Trop long aperçu d'Elden Ring - Le plaisir des préliminaires avant le mariage

Dernier né de l’esprit torturé de Hidetaka Miyazaki, à qui l’on doit les Demon’s Souls, Dark Souls, Bloodborne ou encore Sekiro, Elden Ring est censé représenter la nouvelle évolution du genre, celui des Souls, qu’autant de joueurs adorent et détestent. S’affranchissant des limites du level design, certes inspiré, mais étriqué, cette nouvelle œuvre cryptique ouvre en grand les portes du monde ouvert et en profite pour rendre son gameplay plus accessible à défaut de rendre le jeu plus facile, ce qui ne manquera pas de ranimer le douloureux débat de la difficulté accompagnant chaque sortie d’un jeu de FromSoftware. Mais trêve de bavardages et passons aux choses sérieuses.

Avant d’aller plus loin, je tiens déjà à vous prévenir que mon objectivité sera quelque peu bousculée par le fait que je suis fan de la série des Souls. Par conséquent, et même si je vais essayer de conserver l’esprit le plus critique possible, il m’arrivera très probablement de paraître optimiste sur des points pour lesquels certains d’entre vous émettront des craintes. Car c’est aussi ça un Souls : la confrontation entre plusieurs visions du jeu vidéo et son appréhension par le plus grand nombre, ou non dans le cas présent, car coupons court aux attentes, Elden Ring ne chamboulera pas les habitudes, au mieux il les poussera du bout du doigt, et nombreux seront ceux qui jetteront leurs manettes de rage.

Mais commençons notre voyage au travers de cette première partie du monde de l’Entre-terre où notre Sans-éclat devra relever les défis les plus périlleux pour accomplir son destin le liant au Cercle brisé d’Elden. Au lancement de cette phase de test, le thème du menu principal nous met tout de suite dans l'ambiance. Exit la musique d'ambiance angoissante voire dérangeante et place aux percutions, aux cuivres, à l'épique, au martial tout en conservant une touche de mystérieux et même de ténébreux. Yuka Kitamura, que l’on retrouve derrière la musique du jeu, semble déjà vouloir trancher avec les précédents Souls. Premier signe d’une révolution à venir ? Nullement et les premiers sons de l’interface rappellent que l’on est bien sur un Souls, un peu trop diront certains, mais j'y reviendrai. Vient alors le choix du personnage, ici réduit à un simple choix de classe et de sexe, mais on devrait retrouver le classique menu de création pour la sortie. Parmi les classes disponibles, nous avions accès au Prophète usant de la foi pour lancer des incantations (équivalent des miracles), au Guerrier dont les compétences et statistiques en font davantage un rôdeur, au Champion que l’on pourrait comparer à un paladin avec ses incantations, au Chevalier enchanté semblable à un mage guerrier pouvant utiliser des sorts et au Loup sanglant combattant au corps à corps avec son épée large et son bouclier. Gardez tout de même en tête que la version finale proposera sûrement davantage de classes et celles-ci n’ont d'intérêt qu’en début de partie, essentiellement pour l'équipement et les compétences de base. Par la suite, et comme dans tous les Souls, ce sera à vous de décider comment faire évoluer votre personnage et rien ne vous empêchera de dévier de trajectoire en favorisant d’autres statistiques parmi les grands classiques force, dextérité, endurance, foi, intelligence et j’en passe.

