Test de F1 2019 - En route vers la F1

Les années passent et se ressemblent, et dans un effort de renouvellement, Codemasters cherche les améliorations dans les détails. Si l'édition 2018 apportait son petit lot de nouveautés du côté du gameplay et de la physique, l'édition F1 2019 s'attaque au contenu en proposant pour la première fois le championnat de F2. De nombreux tours de piste plus tard, on admet volontiers les qualités de cette nouvelle édition.

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Retour vers le passé (pour les riches)

L'arrivée de la Formule 2 sur F1 2019 est un vrai événement. Dernière marche avant la catégorie reine, elle revit depuis 2017 et le nouveau championnat créé par la FIA. Avec des règles qui favorisent la qualité du pilotage, c'est-à-dire des véhicules aux performances et réglages identiques, c'est un championnat intéressant à disputer tant il est ouvert. Transposé au jeu vidéo, c'est l'assurance de pouvoir disputer un championnat avec des chances de jouer les premiers rôles peu importe l'écurie choisie. Alors, on doit avouer avoir passé un peu de temps dans le mode championnat qui permet d'y disputer, au choix, un championnat complet de F1 ou de F2. Un peu lassé par les écarts entre les écuries de F1 et la domination d'une poignée d'entre elles, la F2 est rafraîchissante malgré un gameplay qui ne change pas énormément. La puissance des F2 est moindre que celle de la catégorie reine, mais le pilotage s'avère finalement plus technique et plus dépendant de nos capacités, pour le meilleur et pour le pire. À noter toutefois : il s'agit des pilotes et de véhicules du championnat 2018 de F2, mais le jeu connaîtra une mise à jour gratuite pour inclure le championnat 2019.
Malheureusement, le mode carrière fait l'impasse sur cette catégorie : si on débute bien en F2, il ne s'agit que de disputer que les derniers tours d'une poignée de courses scénarisées où on construit notre rivalité avec un pilote que l'on retrouve plus tard en F1. Arrivé dans la catégorie supérieure, le jeu nous ramène à son mode carrière habituelle qui ne consiste qu'en un enchaînement de week-end de courses, entrecoupés par quelques interviews censées influencer notre popularité (mais franchement, ça n'influence pas grand chose), la dépense de points dans un arbre de recherches, le développement du véhicule afin d'écraser la concurrence et enfin quelques épreuves rétro à base de contre-la-montre et d'épreuves de dépassements à bord de bolides d'une autre époque. F1 2019 est donc très classique en solo, en reprenant à l'identique le mode carrière de l'année dernière malgré les quelques ajouts des débuts scénarisés en F2. C'était d'ailleurs une idée plutôt intéressante : si l'on n'a pas vraiment envie de passer une saison complète où le jeu décide arbitrairement de défoncer notre aileron avant pour appuyer notre rivalité avec un anglais un peu agressif (c'est vraiment ce qu'il se passe en début de carrière, oui), ce mode carrière aurait gagné à enrichir sa personnalité sans retomber dans le bête enchaînement d'épreuves. Une légère nouveauté toutefois : les pilotes peuvent enfin passer d'une écurie à l'autre, de quoi éviter la monotonie des saisons qui s'enchaînent avec les mêmes pilotes et écuries.

Les épreuves rétro viennent toutefois, comme tous les ans, apporter un peu de diversité avec la possibilité de se retrouver au contrôle d'une F1 vieille de plusieurs décennies. On aimerait toutefois trouver un peu plus de diversité dans les épreuves proposées, alors que le jeu se contente le plus souvent de nous balancer de simple tours de piste à bord d'anciens bolides. Une bonne idée, toutefois : cette année, Codemasters permet de revivre une série d'épreuves tout droit sorties de la rivalité entre Ayrton Senna et Alain Prost. Manque de bol, ce contenu se cache derrière l'édition "Légendes", plus chère, et n'est pas accessible pour les autres. À vous de voir si le contenu supplémentaire vaut la peine d'y mettre quelques deniers supplémentaires, mais on est assez triste de voir la licence F1 se tourner peu à peu vers ce type de pratique alors qu'elle évite en général de proposer du contenu supplémentaire payant (on te voit, DiRT Rally 2.0), en dehors de quelques éléments cosmétiques, comme des options de personnalisation du pilote. C'est d'ailleurs une des rares nouveautés de ce nouvel opus, quelques options qui permettent de modifier l'apparence du pilote (combinaison, gants, casque...) et une poignée de livrées à customiser appliqués aux véhicules en ligne. Rien de très passionnant compte tenu du nombre très restreint d'options proposées, avec des micro-transactions ici et là, mais les férus de personnalisation seront probablement satisfaits.

