Test de Ride 3 - La balade en roue libre

Le studio Milestone Systems, connu notamment pour son travail sur la série des MotoGP, a profité de son expertise pour s'orienter vers d'autres univers et notamment celui de la course de moto sur route avec la série Ride. Avec un troisième épisode sobrement intitulé Ride 3, les développeurs italiens nous proposent un jeu solide capable d'allier accessibilité et challenge.

 

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J'étais sur la route, toute la sainte journée...

Se balader les cheveux au vent, respirer l'air frais de la campagne irlandaise et tenter de ne pas se faire savater par une IA pas bien futée, voilà la promesse de Ride 3. Jeu de course sur routes, bien qu'il nous offre aussi tout un panel de courses sur circuits qui viennent tout droit de l'autre licence du studio, MotoGP, le dernier né du studio italien nous propose un contenu pléthorique et une diversité bienvenue dans un domaine où la concurrence ne se bouscule pas.

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Avec plus de 200 motos et une trentaine de circuits, incluant des variations, Ride 3 propose largement de quoi s'amuser et faire les foufous à 250km/h alors que les locaux de l'île de Man se demandent à quelle heure terminera tout ce boucan sur leur île paisible avant de partir pour une course de drag sur la Route 66, après une étape en Irlande du Nord pour la célèbre North West 200. En effet, c'est là que se trouve tout l'intérêt de Ride 3 : au contraire de son concurrent TT Isle of Man, qui se limitait aux célèbres courses de l'île britannique, le jeu de Milestone nous emmène aux quatre coins du monde pour des courses sur circuits, mais surtout pour des courses rurales, aux charmes très différents.
Difficile de ne pas se laisser séduire par ces difficiles, mais excitantes, courses dans des ruelles d'un village irlandais ou par le charme d'une balade sur la côte de Tenerife, d'autant plus que le jeu offre également sept catégories de motos aux spécificités bien différentes. Du charme de la Triumph Street Twin pour des balades dans l'ouest américain à la surpuissance d'une Kawasaki ZX-10R sur circuit, en passant par les curieuses motos électriques et la Supermoto KTM 450 en tout terrain, il y en a pour tous les goûts et tous les plaisirs.

Une diversité que l'on observe dans son mode carrière. Assez sommaire, il propose une liste de championnats à compléter, chacun pouvant être couru dans une des sept catégories de véhicules. Il s'agit la plupart du temps de courses classiques, de contre-la-montre ou de courses de point à point, mais parfois aussi de courses de drag. Il y a dans chaque championnat un certain nombre de médailles à obtenir, selon notre classement dans chaque course, médailles qu'il faut rassembler jusqu'à débloquer l'épreuve ultime de chaque série qui nous met aux commandes d'une moto spéciale. Un élément sympathique est à noter, la présentation des championnats sous une forme de magazine qui permet à la fois d'apprendre des anecdotes sur les circuits, mais également sur les motos que l'on utilise. Avant cela, il faut toutefois créer son avatar : un personnage féminin ou masculin que l'on choisit selon une liste de visages déjà créés, et que l'on habille selon nos goûts. L'intérêt ici est seulement visuel, mais on apprécie tout de même cette possibilité de personnaliser notre personnage.

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Il est également possible de participer à l'école de motos qui nous apprend à piloter chaque catégorie de véhicules et nous familiarise avec la physique du jeu. Néanmoins, soyons honnêtes, ces épreuves n'ont pas un grand intérêt tant le jeu est accessible et on aura une grande peine à subir toutes les épreuves alors qu'il n'y a pas de réelle récompense à la clé. 

