Test de The Complex - Une réalisation impeccable

Développeur et éditeur réputé pour ses jeux narratifs en FMV, dont notamment Late Shift, Wales Interactive a sorti aujourd'hui sa dernière production, The Complex. Avec succès ?

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L'enfer, c'est les autres

Le Dr. Amy Tenant est employée par une grande société pharmaceutique, dans le but de mettre au point des nanorobots médicaux révolutionnaires. Quand une stagiaire de l'entreprise subit des symptômes anormaux, le Dr. Tenant est donc mandatée en urgence afin de trouver ce qu'il se passe. Ajoutez un ex lâche, un État totalitaire, plusieurs complots simultanés et enfermez le tout dans un laboratoire : voici l'intrigue de The Complex.

Sans être révolutionnaire, l'intrigue de The Complex est intéressante et tient bien en haleine, en tout cas pendant la première partie. Les différentes thématiques sont, en général, évoquées avec talent, sans tomber dans l'exagération ou le manichéisme.

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Ultra HD

La réalisation du titre est inattaquable. Les graphismes sont plus réalistes que ceux des meilleures jeux AAA, pour une raison simple : il s'agit d'un jeu en FMV, c'est-à-dire utilisant des prises de vues réelles. C'est un film interactif au sens le plus strict du terme. Dès lors, le jeu des acteurs est encore plus déterminant. Or, il est de qualité. La bande-son, quant à elle, accompagne parfaitement l'expérience du joueur.

Les mécaniques du jeu sont parfaites. Pas de QTE ou d'interactions désagréables, comme dans Erica : dans The Complex, l'action du joueur se limite à prendre des décisions. En supprimant toutes les mécaniques désagréables que conservent nombre de concurrents (Quantic Dream, Telltale, Supermassive Games, etc.), Wales Interactive livre donc une oeuvre que l'on déguste avec plaisir, sans aucun temps mort. Certes, les choix ont un temps limité, mais une option dans le menu permet de supprimer cette limite.

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En outre, le plus grand tour de force du jeu se révèle après la fin de la première partie : il est possible de passer les scènes déjà vues. Pas besoin, donc, de se refaire tout le jeu pour essayer de modifier le tout dernier choix. Il n'est pas possible de repartir d'une scène précise, mais même en revenant de zéro, on accède extrêmement vite au choix qui nous intéresse, grâce à la possibilité de zapper les scènes déjà vues.

Enfin, le jeu dispose évidemment d'une traduction française de qualité. Les voix sont uniquement en anglais, ce qui est bien sûr dommage, mais il est difficile de le reprocher à un jeu au budget modéré et disposant de sous-titres en 12 langues ; doubler le titre dans toutes ces langues aurait probablement représenté un surcoût gigantesque.

L'histoire sans fin

La première partie m'a pris 1h30. Cela peut sembler court, mais c'est une durée idéale, car on est pleinement immergé dans l'histoire : c'est le genre de titres dont on profite davantage si on ne doit pas s'arrêter au milieu et il aurait donc été difficile de faire beaucoup plus long.

Le jeu compte 9 fins différentes. Certaines reposent sur un certain choix à un moment donné, d'autres sur un enchaînement de choix distincts. Grâce à la possibilité de passer les scènes déjà vues, mais sans soluce, il m'a fallu au total environ 3 heures pour voir toutes les fins du jeu (débloquant au passage l'ensemble des succès). Cette exploration s'est révélée aussi intéressante que la partie initiale et la répartition de la durée de vie du titre (1h30 pour la première partie, 1h30 pour explorer les alternatives) me semble pertinente.

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En revanche, je suis plus partagé sur les choix. Certes, il existe quelques choix difficiles. Certes, quelques-unes des fins ne se produisent qu'en remplissant certaines conditions précises, ce qui est très agréable quand on y parvient. Certes, il est possible de tuer l'ensemble des personnages du jeu ou d'en sauver une grande partie. Néanmoins, l'intrigue est assez linéaire : sur les neuf fins, une seule peut survenir en cours de partie ; toutes les autres sont la conclusion d'une progression à 90% identique, quels que soient les choix effectués.

De même, à quelques moments du jeu, quelle que soit la décision prise par le joueur, l'action qui se produit ensuite est la même. Cela arrive rarement (quatre ou cinq fois dans l'aventure), mais c'est déjà trop. Cela met en lumière les limites du FMV : l'une des forces de jeux comme Detroit : Become Human ou Man Of Medan est leur prise en compte des choix minimes. Dans ces jeux en images de synthèse, si un personnage se blesse à un moment donné, sa blessure sera ensuite visible tout au long du jeu. Cela offre au joueur la possibilité de décider, même pour des détails. Dans un FMV, en revanche, chaque modification est coûteuse donc le joueur en arrive à décider de quelle façon le personnage se blesse, pas s'il se blesse ou non. Les cordes sont parfois bien visibles, ce qui est aussi dommage que frustrant.

Conclusion

En définitive, mon avis est assez positif sur le jeu. Techniquement, il est irréprochable et devrait servir d'influence à beaucoup d'autres développeurs. De même, l'histoire est intéressante et bien menée. En revanche, on ressent parfois un manque d'ambition, ou peut-être de moyens : The Complex est une excellente base et un bon jeu, mais il aurait été possible de le rendre encore meilleurs en ajoutant quelques passages, notamment d'autres fins intermédiaires, afin de le rendre moins linéaire.

Le jeu est disponible sur PC, Mac, PlayStation 4, Xbox One et Nintendo Switch au prix de 13€. Même si le titre aurait pu être meilleur, je le recommande chaudement à tous les amateurs de jeux narratifs, car cela demeure une très bonne expérience.

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Test réalisé par Alandring à partir d'une version fournie par l'éditeur.

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