Test de Langrisser I & II - C'est encore mieux maintenant
Dans les années 90, sur Megadrive, les Langrisser étaient des concurrents naturels aux Fire Emblem. Pas trop par chez nous vu que la migration en Occident s'est associée à un renommage en "Warsong" et que la série y a pris fin encore plus tôt qu'au Japon à la fin des années 90. Ressuscitée dans une version mobile de qualité malgré le format gacha (testée ici) en 2019, voici maintenant venir sur PlayStation 4 et Switch (puis un peu plus tard sur PC) un remake/remaster des deux premiers opus pour ma plus grande joie, ainsi que celle de ceux qui aiment le genre.
Une mise à jour de bon goût
Langrisser I & II n'est pas juste un portage de gros pixels sur nos consoles modernes, le studio Chara-Ani a fait les choses bien et, surtout, pour tous les goûts.
Que ce soit pour le design des personnages, la musique ou les zones de combat, on peut choisir entre la version originale ou la version remasterisée. Il est tout à fait possible de mélanger, comme par exemple jouer avec le nouveau design sur les anciennes zones avec les anciennes musiques.
Du coup, difficile de faire des reproches à la modernisation des personnages qui peut effectivement paraître générique, mais devrait mieux passer aux yeux des joueurs plus jeunes, le design original étant vraiment ancré dans son époque. On peut juste regretter que la représentation des unités sur la carte et pendant les combats reste la même quel que soit le choix fait et soit de la forme chibi character. Rien de choquant, c'est d'ailleurs assez mignon, mais j'aurais aimé que les développeurs déclinent aussi cet aspect en deux versions d'autant que ces personnages se détachent beaucoup du décor si on choisit de jouer avec les cartes au design 90s.
Du côté musique, la modernisation des thèmes passe très bien à l'oreille et souligne parfaitement les diverses phases d'une partie, à mon avis encore mieux que les thèmes originaux qui, même s'ils ne sont pas horribles à écouter, ont une sonorité plus électronique, d'époque finalement.
Pour terminer sur la partie réalisation, notons que les dialogues sont entièrement et qualitativement doublés en japonais.
Simple et efficace
Le titre s'ouvre sur une page d'accueil (dont le style ancien/moderne change aussi selon ce qu'on configure) qui nous proposera de jouer à Langrisser I ou II.
Dans l'absolu, il n'y a pas d'ordre à respecter pour l'histoire, le II ayant des personnages et une histoire inédits, mais je recommande de démarrer par le premier ne serait-ce que parce qu'il est plus simple et pose les bases de la série.
Le point commun entre les deux titres est le Langrisser, une épée créée par la déesse Lushiris, qui intervient dans les deux titres.
D'ailleurs, quel que soit le jeu lancé, c'est Lushiris qui apparaît en premier et propose un QCM dont les réponses modifient les statistiques de notre personnage de départ : par exemple, si les réponses données sont majoritairement agressives, l'attaque physique est augmentée. Pas d'inquiétude, il n'est pas nécessaire de chercher à optimiser cette phase ; il ne s'agit que de quelques points bonus. Ensuite, on peut choisir de démarrer en mode facile, qui nous donne plus d'or et de points de compétences : là, par contre, je vous conseille de refuser si vous souhaitez avoir un peu de challenge.
Une fois ceci fait, on arrive au menu de pré-bataille sans plus d'explications. Il permet de gérer nos commandants, d'avoir quelques informations sur le combat à venir, d'acheter ou de vendre des objets et bien sûr de lancer la prochaine bataille.
Ces commandants nous rejoignent ou nous quittent selon le scénario donc il est recommandé de ne laisser personne complètement en plan au risque de devoir aligner un commandant de bas niveau en fin de jeu alors qu'on a privilégié une unité qui nous a quitté.
Du point de vue gestion des personnages, on peut jouer sur quelques paramètres :
- arbre d'évolution de classe qui permet de se spécialiser et devenir de plus en plus doué dans un domaine.
- trois équipements modifiables (arme, armure et artefact).
- deux capacités spéciales à choisir parmi plusieurs disponibles selon les classes.
L'évolution de classe se fait à l'aide de points de compétence que l'on acquiert principalement en gagnant de l'expérience pour chaque ennemi vaincu, mais aussi quand le personnage est le MVP de la mission, titre honorifique basé uniquement sur le nombre d'ennemis tués ; les soigneurs le sont donc rarement.
Une fois le pré-combat fait, il est temps de se jeter dans la bataille.
Le tactical à l'ancienne... et c'est bien
Avant de démarrer le combat en lui-même, deux choses à faire.
Tout d'abord, choisir l'emplacement de départ de nos commandants si tant est que la mission le permette.