Après avoir sélectionné la classe Loup sanglant, afin de me faciliter la vie pour un premier contact - terrible erreur de jugement -, voilà mon personnage transporté dans… une grotte sombre et coupée du reste du monde par une lourde porte. Rendant volontairement le joueur claustrophobe, cette première très courte zone sert du tutoriel - totalement optionnel -, pour apprendre les commandes de base du jeu et ainsi vous préparer à défier ce qui vous attend derrière la porte. Les joueurs de Souls retrouveront très rapidement leurs marques, puisque le gameplay n’a pour ainsi dire pas changé. Les boutons de tranche de la manette servent toujours à frapper, bloquer, parer en fonction de votre équipement, la croix directionnelle permet encore de changer d’arme, de magie et d’objet et il en va de même pour le bouton d’esquive / course ou celui d’utilisation des consommables. Bref, FromSoftware s’est évité un travail de fond, préférant conserver un gameplay éprouvé - au point d’avoir été maintes fois repris par d’autres développeurs -, et bien assimilé par les joueurs. Toutefois, quelques ajustements ont été faits aussi bien pour s’adapter au monde ouvert qu’à la volonté de rendre les combats plus accueillants pour les nouveaux joueurs. Ainsi, et pour la première fois dans un Souls, le saut possède son bouton dédié, ce qui vous permet de sauter comme bon vous semble. Cela peut vous sembler évident, mais auparavant le saut était lié au bouton de course et d’esquive, ce qui en faisait une action très secondaire, pas toujours évidente à placer et surtout responsable de nombreux accidents. Le saut dans les Souls était catastrophique, mais cela importait assez peu puisqu’il n’était que rarement utilisé. Seulement voilà, Elden Ring et son monde ouvert changent la donne et pour favoriser l’exploration, il fallait que le saut prenne un rôle plus primordial, ce qui est chose faite alors préparez vos plus beaux chaussons de danse parce que vous pouvez enfin jouer les gazelles et toucher du bout de vos orteils des hauteurs jamais atteintes jusque-là. Et FromSoftware ne s’est pas arrêté en si bon chemin. Pourquoi se limiter à l’exploration quand on peut aussi profiter du saut en combat ? En effet, frapper durant un saut vous permet de déstabiliser votre adversaire et même de le désarçonner si jamais celui-ci est à dos de monture. Très utile, mais pas sans risque, vous en abuserez pour vous débarrasser d’ennemis coriaces et surtout ingrats, qui refusent de vous laisser les embrocher dans le dos.

Cependant, il n’y a pas que le saut qui apporte un vent de fraîcheur au gameplay. Pour offrir un outil supplémentaire aux joueurs préférant bloquer qu'esquiver ou parer, dont la maîtrise est bien plus complexe, les développeurs ont ajouté une nouvelle mécanique de contre qui permet, lorsqu’un ennemi frappe votre bouclier, de porter une contre-attaque pouvant le déséquilibrer, vous offrant ainsi une fenêtre pour donner un coup critique. Et en dessert, sachez que contrairement à la parade, le contre après blocage ne demande pas un timing très précis, ce qui laisse encore plus de chances aux débutants de progresser de manière fluide. Malgré tout, et parce qu’il ne faut pas abuser des bonnes choses, ce contre n’est pas efficace sur tous les types d’ennemis. Si l'on pouvait le placer sur la majorité de ceux rencontrés lors du test, le coup porté ne mettait à terre qu’une partie d’entre eux. Donc exit le coup critique facile sur les boss ou même sur certains adversaires imposants ou équipés de larges boucliers. Ne boudons pas notre plaisir pour autant, cela reste un énorme pas en avant pour l’accessibilité des combats d'autant plus qu’une dernière nouveauté pourrait bien faire la différence : les cendres d’esprits. Accessibles à toutes les classes et pouvant être achetés aux marchands et récupérés sur des cadavres ou dans des coffres, ces cendres s’utilisent comme n’importe quel consommable et servent à invoquer des esprits pour combattre à vos côtés moyennant une certaine quantité de points de concentration ou PC (la jauge bleue comparable à la mana) et disparaissent lorsque leurs points de vie ou PV arrivent à 0, lorsqu’un boss a été vaincu ou que vous dépassez la limite de zone où ils peuvent agir, car oui vous ne pouvez pas les invoquer n’importe où et seules les zones hébergeant un monument de renaissance - indiquées par une icône blanche au milieu à gauche de votre écran - le permettent. Entre le mage, la meute de loups ou encore le mercenaire, vous pourrez bien plus facilement venir à bout des ennemis les plus coriaces, dont les boss. Il est donc indéniable que FromSoftware souhaite faciliter la vie des joueurs habituellement peu à l’aise avec les Souls sans pour autant modifier les fondations du genre et c’est bien ce qui peut laisser perplexe tant les nombreux défis mettront vos nerfs à rude épreuve.

