Test de Backbone – L'affaire de la renarde fatale
Lancé suite à une campagne Kickstarter réussie, Backbone devait originellement sortir en 2019. C'est finalement ce mois de juin 2021 que le titre devient enfin disponible. Quels noirs secrets peut bien cacher cette ville aux habitants anthropomorphiques ?
Zootopia Noir
Vancouver, Canada. Ses habitants sont répartis entre les différents quartiers, chacun reflétant une classe précise. Ce sont les Singes qui dirigent et les carnivores ont su occuper les autres postes clés. Finalement, ce sont les herbivores qui sont le moins bien lotis, relégués aux taches ingrates. Cependant, ce système permet à tout le monde de vivre à l'abri derrière l'imposant mur qui protège la ville des dangers des terres désolées. Loué soit le Berger !
L'aventure commence alors que Howard Lotor reçoit sa nouvelle cliente, madame Green. Affaire classique pour un détective privé : le mari se comporte étrangement, il commet même peut-être un adultère, et la loutre veut des preuves pour le divorce. Le raton-laveur accepte le boulot et part dans la foulée dans le quartier de Granville afin de retrouver la trace de l'infidèle lascar.
L'enquête lui fait croiser le chemin de divers autres personnages : des loups de la finance (littéralement), un castor chauffeur de taxi, une ourse à la tête de la mafia locale, une lapine aux abois, une envoutante renarde…
Brand New Animal
Backbone se joue avec une vue sur le côté. On y dirige notre détective et interagit avec divers éléments du décor, toujours indiqués par une icône. Si un objet est ramassé, le jeu indique clairement quand il faut l'utiliser : inutile de tâtonner comme dans certains jeux point'n clic un peu old-school.
Néanmoins, la principale action que le joueur pratique est de parler avec les divers personnages. Plusieurs choix sont possibles selon comment on veut faire tourner la discussion : sérieux, insolent, agressif…
Malheureusement, on se rend compte au fur et à mesure de la progression que le choix n'est finalement qu'illusoire. Les multiples possibilités mènent rapidement au même point, et mal mener une conversation revient au même que de la finir avec brio. Les seuls moments qui ont ce qui s'approche le plus d'une difficulté, ce sont les phases d'infiltration. Toutefois, se faire surprendre ne fait que relancer la scène. Nous sommes donc plutôt sur du narratif que de l'énigme.
Forget it, Howard. It's Vancouver.
Donc si on ne joue pas à Backbone pour son gameplay, qu'en est-il de l'aspect artistique ?
Les graphismes, personnages et décors, sont en une très fine 2D. Du moins, en ce qui concerne les plans larges ; quand la caméra fait un gros plan, l'aspect a plutôt des allures de pixel-art.
L'ensemble est rehaussé de divers effets 3D : l'ombre des personnages, les effets de lumière, les reflets à la surface de l'eau… Tout cela s'assemble dans les scènes qui prennent place dans les rues, panoramas fourmillant de détails avec les passants et les voitures qui traversent l'écran, et les gouttes de pluie qui s'écrasent sur l'écran. Tout ceci donne un aspect vivant des plus agréables.
La musique n'est pas en reste : elles reflètent bien l'aspect film noir de Backbone. Quelques chansons parsèment même l'aventure ; certaines scènes ont alors un aspect poétique qui rappellent un peu les concerts de Kentucky Route Zero. Cependant, choix étrange, il arrive que certains dialogues soient complètement dépourvus d'orchestration. Alors que ces phases peuvent être un peu longue, le fait qu'elles ne soient ponctuées que par le clic des choix de dialogue les rend assez monotones.
Côté effet sonore, c'est correct. Aucune voix n'est présente, même si c'était le sujet d'un des paliers atteints durant la campagne de financement.
Reste l'histoire. L'aventure commence comme un pur film noir, avec son héros usé, un emblématique imperméable sur les épaules, son affaire d'apparence banale, de dangereux gangsters et des riches corrompus. Ce sera l'occasion de traiter de lutte des classes, d'éthique, de conspiration. Et diverses révélations mèneront notre détective toujours plus loin. Très loin : l'aventure prend même un étonnant tournant en cours de route. L'histoire pourrait décevoir certaines attentes, mais le tout n'en est pas moins intéressant.
Step aside, Butch.
Techniquement, c'est assez propre, si ce n'est un puzzle impossible à résoudre à la manette (mais jouable à la souris). Il y a aussi quelques faiblesses sur certaines animations ou transitions, ce qui est pardonnable vu le budget et la taille de l'équipe.
Le plus gros défaut qu'on puisse faire à Backbone est la taille de sa police de caractères. Cette dernière est terriblement petite, ce qui est gênant pour un jeu qui se repose autant sur la lecture de ses dialogues.
Le jeu est intégralement en anglais. Le niveau n'est pas bien difficile, mais il est toujours possible d'attendre la fin de l'été pour la traduction française (entre autres).
Ce sont enfin vingt-six trophées que le jeu vous propose de débloquer tout au long de ses cinq à huit heures de durée de vie.
Le jeu propose également des DLCs. La bande son, bien sûr, mais aussi un contenu nommé Words. Ce dernier est un document de cinquante-sept pages contenant le script de l'aventure entrecoupé d'anecdotes sur son développement.
Et si vous hésitez toujours, le prologue est disponible gratuitement sur les différentes plateformes.
Plus narratif que jeu d'aventure, Backbone reste une belle œuvre : graphismes soignés, musiques envoutantes et histoire étonnante s'allient pour raconter l'aventure poignante d'un détective raton-laveur.
Test réalisé sur PC par NeoGrifteR à partir d’une version fournie par l’éditeur.
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Plateformes | Windows |
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Genres | Point & click, contemporain, fantasy |
Sortie |
8 juin 2021 (Windows) |
Aucun jolien ne joue à ce jeu, aucun n'y a joué.
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