Test de Leila - La vie, ce n'est pas qu'une boite de chocolats

L’histoire d’une vie

« Normalement, je creuserais un trou pour y tomber. Mais cette fois, au lieu d'y chuter, j'ai décidé d'y entrer de mon plein gré. Et me voici, à la dérive dans les méandres de ma vie. »

Développé en Turquie par Ubik Studios, Leila est un jeu point&click narratif qui avait d’abord attisé ma curiosité par son aspect visuel. Nous y incarnons la Leila éponyme, une mère de famille qui se voit offrir un dispositif de réalité virtuelle qui crée une succession de petits jeux en se basant sur la mémoire et les expériences passées de l’utilisateur. L’occasion donc de revenir sur des moments clés de la vie de Leila, mais aussi sur des souvenirs auxquels elle n’a pas forcément envie de se confronter. Cela donne un aspect original au jeu. À de multiples occasions, Leila interrompt son récit et laisse alors au joueur un choix : affronter la suite du souvenir ou l’éviter. Ce qui donne lieu à une narration non-linéaire. Tous les joueurs auront l’histoire complète à la fin du jeu, mais tous n’auront pas parcouru les chapitres dans le même ordre.

La construction du jeu prend donc la forme d’une succession de petites scènes reliées entre elles par un hub central. Ce hub prend ici la forme d’une forêt que l’on parcourt d’avant en arrière à la recherche d’une ouverture vers un moment de la vie de Leila. N’attendez rien d’exceptionnel de ce côté, l’histoire du jeu est une tranche de vie d’une personne ordinaire, ce qui n’est pas forcément la tasse de thé de tous les amateurs de jeux narratifs. Ici, nous plongeons dans les souvenirs d’ado en quête d’identité, là, dans une expérience qui a profondément marqué son enfance. C’est souvent sombre, mais le jeu évite de sombrer dans le pathos gratuit. Toute la thématique du jeu tourne autour de la volonté d’affronter ses souvenirs douloureux pour trouver la lumière au bout du tunnel. Un chapitre aborde d’ailleurs un épisode d’automutilation de manière assez gore. Le jeu propose toutefois de sauter ce chapitre et d’en avoir un résumé omettant cet aspect de l’histoire.

Le passage de la maison, version idéale

Du côté du gameplay, nous avons donc affaire à du point drag&click. Le jeu peut ainsi se faire complètement à la souris (ou au pad). J’ai aimé la manière dont les énigmes ont été intégrées à la narration du jeu. C'est parfois du classique un peu revisité (une tour de Shanghai par exemple), parfois des objets cachés à découvrir, mais aussi du plus original. Je retiens par exemple ce passage où Leila et sa fille lisent un livre et dont les mini-jeux sont en rapport direct avec l’histoire racontée. Mais le passage qui illustre le mieux ce mélange entre narration et gameplay apparaît dans une autre séquence, que l’on joue à deux reprises. Une action simple, puisqu’il s’agira de nettoyer la maison de Leila et de sa famille, mais les différences que l’on ressent en jouant les deux séquences retranscrivent mieux que des mots l’état d’esprit de Leila. Un passage qui m’a touché. Globalement, le gameplay fonctionne donc très bien même si certains passages sont peut-être un peu plus obscurs ou maladroits (le passage dans la cabane du jardin). Un système d’indice existe également, pour les quelques moments où vous seriez bloqué.

Leila se montre également convaincant sur le plan technique. Les images qui accompagnent ce test reflètent bien la dimension à la fois simple et jolie de la direction artistique où tout est dessiné à la main. Je place aussi un petit coup de cœur sur la musique. On regrettera par contre le manque d’options graphiques. Niveau langue, le jeu ne propose que des doublages anglais ET turcs, avec une version française pour les textes et sous-titres du jeu. Finalement, le principal point noir du jeu est peut-être à chercher du côté de sa durée de vie. J’ai effectivement terminé le jeu en un peu moins de 2h30, ce qui reste court même sur l’échelle des jeux narratifs. Le prix est heureusement en adéquation puisque le jeu est vendu moins de 12€ sur Steam.

En conclusion, Leila se classe plutôt dans les bons jeux narratifs de ces derniers mois, à condition d’accepter le côté finalement très ordinaire de l’histoire qu’il raconte.

Test réalisé par Grim sur PC à partir d'une version fournie par le développeur