Test de Total War : Rome Remastered - Il y a des classiques parmi les classiques
Si la franchise Total War a bataillé parmi de nombreuses époques historiques et licences, c'est l'opus Total War : Rome (2004) qui a droit à une version Remastered.
Parmi les jeux de stratégie, la franchise Total War se distingue par sa combinaison entre le tour par tour, la gestion et le temps réel pour les batailles. Du micro au macro, il n'y a qu'un pas éprouvé depuis les années 2000 par le studio Creative Assembly, racheté au passage en 2012 par l'éditeur Sega. Si la franchise n'a eu de cesse d'évoluer au fil de ses différents opus, la proposition est cette fois de revisiter un des jeux fondateurs, le classique parmi les classiques Total War : Rome. Le studio Feral Interactive s'est chargé de cette version Remastered, en se focalisant à la fois sur les graphismes, le gameplay et l'accessibilité, pour proposer un jeu presque aux goûts du jour.
Le contenu de Total War : Rome Remastered
Avant de rentrer dans le vif du sujet, je ferai juste un petit aparté sur le contenu de cette version. Total War : Rome Remastered englobe les extensions Barbarian Invasion et Alexander, ainsi Rome : Total War Collection -- sur PC uniquement -- pour ceux souhaitant pousser la curiosité historique jusqu'au bout. Au passage, les joueurs disposant de la version originale sur Steam peuvent acquérir cette nouvelle version à moitié prix jusqu'au 1er juin 2021.
Par rapport à la version initiale de 2004, les graphismes ont été améliorés pour permettre un rendu visuel en 4K, une prise en charge native des résolutions haute définition et une refonte des environnements, personnages et champs de bataille. Si l'on n'atteint pas les standards actuels de Total War, cela permet toutefois de profiter visuellement de Rome sans que cela pique trop les yeux. Les factions non jouables à l'époque le sont pour atteindre un total de 38. Une carte stratégique durant les batailles a également fait son apparition, alors que la caméra a plus de liberté de suivre correctement l'action au plus près. Le système de diplomatie a été revu, tandis que des agents marchands permettent désormais de renforcer l'économie de son territoire. Le mode multijoueur est multiplateforme, permettant aux joueurs PC, macOS et Linux de s'affronter.
En terme d'accessibilité, une série de modules d'aide améliorés a été ajoutée, comprenant un tutoriel remanié, un nouveau wiki consultable en jeu, ainsi que des conseils et bulles-infos durant les parties. Pour un nouveau joueur sur Total War, je ne peux que confirmer une entrée en matière en douceur; avec une campagne impériale victorieuse dès ma première partie. Plusieurs modes de difficulté viennent évidemment corser le challenge. En parallèle, le jeu propose une adaptation pour les joueurs daltoniens.
Jusqu'au bout de la nuit
Total War : Rome est typiquement un jeu de stratégie que l'on lance en début de soirée, jusqu'au moment où la lumière devient problématique. Alors, je précise bien que l'on peut paramétrer tout ce qui est vidéo comme habituellement, mais la lumière dont il est question est celle du jour apparaissant à la fenêtre après une nuit consacrée à une partie. En effet, un peu avant l'apparition d'un certain Jésus-Christ, il s'agit bien de s'imposer du bassin méditerranéen jusqu'à l'Oural avec l'une des factions de l'époque. Cela demande de s'impliquer dans une campagne de long cours, nécessitant d'étendre et gérer son territoire au tour par tour, tout en fracassant ses adversaires lors des batailles gérées en temps réel.
Du côté de Rome, on s'engage pour l'une des grandes familles souhaitant se distinguer parmi le chaos ambiant de la république, avec un Sénat imposant des missions jusqu'au moment fatidique où l'on dispose des armées et du soutien populaire pour devenir un tyran. L'argent est le nerf de la guerre, avec la nécessité de disposer d'une économie solide pour remplir les caisses. Le développement de chaque ville, via la construction de bâtiments et infrastructures, débloque des unités militaires plus puissantes, pour une population qui croît en parallèle des revenus. La prise d'une ville pose toutefois un dilemme, car il faut alors choisir entre une occupation contre un peu d'argent, asservir contre plus d'or et des esclaves répartis au sein de son territoire ou une extermination réduisant fortement la population.
Ce dilemme demande de s'inscrire dans une logique plus ou moins sur le long terme, car une ville récemment conquise conservant sa population sera difficile à combler de bonheur, générant des émeutes voire la perte de sa possession si la garnison n'est pas suffisante pour les mater. Des personnalités peuvent émerger avec le temps, que l'on peut mettre à la tête d'une ville en tant que gouverneur ou celle d'une armée en général. Si les unités militaires sont immortelles, le temps a une prise -- mortelle -- sur ces personnalités. Une ville permet de lever des armées, en les composant avec un savant mélange d'unités militaires dont la pertinence se vérifie lors des batailles.
On change de registre avec les batailles, qui se jouent en temps réel, quand on mobilise des centaines d'homme avec une facilité assez déconcertante. L'articulation entre l'infanterie, la cavalerie, les archers et quelques unités spéciales -- dont des chiens pour effrayer ses adversaires -- assure de grandes manoeuvres pour prendre le dessus sur son adversaire. Au passage, je vous glisse un lien vers la chaîne YouTube « Sur le champ » qui permet d'approfondir la question sur le plan historique. En parallèle de la campagne, Total War : Rome propose d'ailleurs de revivre des batailles historiques, un focus intéressant pour se jouer de l'histoire tout en évitant de trop s'éterniser devant son écran.
Les batailles ne sont toutefois pas le seul moyen de prendre le dessus sur ses adversaires, car des agents opèrent des missions pour influer différent sur le cours des événements. Les diplomates jouent de leur influence pour semer les conflits et miner les factions ennemies, établir des protectorats ou temporiser en cas de difficulté. Les espions obtiennent des informations précieuses ou assassinent les personnalités gênantes. Les commerçants, qui peuvent être gérés automatiquement, ont pour charge de générer des revenus supplémentaires. Le prix à payer est toutefois de patienter entre deux tours en suivant désespérément leurs mouvements.
La question du remastered
La refonte d'un ancien jeu est un moyen simple et efficace de produire de la nouveauté. L'industrie vidéoludique n'est pas la seule à s'adonner à cette pratique, signe d'un manque criant de nouvelles idées, mais permettant toute de même de mettre en lumière des classiques. Dans le cas de la franchise Total War, Rome a d'ailleurs eu droit à une suite en 2013 qui permet de tâter le terrain romain sans remonter aux calendes grecques vidéoludiques. Le choix de Rome pour une refonte peut donc se discuter, car il n'est d'ailleurs pas le plus ancien, malgré une aura certaine.
J'ai tout de même apprécié la découverte de la franchise Total War, en passant par un de ses titres fondateurs suffisamment retravaillé pour s'envisager aujourd'hui sans jouer uniquement sur la nostalgie. Alors, il doit être clairement en dessous des derniers épisodes de la franchise, mais il est -- je présume -- plus simple dans ses mécaniques et donc un bon moyen d'aborder cette dernière. Total War : Rome Remastered reste un jeu daté, mais c'est bien affiché dans son titre.
Test réalisé par Agahnon sur PC à partir d'une version fournie par l'éditeur.
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