Test de Like a Dragon: Pirate Yakuza in Hawaii - Majima Goro à la recherche du One Piece
De véritables machines : c’est ainsi qu’on peut qualifier le RGG Studio qui enchaîne inlassablement les projets ; si on exclut les Virtua Fighter et Project Century et que l’on se cantonne à la série Yakuza / Like a Dragon, on peut compter en moyenne plus d’un jeu par an depuis 2020. Et comme l’était Like a Dragon Gaiden, ce Pirate Yakuza in Hawaii fait fructifier les travaux du dernier épisode majeur de la série avec succès pour un jeu de moindre envergure.
Amnésie internationale
On ne change pas une formule qui gagne : le studio a donc choisi d’introduire son nouveau protagoniste à Hawaï presque de la même manière qu’Ichiban dans le dernier épisode principal de la série, à savoir amnésique et échoué sur une plage de sable fin au bord d’une mer éblouissante aux eaux turquoises. Petite différence : lui n’est pas à poil et il est sauvé de la déshydratation par un jeune garçon (un peu trop aventureux je trouve, mais sans lui l’histoire n’existerait pas) qui s’ennuie ferme sur son île isolée où il vit avec sa sœur et leur alcoolique de père. Cette île, c’est Rich Island, du même nom que cette petite famille, et des pirates y font escale régulièrement. Ce qui est l’occasion rêvée pour un ex-yakuza qui agit presque tel un génie de la lampe de prendre possession d’un navire pour emmener le jeune Noah et son daron (la sœurette restant gérer le bar familial sur l’île) à l’aventure pour que le petit découvre enfin le monde après avoir été trop couvé par un père un peu trop protecteur. Le début d’une histoire de pirates qui les mène dans les lieux déjà connus dans Infinite Wealth, à savoir Hawaï et l’île de Nele, mais aussi à Madlantis, lieu de loisirs et de débauche pour pirates et gens de l’élite.Suite presque directe (à quelques mois d’intervalle dans la chronologie) de Like a Dragon: Infinite Wealth, l’histoire aborde d’un côté les conséquences de la chute de l’ancien gourou Bryce Fairchild des Palekana et la gestion des déchets nucléaires entassés sur l’île de Nele ; et de l’autre, la recherche de trésors par une petite troupe qui doit se mettre en quête de nombreux membres d’équipage, autant dans l’histoire principale que dans les multiples quêtes secondaires qui restent dans la lignée des Yakuza/Like a Dragon. Tournant principalement autour des mini-jeux qui parsèment les rues de Hawaï et les couloirs de Madlantis, elles ne sont pas aussi nombreuses que dans un épisode majeur et on se « consolera » avec le contenu proposé par l’histoire annexe dans laquelle l’équipage du Goromaru assiste une jeune femme dans une quête de vengeance et de récupération d’(encore) un trésor extorqué par des flottes pirates bien énervées. Soyons honnêtes, ce contenu complémentaire n’a pas un scénario très fou ni un déroulement à tomber par terre. Il s’agit juste de successions de batailles de navires et d’explorations de zones en ligne droite pour défaire des vagues d’ennemis, ce qui est un peu rébarbatif au final.
