Test d'Eternal Threads – Sept jours pour agir

Qui n’a jamais voulu pouvoir remonter le temps pour corriger une erreur du passé ? C’est cette idée qui sert de point de départ à Eternal Threads. Mais entre une idée et un jeu, il y a un monde qu’un simple battement d’aile de papillon peut transformer.

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Combattre le feu par le feu

La possibilité de voyager dans le temps est peut-être le rêve de beaucoup, mais pour les scientifiques de l’Initiative Seconde Chance, c’est l’unique moyen de sauver le futur. Parce que les premières expériences de voyage dans le temps ont été mal maîtrisées, le flux temporel a été grandement altéré, conduisant au monde post-apocalyptique dans lequel le jeu débute. Pour tenter de rétablir le cours normal du temps, il faut donc envoyer quelqu’un dans le passé pour corriger certains évènements précis. Ce quelqu’un, c’est vous et votre mission consiste à sauver 6 personnes initialement décédées dans un incendie.

Image officielle
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La vie à 6

Permettez-moi donc de brièvement vous présenter les 6 personnages avec lesquels vous passez une petite dizaine d’heures. Tom, tout d’abord, est le propriétaire de la maison, dont il loue les chambres pour payer les soins de sa mère malade. Ben et Jen ensuite. Un couple, lui futur médecin et elle étudiante en math. Vient ensuite Raquel, jeune peintre et vieille amie de Jen. Et enfin Neil, le plus secret de la bande dont la sœur Linda vient d’emménager pour fuir un mariage qui bat de l’aile. Si vous trouvez que ce casting ne s’annonce pas fou, vous êtes totalement dans le vrai, c’est l’un des problèmes du jeu.

Même la fête manque de folie

Foutu papillon

Reprenons. Vous débarquez donc dans le hall d’entrée de la maison, la nuit suivant l’incendie. D’une simple pression sur une touche, vous pouvez faire apparaître la frise temporelle des sept jours précédents. Sur cette frise, vous pouvez visualiser chaque nœud représentant un évènement de la semaine écoulée. Certains sont disponibles immédiatement, d’autres sont des évènements potentiels qui pourraient se produire si vous modifiez correctement le cours du temps. Choisissez un évènement disponible et laissez-vous guider par le gadget que vous tenez à la main vers la pièce où vous pourrez visualiser la scène correspondante. Dans certaines de ces scènes, votre visualiseur détecte une anomalie, ce qui vous offre un choix entre deux orientations à donner à la scène, modifiant en temps réel la scène et ouvrant ou fermant certains nœud sur la frise temporelle.

Modification en direct
Modification en direct
ou dans la frise du temps
ou dans la frise du temps

Une mécanique facile en apparence, mais une première difficulté vous attend : vous n’avez pas accès immédiatement à toutes les pièces de la maison. Certaines portes sont fermées et il vous faut donc visualiser les bons évènements pour découvrir où sont cachées les clés des zones fermées. Par contre, il est bienvenu qu’il ne soit pas nécessaire de se retaper l’intégralité d’une scène pour tester l’alternative. Une fois une scène visionnée une première fois, la possibilité d’en changer le déroulement est directement disponible sur la frise du temps. Ce qui n’empêche pourtant pas un désagréable sentiment de déjà-vu de s’installer après quelques heures de jeu.

Secret Story

Lorsque je vous ai présenté les protagonistes du jeu, je vous avais dit qu’un des problèmes du jeu se situait du côté de son casting. L’explication est malheureusement simple. Suivre le quotidien des habitants de la maison, c’est comme suivre un épisode d’une télé-réalité : c’est rarement passionnant et souvent sans intérêt. Les séquences sont de plus bien trop nombreuses. Le jeu en annonce pas moins de 197 dans son mode normal (un mode simplifié existe aussi, avec moins de séquences, mais il vous empêchera d’obtenir la fin optimale), mais seulement 54 vous demandent de prendre une décision. Problème, certaines de ces séquences ne sont que d’infimes variations selon une décision précédente. Selon que Linda choisisse de boire ou de rester sobre lors d’une soirée, vous aurez plus tard un même évènement dont la seule différence sera le taux d’alcoolémie de Linda, par exemple.