Enfin, concernant le contenu, on apprécie également la possibilité de modifier les motos. Alors que la progression en carrière se fait par étape et grâce à l'argent gagné, nous permettant d'acheter une nouvelle moto suffisamment puissante pour la prochaine épreuve, il est aussi possible d'investir dans de nouvelles pièces de moteur, de suspension ou encore de freins pour améliorer les performances. Il est possible de passer du tout au tout, avec une moto peu puissante qui devient rapidement un foudre de guerre - sans pour autant changer de catégorie de véhicule. La personnalisation va même un peu plus loin puisque au-delà du choix de la livrée initiale fournie par le constructeur, la couleur ou même le style des rétroviseurs, il y a un éditeur de livrées qui permet à chacun de créer son propre design sur la moto. Fantaisistes ou reproductions de motos de course connues, ces livrées peuvent être partagées à la communauté, un peu à la manière d'un Forza, qui pourra les récupérer en un clic. Un choix intéressant et un outil franchement fonctionnel, qui permet déjà à la communauté de partager de nombreuses livrées plutôt bien foutues. 

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Cependant, Ride 3 n'est pas pour autant irréprochable sur son contenu. On aurait aimé un peu plus de circuits, notamment dans la catégorie des Supermoto où les pistes réellement dédiées à cette catégorie très spéciale se comptent sur les doigts d'une main. Pire, il n'y a que très peu de circuits en tout-terrain, réduisant largement l'intérêt de tels bolides. On peut aussi regretter un mode carrière qui manque un peu d'envergure, avec une répétitivité terrible ; il semble n'avoir comme intérêt que de nous faire découvrir chaque catégorie de moto une à une. Une fois fait le tour, on se contentera de disputer à nouveau les mêmes courses dans chaque catégorie, sans que les objectifs ne changent réellement. Il aurait par exemple été intéressant pour ce mode carrière de s'inspirer de celui de Driveclub et de ses multiples objectifs de temps ou de vitesse qui permettent de mettre un peu de piment dans les courses.

Physique et kamikazes

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Il y a un mais, et comme bien trop souvent dans les jeux de course, la faiblesse est la même : l'intelligence artificielle. À tendance suicidaire, celle-ci se fiche bien de votre position sur le circuit avec un pathfinding qui provoquera le plus souvent colère, ou rire par dépit. Attaquer un virage avec un troupeau de pilotes derrière nous est ce que le jeu propose de plus dangereux, avec des motos qui vont droit dans la votre, car l'IA estimait qu'il s'agissait de sa meilleure trajectoire possible et ce peu importe si vous êtes sur le chemin. Un élément douteux d'autant plus que le jeu tend vers la simulation ou, au moins, tente d'en donner le sentiment.

Le gameplay est en effet à mi-chemin entre l'arcade et la simulation, une description un peu bâtarde qui colle finalement à la plupart des "simulations" que l'on trouve aujourd'hui sur consoles et PC. Ride 3 applique une physique de véhicules plutôt intéressante et parfois proche de la réalité, bien qu'il existe quelques aberrations d'adhérence ou de survie à des dérapages franchement dangereux. Néanmoins, l'ensemble fonctionne plutôt bien et si jouer sans aide au pilotage propose un challenge satisfaisant, mais peu accessible, profiter des aides n'empêche pas de profiter des bonnes sensations que le jeu offre. L'impression de vitesse fonctionne plutôt bien, tandis que la vue casque offre des sensations plutôt sympathiques malgré un temps d'adaptation nécessaire pour saisir la profondeur de champ et la perspective dans les virages. 

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Cependant, là où Ride 3 s'en sort le mieux visuellement, c'est sur sa direction artistique parfois très surprenante. Il faut le dire, les textures sont parfois un peu crados, mais les balades dans la campagne irlandaise sont terriblement dépaysantes et le jeu parvient très bien à reproduire cette impression de liberté, en dehors du temps et des contraintes. Parfois, Ride 3 nous emmène même vers des ambiances bien plus éloignées et originales : je pense aux courses de nuit à Macao, avec ses buildings et néons qui reflètent sur les flaques d'eau, dans des courses en moto électriques et leur bruit tout droit sorti de Blade Runner. Une ambiance complètement improbable, quasi-futuriste, qui tranche complètement avec les courses sur circuit qui, elles, sont terriblement classiques et pauvres en mise en scène. D'autant plus qu'il n'y a pas de stands. Et si les courses de nuit ou sous la pluie sont plutôt réussies, on aurait aimé une météo dynamique, une des features les plus souvent mises en avant par les simulateurs de courses ces dernières années. Ici, il faut se contenter d'une météo statique avec ou sans pluie, de jour ou de nuit, sans jamais évoluer de l'un à l'autre, y compris dans les courses d'endurance.

