Test de Commandos: Origins - Tout n'est pas rose pour le retour d'une franchise culte
Peu nombreux sont les jeux qui peuvent se targuer d’avoir donné leur nom à un genre entier. Doom évidemment, ou encore le duo Metroid et Castlevania, par exemple. Mais aussi Commandos, série fondatrice du genre de la stratégie d’infiltration en temps réel à la fin des années 90. Alors que le genre avait connu un regain de popularité ces dernières années, la franchise Commandos était restée en sommeil, avec à peine quelques sursauts dus aux remasters HD des deux premiers épisodes. Jusqu’à aujourd’hui.

Un peu d’histoire
Nous sommes en 1998. Le monde du jeu vidéo ne le sait pas encore, mais quand les Espagnols de Pyro Studios sortent leur premier jeu, quelque chose de rare vient de se produire. Véritable hommage aux classiques des films de guerre, Commandos : Derrière les lignes ennemies, fort d’un certain succès public, vient de créer un nouveau genre. Trois ans plus tard, Commandos 2 : Men of Courage confirme l’essai et devient la nouvelle référence d’un genre qui, on l’ignore encore, a déjà atteint son pic. La suite sera moins glorieuse pour Pyro Studios et Commandos, avec une série qui prend une orientation plus action, perdant petit à petit les fans.
Le genre de la Stealth-Strategy tombe alors dans l’oubli, jusqu’en 2016, date à laquelle les Allemands de Mimimi Games relancent le genre avec Shadow Tactics, soit Commandos chez les Ninjas. Les fans nostalgiques se mettent alors à espérer un retour de la série Commandos, mais non, c'est la franchise concurrente que Mimimi choisit de ressusciter avec Desperados. Nous voilà en 2025, l’aventure Mimimi est terminée et d'autres studios ont pris le relais, permettant au genre de survivre. Et alors que plus personne n’y croyait vraiment, un nouveau jeu Commandos a vu le jour, développé par Claymore Game Studios sous l’égide de Kalypso.
Alarm, Alarm !
Il y a deux manières de ressusciter une franchise dont les derniers épisodes se sont un peu perdus. Faire table rase et repartir de zéro, ou jouer la carte du retour aux sources avec une préquelle. C’est cette deuxième solution qu’a choisie Claymore Game pour ce nouveau Commandos. Comme l’indique le titre, ce nouvel épisode revient aux origines de la série. La Seconde Guerre mondiale se déroule mal pour les alliés et l’artificier Thomas Hancock est chargé de former une unité d’hommes aux talents uniques et spéciaux qui opéreront derrière les lignes ennemies. Seuls contre des soldats allemands en surnombre, ces commandos devront faire preuve de discrétion dans des missions de sabotage qui pourraient changer le cours du conflit.
Le jeu reprend donc le schéma classique du genre : s’infiltrer dans une base ennemie consiste toujours à résoudre une succession de petits puzzles tactiques. On observe les chemins de ronde des patrouilles, on analyse les champs de vision des gardes, toujours symbolisé par des cônes divisés en une partie pleine, où vous serez immédiatement détecté, et en une partie hachurée, où vous pouvez vous déplacer en rampant. Puis, on utilise au mieux les capacités uniques de nos soldats pour faire disparaitre un à un les boches trop gênants. Les niveaux sont d’ailleurs assez longs à parcourir et ce, sans même tenir compte des objectifs secondaires (et facultatifs) qui peuvent vous tomber dessus en chemin. Le cadre du jeu permet également de varier les environnements. On passera ainsi du désert libyen à la frontière polonaise en passant par le cercle arctique. La majorité des missions apportent son petit élément qui la différencie des autres, comme les missions de nuit qui impactent les champs de vision des gardes. On regrettera par contre peut-être l’absence d’une carte ou d’une mission vraiment mémorable comme Commandos et Commandos 2 avaient su en proposer.
On s'est pas déjà vu quelque part ?
Préquelle oblige, Commandos: Origins s’articule autour du casting du premier jeu. On retrouve ainsi le Béret vert, l’Artificier, le Tireur d’élite, l’Espion ou encore le Marine. Le jeu a beau proposer une petite mise en scène des missions, Commandos reste toujours le parent pauvre du genre en ce qui concerne l’identification et l’attrait des protagonistes en ce qui me concerne, la faute à des missions sans liens les unes avec les autres. Du côté des capacités, rien de bien original n’est au programme, les classiques répondent présent. Tout le monde peut poignarder discrètement un ennemi, dispose d'une arme à (un peu) plus longue portée, mais qui fait beaucoup de bruit et chaque commando a son petit gadget à lui pour distraire l'ennemi. Le jeu se différencie toutefois un peu de la concurrence avec ses gadgets à usage limité. Par exemple, la radio du Béret vert, l’un des principaux outils de distraction du groupe, peut être détruite si vous n’éliminez pas le garde qui viendra vérifier la source du bruit et devra alors être remplacée. Une idée qui oblige à mieux réfléchir à l'utilisation des outils de distraction et qui fera un peu oublier des années de bouteilles sans fond (de saké, de rhum, les habitués comprendront). En plus de ces « recharges », on trouve également ici et là d'autres outils qui peuvent servir, comme des trousses de soin ou des grenades. Dommage, d’ailleurs, qu’on ne puisse pas les échanger entre deux soldats, c'est assez lassant de devoir déplacer LE bon commando parce qu'un autre ne peut pas ramasser une grenade... Ceci dit, c’est bien là le moindre des petits ratés de Commandos Origins.
