Test de New Tales from the Borderlands – N’est pas Telltale qui veut

Avec la disparition de Telltale Games, de nombreux fans avaient fait le deuil d'une suite à l'excellent Tales from the Borderlands. Ce fut donc une surprise lorsque Gearbox annonça le développement de New Tales from the Borderlands, fausse suite développée en interne par Gearbox Studio Québec.

Gearbox tell no tales

Ce New Tales from the Borderlands prend place dans la continuité de Borderlands 3. Rhys est maintenant PDG d’Atlas et la planète Prométhée se remet de la précédente guerre provoquée par la société Maliwan. Mais la paix n’est qu’une situation provisoire dans Borderlands et c’est cette fois Tediore qui déclenche un nouveau conflit. Leur cible ? Une arche bien sûr et le mystérieux pouvoir qu’elle dissimule. Tout aurait pu se passer pour le mieux si un trio improbable ne s’était pas malencontreusement trouvé sur le chemin. Et oui, ce trio, c’est vous.

Une belle bande de vainqueurs
Une belle bande de vainqueurs

Comme le narrateur nous le signale dès l’introduction, les trois « héros » du jeu sont des losers, pas des chasseurs de l'Arche prêts pour l'action. Nous avons donc Anu, une scientifique idéaliste qui tente de développer un outil reproduisant les pouvoirs des Sirènes et qui espère ainsi mettre fin aux conflits sans violence. Paradoxal lorsque l’on sait qu’elle travaille pour Atlas, dont le fond de commerce est la vente d’armes. Le deuxième membre de notre trio est Octavio, le frère d’Anu. Un personnage qui multiplie les combines foireuses pour gagner de l’argent et devenir célèbre. C’est l’idiot de service dans un univers qui n’en manque pourtant pas. Enfin, nous avons Fran, une vendeuse de glace dont l’établissement a été détruit lors de la précédente guerre et qui alterne entre gros soucis de gestion de la colère et obsession pour le sexe. Voilà pour le casting, et je peux vous dire qu’il est difficile de s’attacher à ces personnages.

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Il faut dire qu’ils ne sont pas aidés par l’écriture du jeu. Gearbox essaie, mais le studio n’a pas la qualité d’écriture de Telltale et, comme dans Borderlands 3, donne l’impression de vouloir être cool sans y parvenir. L’humour du jeu en souffre et Gearbox ne trouve jamais un juste milieu, entre forcer le trait (les animations corporelles d’Anu) et des références qui tombent souvent à  plat. Ces problèmes d’équilibre et d’écriture impactent aussi le rythme de l’aventure. Les trois premiers épisodes font encore illusion. Ils ne sont pas trop longs et proposent quelques bons moments, même si on sent déjà qu’on est plus dans l’humour de Borderlands 3 que des épisodes précédents. Dans les deux derniers par contre, les problèmes deviennent criants. Le jeu a la mauvaise idée de séparer ses personnages. Problème, tous les joueurs auront probablement compris la situation depuis un moment et anticiperont les évènements sans rien pouvoir faire pour les éviter. Pire encore, l’humour déjà pas fou qu’on rencontrait jusque-là devient carrément lourd et un peu pathétique, à l’image du running-gag du soldat de Tediore et de ses combats d’ArchiiBô. Bref, on trouve le temps long, et ce n’est pas bon signe pour un jeu qui mise autant sur sa dimension narrative.

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Press A to continue

Parce qu’en matière de gameplay, Gearbox n’a apporté que des changements mineurs. Le jeu est donc toujours essentiellement une histoire interactive agrémentée de QTE (dans lesquels l’échec n’est que rarement synonyme de fin de partie) et de choix de dialogues. C’est sur ces derniers que l’on trouve l’un des changements dont je parlais plus tôt. Ainsi, Gearbox semble moins s’intéresser à l’impact de vos choix sur un personnage (le fameux « x se souviendra de ça ») qu’à la notion de cohésion du groupe formé par le trio Anu/Octavio/Fran. Une notion régulièrement mise en avant par le personnage de Lou13, le robot-tueur qui accompagne le groupe, et qui semble avoir un réel impact sur la réussite ou non de certaines actions ainsi que sur la fin du jeu. Ceci dit, on a quand même régulièrement l’impression que le jeu suit des rails dont les embranchements sont très peu nombreux, tant il est rare de sentir que vos actions ont des conséquences sur l’histoire.

Anu ne se souviendra pas de ça
Anu ne se souviendra pas de ça
Vos "choix"
Vos "choix"

Il est par contre intéressant de noter que Gearbox a intégré à son jeu un certain nombre d’options d’accessibilité et de difficulté. Ainsi, il est possible de supprimer le chrono qui apparaît durant certains dialogues, ce qui vous laisse plus de temps pour choisir vos réponses. Les QTE se voient également gratifiées de plusieurs niveaux de difficulté, allant de la réussite automatique (qu’on ne conseille évidemment pas) à l’absence d’échec en cas d’erreurs de bouton. On note qu’il est également possible de passer purement et simplement un bon nombre de mini-jeux (les séquences de piratage avec Octavio par exemple). Une bonne chose vu leur manque flagrant d’intérêt.

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Une technique de bric et de Brock

Sur le plan technique, ce New Tales of the Borderlands marque une évidente amélioration par rapport aux jeux Telltale. Visuellement, le jeu reste fidèle au style Telltale, mais tout semble plus moderne. L’animation est meilleure, les éclairages également et le rendu d’ensemble est donc plus réussi. Gearbox a aussi apporté un grand soin à la musique du jeu, chaque épisode ayant droit à son petit clip musical assez réussi. Notez aussi que le jeu dispose d'un doublage intégral en français, voix comprises, de plutôt bonne qualité.

Tous réunis devant un écran blanc
Tous réunis devant un écran blanc
Hélas, de nombreux problèmes plus ou moins importants viennent encore noircir le bilan du jeu. Ainsi, alors que le jeu ne propose que rarement au joueur d’explorer réellement le monde, il est fréquent de voir les zones d’interaction ne pas réagir, obligeant le joueur à manipuler la caméra pour tenter de trouver le bon angle (ou la bonne distance) pour interagir avec une zone. On trouve également un bon nombre d’incohérences dans le jeu, tant visuelles que narratives. Ce n’est pas critique, mais voir les personnages se tourner vers un écran pour regarder une émission, en entendre le son et ne voir qu’une image blanche sur l’écran a tendance à me sortir du jeu. Comme un message de Gearbox nous le signale durant le générique de fin, le développement du jeu s'est déroulé durant le confinement, ce qui peut expliquer certains points, dont l'impression que certaines séquences ont un peu été charcutées au montage, donnant lieu à des enchaînements de dialogue parfois étranges.

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Conclusion

On le comprend, c’est donc un résultat en demi-teinte pour ce New Tales of the Borderlands. Gearbox n’a pas révolutionné la formule et son écriture reste très en deçà de celle de Telltale pour accrocher ceux qui ne connaissent pas l’univers. Il est d'ailleurs difficile de recommander le jeu aux fans du premier Tales from the Borderlands, tant ce New Tales est bien plus dans la lignée de Borderlands 3. Ce n'est pas la petite surprise de la fin qui suffira à les contenter. En fait, et à moins d'être un fan inconditionnel de la licence, il vaut mieux passer son chemin.

Test réalisé sur PC par Grim à partir d'une version fournie par l'éditeur.

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