À peine la porte du tutoriel ouverte vers l’extérieur, c’est déjà une première claque qui vous pique les joues. L’obscurité laisse place à la lumière diffusée par le gigantesque Arbre Monde, qui ne manquera pas de rappeler quelques souvenirs aux fans du manga Berserk. C’est un nouveau monde qui s’ouvre devant vous, n’attendant qu’à être exploré, fouillé de jour comme de nuit sous un ciel dégagé ou une pluie glaçante grâce à l'intégration d'un cycle jour / nuit en plus d'une météo dynamique, qui ont un impact sur le monde, puisque certains ennemis, souvent plus puissants, n'apparaissent que la nuit tout comme certains personnages. Si certains jeux vous prennent par la main au moins au début pour vous éviter de vous perdre, Elden Ring vous balance tout de suite dans le vif du sujet, distillant son contenu au gré de vos pérégrinations, sans boussole, sans points d’intérêt placés sur votre carte, autre grande nouveauté vous aidant à vous repérer. N’attendez toutefois pas de celle-ci qu’elle vous mâche tout le boulot en vous disant où aller. Certes, elle vous indique les lieux que vous avez visités, mais pas ceux qu’il reste à découvrir afin de vous encourager à le faire par vous-mêmes. Mais pas d’inquiétudes, les équipes de Miyazaki ont encore fait un gros travail sur le level design afin que vous trouviez instinctivement les différents secrets éparpillés, juste en faisant attention à ce qui vous entoure. De plus, et les joueurs de Souls savent à quel point la gestion de l’endurance est frustrante hors combat, il vous est maintenant permis de courir indéfiniment sans consommer d’endurance tant que vous restez à distance des ennemis. Bien pratique pour parcourir de longues distances sans devoir interrompre régulièrement votre course pour reprendre votre souffle. Et si vous aimez avoir les cheveux au vent, défiant les éléments à dos de votre monture, vous serez ravis d’apprendre que FromSoftware a pensé à vous en vous offrant un superbe destrier spectral paraissant sortir de Princesse Mononoke, œuvre d’un autre Miyazaki. Vous pourrez galoper à travers les prairies sauvages, atteindre des lieux infranchissables à pied et même combattre les ennemis qui tenteront de vous barrer la route. Quant à ceux qui veulent aller encore plus vite, il vous est permis de vous téléporter à n’importe quel site de grâce déjà activé, nouveau nom donné aux feux de camp auxquels vous pouvez dépenser vos runes, nouveau nom pour les âmes, afin de gagner des niveaux dans vos statistiques, mais aussi gérer vos objets, équiper vos sorts, répartir vos fioles de soin entre celles restaurant les PV et celles restaurant les PC, etc. C’est aussi au site de grâce que vous pourrez créer de nouvelles potions à partir de larmes de cristal à mélanger, que ce soit pour créer une bombe, une potion de soin ou un mélange farfelu. De plus, et c’est bien la seule aide visuelle accordée par le jeu, certains sites de grâce pourront vous indiquer un nouveau lieu à visiter grâce à un rayon lumineux, mais n’espérez pas pouvoir le suivre jusqu’à destination, ce n’est qu’un indice visible uniquement du site. Enfin, vous pourrez vous adonner aux plaisirs de la confection grâce au craft à partir de ressources récoltées un peu partout afin de fabriquer des objets comme des flèches, des explosifs, des dagues de lancer ou encore concevoir des consommables divers et variés pour vous octroyer des bonus, soigner une affliction, etc. À vous les joies des recettes à trouver et à acheter tout au long de votre périple ! Un chemin descendant vers une plage, un cours d’eau passant à travers un canyon, une large route allant vers l’Est, une grotte près d’un feu gardé par des ennemis, un marais habité par des crabes géants, un village en ruines éclairé par des torches, un immense château vous narguant au Nord : nombreux sont les lieux que vous pourrez visiter dès le début du jeu et beaucoup d’entre eux vous réserveront quelques surprises, dont certaines vous feront sans aucun doute regretter votre curiosité.