Le roi de l’arène
Et on passe facilement autant de temps à bord de son navire dans le jeu qu’à pied. Car il ne suffit pas de faire grossir son équipage pour facilement remporter les multiples batailles navales, il faut améliorer le Goromaru à force de deniers (bon, OK, de dollars) et de composants trouvés chez des marchands, mais surtout sur les mers sous forme de containers flottants à éclater avec le navire. Les membres de l’équipage doivent aussi gagner des niveaux en remportant des batailles (je suggère à ce sujet de farmer le mode Madlantis Mania, j’y reviens plus tard) pour monter leurs scores en attaque et défense (pour l’équipe d’assaut), ainsi que de puissance au canon et compétence de réparation (pour l’équipe des canons et mitrailleuse). Car ces batailles navales sont divisées en deux parties : la première consiste d’abord à neutraliser le bateau leader ennemi (à force de mitraille, canon et lance-roquettes, oui oui), puis à aborder celui-ci avec la seconde équipe pour croiser le fer avec l’autre équipage. S’il n’y a pas de leader ennemi, mais juste une flotte mineure, il suffit de couler tous les navires pour terminer la bataille. Lors des assauts on est au cœur d’une bataille à 21 contre 30, 40 voire 50 ennemis avec des capacités spéciales de plus en plus puissantes à mesure que l’adversité monte en galon comme de bien entendu. Majima n'est pas en reste : il peut ainsi faire appel à une troisième équipe, celle de soutien, qui apporte des bonus particuliers comme une récupération de santé accrue, une réduction de dégâts subis ou au contraire une augmentation des dégâts infligés. Il a aussi la possibilité d’invoquer des esprits démoniaques des mers avec des instruments de musiques du démon récupérés dans l’histoire annexe des pirates (ce que je conseille en tout cas pour les plus gros équipages à tabasser dans Madlantis). Entre deux affrontements de pirates, le capitaine peut mouiller l’ancre à proximité d’un phare signifiant havre de paix et en profiter pour faire des gueuletons d’équipe ou des fêtes à grands renforts de bons plats cuisinés par ses soins pour améliorer le moral de ses matelots ou leur donner des cadeaux individuels pour leur donner quelques points d’expérience en plus d’un gain de moral. Rien de trop beau pour donner l’envie et les moyens à ses forbans de botter des culs en série à Madlantis.Sous les sunlights des tropiques
On le sait depuis des années, chez RGG on est les maîtres du recyclage et cet épisode secondaire ne déroge pas à la règle avec la réutilisation de l’intégralité de la carte d’Hawaï déjà arpentée dans Infinite Wealth, donc. Pas trop de surprise au niveau de certains mini-jeux qui font aussi le voyage, entre le rallye Déglingo-photo dans lequel il faut capturer à l’objectif des pervers se dandinant en justaucorps le long du passage du tramway, ou Crazy Delivery qui rappelait déjà le vieux Crazy Taxi à notre bon souvenir. Dans les retours, signalons le Dragon Kart qui fait l’objet de mini-histoires secondaires et donne encore un peu de contenu supplémentaire dont on ne manquait pas, avec les retours des sempiternels shogi, mah-jong, koi-koi, oicho-kabu, fléchettes, billard, poker, black-jack… Les plus récalcitrants seront rassurés de savoir qu’il n’y a pas besoin de finir tous les objectifs de tous les mini-jeux pour la complétion à 100% des succès / trophées du jeu. Ils sont utiles, mais là encore pas indispensables, pour gagner des points de réputation (dont on ne sait plus quoi en faire en fin de jeu) utiles pour recruter certains compagnons, mais surtout pour acheter des améliorations pour Majima avec aussi de l’argent sonnant et trébuchant.Et taper fort, ça Majima connaît. Même s’il reste frustrant de ne pouvoir switcher qu’entre deux styles de combat, cela suffit amplement pour le jeu et on ne s’ennuie pas avec leurs différences bien marquées. Le style Chien Enragé fait la part belle aux mouvements vifs de Majima avec sa dague bien connue et il peut invoquer des doubles avec sa jauge de Rage remplie, celle-là même qui lui sert à appeler les démons avec ses instruments de pirate dans le style Loup de Mer. Dans cet autre style, il se sert de deux coutelas, d’un pistolet ainsi que d’un grappin lui permettant de réduire la distance en un instant, pratique pour s’occuper des ennemis à armes à feu qui courent vite se mettre hors de portée pour attaquer en fourbes. Il suffit d’une pression sur un bouton pour librement changer de style, hormis dans certains modes de jeu où on n’a hélas pas le choix. En guise d’équipement, Majima peut porter une bague à chaque doigt, chacune apportant des améliorations de statistiques ou des éventuels effets de protection contre des effets secondaires. Certaines bagues peuvent fonctionner en set de 4 et avoir un effet supplémentaire si l’ensemble est équipé sur la même main.
« Le vrai trésor, ce sont les amis que nous trouvons en chemin » ?
