Test de Destroy All Humans! - L'Amérique en péril

Piquant, le jeu imaginé par Pandemic Studios en 2005 faisait une caricature des États-Unis des années 50 soudainement en proie à une invasion extraterrestre. Quinze ans plus tard, c'est le studio allemand Black Forest Games qui reprend en mains la licence et offre un remake intégral du jeu tout en remettant son gameplay au goût du jour, de quoi se replonger dans un univers grinçant qui évoque autant la propagande militaire que Mars Attacks. 

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Dans le doute, c'est les rouges

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L'Amérique des années 50, son style rockabilly et la menace communiste agitée par tous les politiques du coin quand quelque chose va mal : un terrain de chasse parfait pour Crypto, un petit extraterrestre venu de la planète Furon où ses semblables ne survivent que grâce au clonage, à partir de cellules humaines dans lesquelles leurs ancêtres ont déjà planté leur ADN quelques siècles auparavant. Un prétexte au carnage, puisqu'on débarque sur Terre pour manger des cerveaux et griller tout ce qui bouge. Une excuse à des dialogues très rigolos et même si certaines blagues ont vieilli comme un panneau d'avertissement l'explique justement en préambule de l'aventure, d'autres sont toujours très en phase avec l'actualité en racontant une politique américaine en plein naufrage, au milieu d'élections durant lesquelles les candidats se mettent sur la tête en cherchant le complot étranger dans chaque événement. La menace communiste est ainsi un véritable running gag au fil du jeu, dont chaque mission permet de créer la Une du lendemain dans le journal du coin, dans lequel le gouvernement explique les faits et gestes de notre extraterrestre en répétant inlassablement que non, il n'y a pas d'extraterrestre, mais juste des attaques de ces vils propagandistes rouges. Caricatural, le jeu n'en reste pas moins grinçant en offrant une très jolie satire sur l'épouvantail communiste ou socialiste, sur le Midwest américain, les lieux de pouvoir à Washington ou encore la naïveté d'une Californie hors des réalités. 

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On traverse donc les États-Unis pendant une petite dizaine d'heures où, au gré des missions allant du carnage à l'infiltration (le plus souvent) grâce aux différents pouvoirs de notre "Furon", on découvre un monde à la direction artistique très réussie qui nous transporte véritablement dans cette époque lointaine. Pour accomplir notre objectif final, qui correspond plus ou moins à l'asservissement de l'humanité, le jeu met à notre disposition une poignée d'armes allant du blaster au courant électrique qui grille tout sur son passage, tout en n'hésitant pas à aller un peu plus dans la parodie entre l'extraction de cerveaux ou la sonde anale. Tout un programme qui permet de démonter un peu tout ce qui bouge, face à des humains - qu'il s'agisse de militaires ou de civils - qui n'opposent pas beaucoup de résistance. Côté pouvoirs, outre la télékinésie ou la possibilité d'installer un ordre dans la tête d'un humain pour le forcer à nous suivre ou à accomplir une action à notre place, on peut également sonder leur esprit pour connaître leurs savoureuses pensées ou carrément prendre leur apparence. Utile lorsqu'il s'agit de s'infiltrer sans être repéré, ce qui constitue l'essentiel des missions du jeu. On peut d'ailleurs regretter que le "carnage" ne représente finalement qu'une petite partie des missions, dans lesquelles il est souvent mieux récompensé de la jouer fine, même si le jeu nous laisse souvent la possibilité d'accomplir nos objectifs par la force. On est aussi dubitatifs face à des affrontements de boss pas bien passionnants, ni très nombreux, alors que le jeu brille plutôt dans ses autres séquences.

