Test de Conan : Unconquered - l'effort minimum
S’il y a bien un héros qui a traversé les générations, c’est le plus célèbre des héros créés par Robert E. Howard : Conan.
Il apparaît pour la première fois dans « Weird Tales », un magazine américain spécialiste de Science-Fiction et de Fantasy, dans un numéro sorti en 1932, et a connu de multiples aventures sous la plume de son auteur original, mais aussi sous la plume d’autres auteurs au talent parfois très inégal. Une édition française, sortie en 2007 chez Bragelonne et qui orne fièrement ma bibliothèque, s’est dédouanée des écrits posthumes des auteurs ayant succédé à Howard et vaut vraiment le détour.
Néanmoins, si les livres sont la fondation des histoires de Conan, ce sont les multiples autres médias qui ont fait de Conan ce qu’il est aujourd’hui : une icône de la pop culture. Romans, films, bandes dessinées, comics, jeux de rôle, séries TV, téléfilms, dessins animé, jeux de société et, en ce qui nous concerne, jeux vidéo. Tant de supports qui permettent de mieux cerner l’univers d’Hyboria.
La licence pour le jeu vidéo
Funcom thésaurise évidemment ses droits sur la licence de Conan et a confié à Pétroglyph, les développeurs du jeu, la mission de créer un RTS dans l’univers de Conan ; c’est ainsi que Conan Unconquered a vu le jour.
L’action se passe d’ailleurs durant l’histoire d’un de ces médias alternatifs à la saga originale, à savoir la bande dessinée « Le Colosse Noir ». L’histoire nous place en plein désert. Conan y est mercenaire et se voit rapidement catapulté Seigneur du coin pour pouvoir résister à l’invasion.
Ce contexte est exploité dans ce RTS, qui n’est pas un RTS classique, mais plutôt un RTS classé « tower defense ». Très proche de They Are Billions (qu’on vous a présenté dans nos colonnes l’année passée), Conan Unconquered joue la carte de la défense : il faut protéger vos terres d’une invasion à grande échelle et survivre aux vagues d’attaques ennemies.
C’est donc un jeu de stratégie de survie qu’on a dans nos mains, à l’instar d’un Conan: Exile qui misait aussi sur la survie, dans un genre différent bien entendu.
Un RTS de survie proche de They Are Billions
Vous devez donc développer vos défenses. Pour ce faire, une multitude de possibilités s’offrent à vous. Des murs, des tourelles, des troupes… mais aussi des bâtiments de production, de recherche, de production. Il faudra bien réfléchir pour établir un ordre de construction qui vous permettra non seulement de vous développer, mais aussi de résister aux vagues qui vous tombent dessus toutes les X minutes. Il faut donc trouver un bon équilibre en développement et forces armées. Prenez du retard dans un et c’est le game over assuré.
Pour y arriver, vous avez un arbre de développement très clair et fourni, et il est nécessaire, car, c’est une des forces du jeu, les possibilités sont multiples : vous ne pouvez jamais tout faire en une mission et vous n’avez clairement pas le temps de tâter le terrain et encore moins de récupérer d’erreurs que vous acez pu commettre.
Vous avez le choix entre trois héros : Conan, Valéria et Khalanthes. Le premier encaisse et fait des dégâts de zone, la seconde fait plus de dégâts sur une cible précise, mais encaisse beaucoup moins bien, et Kalanthes est un support / soigneur pour vos troupes. Trois approches différentes, donc. Ces trois héros possèdent aussi des pouvoirs qui leur sont propres et qui se débloquent passé un certain cap de points d’expérience.
Pour ce faire, en même temps que développer votre base et vos défenses, il faut explorer la carte. Dans le mode campagne, ça apporte parfois quelques petits bonus (or, métaux) et de l’expérience lorsque vous éliminez des créatures qui rôdent dans les environs de votre base. En mode coop, c’est vital, avec des mini-boss qui sont indiqués sur la mini-map, vous offrant des artefacts lorsque vous en venez à bout. Il faut donc être multifonction pour affronter les difficultés du jeu.
5 missions pour la campagne
Les différentes missions, couvrant l’histoire du colosse noir, ne sont qu’au nombre de 5. C’est court, trop court. Néanmoins, elles sont bien dosées et ont une bonne marge de progression, mais il est évident que 5 missions pour une campagne, c’est ridiculement peu. Évidemment, avec une source d’histoire aussi vaste que celle de Conan, je ne doute pas de voir des DLC arriver (sûrement trop vite…) avec de nouveaux scénarios, mais c’est dommage de ne pas en avoir plus dès le départ. C'est aussi décevant de ne pas avoir un mode RTS classique pour jouer. Heureusement, le mode coopératif est là pour combler cet énorme manque de durée de vie du jeu.