Ensuite, recruter des mercenaires. En effet, on ne joue pas seulement nos héros, mais aussi des unités qui les accompagnent uniquement sur la bataille à venir. Ceci demande de dépenser de l'or et si les unités varient selon la classe du commandant, on est aussi limité par le coût de ces unités. Coût assez prohibitif pour y réfléchir à deux fois avant de ne prendre que des alliés en armure lourde.
On pourrait choisir de ne recruter personne, mais ce serait aller à la boucherie, car vos ennemis ont eux aussi leurs mercenaires.
Et c'est là une grande force du titre : plutôt que de jouer des escarmouches comme dans un Fire Emblem avec juste quelques héros, on doit gérer plusieurs dizaines d'unités.
Gestion tout d'abord au niveau des choix : vais-je prendre des harpies volantes et rapides, mais fragiles contre les archers ou plutôt des unités au sol plus robustes, mais moins destructrices ?
Ensuite gestion sur la carte : on peut détruire ou se faire détruire ces unités une par une, mais si le commandant d'une escadre est tué, toutes ses unités disparaissent instantanément. Généralement, on essaie donc de tuer au plus vite les commandants même si parfois on peut choisir de faire durer pour emmagasiner l'expérience supplémentaire apportée par chaque unité vaincue.
Plus facile à dire qu'à faire vu que les commandants de l'IA savent s'entourer et profiter des soins apportés automatiquement à chaque tour par le commandant à son escouade.
Chaque unité a ses cibles préférentielles et un archer ne fait qu'une bouchée d'une unité volante à distance. Lors du pré-combat l'interface affiche les dégâts potentiels que recevront les deux unités, mais attention : ça n'est qu'un indicateur avec une part de hasard derrière et le résultat final peut varier de l'estimation. Néanmoins, il n'y a jamais d'aberration comme le oneshot improbable d'une unité à 100% de vie sur un critique à 1% de chance, si vous voyez quel titre je vise.
Ceci permet des batailles de grande ampleur même si du coup il est parfois fatiguant de devoir déplacer tout ce petit monde. Heureusement, les développeurs ont intégré la possibilité pour chaque escouade de suivre un ordre global ce qui permet d'avancer plus rapidement. Attention toutefois, l'IA peut faire des bêtises et il est recommandé de jouer manuellement si l'on est dans une phase tendue, d'autant qu'aucun retour en arrière n'est possible.
Pas de permadeath dans ce titre, les commandants mis hors de combat ne le sont que jusqu'au prochain chapitre et seul le scénario dirige quelle mort d'unité peut faire perdre la partie (le plus souvent, notre personnage principal doit toujours survivre... pas si facile vu que comme il est vite le plus puissant, il est difficile de le laisser en retrait).
Essayer, c'est l'adopter
À mes yeux, le jeu a peu de défauts. On peut citer l'absence d'une traduction en français qui gênera les anglophobes (à moins qu'ils lisent le chinois ou le japonais) ou encore le fait que les scènes de bataille ont un style particulier et peuvent lasser, mais on peut les passer à tout moment ou même les désactiver comme dans tout bon jeu du genre. Enfin, on peut regretter que les scénarios secondaires, accessibles en rejouant un chapitre d'une autre façon (révélée une fois la bataille terminée une première fois), puissent être source d'un farming d'expérience qui trivialise la fin du jeu, mais là c'est à chacun de voir comment il souhaite jouer.
Les Langrisser avaient bonne presse à l'époque et, dans cette version remasterisée, on peut lui faire le reproche d'avoir un gameplay daté. Mais c'est justement ça que j'ai apprécié dans ce titre : jouer à un tactical J-RPG rempli de personnages charismatiques avec un système de jeu simple, efficace et complexe. Quand d'autres titres aux trois maisons infligent des séquences de dating et d'événements répétitifs, la simplicité (seulement apparente) des Langrisser est une bouffée d'air frais.
L'histoire n'est pas en reste : non content de proposer une trame de base tout à fait correcte, divers chapitres comportent des embranchements selon certains événements dans des batailles. Encore discret dans le premier opus, ceci est beaucoup plus présent dans le deuxième.
Je recommande donc à tout fan du genre ce Langrisser I et II, car les jeux sont bons de base et que le travail de modernisation fait dessus est plus poussé et intéressant que certains remake qui se disent HD.
Et vous n'avez pas à me croire sur parole : une démo contenant les 3 premiers chapitres des deux Langrisser est disponible en téléchargement et permet de savoir si on accroche ou pas, donc pas d'excuses.
Testé par Aragnis sur Switch avec une version fournie par l'éditeur.
Sur le même sujet :
Plateformes | Nintendo Switch, PlayStation 4, Windows |
---|---|
Genres | Tactical RPG, fantasy, médiéval |
Sortie |
2020 (France) (Windows) 13 mars 2020 (France) (PlayStation 4) 13 mars 2020 (France) (Nintendo Switch) |
Aucun jolien ne joue à ce jeu, aucun n'y a joué.
Réactions (5)
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