Test de MotoGP 22 - Une licence à bout de souffle

On reprochait l'année dernière à MotoGP 21 son manque d'innovation, pour une licence qui se repose sur ses acquis depuis plusieurs années. En effet, depuis l'apparition de la géniale IA "ANNA" dans l'opus 2019, la licence de Milestone n'a jamais trop progressé, se contentant de quelques améliorations de gameplay qui relèvent du détail. Alors on espère toujours que MotoGP pourra aller un peu plus loin, chercher de nouvelles innovations du niveau de son renouveau sur l'IA. L'épisode 2022 est-il le jeu tant attendu ? Rien n'est moins sûr.

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Jouer avec l'histoire

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On ne va pas vous faire l'affront de présenter une fois encore ce qui fait l'essence des MotoGP : la licence de Milestone dispose de l'intégralité des circuits et pilotes sous licence officielle, dans les catégories Moto3, Moto2 et MotoGP, avec une représentation quasi-parfaite de ceux-ci. On reconnaît vite les motos et écuries, mais surtout les circuits sont reproduits fidèlement et si on a l'habitude de jouer à la licence, on retrouve toujours nos marques. Les MotoGP profitent aussi d'un gameplay à mi-chemin entre la simulation et l'arcade, capable d'être très accessible, mais aussi très exigeant. Si le premier contact offre un plaisir immédiat, le jeu offre suffisamment de profondeur pour nécessiter un investissement conséquent en temps et en énergie pour en comprendre toutes les subtilités et pouvoir évoluer dans les niveaux de difficulté les plus élevés. Au-delà du contrôle de la moto, base du gameplay, il faut apprendre à gérer l'inertie et le poids du pilote pour mieux gérer les virages et les points de freinage ou d'accélération, il faut aussi apprendre à connaître les différentes trajectoires sur chaque virage selon les situations (que l'on soit au coude à coude, vers l'extérieur ou l'intérieur à l'approche du virage...) et apprendre à gérer les pneus et le carburant quand on active les paramètres de réalisme liés. Autant d'éléments qui rendent les courses plutôt vivantes et qui empêchent la monotonie, des choses que MotoGP a appris à mieux gérer au fil des années. À tel point que la licence n'a jamais été aussi bonne, en s'améliorant par petites touches ici et là sans pour autant jamais effectuer une grande révolution. 

Au-delà de son contenu sur la saison en cours, le jeu offre beaucoup de pilotes historiques qui ont marqué l'histoire de la discipline, ainsi qu'un mode carrière tout à fait classique (mais efficace) qui n'a pratiquement pas bougé depuis plusieurs années : on intègre soit la MotoGP soit les catégories Moto2 ou 3 avec l'espoir de progresser tout en haut, avec la possibilité de rejoindre une des écuries officielles ou de créer la sienne. Un regret d'ailleurs sur ce dernier point : la création d'écurie n'évolue que très peu, avec assez peu de paramètres de customisation de la moto et des couleurs du team, comme si cette option avait été jetée à la hâte il y a quelques années sans qu'on ne cherche trop à insister dessus. Pourtant, ça pourrait constituer un élément de contenu intéressant qui donnerait une nouvelle saveur à la carrière, comme l'a prouvé dans un autre genre la licence F1 où ce système a mieux été développé. 

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Mais l'essentiel de MotoGP 22 est ailleurs, avec une vraie réussite : le mode "NINE". Derrière ce nom énigmatique se cache un mode scénarisé qui retrace la saison 2009 de MotoGP. Formidable époque où Valentino Rossi, Daniel Pedrosa, Jorge Lorenzo et Casey Stoner se sont disputés le titre de champion du monde. Le jeu nous fait rejouer alors des bouts de courses de la saison 2009, parfois plusieurs fois la même avec des pilotes différents, avec des objectifs qui leur sont propres à chaque fois : terminer à telle ou telle place, prendre une certaine avance sur un concurrent ou encore dépasser un pilote précis. Ces missions sont entrecoupées de séquences narratives avec des images d'archives, qui rappelle à certains égards la série documentaire MotoGP Unlimited (qu'on recommande chaudement, disponible sur Prime Video). À l'heure où le public se passionne de plus en plus pour ce type de série documentaire (à la Drive to Survive pour la F1, par exemple), ce n'est pas idiot du tout de s'en inspirer pour raconter un mode scénarisé. Et c'est précisément ce qu'on vient chercher dans une carrière ou un scénario d'un jeu de course sous licence : des moments épiques qui nous font revivre des moments clés de l'histoire de la discipline. Trop souvent, ces modes historiques avaient tendance à se contenter d'offrir l'accès à des véhicules et pilotes d'antan, mais Milestone a bien compris le souci de ces vieilles démarches, désormais dépassées, en allant un peu plus loin et en proposant un vrai coup d'œil sur l'histoire de la MotoGP. C'est excellent, et on en demande encore plus.

Du neuf avec du vieux

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L'IA ANNA s'améliore toujours par petites touches, on sent les pilotes de l'IA toujours plus fins, plus impliqués et plus malins, même si la gestion des collisions très hasardeuse annihile certaines séquences en perdant la crédibilité initialement induite par une IA convaincante. Car proposer des pilotes au comportement plus naturel est incontestablement la plus belle réussite des MotoGP ces dernières années. Mais le système est toujours pénalisé par ses collisions d'un autre temps, toujours favorable soit à l'humain soit à l'IA, en perdant de vue que dans la réalité deux pilotes qui se touchent peuvent rester sur leur moto ou tomber tous les deux. Dans les MotoGP, on sent que le jeu a toujours besoin d'un vainqueur et d'un perdant en cas de contact. Cela incite parfois à jouer dur tant le jeu pénalise peu les contacts, y compris quand on fait tomber un concurrent, avec des pénalités assez rares. 

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Graphiquement, le jeu n'évolue plus : sans être vilain, il bénéficierait grandement d'un changement sur ce point : on a le sentiment de toujours revenir au même jeu, avec des environnements ternes, un public ultra-calme et des animations des pilotes qu'on connaît par cœur. Le moteur de Milestone reste le même depuis quelques années et ne tient plus la route face aux évolutions technologiques du milieu. S'ils n'ont aucun concurrent sérieux sur le secteur de la moto, leurs circuits, effets météo et de lumière sont parfois une petite génération en arrière comparés à certains titres de simulation automobile. Et à l'heure où on a les deux pieds dans une nouvelle génération de console, il serait sûrement bon que Milestone puisse passer à la vitesse supérieure et tenter de chercher à travailler l'ambiance visuelle de son jeu. Un titre que l'on peut d'ailleurs enfin parcourir en écran partagé, pour les personnes que cela intéresse.

Conclusion

Formidable pour son mode NINE qui comprend enfin ce qu'on attend d'un mode scénarisé dans un tel titre, MotoGP 22 reste toutefois bien trop proche de ses aînés. Si la licence peut se targuer d'offrir un mode scénarisé assez unique en son genre dans le milieu de la simulation de course, le reste du jeu est à la limite du copier-coller de MotoGP 21. Peu d'améliorations de gameplay, aucune progression visuelle ou presque, le jeu est aussi généreux sur sa manière de raconter l'histoire de la discipline qu'avare en innovations. Alors si on applaudit à deux mains Milestone pour son amour de la MotoGP, on espère quand même qu'un jour le studio italien ne se reposera plus (quasi) uniquement sur ses acquis.

Test réalisé par Hachim0n sur Xbox Series X à partir d'une version fournie par l'éditeur.

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