Test de South of Midnight - Une fable tissée d’ombres et de lumière

Dévoilé lors du Xbox Games Showcase, South of Midnight est un jeu d'action-aventure narratif développé par Compulsion Games. Plongeant les joueurs dans un univers inspiré du folklore du sud des États-Unis, ce titre promet une ambiance envoûtante entre magie, mystères et créatures surnaturelles. Mais derrière ses allures de conte, le jeu, disponible à partir du 8 avril sur PC (application Xbox et Steam), Xbox Series X|S et inclut day one GamePass, tient-il toutes ses promesses ?

Alerte rouge inondation !

L'histoire se déroule dans le bayou de Sud des États-Unis, dans la ville fictive de Prospero. Vous y incarnez Hazel Flood, une jeune femme vivant avec sa mère dans une maison en bord de fleuve. Son monde se retrouve chamboulé par un ouragan particulièrement dévastateur qui emporte sa maison sous ses yeux, sa mère encore présente à l'intérieur. Face à cette vision cauchemardesque, Hazel n'a pas d'autres choix que de se mettre en route pour retrouver sa mère. Telle une Alice au pays des merveilles moderne, c'est ainsi qu'elle traverse des plaines inondées, des marécages boueux, des cavernes et autres villes abandonnées brumeuses. Ce périple est ponctué de rencontres entre la faune sauvage et des locaux singuliers, archétypes de la population de la Louisiane, de son folklore et de ses légendes mystérieuses.

Un univers qui en met plein la vue...

Après cette introduction marquante, le scénario se développe rapidement en faisant découvrir à Hazel un métier à tisser caché au fond d'une grotte. C'est alors qu'elle découvre être une tisseuse, un don ancestral hérité de sa famille lui donnant la capacité magique de manipuler les fils du monde. Cette métaphore visuelle et spirituelle représente les connexions entre les êtres, les souvenirs, la réalité ainsi que les blessures enfouies dans le passé. Hazel développe donc la capacité de réparer, altérer et révéler la vérité grâce à cette compétence. Le scénario, plutôt original, permet de ce fait d'évoquer de façon poétique les traumatismes intergénérationnels et la résilience dans un monde fortement marqué par les légendes, l'injustice ou encore l'esclavagisme.

De son côté, la direction artistique de South of Midnight est clairement une grande réussite. Son style visuel façon stop-motion (qui rappelle avec nostalgie L’Étrange Noël de Monsieur Jack, Chicken Run ou encore Coraline) offre une identité unique au titre. Chaque décor semble avoir été dessiné à la main, apportant une authenticité à cette univers poétique. Graphiquement, le titre n'est pas en reste et offre des plans régulièrement magnifiques. On se prend, par exemple, à regarder régulièrement les rayons du soleil pénétrer péniblement la brume des marécages. Et même si le jeu n'a pas les moyens d'un AAA, cela n'en reste pas moins magnifique en HDR sur écran OLED.

Si la DA est la première qualité qui saute aux yeux, la seconde est assurément le soutien apporté par une bande sonore de grande qualité. Composé par Olivier Derivière (déjà connu pour son excellent travail sur Vampyr, la série A Plague Tale ou encore Dying Light 2: Stay Human), elle puise son inspiration dans la musique afro-américaine typique de la région : blues, country ou encore jazz sont donc de la partie. Renforçant l'immersion en étant dosée juste ce qu'il faut, la musique s'avère rapidement un pilier majeur de l'expérience qu'offre le titre.

... dans un titre ultra conventionnel

Si la DA et la musique sont clairement les points fort du titre, son gameplay, sans être fondamentalement mauvais, est plus classique dans sa proposition. En effet, le jeu dispose d'un monde semi-ouvert où vos possibilité d'explorations se limitent à trouver les "bouloches" cachées dans le décor, ces dernières permettant de faire évoluer les quelques compétences dont vous disposez (sans grand impact sur le reste du jeu). Double saut, utilisation des pouvoirs où le bouton LT ou RT est déjà indiqué, course murales... Les variations seront très légères et donnent un effet couloir très dirigiste où votre plus grand ennemi reste finalement les grandes étendues d'eau (Et oui, encore une héroïne qui n'a pas appris à nager !). 

Malheureusement, le jeu subit également un effet de boucle de gameplay assez répétitive, voir lassante. Les phases d'exploration de l'environnement sont entrecoupées d'arènes facilement reconnaissables contenant un nombre prédéfinis d'ennemis peu inspirés ou de zones dans lesquelles il faut libérer des "séquelles", des éléments du passé permettant de mieux comprendre les traumatismes et blessures du boss qu'il faut affronter et soigner pour pouvoir avancer. Ce modèle se répète inlassablement sur l'ensemble des 14 chapitres du jeu contenant 6 boss liés aux légendes locales du bayou. 

Enfin, sur le plan technique, on ressent que le projet n'a pas eu un grand budget. Si c'est globalement propre et jouable, on relève encore un certain nombre de bugs de textures dans le décor ou sur l'héroïne, ainsi qu'un problème assez persistant sur les sauts faisant qu'on a un effet de glisse du personnage menant à des chutes et mort inéluctables qui auraient être pu facilement évitées. La version que j'ai pu tester étant disponible avant la sortie officielle, espérons que le studio propose rapidement un patch correctif afin de mettre le coup de polish nécessaire pour ces quelques petits points peu gênants au développement de l'aventure. 

Bon, s'il faut se mouiller.

South of Midnight est le genre de jeu qui propose une expérience unique, sincère et assumée artistiquement parlant. N'ayant jamais eu pour ambition de révolutionner le genre, il saura donc séduire tous joueurs qui cherche une aventure narrative avec une âme marquée. Son concept de Tisseuse original, l'ambiance magique et mystique, sa direction artistique à tomber par terre et son respect du folklore du bayou permettent de découvrir une proposition finalement assez rare dans le paysage vidéoludique.

Bien que le gameplay reste cruellement conventionnel pour un jeu sorti en 2025, la puissance émotionnelle, sonore et visuelle du titre en font un jeu qu'il vaut clairement le coup de tenter si on en a l'occasion.Et puis, pour ne pas bouder son plaisir, il est proposé au prix doux de 45€, preuve que Compulsion Game a amplement conscience que leur titre n'a pas les même enjeux qu'un triple A. 

Test réalisé sur Xbox Series X par Dunta à partir d'une version fournie par l'éditeur.

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