Comme déjà évoqué en préambule, on a affaire ici à un épisode « secondaire » de la série Like a Dragon. Je n’ai pas envie d’utiliser le mot « remplissage » même si certains peuvent le penser. D’envergure réduite – à nouveau cinq chapitres pour l’histoire complète, avec un jeu qu’on peut compléter à 100% des histoires principale et secondaires sans vraiment trop se presser en une trentaine d’heures (comptez deux fois moins pour la seule histoire principale, je dirais), Like a Dragon: Pirate Yakuza in Hawaii offre tout de même un contenu toujours aussi conséquent et varié, peut-être un peu trop pour son propre bien : sans compter l’histoire principale, j’ai eu l’impression que le reste était un poil bâclé. Je pense entre autres à l’histoire du Dragon Kart qui était réduite au strict minimum ou aux quelques quêtes secondaires au final assez oubliables malheureusement.Au niveau technique, là encore on ne change pas grand-chose, le jeu est beau sans non plus pousser les potards à 11. Comme souvent (et c'est bien naturel), la modélisation s'est surtout intéressée aux personnages de l'histoire et les PNJs se baladant dans les rues donnent de la vie sans avoir des modèles particulièrement détaillés, mais ce n'est pas leur but et ils remplissent leur objectif et les rues à perfection. En revanche, pour la première fois depuis (très) longtemps, j'ai eu toutes les peines du monde à adapter des réglages HDR satisfaisants pour une image qui n'était pas trop exposée ni trop colorée... Et quand j'ai vu mes captures d'écran, même après un réglage à peu près OK pour ma TV, c'était toujours bien trop ! Alors, c'est peut-être moi qui ai eu du mal cette fois à régler correctement, mais je n'avais pas eu ce souci sur Infinite Wealth et je me demande bien si ce n'est que moi ou si d'autres auront le souci (et, en ce cas, s'il sera corrigé). Au rayon des musiques, le compositeur Chihiro Aoki introduit de nouveaux thèmes de pirates aux côtés de musiques déjà entendues dans le précédent volet, avec une utilisation pertinente de la guitare électrique dans les phases de combat qui donne la patate.
L'un des plus gros reproches que j'aurais contre le jeu concerne une histoire secondaire, celle qui va un peu trop loin pour son propre bien aussi je trouve : l’histoire des Minato Girls. Non pas que l’on arrive aux sommets du mauvais goût comme l’histoire des Gravure Photos de Yakuza Kiwami 2, mais que la conclusion laisse plus que perplexe : après des mini-histoires (somme toute assez classiques) amenant Majima à « rameuter » cinq jeunes femmes très charmantes à une soirée pour que l’un de ses sous-fifres trouve la femme de sa vie, l’histoire s’achève sur plusieurs séquences vidéos IRL d’un cringe absolu où l’acteur incarnant Masaru se retrouve dans des situations de drague aussi peu drôles qu’elles sont inutiles. Il n’y a pas de gameplay, ce sont juste des enchaînements de vidéos qui n’ont aucun impact sur le jeu, aucun intérêt, même pas pour le développement des personnages à mon sens. Peut-être que certains trouveront ça rigolo (il en faut pour tous les goûts après tout), mais quitte à faire intervenir des actrices pour du contenu comme dans les précédents opus, autant en faire un vrai mini-jeu comme la gestion des cabarets dans Yakuza 0, pas juste… des vidéos gênantes.
Mais bon bref, c’est mon principal et seul vrai coup de gueule sur le jeu, que j’ai apprécié tout du long quand même. Un épisode qui, s’il n’est pas aussi vaste qu’un titre majeur, donne de belles heures de contenu varié et distrayant pour peu qu’on aime le genre, évidemment sans se tromper : il ne s’agit par exemple pas d’une vraie simulation de batailles navales (on ne sait jamais, il vaut mieux préciser…) ni d'un jeu complet de kart (malgré le mini-jeu Dragon Kart), ni d'un Dynasty Warriors (même avec des affrontements à 5 vs 100)... Et même si le jeu manque çà et là d’un « petit quelque chose en plus », il reste très plaisant à parcourir à la recherche des nombreux trésors à récolter. Il est juste un peu dommage que l’histoire ne se raccroche à celle d’Infinite Wealth qu’en toute fin, mais pour une fois qu’on joue enfin le légendaire Majima Goro en seul personnage principal, on ne va pas trop faire la fine bouche. Quand on sait que l'épisode aurait pu être centré sur Kazuma Kiryu et s'appeler Like a Dragon: Tuna...
Test réalisé par Barrrrdiel Wyld sur PS5 à partir d'une version fournie par l'éditeur
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Plateformes | PlayStation 4, PlayStation 5, Windows, Xbox One, Xbox Series X|S |
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Genres | Action-aventure, contemporain, humoristique, piraterie |
Sortie |
28 février 2025 |
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