savoir son monde. Le jeu n’est pas exactement un pur monde ouvert que vous pourrez explorer sans rencontrer d’écrans de chargement, mais plutôt une succession de zones de grande taille (plus grandes que dans The Outer Worlds, en comparaison) reliées entre elles par ces chargements. Pourtant, le monde d’Avowed m’a procuré un sentiment que je n’avais plus connu depuis un moment dans d’autres jeux du genre : l’invitation à la découverte. Obsidian a pensé son jeu avec de la verticalité, ce qui permet de trouver des chemins secondaires ou de se placer dans des positions avantageuses avant un combat. Mais surtout, Avowed récompense l’exploration, il y a des coffres plus ou moins cachés partout et le joueur curieux pourrait même découvrir de l’équipement au terme d’une séance d’escalade.
Le fait de proposer des interactions avec le monde est également une bonne idée, comme le fait d’utiliser le feu pour dégager certains obstacles ou la glace pour créer des plateformes sur l’eau. Pas de panique pour les non-mages, le jeu propose également des grenades pour ces situations et les effets élémentaires des armes fonctionnent aussi. Visuellement, le monde semble encore plus coloré que ne l’était Deadfire, mais les zones ont toutes une personnalité bien à elles. Pareil pour les donjons qui offrent régulièrement de biens beaux décors. Le bestiaire est peut-être un peu en retrait puisqu’on retrouve les monstres classiques de la franchise. Vous occirez donc votre lot de Xaurips, squelettes et autres araignées, pour n’évoquer que les plus communs. Dans l’absolu, le jeu n’est peut-être pas le jeu le plus fou visuellement parlant (on reste à des lieux de Baldur’s Gate 3 côté animation des personnages par exemple), mais il est artistiquement réussi. J’en profite pour glisser un petit message à Obsidian : quand vous faites un jeu qui brille artistiquement, évitez d’oublier un mode photo. Merci d’avance.
Voyage de groupe
Ce monde, vous le parcourez accompagné par les classiques compagnons de ce genre de jeu. Avowed ne fait pas dans l’excès sur ce point, puisque vous ne pouvez emmener que deux compagnons avec vous, tandis que 4 seulement seront recrutables. Et je dois avouer que j’ai trouvé les compagnons d’Avowed assez fades. Un problème qui tient en partie à leur distribution dans le jeu. Le premier, Kai, vous rejoint dès la fin du prologue et le deuxième, Marius, quelques heures plus tard. Il faudra par contre attendre l’acte suivant, et donc plus d’une dizaine d’heures pour rencontrer les deux suivants… qui ne sont pas recrutables de suite. Encore gênant à mon sens, ces deux derniers compagnons sont tous les deux des mages. Notez que chaque compagnon possède ses propres compétences, que vous débloquez moins vite que celles du personnage principal. En combat, un menu radial vous permet d’utiliser ces compétences, à défaut de pouvoir réellement commander votre équipe.
Par contre, si vous n’êtes pas le genre de joueur qui aime visiter chaque cm² de la carte et qui préfère une aventure plus directe, Avowed risque d’être beaucoup plus contrasté. Pas que l’écriture du jeu soit mauvaise, on est dans la lignée de ce qu’on attend d’Obsidian, avec ce mélange d’humour et de sujets plus sérieux. Les quêtes ont régulièrement des embranchements qu’on l’en découvre en route et on est souvent appelé à faire des choix plus ou moins importants, que vos compagnons n’hésitent pas à commenter. Malgré votre statut d’émissaire de l’empereur, vous n’êtes pas là pour donner des ordres. Vous êtes libre d’agir comme vous le souhaitez, mais il faudra en assumer les conséquences. Le jeu vous laisse libre de rallier les méchants de l’histoire et joue habilement sur le caractère flou de votre propre place dans les évènements. Bref, sur ce point, rien à dire, Avowed est bien un jeu Obsidian qui, un peu à la manière d’un The Outer Worlds, a un peu de mal à vraiment prendre son envol.La technique
Avant d’aborder l’aspect technique du jeu, je me dois d’apporter une précision. Ce test a été réalisé à partir d’une version Windows Store et je suspecte que certains des problèmes que j’ai rencontrés sont liés à cette plateforme. Car oui, Avowed n’échappe à la règle : des problèmes, il y en a. Si le monde du jeu est visuellement réussi, Avowed est également significativement plus gourmand que ne l’était The Outer Worlds. Sur ma machine tournant encore sur une RTX 3060, en sacrifiant quelques détails, je pouvais toutefois assurer les 60 fps stables, en 1080p. Le jeu supporte également le DLSS 3 et le FSR 3. Étrangement, je n’ai noté aucune amélioration des performances en les activant. Plus gênant, j’ai noté plusieurs bugs visuels tout au long du jeu, comme des trainées lors du mouvement des armes. J’espère que ce sera réglé à la sortie, car croyez-moi, quand vous l’avez remarqué, vous ne voyez plus que ça.
On attendait également de voir l’impact du rachat par Microsoft sur les moyens du studio et je ne doute pas que certains seront un peu déçus. Le jeu ne propose ainsi qu’une version anglaise sous-titrée. Avec quelques petits ratés et oublis dans la traduction ici et là. L'utilisation des pronoms a parfois bien du mal à rester cohérente d'une phrase à l'autre... Un peu dommage toutefois que le jeu se contente de voix anglaises, car les compagnons tendent à vous avertir si, en combat, vous prenez une attaque dans un angle mort. Pas sûr que les anglophobes en profitent aussi bien que les autres. Et si on n’échappe pas à quelques comportements de PNJ étranges, le jeu reste dans l’ensemble assez propre. Pour tout vous dire, le seul bug vraiment majeur croisé durant ma partie a été l’impossibilité de reconfigurer les touches du clavier. L’option est présente, mais le jeu s’en moque totalement d’un lancement sur l’autre. Heureusement que le jeu est assez plaisant à jouer au pad. Enfin et pour finir, Avowed propose 5 modes de difficulté, allant d’Histoire au classique Path of the Damned de la franchise. Le mode normal m'a semblé totalement abordable pour peu que vous conserviez votre équipement à niveau.Conclusion
J’ai beaucoup aimé Avowed. Bien qu’ils partagent des similarités, dont l’invitation à l’exploration, Avowed n’est pas le Skyrim d’Obsidian que certains annonçaient. Et c’est tant mieux. Le jeu propose un système de combat plus convainquant et une qualité d’écriture supérieure. Le passage à la 3D permet aussi de rendre honneur au monde d’Eora. Si le côté grand public risque de décevoir ceux qui espéraient un Pillars of Eternity 3, il serait dommage de passer à côté d’Avowed, tant le jeu a des bonnes choses à offrir, aux anciens comme aux nouveaux explorateurs de cet univers.
Test réalisé par Grim sur PC à l'aide d'une copie fournie par Microsoft.
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Plateformes | Windows, Xbox Series X|S |
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Genres | Jeu de rôle (RPG), fantasy, médiéval |
Sortie |
2024 |
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