Test de Relicta - Quand puzzle rime avec attraction et gravité
Nous avions découvert Relicta lors du Steam Game Festival de cet été. Un puzzle-game aux mécaniques prometteuses et qui semblait également doté d'une narration intrigante. Il est maintenant temps de jeter un œil au résultat final.
A Brave New Orbital World
L’action de Relicta prend place sur la Lune. Nous sommes en 2120 et la docteure Angelica Patel et son équipe occupe une ancienne base lunaire d’une compagnie privée ayant terraformé la surface de la Lune, entre autres avancées scientifiques et technologiques majeures. A l’origine de ces progrès, le Relicta, une étrange roche d’origine inconnue découverte sous la surface lunaire. Tout dérape pourtant alors que la fille de Patel est sur le point de la rejoindre. Patel est séparée de son équipe alors qu’une brèche dans le confinement du Relicta est détecté. Pour sauver sa fille, Patel va devoir découvrir les secrets qui se cachent derrière le Relicta. Ce qui va nécessiter de résoudre beaucoup de puzzles, car Relicta est avant tout un puzzle-game.
Fly me to the Moon
La base du jeu reprend un grand classique du puzzle-game avec des cubes que le joueur devra déplacer pour les amener sur une plaque à pression servant d’interrupteur pour une porte. La petite originalité du jeu réside dans la manière dont les cubes peuvent être déplacés. En effet dans Relicta, tout est affaire de polarité, ici symbolisée par les couleurs bleu et rouge. Deux couleurs différentes s'attirent, deux couleurs identiques se repoussent. Toute la mécanique de base du jeu est là et vous allez passer votre temps à attribuer des couleurs à des éléments selon que vous souhaitez les séparer ou les réunir.
De plus, les cubes utilisés lors des énigmes peuvent, d'une simple pression sur un bouton (le jeu se joue indifféremment au clavier/souris ou avec un pad), ne plus être soumis à la gravité, ce qui leur permet de flotter là où vous les laissez. Et donc de dériver dans l'air à la moindre impulsion, tels des ballons gonflés d'hélium. Ce n'est même pas une façon de parler, le comportement des cubes lorsqu'ils sont laissés à eux-mêmes après avoir été propulsés en l'air est parfois aussi erratique que celui d'un ballon. Je vous laisse imaginer ce que cela donne lorsque certaines énigmes s'articulent autour de ce principe. J'ai par exemple eu droit à un passage où je devais trouver un moyen de faire passer un cube par-dessus une barrière en le projetant depuis une plaque fixe avant de le faire rebondir sur le champ de gravité d'un autre cube. Ne faites pas ça chez vous. Je me moque un peu mais la réalité du jeu est qu’il m’est arrivé plus d’une fois de réussir une énigme non pas parce que j’avais réalisé la bonne séquence d’actions mais parce que le moteur physique m’avait donné un coup de pouce involontaire. Ou même de réussir certains puzzles sans savoir pourquoi, d’ailleurs.
Vous vous demandez peut-être aussi comment Relicta parvient à renouveler des mécaniques qui semblent finalement assez limitées. C'est effectivement l'un des problèmes du jeu. Une fois les deux premières heures passées et les principes de bases sur la manipulation et le déplacement des cubes appris, Relicta peine à renouveler sa boucle de gameplay. Pas que le jeu n'intègre pas de nouvelles mécaniques (barrières qui laissent passer le joueur mais pas les cubes ou les cubes mais pas le joueur, interrupteurs qui modifient certaines parties du puzzle, etc) mais on restera sur le principe fondamental consistant à amener des cubes (et le joueur) jusqu'à la sortie du niveau.
Rouge et bleu, comme chaud et froid
Au-delà de ces problèmes occasionnels, l’adjectif qui résume le mieux mon temps de jeu sur Relicta est « inégal ». Jouer à Relicta, c’est alterner entre des énigmes que vous allez résoudre en quelques minutes et d’autres qui vont prendre une heure. C’est passer d’une énigme dont le déroulement global vous apparaîtra clairement à une dont vous ne comprendrez la prochaine étape qu’en réalisant la précédente. Ce sont des énigmes où votre capacité de réflexion primera et d’autres où ce sera votre rapidité d’action. Et c’est aussi, parfois, une désagréable tendance à cacher un élément de la solution, comme la sortie ou l’action d’une plaque de pression lorsque celle-ci est placée dans une zone auquel le joueur n’a pas accès.
Non pas que les énigmes du jeu soient mauvaises, j’ai éprouvé plus d’une fois ce petit moment de satisfaction que ressent le joueur qui vient à bout d’une énigme compliquée au premier abord. Mais il faut aussi accepter que le jeu puisse être lassant dans ses petits défauts, comme le comportement parfois étrange de son moteur physique. On notera d’ailleurs que, comme c’est souvent le cas dans ce genre de jeu, les sauvegardes sont automatiques et ne se font qu’à l’entrée et à la sortie d’une zone de test. Un détail à prendre en compte quand les zones sont constituées de plusieurs sous-zones indépendantes qui peuvent ensemble vous prendre une bonne heure. Notez également que le déroulement du jeu est totalement linéaire, il est impossible de revenir en arrière si vous bloquez sur une énigme.
Walking on the Moon
S’il y a un point sur lequel on peut difficilement attaquer Relicta, c’est sur l’aspect visuel de ses extérieurs. Votre parcours vous mènera dans quatre environnements eux-mêmes divisés en plusieurs zones. On débutera le jeu dans une agréable forêt avant d’enchaîner avec un environnement plus hivernal pour poursuivre dans un semi-désert avant de terminer votre tour d’horizon dans une jungle tropicale. La majorité de ces environnements sont particulièrement réussis, au point que l’on regrette vite de ne pas pouvoir visiter un peu. Car le jeu regorge malheureusement de murs invisibles qui ne vous permettent pas beaucoup d’écarts.
Mais si les extérieurs sont réussis, la base qui fait office de hub central reliant les différentes zones est bien moins convaincante. Inutilement labyrinthique à mon goût, elle contribue à mon sens beaucoup à l’impression de manque de vie que l’on ressent durant l’ensemble du jeu. En effet, la majorité des interactions qu’aura Patel avec les autres occupants de la station se feront par audio (VO sous-titrée seulement), le plus souvent lors des transitions entre les différents puzzles du jeu. Comme on pouvait un peu le craindre, on finit par se détacher un peu du sentiment d'urgence qui devrait dominer lorsqu'on passe plus d'une heure sur une énigme sans que Patel ne réagisse. Pour le reste, la visite des différents environnements du jeu se fera le plus souvent avec pour seule compagnie quelques sons d’ambiance. Pas de musique dans les niveaux donc, celle-ci étant uniquement présente dans le menu principal du jeu.
La conclusion de ce test est finalement le reflet de mon périple sur la station Chandra tant les développeurs de Mighty Polygon livrent un produit final assez inégal. Relicta est à la fois une source de satisfactions et de frustrations, à la fois un jeu que j’ai aimé dans ses moments logiques et un jeu qui m’aura exaspéré dans ses comportements imprévisibles. C’est pourtant son prix qui fait pencher la balance. Pour un peu moins de 20 euros, on se retrouve avec un jeu globalement plus satisfaisant que certains de ses concurrents.
Test réalisé par Grim sur PC à l'aide d'une version fournie par l'éditeur
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Plateformes | PlayStation 4, Windows, Xbox One |
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Genres | Indépendant, puzzle, réflexion, futuriste / science-fiction, science-fiction |
Sortie |
4 août 2020 (Windows) |
Aucun jolien ne joue à ce jeu, aucun n'y a joué.
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