En tant qu’héritier d’une série connue pour ses ennemis intraitables, Elden Ring se fera un plaisir de rapidement vous rappeler que la mort fait partie du quotidien de tout explorateur d’Entre-terre. Chevaliers morts vivants, cavaliers en armure, géants, archers, loups, mineurs en colère, chiens enragés, trolls ou encore esprits vengeurs ; vous aurez de quoi exercer vos talents de combattants et tous n’auront de cesse de vous pourrir la vie, même si l’IA semble toujours aussi stupide, ce qui vous sauvera la mise plus d’une fois. Au-delà des ajouts détaillés plus tôt, les combats au corps à corps ont très peu évolué par rapport à Dark Souls 3, ce qui est une excellente nouvelle tant FromSoftware avait réussi à trouver le juste milieu entre le dynamisme hérité de Bloodborne et la raideur si chère aux Souls. Soulignons tout de même le retour du power stance, présent dans Dark Souls 2, ou l'art de l'ambidextrie lorsque vous utilisez deux armes de même catégorie. À contrario, la magie a pris une bonne dose de stéroïdes avec des dégâts élevés, en tout cas en début de jeu, une distance d'attaque grandement accrue et une large gamme de sorts et incantations, qui permettent de se défaire de toutes les situations à moindres risques. De plus, la magie profite pleinement du monde ouvert, sentiment renforcé par le combat à dos de monture, car si c’est une grande nouveauté apportée par Elden Ring, elle favorise davantage le combat à distance (magie et arc) que le combat au corps à corps, souvent pénalisé soit par la caméra pour les ennemis imposants, soit par la difficulté de toucher les créatures plus petites comme les loups. D’ailleurs, préparez-vous à rencontrer beaucoup de groupes d’ennemis, ce qui ne vous facilitera pas le voyage. Mais là encore, FromSoftware a pensé à vous pour que vous n’arriviez pas à court de fioles de soin au bout de quelques pas. En effet, lorsque vous tuez certains ennemis coriaces ou certains groupes, le jeu vous rend une partie de vos fioles et ce n’est pas tout, puisque vous pouvez rencontrer des boules inoffensives qui une fois détruites vous remplissent vos fioles. Si vous préférez éviter les confrontations trop risquées, n'ayez crainte, il vous est possible de vous accroupir pour passer à travers les lignes ennemis en toute discrétion. Quant aux boss, ils ne sont pas en reste avec une bonne dizaine répartis sur cette première zone disponible, qu’ils soient cachés au fond d’un donjon secret ou en train de se balader tranquillement en attendant que vous veniez offrir votre vie. Pour vous donner une idée, c'est la moitié de tous les boss du premier Dark Souls et ça ne concerne qu’une petite partie d’Elden Ring. Et comme toujours, chacun d’entre eux possède son lot d’attaques aussi cruelles que perverses qu’il vous faudra apprendre à éviter pour ne pas finir au site de grâce.

Comme je le disais plus tôt, les combats sont effectivement plus accessibles, mais en aucun cas le jeu devient plus facile pour autant, bien au contraire. Si les rixes contre les ennemis de base peuvent être moins meurtrières grâce aux diverses améliorations du gameplay, les boss, eux, ne vous pardonneront aucune erreur et ce sont souvent les invocations d’esprits qui vous sortiront de la panade. Et même eux ne pourront pas toujours faire le poids face à certains des ennemis les plus récalcitrants comme le déjà très redouté Margit, premier boss obligatoire qui sera sans conteste la cause de biens des cris et S.O.S. Pouvant se débarrasser de vos esprits en seulement quelques secondes, il est rapide, puissant, imprévisible, attaque aussi bien au corps à corps qu’à distance et peut sauter de longues distances pour fuir ou au contraire vous rattraper. Vous voulez vous soigner ? Il vous balance deux ou trois éclairs pour réduire à peau de chagrin le peu de vie que vous venez de récupérer. Vous pensez pouvoir bloquer ses attaques physiques ? Ses combos sont longs et votre endurance trop faible pour tout encaisser. Votre seul salut est l’esquive, ce qui ne fera pas les affaires des joueurs les moins à l’aise avec la discipline, ou éventuellement la magie contre laquelle il est relativement faible. Il est sans nul doute le plus difficile des premiers boss d’un Souls malgré les efforts sur l’accessibilité. Par chance, la défaite est moins frustrante que dans les précédents jeux et seules les runes accumulées sont perdues jusqu’à ce que vous les récupériez là où vous avez péri ou bien qu’elles disparaissent à jamais si vous trépassez à nouveau. Pas de perte d’humanité, pas de réduction de dégâts, de vie ou autres malus que l’on a pu subir auparavant. De plus, des points de contrôle ont été ajoutés sous la forme d'effigies de Marika réparties entre les sites de grâce pour vous faciliter le retour à votre lieu de décès. Encore un pas en avant vers les joueurs réticents face à la difficulté des Souls. Et tout ça, c'est sans compter sur la partie en ligne, qui permet d'invoquer des joueurs pour vous aider ou d'être invoqué pour apporter votre soutien. Mais attention, car si la première partie du mode en ligne se consacre à l'entraide, la seconde est bien plus sanglante puisque vous pouvez être envahis ou envahir vous-mêmes d'autres joueurs pour raccourcir leurs espérances de vie. Pour ceux qui préfèrent jouer dans leur coin, tranquillement, il vous sera probablement permis de désactiver ce mode ou bien il vous faudra jouer en mode offline.

