Test de The Forgotten City - Une aventure temporelle réussie / Mise à jour du 06.10.2021 : Test de la version Switch
Être un adepte du modding sur un jeu populaire peut mener à développer un jeu indépendant. Illustration avec Modern Storyteller pour qui le développement de The Forgotten City aura été un long voyage. Voyons cela ensemble.
Mise à jour du 06.10.2021 : Test de la version Switch par NeoGrifteR
C’est un fait qui ne cesse de se vérifier : la Nintendo Switch est un Eldorado pour les développeurs indépendants. Mais comment y porter son jeu quand on est une petite équipe d’une poignée de personnes ? En effet, n’est pas id Software qui veut, et d’autres ont déjà fait les frais de cet exercice risqué (comme Firewatch et ses ralentissements fréquents). Bien que le moteur Unreal soit officiellement compatible avec la console de Nintendo, les Australiens de Modern Storyteller ont fait un tout autre choix : rendre le jeu disponible via une solution Cloud, Ubitus. On installe donc un client dédié sur la console (70 petits mégas) et on peut se lancer dans l’aventure avec la même qualité graphique que sur un bon PC.
Pour ce qui est de la maniabilité à la manette d’un jeu à la première personne, c’est à la sensibilité de chacun ; la maniabilité manque toutefois un peu de précision quand il s’agit de viser un objet en particulier. Aucune fonctionnalité tactile, toute l’aventure se fait aux sticks et boutons.
Un pari réussi, donc ? Eh… Tout dépend de la qualité de votre réseau, en fait. Le jeu a été testé avec le wifi d’une 4K Mini branchée à de la fibre et l’expérience n’a pas été des plus agréables. La musique subit de fréquentes petites coupures et se mouvoir dans la ville oubliée se fait avec de nombreux ralentissements. Faire une rotation de la caméra est souvent un supplice pour les yeux. L’expérience est plus agréable en mode nomade (le fait de passer du 1080 au 720p ?), mais il arrive toujours des petites interférences ici et là. Comme le déroulement repose principalement sur le dialogue, cela ne rend pas pour autant le jeu impossible à jouer ; mais cela dégrade assurément l’expérience. Peut-être est-ce mieux avec une connexion filaire ? Après tout, le wifi de la Switch n’est pas réputé pour son efficacité. La question de la raison du choix de la Switch comme support afin de jouer à The Forgotten City se pose alors. Forcément, une connexion internet est essentielle pour jouer, ce qui exclut de sortir de chez soi avec (à moins de vider également la batterie de votre mobile en partage de connexion). S’il est possible d’équiper la Switch d’une prise Ethernet, option d’ailleurs native sur le modèle Oled, cela limite cependant le jeu à votre télévision. Si vous préférez jouer depuis votre lit ou les toilettes, il faudra compter sur une bonne connexion Wifi.
Un jour sans fin
Le jeu débute sur les bords du Tibre, près de Rome. Le joueur ne sait pas vraiment comment il est arrivé là. Près de lui à son réveil, une jeune femme l'encourage à se rendre dans les ruines voisines, à la recherche d'un archéologue disparu depuis plusieurs heures. Mais ces ruines ne sont que le point d'entrée d'une cité oubliée, cachée sous terre. Ses habitants, bien vivants, semblent provenir de l'Empire Romain. Aucun d'entre eux ne sait vraiment comment il est arrivé là et ils ignorent encore plus comment en sortir. Ils savent juste que la cité est maudite. En effet, le moindre crime d'un individu entraîne la punition de tous, qui sont transformés en statues d'or. Pour rentrer chez vous, vous devez percer les mystères de cette malédiction avant que quelqu'un n'enfreigne la règle d'or qui gouverne l'endroit. Avec comme seul avantage la possibilité de recommencer la journée encore et encore.
Ceci n'est pas un RPG
Vous le savez peut-être, The Forgotten City est une version retravaillée d'un mod de Skyrim. Toutefois, nous sommes ici bien plus proches d'un jeu d'aventure à la première personne que du RPG sauce Bethesda. Le jeu débute pourtant bien par une petite phase de personnalisation du personnage. Le choix du sexe du personnage et de la couleur de sa peau n'ont que peu d'influence. Inversement, le choix de votre passé a un impact un peu plus direct. Vous pouvez ainsi être un voleur (avec un bonus de vitesse), être plutôt bagarreur (avec un bonus de résistance aux dégâts) ou être passionné d'archéologie, ce qui vous donne quelques indices sur le monde. Aucun de ces choix n'est véritablement un incontournable, même si le bonus de vitesse peut être utile.
