Test de Stories from Sol: The Gun-Dog - Il était une fois l'espace

Le jeu vidéo cherche toujours à s'améliorer afin d'être plus beau, plus complet, plus immersif. Mais dans cette course à l'évolution, certains deviennent nostalgiques et veulent retrouver l'ambiance des titres d'antan : pixel art, low poly retro, les productions qui imitent le rendu d'anciennes machines sont aujourd'hui courantes. Et c'est dans ce mouvement que s'inscrit ce nouveau roman visuel.

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Uchū Senkan Gun-Dog

Les colonies se sont soulevées contre la tyrannie de la Fédération. La Guerre Solaire fait rage, tant et si bien que le front s'est déplacé dans l'orbite de la planète bleue. C'est là un affrontement décisif et notre personnage s'apprête à y prendre part à bord de son mecha. Cependant, les choses tournent mal et notre protagoniste en ressort avec un profond traumatisme.

Quatre années plus tard, le conflit s'est calmé et nous retrouvons le même personnage alors qu'il prend son affectation en tant que responsable de la sécurité à bord du Gun-Dog, un petit vaisseau conçu pour intervenir très rapidement. Nous y rencontrons également sa petite-amie Cassandra, officier en second à bord. Aussitôt, elle organise une petite visite des lieux : le vaisseau n'est pas grand et son équipage ne compte qu'une dizaine de membres. Et tous ont des personnalités plutôt marquées, que ce soit pour le meilleur ou pour le pire. Une fois la balade terminée, il est temps de se présenter au capitaine, pour ensuite prendre pleinement fonction à bord. La mission semble triviale : enquêter sur des signaux anormaux. Mais nous-autres, joueurs, savons pertinemment que les choses ne vont pas se passer comme prévu.

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L'histoire qui nous est proposée est plaisante à suivre. De nombreux choix sont proposés au joueur, dont certains à prendre en un temps imparti. À de nombreuses occasions, les décisions du joueur peuvent avoir d'importantes répercussions sur la suite de la narration.

Le joueur peut choisir les prénom et nom de son personnage, ainsi que son pronom. Mais quelque soit lequel des trois choix possibles que vous prendrez, votre avatar sera toujours en couple avec Cassandra.

Il convient cependant de lever un avertissement : le final de l'épopée du Gun-Dog peut décevoir, car de nombreux points restent en suspend, quelque soit la fin obtenue. Cet épisode se présente en fait comme un gros prologue à la saga "Stories from Sol" que veulent mettre en place les développeurs.

Gun-Dog, hasshin !
Gun-Dog, hasshin !

Fan des années 80

Le désir premier des développeurs était de rendre hommage aux premiers jeux du PC-98 de NEC. Ce micro-ordinateur japonais créé dans les années 80 pouvait, à ses débuts, afficher une ambitieuse résolution de 640x400 avec 8 glorieuses couleurs.

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Si Space Colony Studios a quand même décidé de travailler avec de la haute définition, le choix avait quand même été fait de conserver un affichage monochrome tout en nuance de vert, comme avec les antiques écrans de l'époque. La radicalité de la démarche rappelle d'ailleurs ce qu'avait fait Lucas Pope sur Return of the Obra Dinn.

Vous aurez cependant noté l'utilisation du passé dans la phrase. Suite aux premiers visuels, beaucoup de personnes ont réclamé à ce qu'il soit possible d'y jouer avec un rendu en couleur. Et le souhait a fini par être exaucé.

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Il faut dire que, pour beaucoup, la période la plus connue de la machine est dans les années 90, avec des jeux comme Giten Megami Tensei: Tokyo Mokushiroku (1997, par ASCII au lieu de Atlus) et surtout Policenauts (1994, par un petit jeune nommé Hideo Kojima). Et tous sont en couleur.

La version monochrome est toujours disponible sous l'appellation "mode studio". En ce qui concerne le "mode coloré", il donne un excellent rendu sur certains écrans, mais moins sur d'autres. Parfois, on dirait que des zones ont été grossièrement remplies avec l'outil "pot de peinture" tant la couleur tranche avec le reste.

La référence n'est pas vraiment subtile, mais ce n'est heureusement pas coutume durant l'aventure
La référence n'est pas vraiment subtile, mais ce n'est heureusement pas coutume durant l'aventure

Mais en soi, les graphismes sont propres, surtout celui des personnages. Le style graphique, mais aussi l'ambiance générale du titre, sont un hommage aux séries japonaises des années 80. Au fil de l'aventure, on pense forcément à Mobile Suit Gundam ou encore Macross.