En me lisant, vous pouvez penser que le jeu fait quasiment un sans faute, que c’est le Souls ultime, la nouvelle référence du genre et en faisant preuve d’autant d’objectivité que possible, ce n'est pas si loin de la vérité. Pas si loin, car le jeu n’est pas sans défauts pour autant. Déjà, si la direction artistique est réussie, il en est autrement de l’aspect technique, et pour l’avoir testé sur PlayStation 4, il s’avère que l’optimisation reste encore et toujours une aiguille dans le pied du studio japonais. Que le jeu soit bloqué à 30 images par seconde malgré l’aspect flou semblant montrer une définition parfois inférieure à 1080p, ce n’est pas un problème, mais qu’en plus le jeu se permette des baisses bien visibles de fluidité, là c’est autre chose. Alors rassurez-vous, ce n’est pas catastrophique et c’est toujours mieux que le premier Dark Souls en son temps - surtout sa terrible version PC -, cependant ce n’est pas un confort de jeu optimal et en l’état, je conseille bien plus les versions PlayStation 5, Xbox Series X|S ou PC qui, à défaut d’être forcément très bien optimisées, profiteront d’une puissance supérieure pour lisser la fluidité tout en offrant un meilleur rendu. Dans le cas où vous ne pourriez vous le procurer que sur l’ancienne génération de consoles, sachez juste que vous risquez de fréquemment rencontrer des ralentissements si le jeu n’est pas mieux optimisé d’ici la sortie.

Au retard technique, on peut aussi ajouter ce qui pourrait s’apparenter à un défaut pour certains à savoir le manque de détachement par rapport aux Souls. Que ce soit au niveau des mécaniques de jeu, de la narration cryptique et distillée au compte-goutte, de l’ambiance visuelle et même auditive, tout semble crier Dark Souls 4. Pour enfoncer le clou, les bruitages, animations et même une partie du bestiaire ont été repris tels quels des précédents jeux, sans aucune modification. Alors, on peut imaginer que cela permet de conserver cet héritage, de faire entrer Elden Ring dans un groupe de jeux possédant cette signature caractéristique des jeux FromSoftware. Et ça fonctionne, aucun doute là-dessus, mais pour ceux qui espéraient quelque chose d'un peu différent, comme Bloodborne ou Sekiro l'avaient tenté avec brio, la déception peut se comprendre. Toutefois, comment reprocher à Miyazaki le choix du médiéval fantastique quand ce dernier a forgé une grande partie de son imaginaire autour de sa passion pour Donjons et Dragons, Berserk ou encore Magic : L'Assemblée ? Cela pourrait aussi s'expliquer par la collaboration entre ce dernier et George R. R. Martin, dont les œuvres se déroulent aussi dans un tel univers. Sauf que sur la petite partie du jeu que l’on a pu visiter, l'apport de l'auteur américain fut difficilement palpable. Pire encore, du peu que l’on a appris de l’histoire et de l’univers, le jeu fait bien plus penser à une création de Miyazaki. Un royaume sombrant dans le chaos, des âmes corrompues par un pouvoir impur les rendant fous et monstrueux, un héros élu issu d’une catégorie de déchus, qui doit récupérer les fragments du Cercle d’Eden pour le restaurer et devenir le nouveau Seigneur du royaume. Difficile de ne pas y voir le schéma classique des Dark Souls. Ce n’est pas forcément une mauvaise chose, mais après avoir autant capitaliser sur la présence de Martin dans l'élaboration de l'univers, on ne peut qu’espérer que la version complète du jeu nous permettra de percevoir davantage son influence.

Dans tous les cas, Elden Ring peut sans problème se targuer d'être le jeu le plus attendu de début 2022. Si la nouvelle œuvre de Miyazaki n’est pas exempte de défauts, elle semble malgré tout bien partie pour devenir la nouvelle référence d’un genre qui commençait à s’essouffler. Mieux, Elden Ring pourrait attirer un tout nouveau public grâce aux efforts portés sur l’accessibilité. Seront-ils suffisants pour le garder ? Difficile à dire, car le challenge reste ardu et la frustration sera toujours de la partie. Ce qui est certain, c’est que les fans des Souls devraient y trouver de quoi passer des dizaines d’heures si le contenu du jeu complet est à la hauteur de cette première partie proposée durant la phase de test. L’attente sera longue jusqu’au 25 février prochain !

N'ayant pu prendre de captures lors du test, celles présentes dans cet aperçu proviennent de la vidéo de gameplay diffusée par Bandai Namco, que vous pouvez retrouver ici.

Aperçu réalisé sur PlayStation 4 par Lianai lors du test réseau organisé du 12 au 15 novembre 2021.