Le pilotage ne révolutionne pas non plus la série. Parfois fidèle et difficile à maîtriser une fois les aides désactivées - votre serviteur est toujours aussi nul à Monaco -, on n'est jamais à l'abri non plus de comportements étonnants du véhicule ou de largesses qui favorisent le spectacle. Des dérapages dont on sort indemne sans trop de mal, des virages coupés sans sanction (ou parfois des sanctions sans raison), des petits frottements contre les autres véhicules sans qu'il n'y ait véritablement d'impact (malgré la gestion des dégâts activée) ou des chicanes qui ne déstabilisent presque jamais, même en les prenant comme des bourrins, F1 2019 reste un jeu très accessible pour les habitués des jeux de courses. Les néophytes profitent toutefois d'une courbe de progression intéressante, d'autant plus que les nombreuses nuances du mode de difficulté (allant de 1 à 100) permettent de gravir les échelons petit à petit. Le tout avec comme d'habitude des circuits reproduits très fidèlement, toutes les licences officielles (pilotes, véhicules, circuits) et une gestion étendue des réglages et des stratégies de course.

60 secondes chrono

Une difficulté qui se révèle toutefois parfois mal gérée. La faute à une intelligence artificielle qui peine à entrer dans une nouvelle ère. Plus féroce que jamais, on ne lui reprochera pas de tenter des choses : il faut parfois batailler pour garder sa place tant elle se décide enfin à gagner sa place, à tenter des dépassements et à profiter de l'aspiration. Cependant, il faut aussi batailler pour rester sur la piste. En effet, l'IA a encore parfois tendance à suivre sans nuance sa trajectoire de course ou à tenter des dépassements extrêmement dangereux qui n'ont absolument aucune chance de passer sans dommage. Aussi, on se fait souvent tamponner par un pilote excité, voire on se fait sortir de piste, car l'IA ne voit pas qu'on arrive bien plus vite à côté d'elle, et les sanctions en championnat pour l'IA se font toujours rares. Il faut avouer que la situation est assez désolante quand on voit les progrès qui sont faits dans d'autres licences ; on pense notamment à MotoGP 19 récemment, qui a introduit un nouveau système d'IA, plus nuancée et futée sur la piste, et on commence à sérieusement s'impatienter devant le peu d'avancées en la matière du côté de la licence F1.

Codemasters a préféré se focaliser sur autre chose : l'aspect graphique du jeu. Il est indéniable que le jeu a fait un bon en avant du côté des effets de lumière ou de la pluie : jouer une course de nuit sur le circuit de Bahreïn se révèle du plus bel effet tandis que jouer sous des trombes d'eau à Monaco est autant un plaisir pour les yeux qu'une torture pour la concentration. Et l'ensemble fonctionne bien, F1 2019 nous mettant régulièrement devant de très belles scènes en se rapprochant de plus en plus de la réalité, surtout avec une modélisation quasi-parfaite des circuits officiels. Malheureusement, ces améliorations ont un coût : si l'édition 2018 améliorait les choses sur ce point là, l'aliasing et le tearing habituel de la licence fait son retour sur console avec un jeu qui peine à séduire de jour. L'aliasing est parfois très présent et particulièrement vilain, tandis que le tearing s'affole sur certains circuits (on le remarque notamment en Espagne ou à Monaco). 

Enfin, quelques mots sur le mode multijoueur. Difficile de s'étendre longuement tant il peine à se renouveler : aussi classique que cassé, le multijoueur souffre encore et toujours d'un netcode qui ne parvient pas à reproduire avec fidélité la précision d'une course de F1. Des véhicules qui se téléportent aux fantômes en passant par les trajectoires douteuses, il est bien difficile de se lancer dans une poursuite et un véritable affrontement à quelques mètres d'un autre pilote sans risquer de lui rentrer dedans alors que l'image nous laissait penser qu'on avait dix ou quinze mètres de marge derrière lui. Certes, quelques courses se sont plutôt bien passées, mais on n'est jamais à l'abri d'un raté et d'une latence qui vient foutre en l'air une course passionnante.

Conclusion

Hormis l'ajout de la F2 et quelques améliorations techniques - au détriment des performances -, F1 2019 est assez pauvre en nouveautés. Édition annuelle d'un jeu qui se porte déjà plutôt bien, c'est pour l'essentiel une simple mise à jour qui joue sur les détails pour convaincre. On aurait aimé toutefois que les développeurs passent plus de temps à s'interroger sur la qualité du netcode en multijoueur qui fait encore défaut, sur son IA qui n'apprend toujours rien et qui se contente de suivre une trajectoire quitte à tamponner tout le monde ou même sur son mode carrière qui tourne vite en rond et n'a pas grand chose de différent du mode championnat. En bref, F1 2019 est un bon jeu, mais Codemasters devrait commencer à se poser les bonnes questions pour que sa licence passe enfin à la vitesse supérieure.

Test réalisé par Hachim0n sur Xbox One à partir d'une version fournie par l'éditeur.

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Plateformes PlayStation 4, Windows, Xbox One, Xbox One X
Genres Course, contemporain

Sortie 28 juin 2019 (Monde)

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