À nos actes manqués
Je le précise de suite : Commandos : Origins n'est pas un mauvais jeu, on sent la bonne volonté qui anime Claymore Game. Mais le jeu est par contre terriblement scolaire dans son approche et d’autres jeux ont fixés des standards bien plus élevés. Il ne s’est ainsi pas passé une heure sans que je ne lève les yeux au ciel devant un élément au mieux mal fichu, au pire raté ou absent du jeu. Prenez l’interface par exemple et la mini-map en particulier. Plutôt qu’une carte réduite qui affiche les environs immédiats à laquelle on aurait joint une carte globale de la zone, Origins choisit une mini-map dézoomée au maximum pour afficher toute la zone. Cela donne une bouillie illisible à laquelle il manque de plus des informations utiles, comme l’orientation des ennemis. Et difficile de s'en passer totalement, car les cartes de Commandos : Origins sont relativement grandes, ce qui est à mettre au crédit du jeu.
Un autre élément contribue également à cet aspect un peu brouillon de Commandos : Origins et lui concerne directement le gameplay du titre. Le jeu est rempli d’éléments au mieux maladroits, au pire totalement absurdes. L’impossibilité d’attacher les gardes assommés en mode non létal, vous obligeant à aller les jeter dans les buissons pour qu’ils restent inconscients ? Les missions qui permettent de conduire des véhicules, mais dans lesquels vous ne pouvez pas faire entrer tous vos Commandos ? Le Sniper, installé en haut d’une tour qui ne peut pas viser une cible en contrebas, en plus d’avoir une portée ridiculement petite ? La non-suppression de l’action d’attaque après avoir trimballé un corps ? Ou encore le Commando qui lâche le corps devant une porte fermée, l’ouvre et continue sa route en laissant le corps en plan ? L'impossibilité pour le Marine, le meilleur nageur de la bande, de sauter dans l'eau ? Ce ne sont là que quelques exemples.
Une différence de niveaux
Le jeu aime également se chercher des difficultés. Par exemple, en proposant des intérieurs dans ses niveaux. Oui, dans Origins, comme dans Commandos 2 à l’époque, on peut pénétrer dans les bâtiments et ceux-ci ont parfois plusieurs étages. Problème, on ne voit l’intérieur d’un bâtiment que si l’on est proche d’une ouverture. Le souci ? Vous perdez la vue intérieure d’un bâtiment si vous sélectionnez un Commando qui se trouve à l’extérieur quand bien même un autre de vos Commando est à l’intérieur dudit bâtiment. Je vous laisse maintenant imaginer ce que ça donne quand vous souhaitez transporter le corps d’une de vos victimes de l’extérieur vers l’intérieur… Tout ça sans compter le pathfinding pas toujours très à l’aise dans les déplacements dans un bâtiment à plusieurs étages. Ni les bugs. J'ai beaucoup ri quand je me suis retrouvé incapable de déplacer mon équipe après l'avoir abandonnée sur un palier entre deux étages.
Dans l’ensemble, le jeu gère assez mal les différences de niveaux. La gestion des cônes de vision et les reliefs ont toujours été un problème délicat dans ce genre de jeu, et Commandos : Origins ne fera pas figure de bon élève sur ce point. Les lignes de visée sont du coup parfois capricieuses et souvent frustrantes. Du genre à vous laissez penser qu'un tir est possible avec le viseur avant de voir le soldat se déplacer pour réellement effectuer le tir. Tout aussi gênant, la propagation du son souffre également de ce côté un peu aléatoire. Une radio placée en hauteur éveillera parfois la curiosité d’un garde en contrebas, parfois non. Sans véritables explications. Idem pour les bâtiments, souvent totalement hermétiques au son d'une radio, mais dont les occupants se réveilleront au son d'un harpon tiré à l'extérieur.
C’était pas ma guerre
Le portrait que je viens de dresser semble peu flatteur, mais je ne trouve pas le jeu mauvais en tant que tel. Si l’on regarde la construction des niveaux et celle des puzzles tactiques qui les composent, ce nouveau Commandos n’a pas à rougir. Si les imperfections sont si frustrantes, c’est parce qu’on s’y heurte constamment. Le jeu semble ainsi se reposer sur les acquis de son nom. Certes, il propose bien quelques petites modernisations ici et là, comme une mécanique permettant de synchroniser les actions de plusieurs commandos et qui rappelle forcément le Shadow Mode de qui vous savez, mais le ressenti en jouant est que Commandos fait daté, non pas visuellement mais sur le gameplay, avec des possibilités en retrait de ce qui a été proposé ces 10 dernières années. Les fans nostalgiques s’en contenteront, pas les autres.
Conclusion : Papy fait de la résistance
Si Commandos : Origins était sorti il y a quelques années, pendant la période de vaches maigres qu'a traversé le genre, nul doute que j'aurais été plus positif qu'aujourd'hui. Mais voilà, sous l'impulsion de Mimimi, d'autres développeurs ont depuis montré que l'on pouvait attendre plus que ce que ce Commandos : Origins propose. Le jeu se repose ainsi trop sur la gloire de son ancêtre et radote un gameplay qui, s'il n'est pas mauvais, est un peu dépassé comme papy les souvenirs du passé plutôt que de rattraper le temps perdu. En attendant, on croise les doigts pour que Kalypso et Claymore Game améliorent les nombreux éléments boiteux du titre et corrigent les bugs qui trainent encore dans le jeu.
Test réalisé par Grim sur PC à partir d'une copie fournie par l'éditeur.
Sur le même sujet :
Plateformes | PlayStation 5, Windows, Xbox Series X|S |
---|---|
Genres | Infiltration, tactique en temps réel, deuxième guerre mondiale, guerre |
Sortie |
9 avril 2025 |
Aucun jolien ne joue à ce jeu, aucun n'y a joué.
Réactions
Pas de compte JeuxOnLine ?
Créer un compte