Un troisième mode graphique est disponible, le "mode Doujin". Ce terme désigne les créations amateures japonaises comme il en existait énormément sur le PC-98. On peut par exemple citer les tout premiers Touhou (1997/1998, à l'époque où c'était encore très confidentiel). Sur Stories from Sol: The Gun-Dog, la chose se matérialise avec des portraits de personnages... moches.

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Ce rendu était le mode initial du jeu, avant que les premières annonces le mettent sur le devant de la scène. L'avoir conservé dans la version finale est louable, mais l'aspect grossier mélangé avec les décors impeccables introduit un contraste bien trop étrange. Le mode fait finalement plus office de clin d'œil qu'autre chose.

Livre dont vous êtes le héros

Le jeu est un roman visuel (visual novel) à l'ancienne mode. Le gros du gameplay consiste à se déplacer sur divers écrans fixes, faire quelques actions mineures, énormément lire et régulièrement faire des choix plus ou moins cruciaux.

L'action se déroule principalement à bord du Gun-Dog : vous visitez donc régulièrement les mêmes salles tout le long de l'aventure. Vous pouvez vous déplacer de zone en zone ou utiliser un menu de voyage rapide.

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Le côté jeu d'aventure se matérialise par quelques actions disposées sur le côté droit de l'écran ; on y retrouve les classiques se déplacer, regarder, utiliser, parler ou consulter l'inventaire. Tout le texte s'affiche dans la fenêtre du bas.

La plupart des décors sont fixes. Quand on discute avec un personnage, son portrait s'ajoute à l'écran ; ces derniers ont un panel limité d'animations qui se déclenchent après certaines répliques. Parfois, l'écran devient noir et toute l'action est simplement décrite textuellement. Dans d'autres cas, on a droit à des illustrations dédiés ou même à une jolie animation. L'ensemble a vraiment un aspect très old-school.

Enfermé dans sa petite case en bas de l'écran, le texte peut parfois être difficile à lire. Surtout que la taille des caractères affichés peut varier d'un contenu à un autre : il arrive parfois que de plus gros pavés soient balancés par le jeu et, au lieu de les découper en plusieurs écrans, la police de caractère se retrouve réduite pour que tout tienne là-dedans. Il faut avouer que le jeu sombre parfois un peu trop dans le descriptif et il peut y avoir beaucoup à lire.

Où ai-je mis mes lunettes ?
Où ai-je mis mes lunettes ?

À noter que si la police rétro (à base de gros pixel) dérange votre lecture, il est possible de basculer via les options sur un aspect plus moderne et lissé.

Si les boutons d'action et la carte du vaisseau sont restés en anglais, tout le reste de la narration a bien été traduit en français. La qualité est correcte, mais de nombreuses coquilles ont été rencontrées ici et là. Par exemple, un personnage identifié comme femme pendant toute l'aventure est référée en "iel" au détour d'une conversation. À un autre moment, nos deux tourtereaux qui se tutoyaient jusque là se mettent à se vouvoyer le temps de quelques répliques. Ce n'est en rien gênant pour suivre l'histoire, mais ça fait toujours bizarre quand des choses étranges comme ça apparaissent.

Heu... Quoi ?
Heu... Quoi ?

L'espace en poche

Le jeu a été testé ici sur Nintendo Switch. Il met un peu de temps à se charger, mais il suffit d'utiliser le mode veille de la console pour que ce ne soit plus un problème.

Gros point positif de cette version, l'écran tactile est entièrement pris en charge. Vous pouvez donc passer les dialogues et choisir les actions du bout des doigts. Un petit bémol sur les actions "regarder" et "utiliser" : alors qu'il est possible de faire un cycle à la manette sur les différents points d'intérêt, il vous faudra tenter un peu au hasard en tactile. Par contre, le problème de la taille variable du texte est exacerbé en mode nomade : mieux vaut avoir une bonne vue !

Comme d'habitude, aucun trophée chez Nintendo. Mais sur Steam et PlayStation, le jeu en propose une trentaine à débloquer.

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Même si le résultat a du charme, le choix radical de revenir à un style de jeu des années 80 peut ne pas plaire à tout le monde. En tout cas, l'aventure proposée par ce roman visuel embarque aisément le joueur dans ce qui s'avère être l'introduction d'une plus vaste épopée spatiale.

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Test réalisé sur Nintendo Switch par NeoGrifteR à partir d’une version fournie par l’éditeur.

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