Difficile enfin de ne pas évoquer le sound design, parfois très réussi et fidèle à la réalité, d'autres fois beaucoup moins. On sent un soin tout particulier accordé à certaines motos tandis que d'autres n'ont que des bruitages assez sommaires, mais notons toutefois qu'il y a une nette amélioration par rapport au précédent Ride.

L'enfer, c'est les autres

Le mode en ligne de Ride 3 tient ses promesses, notamment pour ce qui est de la stabilité et de  la latence. Peu d'incidents à signaler, au contraire : la quasi-totalité des courses que nous avons lancé en ligne se sont déroulées sans accroc technique, d'autant plus qu'il n'est jamais nécessaire d'attendre plus d'une minute pour trouver une partie.
Mais, et il y a toujours un mais, prenons le temps de parler des modes en ligne de jeux de course. Qu'il s'agisse d'une simulation comme Assetto Corsa ou d'un jeu plus accessible comme ce Ride 3, on constate qu'il est pratiquement impossible de trouver une partie en matchmaking aléatoire où les joueurs ont véritablement l'intention de réaliser une course propre. C'est-à-dire sans jouer des coudes et sans tenter de jouer au bowling dès le premier virage. Cette plaie propre aux multijoueurs de jeux de course trouvait ses parades dans les jeux de voiture : opposer une résistance en anticipant le coup de volant de l'adversaire, ralentir plus tôt qu'à la normale à l'approche des virages ou encore viser des trajectoires plus large. Toutefois, dans des jeux qui nous mettent au contrôle de véhicules extrêmement légers et volatiles, comme les F1 ou ici les motos, chaque contact aussi minime soit-il résulte en un vol plané mémorable. 

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Alors, si le mode en ligne de Ride 3 fonctionne sans mal, il est bien difficile d'y trouver le moindre plaisir à moins de trouver des amis avec qui se balader sur les routes de campagne d'Irlande. Les amoureux de trajectoires millimétrées et de courses propres et fluides ne trouveront en effet pas leur bonheur en partie rapide, se contentant alors des parties privées. Ride 3 est d'ailleurs très pauvre dans ses modes multijoueurs, puisqu'il faut se satisfaire d'un simple choix entre course rapide, sans pouvoir choisir en amont les paramètres de recherche, comme les aides utilisées ou les catégories de motos, et course privée où là, il sera possible de définir tous les détails d'une piste à parcourir entre amis. 

Notons en outre qu'il n'y a plus de multijoueur local.

Conclusion

Plein de bonnes idées en matière d'immersion et avec un contenu important, Ride 3 propose une alternative aux classiques jeux de course sur circuit avec une approche plus libre et détendue des courses de moto. S'il se révèle finalement assez proche des MotoGP dans ses courses traditionnelles, il révèle tout son potentiel sur les courses rurales où on n'hésite jamais à donner des coups d'accélérateur à l'approche des villages, histoire de réveiller tous ces braves gens. Malgré une relative pauvreté dans ses modes multijoueurs et un mode carrière qui tourne en rond, on se plaît à collectionner les motos et à leur apporter notre touche personnelle au travers de la modification de pièces et de livrées. Ride 3 est très certainement un bon jeu que l'on conseille sans mal aux amateurs de deux roues.

Test réalisé par Hachim0n à partir d'une version fournie par l'éditeur.

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Plateformes PlayStation 4, Windows, Xbox One
Genres Course, simulation, contemporain

Sortie 30 novembre 2018 (France) (PlayStation 4)
30 novembre 2018 (France) (Xbox One)
30 novembre 2018 (France) (Windows)

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