En coopération, vous affrontez jusqu'à 20 vagues. Certaines constructions sont utilisées en commun, mais d’autres ne vous apportent des bonus qu'à vous. Par exemple, le bâtiment des recherches est commun. Même si c’est votre allié qui l’a bâti, vous pouvez lancer des recherches dessus aussi, mais évidemment, une à la fois, donc si votre allié a lancé une recherche, vous devez attendre la fin de celle-ci pour en lancer un autre. Par contre, pour l’or, le bois et la pierre, entre autres, le stock est personnel. Le contenu des vagues est annoncé un peu à l’avance donc vous pouvez facilement discuter avec votre allié pour établir une conduite générale et vous adapter en conséquence.
Préparez du temps lorsque vous lancez une partie. Pour en voir le bout, il faut affronter 20 vagues et, en temps réel, cela signifie plus de 2h de jeu. Aussi, si vous lancez une partie, soyez certain de votre disponibilité.
Effort minimum
La première chose qu’on remarque, lorsqu’on lance une partie, c’est que malgré le genre de jeu différent des prédécesseurs de la licence, on se sent tout de suite en terrain familier : plaines désertiques, sables, vent, faune et flore… et même ambiance sonore : tout nous rappelle l’univers de Conan. Et ce n’est pas qu’une impression. Lors de la discussion que j’ai eue avec un développeur du jeu, ce dernier m'a confié qu’ils ont reçu des ressources graphiques à intégrer dans leur jeu, qui avait été développés antérieurement. Personnages, visuels, musiques, …
De plus, le jeu n’offre de base que 2 héros sur les 3 existants, Kalanthes n'étant disponible que via un DLC… un fichu DLC day one… personnellement, je trouve cette pratique honteuse.
Par contre, dans les bonnes nouvelles, un petit apport cross-média est à noter. La bande dessinée du « Colosse Noire » est intégrée dans le jeu et donne un excellent contexte, une histoire de fond au jeu. Toutefois, je regrette que la bande dessinée ne soit pas traduite français, contrairement au reste du jeu. Cependant, ça instaure vraiment un contexte général qui est agréable.
Niveau visuel… ce n’est pas beau. Les animations sont nombreuses, certains effets sont réussis et s’intègrent même au gameplay (la tempête de sable, par exemple) et il y a de la vie un peu partout. En revanche, ce n’est pas beau… On peut zoomer avec la molette de la souris pour le constater encore plus : l’ensemble est assez grossier et nuit assez à l’ensemble.
Quelques soucis de pathfinding viennent encore gâcher un peu plus le tableau général.
Dommage, vraiment...
Ben oui, dommage… le jeu a un potentiel évident. Il est fun à jouer, mais il est court. C'est encore plus dommage pour moi qui adore cette licence, qui avait adoré Age of Conan, le MMO (moins Conan: Exile, mais c'est une question d'approche sur les jeux de survie qui sont aussi, pour moi, des jeux au service minimum...). Et qui est en plus féru de RTS en tout genre.
J'aurais voulu d’autres modes de jeu… j'aurais voulu une véritable campagne, tant celle qui est présente fait presque office de tutoriel. Des environnements de jeu différents… bref, j'en aurais voulu plus, beaucoup plus.
Surtout que le gameplay est vraiment sympa et l’équilibrage aux oignons, ce qui est assez rare pour le souligner. Une partie s’emballe vite, vous avez beaucoup de choses à penser, à gérer pour parvenir à réussir les missions, vous rencontrez beaucoup de difficultés et devez faire plusieurs essais pour arriver à maintenir une économie sur la longueur qui vous permet de vous développer afin de résister aux assaut de plus en plus puissants envoyés par le sorcier. Vous avez un aussi un côté compétitif : vos actions rapportant des points, vous pouvez les comparer avec les autres joueurs. Bref, vous n’avez pas le temps de vous ennuyer et c’est ce qu’on veut dans un jeu vidéo. Néanmoins, cette finition mal fichue gâche vraiment l’ensemble… Il faut dire que le jeu n’est en développement que depuis un an ; ils auraient dû prendre plus de temps et ne pas compter que sur le « nom » pour se faire une place.
Test réalisé par Seiei à partir d'une version fournie par l'éditeur.
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