Test de Voice of Cards - Belle expérience
Annoncé en septembre, Voice of Cards: The Isle Dragon Roars est sorti fin octobre. Que propose-t-il ?
C'est différent
Si l'implication de Yoko Taro, créateur des séries Nier et Drakengard, est évidemment ce qui a le plus retenu l'attention, Voice of Cards est en réalité une nouvelle licence pour le moins originale. En effet, tout repose sur un système de cartes : les joueurs se déplacent sur elles, révélant de nouvelles zones, et s'en servent pour répondre aux quelques choix de dialogue. Outre son originalité, ce système profite à l'exploration, car il est facilement possible d'observer toutes les zones déjà dévoilées, faisant du jeu un monde ouvert très agréable à parcourir, surtout que le level design récompense en permanence les détours.
Si le fait de se déplacer sur des cartes peut rappeler Hands of Fate, Voice of Cards n'est pas un rogue-like : c'est un jeu d'aventure classique, à l'histoire linéaire - il y a certes plusieurs fins, mais celles-ci ne divergent qu'au terme du dernier combat. De plus, les combats sont au tour par tour et les compétences fixes. Ainsi le joueur incarne une équipe de trois personnages, dont l'ordre d'action est basé sur leur vitesse. Lors du tour d'un personnage, celui-ci peut utiliser une compétence (parmi quatre), dont le coût varie en fonction de sa puissance. C'est là, en effet, une autre des particularités du jeu, rappelant notamment Bravely Default : le système de gemmes. Les différentes actions coûtent d'une à cinq gemmes, chaque personnage en obtenant une au début de son tour. Ainsi, il est possible de toutes les utiliser ou au contraire de les économiser pour lancer une attaque dévastatrice. Ce système est simple, mais très efficace et stratégique, forçant à faire des choix.
En outre, si le titre est visuellement minimaliste, il compense en soignant tout le reste : la direction artistique est magnifique, la bande son du jeu est au même niveau et le narrateur, omniprésent, joue très bien son rôle. Les cinématiques de début de chapitre sont à ce titre particulièrement réussies, en dépit de leur simplicité (une musique et des cartes défilant sur un fond noir), preuve qu'il ne faut parfois pas grand-chose pour accomplir de grandes choses.
En somme, Voice of Cards se démarque vraiment par son originalité, qui se remarquait déjà dans la première bande annonce du titre et se confirme en jeu. C'est un titre différent, ce qui suffit à rendre l'expérience intéressante.
C'est pareil
Cependant, en grattant un peu le vernis, on s'aperçoit rapidement que si son apparence est originale, le jeu est un JRPG extrêmement classique dans ses mécanismes. En effet, il propose des rencontres aléatoires, même si un système de téléportation vers les zones déjà vues limite son impact. Cependant, ces rencontres aléatoires sont quand même dommage, car elles empêchent de profiter de la richesse stratégique. Si l'équipe ne peut se composer que de trois personnages, chacun équipé de quatre compétences, il est possible de modifier les compétences (chacun en ayant au total huit de disponibles) et la composition de l'équipe. Avec des rencontres fixes, cela aurait donné lieu à d'intéressantes réflexions stratégiques : quel personnage choisir face à tel adversaire ? Quelles compétences lui mettre ? Au lieu de ça, j'ai passé la grande majorité de mon aventure avec les mêmes personnages, équipés des mêmes compétences, à de très rares exceptions près, car ils étaient plus polyvalents, ce qui est nécessaire quand on est attaqué par des ennemis inconnus tous les trois pas.
De même, l'aléatoire est omniprésent en jeu. En effet, les compétences ont des chances de toucher ou de réaliser des coups critiques, qui ne sont indiquées nulle part. Les dégâts sont également déterminés par le hasard et il en est de même pour les altérations d'état. Enfin, comme si cela ne suffisait pas, certains combats incluent la présence "d'aléacartes", apportant des bonus ou des malus aléatoires lors de chaque tour de jeu. Le jeu n'est pas très difficile, mais il repose souvent sur la gestion de l'aléatoire plus que sur la stratégie réelle.
En outre, si l'histoire a quelques réels bons moments, elle est aussi assez prévisible, exploite les clichés et se montre très manichéenne, alors qu'elle pourrait aisément apporter davantage de nuance. De plus, comme dit plus tôt, elle est en réalité très linéaire : le seul choix qui a de l'importance est celui qui intervient à la toute fin du jeu et il n'a aucun intérêt, pour des raisons que je ne peux détailler sans spoiler.
C'est... mal fini ?
Plus globalement, Voice of Cards souffre d'un tas de petits défauts montrant un manque d'attention au détail. Exemple tout bête : pour quitter le jeu, il faut ouvrir le menu, appuyer sur un bouton, cliquer sur "autre", puis sur "autre" (oui, il y a deux onglets avec le même nom) et enfin sur l'option dédiée. C'est inutilement long et peu pratique. De même, lors d'un combat de boss, il n'est pas possible d'abandonner pour charger une sauvegarde : il faut attendre la fin du combat pour pouvoir le faire.
En outre, pour un jeu reposant autant sur sa direction artistique, on aurait pu s'attendre à davantage de soin concernant les personnages. Au lieu de ça, le nombre de portraits uniques est très réduit ; la grande majorité des PNJ ont juste des portraits génériques ; ainsi, chaque maire de village a exactement la même apparence. Le jeu compte moins d'une centaine de personnages, en comptant chaque PNJ, et pareil pour les monstres. Il était si coûteux de proposer une illustration originale pour chacun ?
Cependant, le plus déstabilisant est le manque de coordination entre les traductions anglaises et françaises. Le jeu étant doublé dans seulement deux langues - l'anglais et le japonais -, j'ai choisi la première option, étant donné que c'est la seule des deux langues que je comprends. Le doublage est vraiment de bonne facture, donc il y a peu de raisons de ne pas opter pour cette version si on ne parle pas japonais, surtout que la dimension narrative est prépondérante dans le jeu, comme indiqué plus tôt. Toutefois, les personnages ont été traduits différemment dans les versions anglaises et françaises du jeu. Ainsi, une des protagonistes s'appelle "Melanie" en anglais et "Onyxa" en français. Cela donne vraiment un sentiment étrange et désagréable, particulièrement dans un jeu aussi bavard. Je me fiche un peu du nom donné à ce personnage, mais ne pouvait-il pas avoir le même dans les deux langues ?
C'est sympa
Voice of Cards a donc des défauts assez nets, mais aussi des qualités qui le sont tout autant. Dans ce style rétro et minimaliste, confirmé par son prix (une trentaine d'euros), il offre une bien meilleure expérience que d'autres jeux de Square Enix, comme Bravely Default, Octopath Traveler ou les titres de Tokyo RPG Factory. C'est un jeu qui n'exploite pas son plein potentiel, mais demeure agréable et dispose d'une longueur idéale (entre 13 et 15h, davantage si vous désirez chasser les succès). Un jeu sympathique, que j'ai apprécié, mais qui n'est pas un immanquable, donc.
Test réalisé par Alandring sur PC à partir d'une version fournie par l'éditeur.
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Plateformes | Nintendo Switch, PlayStation 4, Windows |
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Genres | Aventure, fantasy, médiéval |
Sortie |
28 octobre 2021 |
Aucun jolien ne joue à ce jeu, aucun n'y a joué.
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