Une scène que vous allez voir (trop) souvent

Deux autres éléments plombent encore un peu plus le principe. Certains évènements sont d’abord pratiquement inévitables, au mieux pourrez-vous influencer le moment où ils auront lieu (ce qui n’est d’ailleurs pas anodin, accordons ce point au jeu). Ce qui, de nouveau, duplique des séquences sur la frise du temps. Enfin, on remarque vite que certaines décisions n’ont en fait aucune conséquence, ce qui porte un sacré coup aux ambitions narratives du titre. Pour nous garder éveillé, le jeu tente de nous vendre un gros mystère, que vous découvrez normalement à mi-parcours. Malheureusement, ce mystère débouche lui aussi sur une séquence finale qui frustre bien plus qu’elle n’apporte au récit global. Caramba, encore raté.

Personne ne souviendra de ça

Il y a un dernier élément du jeu dont il faut qu’on parle : l’ergonomie de son interface. Vous l’avez compris avec les paragraphes précédents, 197 séquences, c’est beaucoup. Présenter ça de manière lisible sur la frise temporelle est un défi que le jeu ne réussit qu’à moitié. Il est possible de passer simplement d’un jour à l’autre ou encore de filtrer les évènements par colocataire, ce qui permet d’aborder le jeu comme on le souhaite. On peut donc choisir de suivre un personnage précis ou de visionner les évènements dans l’ordre chronologique, les deux options sont viables. De même, on peut, d’une simple pression sur une gâchette, sélectionner une décision et mettre en évidence toutes les conséquences qui en découlent, puis les parcourir avec le stick. Un plus pour la navigation dans la frise.

Il est par contre regrettable que le jeu ne dispose d’aucune option pour mémoriser un état global de la ligne temporelle, que l’on pourrait recharger pour la rétablir après avoir testé d’autres décisions. Le jeu n’intègre en effet qu’une très fréquente sauvegarde automatique. Gênant lorsque sait que lorsqu’on modifie un nœud de décision, tous les nœuds qui en découlent sont remis à leur état par défaut, ce qui vous oblige plus d’une fois à reparcourir toute une chaine de conséquences pour rétablir les choix optimaux que vous aviez déjà faits. C'est assez lourd.

Mission accomplie !
Une fin presque idéale

Une technique qui n’a rien de futuriste

D’un point de vue technique, Eternal Threads n’est clairement pas le plus beau que nous ayons vu. L’essentiel de l’action se déroulant de nuit, les scènes sont souvent peu ou mal éclairées, ce qui met en relief l’aspect fantomatique des personnages dont nous suivons le quotidien. En contrepartie, le jeu n’est pas très exigeant, tant sur l’occupation disque (inférieure à 10Go) que sur les spécifications de la machine, ça devrait tourner sans soucis sur des PC vieux de plusieurs années. Étrange tout de même que le jeu souffre d’un ralentissement systématique à la fin de la première séquence suivant le lancement du jeu, ça surprend la première fois. Côté audio enfin, il faudra se contenter d'une VO sous-titrée.

Un moment où le jeu freeze parfois
Un moment où le jeu freeze parfois

Conclusion

Eternal Threads partait d’une bonne idée, mais Cosmonaut Studio n’a pas réussi l’étape la plus importante d’un jeu narratif : en tirer une bonne histoire. Avec pour résultat une histoire trop plate pour un jeu bien trop long pour son propre bien. Il est dès lors difficile de vous recommander Eternal Threads plutôt qu'un jeu narratif classique ou même un FMV peut-être plus linéaire dans son principe, mais peut-être aussi plus audacieux dans ce qu'il a à raconter.

Test réalisé par Grim sur PC grâce à une version fournie par l'éditeur.

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