Test de The Jackbox Party Pack 7 - In french please

Six mois après Quiplash 2 InterLASHional, Jackbox Games revient avec son septième pack de mini-jeux. Avec succès ?

5 pour le prix de 5

Comme ses prédécesseurs, The Jackbox Party Pack 7 contient cinq mini-jeux. Nous avons déjà présenté le concept de Quiplash à l'époque, donc nous nous concentrerons sur les quatre autres dans ce test.

The Devils and the Details est un mini-jeux semi-coopératif. En effet, les joueurs doivent atteindre un certain nombre de points en réalisant une série de missions, dont certaines exigent la collaboration de plusieurs joueurs. Une des missions demande par exemple à deux joueurs de réaliser une recette : l'un des joueurs a la liste des ingrédients sous les yeux tandis que l'autre doit les faire cuire. Néanmoins, chaque joueur accumule des points personnels et, en définitive, il n'y a qu'un seul gagnant. Il est donc nécessaire de coopérer, mais pas trop. Certaines missions particulières offrent même un bonus très important au joueur qui les exécutent, mais un malus à la note globale ; or, il faut impérativement atteindre un certain score collectif, sinon tous les joueurs perdent.

Troisième mini-jeu, Champ’d Up demande aux joueurs de dessiner des personnages répondant à certaines caractéristiques, comme "passer tout son temps sur Facebook" ou "être mignon." Les personnages créent par les différents participants s'affrontent ensuite, ce qui se traduit par un votre des autres joueurs.

Champ'd up

Dans Talking Points, Un joueur doit prononcer un discours sans s'arrêter. Légère difficulté : il découvre ce discours au fur et à mesure et celui-ci est entre-coupé d'images absurdes sélectionnées par un autre joueur. Il est donc nécessaire de s'adapter afin d'intégrer les images à son discours sans perdre le fil.

Enfin, Blather ‘Round demande à un joueur de faire deviner une personne, un lieu ou une chose liée à la pop culture. Pour y parvenir, il ne dispose que d'un nombre limité de mots présélectionnés, tandis que les autres doivent écrire en toute lettre ce qu'ils pensent avoir trouvé.

The Devils and the Details

J'ai pas compris

Entrons immédiatement dans ce qui constitue le problème fondamental du titre : il est uniquement en anglais. Or, il ne s'agit pas d'un jeu solo demandant uniquement une compréhension écrite, mais bien d'un titre reposant exclusivement sur les capacités linguistiques des joueurs.

Champ’d Up est le jeu pour lequel le niveau d'anglais est le moins nécessaire. Il suffit en effet de comprendre le thème, ce qui n'est en général pas très compliqué. The Devils and the Details l'est un peu plus, puisqu'il faut comprendre les consignes des différentes tâches, qui peuvent être plus complexes, le tout dans un temps limité. Néanmoins, cela demeure acceptable et accessible à des personnes ayant un bon niveau d'anglais (B2). Quiplash est d'une difficulté assez similaire, même s'il exige des joueurs qu'ils soient capables de faire rire avec des phrases écrites en anglais, ce qui demande une bonne maîtrise de cette langue.

Blather' Round

En revanche, Blather ‘Round et, surtout, Talking Points sont nettement plus discriminants. Le premier demande une excellente compréhension des nuances des différents mots pré-sélectionnés, afin de ne choisir que ceux qui sont les plus pertinents. Cela exige aussi que tous les joueurs aient cette même capacité, mais ce n'est pas le pire : le jeu étant pensé pour les anglo-saxons, toutes les références culturelles sont liées à cet écosystème. Ces références sont parfois connues en Europe (comme Narnia, Jennifer Lawrence ou Michel Phelps), mais on tombe aussi parfois sur d'obscures émissions américaines. Or, sans une pleine compréhension du sujet - de la part du joueur devant faire deviner, mais aussi de ceux devant deviner -, il n'y a aucune chance de réussir.

Talking Points est encore pire. Pour le concevoir, imaginez que vous jouez à Time's up. Tout à coup, vous ne pouvez plus vous exprimer qu'en anglais, mais toutes les autres règles (temps, droit de faire passer, etc.) demeurent les mêmes. Il est probable que vous passiez un très mauvais moment. Faire un Time's up dans une langue étrangère peut être un excellent moyen de pratiquer cette langue tout en s'amusant. Néanmoins, cela exige d'adapter les règles (prendre des mots plus simples, augmenter le temps, autoriser à passer plus souvent, etc.). Ici, on est face à un jeu pensé pour les personnes ayant l'anglais comme langue maternelle, dont les règles sont bâties autour de ce principe. Même une personne ayant un niveau C1 ne parviendrait probablement pas à réaliser les tâches demandées.

Le juste prix

La question centrale de ce test doit donc évoluer : elle ne doit plus être "est-ce que ce jeu vaut le coup ?", mais "est-ce que les rares mini-jeux qui me sont accessibles valent le coût ?" En effet, aussi sympa que soit Champ’d Up, par exemple, il ne justifie pas à lui-seul de payer 30€, tarif exigé par le jeu. En l'occurrence, le fait de proposer un pack est à double-tranchant : cela rend le tarif difficilement justifiable pour ceux qui ne sont intéressés que par quelques-uns des jeux de la compilation.

Quiplash 3

C'est d'autant plus dommage qu'après des années à ignorer le public étranger, Jackbox Games a sorti cette année son premier jeu traduit en allemand, en français, en espagnol et en italien. S'ils ne poursuivent pas dans cette voie, c'est que ce n'est pas rentable, non ? Le problème est plus compliqué. En effet, avec cette sortie, Jackbox Games nous a rappelé les meilleures heures d'Electronic Arts, qui justifiait son absence de support des consoles Nintendo en raison des faibles ventes de ses jeux sortis cinq ans après toutes les autres plateformes, vendus 60€ sans leurs DLC. Quiplash 2 InterLASHional avait toutes les raisons d'échouer :

  • Il était sorti des années auparavant en anglais, donc les fans européens du concept le possédaient probablement déjà.
  • Il est sorti en plein confinement, ce qui n'est pas génial pour un jeu reposant avant tout sur le multijoueur local.
  • Il ne contenait qu'un mini-jeu, alors que c'est via ses packs de jeu que Jackbox Games a connu son succès.
  • La traduction française - la seule que je puisse juger - était de mauvaise qualité.

C'est pour cela que je suis tellement déçu par cette version uniquement en anglais : si Jackbox Games avait voulu donner une réelle chance à ses productions de bien se vendre dans d'autres langues, c'était là une occasion parfaite. En localisant avec soin les cinq mini-jeux de cette version, le développeur américain aurait pu réellement juger du potentiel commercial de sa licence en Europe. Au lieu de ça, il nous offre une nouvelle version en rabais. C'est vraiment dommage.

Talking Points

Test réalisé sur PlayStation 4 par Alandring à partir d'une version fournie par le développeur.

Réactions


Personne n'a encore réagi. Soyez le premier.

Aucun jolien ne joue à ce jeu, aucun n'y a joué.