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Outre la campagne principale, le jeu propose de revenir sur les zones déjà explorées (une petite ville du Midwest, la côté californienne, la "Zone 42"...) pour y accomplir quelques missions secondaires ou simplement les parcourir librement. De quoi rallonger un peu la durée de vie du titre, mais surtout gagner de précieuses ressources pour améliorer notre héros. Si le nombre d'armes et de pouvoirs est assez réduit et se dévoile dans les premières heures du jeu, on peut tout de même améliorer le tout grâce aux ressources acquises dans les missions et ainsi faire évoluer nos armes et protections pour être plus efficaces. Le rayon destructeur de la soucoupe devient ainsi plus puissant, on peut améliorer le bouclier qui nous permet de survivre dans les cas les plus extrêmes ou encore agrandir nos chargeurs ou la portée des armes. S'il n'y a pas de révolution avec ces améliorations, elles ont au moins le mérite de nous rendre de plus en plus puissant, jusqu'à un point où les ennemis déjà peu résistants ne tiennent pas plus d'une seconde devant nos lasers. Le remake augmente d'ailleurs assez largement le nombre d'objectifs secondaires et améliorations déblocables.

Un petit pas pour l'homme, un grand pas pour nos yeux

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Aussi marquant qu'était Destroy All Humans!! depuis sa sortie en 2005, on doit bien avouer qu'il accusait son âge. Son gameplay un peu daté et ses visuels d'une autre époque ont, à la différence d'autres jeux, pas si bien vieillis. Alors, quel plaisir de voir débarquer ce remake qui prend les choses à bras-le-corps en refondant son gameplay et en apportant plus de souplesse dans la visée ou en permettant d'effectuer plusieurs actions à la fois (par exemple extraire un cerveau tout en tirant sur quelqu'un d'autre) ! Même si certains y verront un simple moyen de faciliter le jeu, cela permet de moderniser un jeu qui avait pris un sacré coup de vieux. Pour autant, le jeu ne corrige pas toutes les erreurs de son modèle, à commencer par le pic de difficulté un peu improbable sur l'ultime affrontement alors que l'on se balade dans le reste du jeu sans jamais trop souffrir d'opposition. Ce dosage de la difficulté n’entache toutefois pas l'expérience, puisque le petit extraterrestre reste toujours un plaisir à manipuler, malgré le nombre limité d'armes qui caractérisait le premier épisode en 2005. On aurait aimé que les développeurs revoient légèrement la copie en apportant plus de contenu de ce côté-là, mais à l'image du texte bien senti qui apparaît au tout début de la campagne pour nous préciser que le remake reprend le jeu tel quel malgré quelques scènes qui peuvent choquer aujourd'hui, les développeurs n'ont touché à rien de plus que les sensations manette en main et les graphismes, laissant le contenu tel qu'on l'a découvert en 2005. 

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Puisque oui, ce qui saute aux yeux avant tout, c'est la refonte graphique dont bénéficie le jeu. Rien à voir avec l'original, le remake de Black Forest Games en retient sa direction artistique, mais lui apporte des couleurs plus éclatantes, des personnages à l'allure un peu plus caricaturale encore et des explosions qui font bien plaisir. Avec un côté "cartoon" encore plus prononcé, le jeu insiste plus que jamais sur cette satire de l'Amérique et son combat perpétuel contre les communistes, cheval de bataille des héros américains que l'on croise ici et là et qui finissent tous par griller sous notre laser. Plus coloré, plus fin et avec des niveaux plus vivants, le remake est une pleine réussite sur le plan visuel en affirmant, encore plus, les qualités de la direction artistique de l'original. 

Conclusion

Aussi cinglant qu'il y a quinze ans, Destroy All Humans n'a jamais frappé aussi juste. Tout n'est pas parfait et quelques séquences sont particulièrement lourdingues, mais ce remake permet de revenir sur une histoire dans l'ensemble très rigolote qui emprunte beaucoup à Mars Attacks tout en bénéficiant d'un ravalement de façade qui lui fait du bien. Crypto est un véritable tueur qui ne pense qu'à une chose, faire un carnage, tandis que les personnages secondaires s'illustrent par leur idiotie. Le gameplay est efficace, facile à prendre en main et les différents pouvoirs donnent un vrai sentiment d’invincibilité pour accomplir notre mission : asservir le monde. 

Test réalisé par Hachim0n sur PC à partir d'une version fournie par l'éditeur.

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