C'est dans sa construction que l'on ressent le plus l'héritage RPG du jeu. En effet, progresser dans le jeu vous demande de discuter avec la vingtaine d'habitants et, le plus souvent, d'accomplir une petite quête pour eux. Au-delà de découvrir leurs histoires, les assister vous aide à progresser dans la recherche d'un moyen de mettre un terme à la Règle d'Or. Ou pas, d'ailleurs. Plusieurs voies sont en effet possibles pour terminer le jeu, plus ou moins rapides et complexes. Ainsi, il m'a fallu un peu plus de 6 heures pour aboutir à la fin que les développeurs considèrent canon. Cependant, il semble parfaitement possible de trouver un moyen bien plus rapide de s'échapper de la cité sans chercher à découvrir ce qui se cache derrière la malédiction.
Le moindre mal
Il est d'ailleurs bon de noter que les personnages de la cité sont vraiment le cœur du jeu. Cette plongée dans cette société romaine miniature nous interroge sur la notion du bien et du mal. Au fil du jeu, nous croisons ainsi des personnages réduits au statut d'esclaves. D'autres sont poussés au suicide. Et nous voyons des habitants mentir, comploter ou menacer d'autres personnes. Le jeu place également le joueur devant ce genre de questions morales, parfois directement et parfois en vous montrant les conséquences de ce qui semblait être un bon choix.
I did it again
Évidemment, un élément essentiel du jeu consiste à gérer votre capacité à recommencer la journée. Le principe est simple : dès qu'un crime est commis, par vous ou par quelqu'un d'autre, les étranges statues couvertes d'or de la ville s'animent. Vous n'avez dès lors plus d'autre solution que la fuite. Direction le temple par lequel vous êtes arrivé en ville où un portail vous permet de revenir dans le temps. Et croyez bien que cette fuite risque de se produire plus d'une fois durant la partie. En effet, il est parfois nécessaire d'enfreindre vous-même les règles. Pour obtenir un objet dont vous aurez besoin et que vous devrez voler. Pour sauver un habitant pour lequel vous êtes arrivé trop tard. Ou simplement parce que vous avez fait un mauvais choix dans un dialogue.
Grâce à ce système, le joueur ne se sent pas bloqué par une mauvaise décision. Vous conservez vos connaissances et chaque objet que vous aviez acquis lorsque la journée redémarre. Les développeurs ont aussi été assez intelligents pour éviter le piège de vous demander de réaliser une journée parfaite. Vous rencontrez en effet très vite un personnage sur lequel vous pouvez vous décharger des missions que vous avez déjà accomplies lors d'une boucle précédente. Ceci dit, c'est là qu'on commence à toucher aux limites de la narration dans ce genre de jeu. Les habitants semblent en effet accepter un peu facilement qu'un parfait inconnu (pour eux) connaisse leurs histoires.
La mystérieuse cité d'or
Bien qu'il s'agisse d'un aspect facultatif, le jeu vous donne la possibilité de récupérer un arc pour faire face à quelques situations plus tendues. Ces combats sont malheureusement totalement ratés, la faute à une IA bien trop basique qui se bloque dans le moindre élément du décor. On sent que les développeurs voulaient plus mettre l'accent sur les interactions qu'offrent vos flèches plutôt que sur un véritable pan action. Cet arc n'est toutefois pas inutile. En effet, il vous ouvre plusieurs chemins et d'autres manières de terminer les quêtes du jeu.
La cité, bien que relativement petite, possède tout de même un certain nombre de lieux plus ou moins cachés ou inaccessibles. Il est même possible de ne pas mettre un pied dans certains endroits et de finir le jeu. De même, les personnages ont une boucle de déplacement durant la journée, ce qui donne un semblant de vie à la cité. Sur le plan technique par contre, The Forgotten City est assez inégal. Parfois très réussi sur certains intérieurs, parfois plus mouif sur certaines textures et zones. Modern Storyteller reste une petite équipe dont c'est le premier jeu, on ne leur reprochera pas trop certains choix peu inspirés (le design de la fin, notamment). Notez que l'intégralité des dialogues sont doublés (en anglais) et que le jeu bénéficie de sous-titres français.
Conclusion
Pour un premier essai, Modern Storyteller livre avec The Forgotten City un titre intéressant sur la forme comme sur le fond. En misant sur la réflexion et l'exploration plutôt que sur l'action, le jeu prenait un risque. Et il est évident que The Forgotten City ne convaincra pas tous les publics. Néanmoins, ceux qui aiment être confrontés à un mystère et qui accepteront de chercher eux-mêmes comment s'en sortir auront là un bon jeu à se mettre sous la dent.
Test réalisé par Grim sur PC à partir d'une version fournie par l'éditeur.
Sur le même sujet :
Plateformes | Nintendo Switch, PlayStation 4, PlayStation 5, Windows, Xbox One, Xbox Series X|S |
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Genres | Aventure, historique, mystère |
Sortie |
2021 (Nintendo Switch) 28 juillet 2021 (Windows) 28 juillet 2021 (Xbox One) 28 juillet 2021 (PlayStation 4) 28 juillet 2021 (PlayStation 5) 28 juillet 2021 (Xbox Series X|S) |
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