Test de Ary and the Secret of Seasons – Quand Ary rencontre Salty

Dans ma preview, j’avais qualifié Ary and the Secret of Seasons de “Zelda-like prometteur”. Aujourd’hui, je voudrais présenter toutes mes excuses à Nintendo et aux équipes ayant travaillés sur un jeu Zelda pour cette comparaison. Voici pourquoi.

20200812164643_1.jpg

Les 4 saisons, c’est la vie Valdi

Il y a bien longtemps, le royaume de Valdi fut menacé par un puissant magicien noir. Celui-ci fut vaincu par un héros de légende et enfermé dans une prison dont les gardiens furent dotés du pouvoir de contrôler les saisons. Telle est du moins la légende que la jeune Aryelle (ou Ary pour les intimes) rejoue régulièrement dans sa chambre. Mais tout change lorsqu’une étrange pierre rouge tombe dans le pays de Yule. L’hiver perpétuel qui régnait alors laisse la place à l’été et un phénomène similaire se produit dans les autres régions de Valdi. Une réunion des gardiens des saisons est alors organisée et Ary décide de prendre la place de son père comme gardien de l’hiver. Voilà qui marque le début d’une aventure qui mène Ary aux quatre coins du royaume pour y réunir les différents pouvoirs des saisons.

Dur la plage sous la neige
Un désert
Un moulin

Ary, une amie qui ne vous veut pas que du bien

Tout débute pourtant de manière prometteuse même si on sent quelques soucis lorsqu’on gratte la couche de peinture. En sa qualité de gardienne de l’hiver, Ary possède le pouvoir de lancer autour d’elle une petite sphère hivernale qui modifie l’environnement immédiat. Ce qui peut faire apparaître un pont de glace. Ou des plateformes qui permettent de grimper à des endroits autrement inaccessibles. Le jeu nous envoie dans un premier mini-donjon où se côtoient séquences de plateformes, combats et énigmes. On se met à croire à un bon jeu parce que c’est assez sympa comme mise en bouche. Hélas, ça ne le reste que durant les deux premières heures de jeu.

Le premier mini-donjon
Le premier mini-donjon

En effet, dès l’arrivée au dôme des saisons où les gardiens se réunissent, le jeu commence à sérieusement diminuer en qualité. Alors qu’on aurait pu s’attendre à une petite série de quêtes pour trouver les autres pouvoirs des saisons, il n’en est rien. Obtenir le deuxième est l’occasion d’affronter votre premier boss tandis que les deux derniers vous sont donnés en même temps un peu plus loin dans l’aventure. L’orientation du jeu change alors pour vous envoyer dans des temples bien plus longs, mais qui ne retrouvent jamais la qualité du petit temple de vos débuts. On s’y perd même un peu, à se demander où aller, que faire et comment progresser tant le jeu peine à vous montrer ce qu’il attend de vous. Prenez les pouvoirs des saisons par exemple. Celui de l’hiver fait apparaître de la glace, c’est assez logique. Les autres, c'est plus flou. Certains font apparaître de l'eau, pour mettre en branle certains mécanismes ou plus simplement pour nager jusqu'à une zone autrement inaccessible. Un autre peut faire grandir des lianes sur lesquelles vous pouvez ensuite vous déplacer. On a toutefois vite l'impression qu'au-delà du pouvoir de l'hiver, le jeu a manqué d'idées pour les trois autres, les rendant bien plus situationnels. Certes, une sphère de saison a parfois un impact sur les ennemis en combat, certains sont modifiés ou affaiblis lorsqu’ils sont exposés à une saison particulière. Tel monstre perd son bouclier tandis que tel autre disparaît tant que la sphère est active. Cela reste toutefois tellement anecdotique qu’on finit par ne même plus y faire attention.

Une saison en action
Une autre

Les combats, justement, ne relèvent malheureusement pas le niveau. De base, Ary possède une attaque classique et une contre-attaque que l’on peut placer après une parade. On ajoute une esquive sous forme de roulade et un saut (très flottant) que l’on peut transformer en double-saut pour les déplacements. Il vous est possible auprès d’un marchand de chaque zone d’améliorer divers aspects de cette partie du gameplay, comme les dégâts d’une attaque normale, celle d’un contre, mais aussi les dégâts de la fronde ou encore d’acheter une régénération de vie hors combat. C’est bien la seule utilité réelle de l’argent que vous trouvez dans les nombreux coffres du jeu, le reste étant surtout du cosmétique. Néanmoins, ces améliorations laissent également ce sentiment général de manque de clarté. J'ai ainsi pensé pendant un long moment que la régénération de vie ne fonctionnait simplement pas avant de découvrir qu'il fallait atteindre un seuil de santé minimal pour l'activer.

