Test de Phoenix Wright : Ace Attorney Trilogy - Colombo x Suits x Bull = zéro Objection

Apparu initialement sur Game Boy Advance en 2001, Phoenix Wright Ace Attorney et ses suites sont sortis sur de multiples plateformes depuis lors et arrivent maintenant sur Windows, PlayStation 4, Xbox One et Switch sous la forme d'une trilogie regroupant les trois premiers jeux de la licence que sont Ace Attorney, Justice For All et Trials and Tribulations, déjà ressortie sur 3DS en 2014. Voyons comment s'en sort la version PC.

Titre

Turnabout Kezako

Pour ceux qui ne connaîtraient pas la licence, sachez que les Phoenix Wright Ace Attorney sont des jeux de type aventure textuelle : on avance d'écran en écran, on fait des allers-retours et on passe beaucoup de temps à lire.
Ce passage sur PC se fait en HD et est visuellement joli même si les dessins sont souvent assez épurés au niveau des décors.

Le jeu nous propose de jouer au choix n'importe lequel des trois titres, mais je recommande de les faire dans l'ordre, car au fur et à mesure des jeux, les Ace Attorney construisent une galerie de personnages hauts en couleurs et d'intrigues très cohérentes qui atteignent leur sommet avec Trials and Tribulations.

On note également que le premier Ace Attorney est plus simple dans ses mécanismes alors que les suivants apportent quelques nouveautés dans les façons d'enquêter et d'interroger les personnages, à l'exception du dernier épisode de ce premier jeu qui introduit plein de choses telles que l'observation en 3D des objets. En effet, cet épisode a été créé au moment de la sortie de la version internationale sur Nintendo DS, après Trials and tribulations, et est du coup l'épisode le plus varié et complexe de ces trois jeux.

Le portage est très propre : on peut jouer au clavier ou à la souris sans multiplier les clics et passer plus vite les textes. On peut également sauvegarder quasiment à tout moment, ce qui se révèle être pratique, mais aussi source de triche, car on peut alors reprendre une sauvegarde juste avant une erreur commise... mais c'est un jeu solo, donc chacun fera comme il le souhaite.


Turnabout Gameplay

On incarne (le plus souvent) Phoenix Wright, avocat débutant, qui doit défendre des cas qui semblent désespérés.
Chaque épisode se décompose en deux parties, l'enquête et le tribunal, avec plusieurs allers-retours entre les deux une fois les premiers épisodes - qui sont une forme de tutoriel - passés.

La partie enquête consiste à visiter divers lieux, à trouver des indices et à faire parler les personnages impliqués de près ou de loin dans l'affaire. On peut reprocher au jeu d'être trop dirigiste, car pour avancer il attend de nous qu'on trouve un indice bien spécifique ou qu'on ait une certaine interaction avec un personnage. De fait, il est impossible d'aller au tribunal sans avoir tout en main pour résoudre l'affaire.
Néanmoins, dans le deuxième et le troisième jeu le système de Psyche-Locks est intégré. Ce dernier signale des informations qu'un témoin veut cacher, mais qu'on peut lui faire avouer, ce qui permet d'agir sur les droits à l'erreur au tribunal : se montrer mauvais avec ces Psyche-Locks fait qu'on a moins de droits à l'erreur devant le juge.
Cependant, cela n'est que l'amuse-bouche du vrai point fort du jeu : les sessions au tribunal.

Elles consistent en une série d'échanges entre l'accusation, la défense, le juge et les témoins.
On écoute le témoin ou l'accusé,  puis on passe au contre-interrogatoire avec la possibilité d'insister sur certains points et surtout de présenter des éléments pour faire évoluer le procès dans le bon sens. Une jauge se vide quand on se trompe dans la preuve présentée, la baisse pouvant être plus ou moins élevée selon les cas, et quand elle arrive à zéro c'est le game over.

Dit comme ça, on pourrait penser que c'est aussi passionnant que la série Tribunal, mais heureusement on lorgne plutôt du côté d'Ally McBeal (quand la série était bien) du côté du rythme et de l'absence de réalisme.


