Test - Don't Forget Me oublie d'être mémorable

Découvert lors d'une démo nous présentant son gameplay un peu plus original que la moyenne, Don't Forget Me se présente maintenant devant nous en version finale. Réussira-t-il à se faire une place dans notre mémoire de gamers ?

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Se souvenir du passé

Don’t Forget Me nous plonge dans un futur dans lequel le cerveau humain s’est vu doter d’une puce lui permettant d’emmagasiner ses souvenirs. Se souvenir du passé pour mieux comprendre le présent et anticiper le futur, tel pourrait être le crédo de ce monde. C’est dans cet univers que Bernard travaille. Bernard est un copiste, un expert dans l’exploration de la mémoire, qu’il peut extraire des puces pour la sauvegarder sur un support externe. Lorsqu’il découvre une jeune femme amnésique nommée Fran sur le pas de sa porte, Bernard la recueille et lui propose de travailler pour lui. Cependant, le duo découvre rapidement un complot impliquant le gouvernement et la manipulation des puces de la population et doit choisir son camp.

Celui par qui tout arrive

Remember Me

Sur papier, le concept de Don’t Forget Me est plutôt intéressant. Nous sommes devant un jeu d’aventure fortement orienté narration dont la principale mécanique de puzzles, à défaut d’un meilleur mot, consiste à explorer la mémoire des patients de la clinique de Bernard. Cette exploration se déroule au moyen d’une interface assez austère représentant le schéma mémoriel que vous devez parcourir. Ce schéma est constitué d'une suite de nœuds correspondant à un souvenir précis. Pour accéder à un nœud, vous devrez découvrir le mot-clé qui lui correspond, à la manière d’un Her Story exclusivement textuel. Pour chaque nœud découvert, Bernard vous donne une petite description de la mémoire correspondante, ce qui vous permet de trouver le mot clé suivant pour finalement terminer le schéma en accédant au nœud le plus à droite. Ça a l’air compliqué comme ça, mais le principe est assez simple à comprendre en jeu. Point important, le jeu est disponible en français, pas parfait, mais lisible.

Schéma
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L’idée est plutôt bonne et demande d’accorder une véritable attention à ce qui ce se dit. Il m'est ainsi arrivé de me retrouver bloquer dès le début du schéma parce que je n'avais pas lu ce que le patient m'expliquait sur son souvenir. Encore mieux, certains patients disposent de puces protégées et certains mots clés activent ces protections. Vous basculez alors dans un autre schéma mémoriel pour lequel vous ne pouvez commettre qu’un nombre réduit d’erreurs avant d’être éjecté dans la mémoire, ce qui apporte un peu de difficulté. Toutefois, si le principe est assez original, il est aussi assez sous-exploité dans le jeu. Je ne l’ai utilisé que quatre fois (dont un tuto sur un chat) durant ma partie. Ainsi, vers la moitié du jeu, Don’t Forget Me bascule vers une forme plus traditionnelle du point&click où le personnage se déplace simplement dans une scène pour interagir avec des objets.

Une partie du jeu que vous pouvez ne pas voir
Une partie du jeu que vous pouvez ne pas voir

Le point technique

Sur le plan technique, le jeu cède à la mode des graphismes en pixel-art, ce qui fonctionne assez bien. Inutile d’espérer donc un menu d’options bien fournis, on reste sur du basique : réglages du volume, résolution, mode d’affichage et choix de la langue. On note également la présence d’un menu dédié à l’intégration de Twitch dans le jeu. On constate par contre que le jeu ne possède aucun réglage concernant les commandes : seul le clavier est supporté, votre souris ne sera donc d’aucune utilité, pas même dans les menus.

C’est un choix qui, s’il n’est pas gênant dans l’ensemble (on se déplace manuellement fort peu durant le jeu), alourdit tout de même un peu les phases d’exploration des schémas mémoriaux. Vu l’absence de méthode simple pour remonter une branche du schéma, le joueur n’a d’autres choix que de retaper le mot clé d’un nœud déjà connu. Avoir simplement la possibilité de se déplacer dans le schéma à l’aide des touches directionnelles par exemple aurait déjà bien fluidifié ces séquences de gameplay.

Non, toujours pas de souris
Non, toujours pas de souris

Histoire sans fin

Un point vient noircir le tableau : le jeu est terriblement court. J’ai ainsi mis à peine plus de deux heures pour arriver une première fois au terme de l’histoire, avec une fin tellement abrupte que j’ai pensé à un bug. En considérant que mes choix m’avaient bloqué l’accès à un pan entier du jeu, on considère que terminer le jeu de manière « normale » devrait vous occuper plus ou moins trois heures. Cela reste court. Notez que terminer le jeu une première fois débloque une fonctionnalité appelée « timeline » qui vous permet de rejouer chaque chapitre du jeu en définissant les différents choix qui conduisent au chapitre choisi. Utile pour tester d’autres options dans un chapitre précis sans se retaper tout le jeu. Ceci dit, vos choix semblent n’avoir aucun impact sur la fin de la partie. J’ai ainsi pu essayer chaque solution dans le dialogue final et toutes m’ont conduite à cette même fin toujours tellement peu conclusive qu’elle m’a laissée sur ma faim.

En vert, la voie que j'ai choisie
En vert, la voie que j'ai choisie

Le jeu m’a d’ailleurs déçu de manière plus globale sur son histoire. Le point de départ possède un beau  potentiel et ouvre la porte à quelques questions d’ordre moral sur la manipulation de la mémoire. Néanmoins, j’ai eu l’impression que tout cela restait en arrière-plan, tel un simple prétexte à une mécanique de gameplay. À l’image de l’amnésie de Fran, une personne sans mémoire dans un monde où tout le monde se souvient de tout, qui sert juste à présenter le monde du jeu au joueur. J’aurais aimé prendre une part active à la révolte des Oubliés plutôt que la voir se développer en arrière-plan. J’aurais voulu que mes décisions me mènent quelque part plutôt que sur un abrupte générique de fin identique quel que soit mes choix. C'en est à un point où j'ai découvert quel choix correspondait à ma réponse lors du dialogue final dans la Timeline après la fin du jeu.

Sauvez au moins la musique de ce bar
Sauvez au moins la musique de ce bar

Que reste-t-il de Don’t Forget Me une fois son générique terminé ? Un concept original, des graphismes réussis, une très bonne musique, mais surtout la déception d’avoir vu le jeu perdre de vue un élément essentiel : enrober tout cela d’une bonne histoire. Je suis désolé Don’t Forget Me, je risque de t’oublier très vite.

Test réalisé sur PC par Grim à partir d'une version fournie par le développeur.

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