20200813032959_1.jpg

Il est pourtant difficile de ne pas être un peu affligé devant l'IA affichée par les ennemis. Ceux-ci ont une zone d'activité réduite : ils vous attaquent dès que vous vous en approchez et vous oublient dès que vous en sortez. Quitte parfois à se perdre en chemin. Ce qui vous laisse libre de les attaquer dans le dos avant de faire deux pas en arrière pour qu'ils vous oublient à nouveau. Ce n’est pas très fairplay, mais j'ai nettoyé un campement ennemi complet avec cette méthode. Plus sérieusement, le jeu n'a qu'une difficulté très relative. La fenêtre pour parer et contre-attaquer est en effet assez large. Les combats ne rapportant rien, vous pouvez aussi bien choisir de ne pas vous attarder et les esquiver en passant simplement en courant au travers des ennemis. Reste le cas des bosses. Ceux-ci sont pensés comme les énigmes du jeu et s’axent moins sur une difficulté brute que sur la compréhension de ce qui est attendu de vous et sur la mise en place d’une stratégie pour leurs infliger des dégâts. J’avoue les avoir trouvés souvent pénibles et bien trop longs pour y trouver du plaisir.

Pas de dance avec un boss

Une technique défaillante

Cependant, le mauvais bilan ne s’arrête malheureusement pas là. Ary and the Secret of Seasons est également à la peine sur le plan technique. Ary ne cherche pas un rendu réaliste, c’est assez enfantin et coloré et certains personnages flirtent avec l’absurde. Un trait que l’on retrouve dans certains dialogues à l’humour plus ou moins réussi (avec une mention à ce personnage qui discoure sur le fait que personne n’écoute jamais les dialogues des personnages secondaires dans les jeux vidéo). Malheureusement, si ces choix artistiques offrent parfois au jeu quelques réussites, l’impression générale reste assez tiède tant la proposition visuelle est bien trop souvent assez datée.

On a les gardiens qu'on mérite
Avouez, ils ont plus l'air idiots que dangereux

Une anecdote résume bien le problème. En début de partie, notre jeune héroïne affronte quelques hyènes dans son village natal dans le cadre du tutoriel des combats du jeu. Ary récolte durant ce combat une cicatrice bien visible sur le visage. Pourtant, la cicatrice est absente de la cinématique suivante et disparaît même définitivement vers la moitié du jeu sans véritable raison. Un simple détail ,mais qui est assez révélateur d’un jeu qui manque cruellement de finition et d'attention aux détails. Je reste aussi un peu songeur devant les quêtes secondaires qui apparaissent dans la première partie du jeu et qui ressemblent tant à un contenu abandonné en route qui encombre un peu plus votre écran.

Matrix ?

Il faut comprendre que la liste des doléances ne s’arrête pas là. D’autres choix laissent un peu sceptique. Je pourrais évoquer les sauvegardes manuelles qui ne vous replacent pas là où vous avez sauvegardé. Des points de réapparition qui vous placent au milieu d’un groupe d’ennemis. Des didacticiels envahissants qui ne vous rendent le contrôle du personnage que lorsque vous exécutez l’action qu’ils veulent vous montrer. Et une grande variété de bugs, comme des plateformes qui disparaissent selon l’angle de la caméra. Des bugs de collisions. Des PNJ souvent figés et clonés un peu partout. Des animations de chutes qui s’activent sans raisons. J’ai même eu droit à un passage sous la carte du jeu (un oob comme dirait les fans de speedrun) en activant un des pouvoirs des saisons. Je m’arrête là, je pense que vous avez compris l’idée.

Mon jeu prend l'eau

Ah, je n’ai vraiment pas ri

En général, j’essaie lors de mes tests de rester assez positif. Aucun jeu n’est totalement mauvais et il y a toujours l’une ou l’autre chose à laquelle se raccrocher. Dans le cas d’Ary, cette conviction a été mise à rude épreuve. Inutile de tourner autour du pot : l'addition est particulièrement salée et Ary and the Secret of Seasons est un beau raté sorti bien trop tôt. Si le jeu a quelques bons moments qu'il faut chercher du côté de ses puzzles, il est difficile de mettre de côté la débâcle que représente la partie technique et la frustration qui naît trop souvent du manque d'indications globales sur ce qui est attendu du joueur. Un jeu que je ne peux donc pas vous conseiller, à mon grand regret.

Test réalisé par Grim sur PC à l'aide d'une version fournie par l'éditeur.

Réactions (1)

Afficher sur le forum