The Fun Turnabout

Ce qui fait des Phoenix Wright des aventures textuelles passionnantes, ce sont leur qualité d'écriture et le rythme de leur déroulement.

À part le fait qu'on doit présenter des preuves pour soutenir notre défense, le système judiciaire des Ace Attorney ne cherche pas à être réaliste, car des pièces à conviction sortent de nulle part un peu tout le temps, un témoin peut avouer être le tueur et être condamné cinq minutes après que tout accuse votre client. Par contre, tout est très cohérent : il peut arriver qu'on bloque sur une façon de faire avancer l'affaire et qu'on essaye un peu tout, mais, le plus souvent, quand on trouve par hasard on se rend compte que c'était en fait très logique. On peut reprocher de temps en temps le fait que le jeu attende qu'on fasse les choses dans un certain ordre et on peut avoir la solution, mais ne pas penser à une petite étape à faire avant, mais c'est assez rare et surtout cela sert la narration. De plus, le juge est complètement influençable, les témoins reviennent dix fois sur leurs déclarations, les procureurs mentent, inventent et dissimulent... bon ok, il y a peut être un peu plus de réalisme que je ne le pensais.

Si les phases d'enquêtes sont plutôt calmes et permettent de cerner globalement l'affaire, les phases au tribunal sont un déluge d'informations et de retournements de situation.
Le moment où les personnages, extrêmement caricaturaux (mais dans le bon sens) et hauts en couleur, voient leurs mensonges démasqués et changent du tout au tout dans leur attitude est toujours très gratifiant et drôle, car ça arrive après des dizaines de minutes voire des heures de confrontation, soufflant le chaud et le froid.

Dans les meilleurs moments, on enchaîne les révélations de façon très logique d'autant plus que le puzzle prend forme dans notre tête et l'on se sent vraiment comme un avocat de la défense qui époustoufle tout le monde. Tout peut sembler gagné ou perdu quand surgit un "Objection !" qui relance tout.

Ceci est sublimé par l'ambiance sonore et surtout la musique qui rend la simple présentation d'une photo totalement épique, associée aux réactions démesurées des personnages.

Aussi, même s'il n'existe qu'une façon d'arriver à un verdict d'innocence pour notre client, on termine chaque histoire avec la sensation d'avoir participé à une aventure drôle et mouvementée.



The Mostly Perfect Turnabout

À sa sortie, le jeu n'est disponible qu'en anglais ; la traduction française est prévue pour cet été et gageons qu'elle sera de bonne facture vu qu'elle devrait reprendre celle qui avait été joliment faite sur Nintendo DS. On perdra alors les jeux de mots tels que Wright <-> Right <-> Wrong, mais on retrouvera l'attachant Dick Tektiv au lieu de Dick Gumshoe.

Si vous avez joué récemment à ces jeux Ace Attorney, cette trilogie sur des machines récentes n'a pas d'intérêt, des graphismes HD ne changeant rien à l'histoire et la rejouabilité quand les histoires sont encore fraîches en tête n'est pas un point fort de ce genre de jeu. Le côté dirigiste du déroulement pourra en rebuter quelques uns, mais en contrepartie on y gagne des scénarios recherchés.

Pour ceux qui ne connaissent pas, ou qui comme moi y ont joué depuis assez longtemps pour ne pas se souvenir précisément des histoires, y jouer ou y rejouer est un énorme plaisir. Il existe peu de jeux du genre des Ace Attorney, mais dans leur domaine, ils sont les meilleurs.

On a là trois jeux pour même pas le prix d'un et des dizaines d'heures d'amusement devant nous en espérant que les opus suivants aient le même traitement prochainement.

Testé par Aragnis sur une version Windows fournie par l'éditeur.

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Plateformes Nintendo 3DS, Nintendo Switch, PlayStation 4, Windows, Xbox One
Genres Visual novel, contemporain

Sortie 11 décembre 2014 (France) (Nintendo 3DS)
9 avril 2019 (France) (Windows)
9 avril 2019 (France) (Xbox One)
9 avril 2019 (France) (PlayStation 4)
9 avril 2019 (France) (Nintendo Switch)

Aucun jolien ne joue à ce jeu, aucun n'y a joué.