Test de Marvel's Midnight Suns - Un jeu de superhéros, mais à mi-temps

Confier à Firaxis, studio auquel on doit entre autres la série des XCOM, le développement d'un jeu de stratégie dont les vedettes seraient les superhéros de Marvel avait tout du fantasme pour les amateurs de jeu tactique. Marvel's Midnight Suns ne convainc pourtant qu'à moitié, comme nous allons le voir.

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Ça commence comme Diablo IV

Le jeu débute alors qu’Hydra parvient à sortir Lilith, la mère des démons, du sommeil où elle avait été plongée bien des siècles plutôt par le sacrifice de son unique enfant : Hunter. Dépassés par la puissance de ce nouvel ennemi, les Avengers n’ont d’autres choix que de demander l’aide des Midnight Suns, un groupe de héros plus marginaux composé de Blade le chasseur de vampires, du Ghost Rider version Robbie Reyes, de l’X-Men Magik et enfin de Nico Minoru des Runaways. Ensemble, les deux équipes doivent assister un Hunter fraichement ressuscité(e) pour combattre Lilith et ses armées et l’empêcher d’accomplir la prophétie du Sol Noctis qui n’annoncerait rien de bon pour notre monde.

Bouh !
Bouh !

Ceci n’est pas un XCOM

Éliminons la question immédiatement : bien que le jeu soit développé par Firaxis, Midnight Suns n’est pas XCOM au pays des superhéros. Ici, les combats se déroulent dans des arènes de taille réduite et vous combattez avec des cartes, en tour par tour. Si on le résume grossièrement, le système de jeu consiste à utiliser des cartes standards sur des ennemis faibles pour gagner des points héroïques grâce auxquels vous pourrez utiliser des cartes héroïques bien plus puissantes pour éliminer les menaces plus sérieuses. Évidemment, c’est plus complexe que ça lorsqu’on examine le système de plus près. D’abord, vous ne disposez que d’un nombre d’actions limité par tour. Des actions qui ne sont d’ailleurs pas individuelles, en fonction des cartes que vous avez piochées, vous pouvez parfaitement ne pas utiliser du tout un ou plusieurs membres de votre équipe. Mais cette limite d’actions, faible au premier abord tant vous serez souvent en infériorité numérique, possède elle-aussi des subtilités. Certaines cartes sont gratuites tandis que d’autres possèdent des attributs qui permettent de se faire rembourser un point d’action. Mieux, certaines actions ne consomment pas de points d’action, mais uniquement des points héroïques, car les superhéros ne se gênent pas pour balancer des objets du décor sur les troupes d’HYDRA qui se trouvent sur le chemin.

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Une question : tu sais voler ?

Très vite, on comprend que l’autre élément important des combats de Midnight Suns, celui qui justifie la taille réduite des arènes, est la notion de projection. Superhéros obligent, la majorité de nos personnages sont capables de coller aux ennemis des patates capables de les projeter sur quelque chose d’autre. Au début, on les enverra sur les éléments du décor ou sur leurs petits camarades, mais après quelques séances d’entrainement, on pourra également les projeter sur nos autres héros pour infliger encore un peu plus de dégâts. En résulte des combats qui, malgré la lenteur des nombreuses animations d’attaque, ne manque assurément pas de punch. De manière globale, les combats de Midnight Suns se montrent bien plus intéressants qu’on aurait pu le penser de prime abord. Chaque héros possède son propre style de jeu et il est essentiel de bien les combiner pour se créer un deck dont les cartes synergisent efficacement.

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I can do this all day

Résumons. Chaque mission implique 3 héros, chacun d’entre eux amenant son propre deck de 8 cartes, soit un total de 24 cartes. Un total auquel s’ajoute des cartes spéciales, qui peuvent être propres aux personnages (la carte Binaire de Captain Marvel par exemple) ou propres à la mission, telles que des actions spéciales que vous pourrez réaliser. Enfin, on trouve également des cartes ultra-puissantes qui combinent les attaques de plusieurs héros, si votre affinité avec eux est assez haute. Pas de panique toutefois, cela reste assez simple à gérer en combat. Une sélection de cartes issues du deck global vous est attribuée à chaque tour et une carte jouée n’est pas défaussée définitivement. Le deck se divise en trois grandes familles de cartes : les cartes d’attaque, les cartes dites « techniques » apportant buff, debuff ou autres effets et enfin les cartes héroïques dont nous avons déjà parlé. Pas de panique, le tout reste étonnamment accessible et il ne m’est jamais arrivé en plus de 40 heures d’avoir une situation où je n’avais rien à jouer durant mon tour. On peut également saluer Firaxis pour avoir bien conçu des aptitudes en rapport direct avec les spécificités des héros qui les utilisent. Ainsi, Magik crée des portails comme personne tandis que Captain Marvel a un côté bien plus bourrin. Et il faut bien avouer que pouvoir invoquer la voiture du Ghost Rider pour écraser ses ennemis fait son petit effet.

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Hunter à l’école des superhéros

Si le système de combat fonctionne donc finalement plutôt bien, je suis plus partagé pour tout ce qui concerne le reste du jeu. En effet, une grosse partie du jeu se déroule l’Abbaye, une zone dans laquelle Hunter et ses compagnons pourront se reposer entre les missions. C’est dans cette base que l’on peut modifier les decks de cartes ou personnaliser nos héros. Surtout, c’est là que Midnight Suns nous permet de socialiser avec les autres personnages qui nous entourent à coup de discussions au coin du feu, de rendez-vous à la belle étoile ou de petits cadeaux offerts. Loin d’être anecdotique, cette partie permet d’améliorer notre niveau d’amitié avec ceux qui nous accompagnent au combat, ce qui les rend plus efficaces au combat. Cependant, c’est souvent bavard et si le fan de Marvel s’amuse des clins d’œil des dialogues, les autres risquent surtout de trouver ça assez lourd.

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En pratique, il est vrai que l’on passe presque plus de temps sur notre petite routine journalière à l’Abbaye qu’à combattre Lilith et ses sbires. Car en plus de cet aspect social, il y a une partie purement pratique à la vie dans l’Abbaye. On passera ainsi chaque jour une partie de notre temps auprès de Stark pour découvrir de nouvelles aptitudes, auprès de Strange pour débloquer les recherches qui amélioreront les installations de l’Abbaye ou encore auprès de Blade pour s’entraîner. Une routine que l’on peut d’ailleurs étendre aux terres qui entourent l’Abbaye. On peut les explorer pour y collecter les ressources nécessaires à la fabrication d’objets utiles au combat, mais elles contiennent également nombres de pages de journal ou autres cartes de tarot à découvrir. Sans oublier quelques autres mystères. Tout cela renforce encore le côté extrêmement lent de l’aventure.

Une technique entre deux âges

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Ce test a été réalisé sur la version PC du jeu et je m’adresserai donc à tous ceux d’entre vous qui jouent sur cette plateforme : si vous rencontrez de gros problèmes de performance et un sluttering omniprésent, essayez de lancer le jeu sans passer par le lanceur de 2K. Sur ma configuration, ce fut le jour et la nuit. Il est en tout cas clair que la partie technique de Midnight Suns souffle le chaud et le froid. Ainsi, les animations d’attaque lors des combats sont d’excellentes factures, donnant un côté très spectaculaire aux plus puissantes d’entre elles. À l’inverse, dès qu’on laisse tomber le costume pour rejoindre l’Abbaye, on a le sentiment de faire un bond en arrière dans le temps. Entre les textures qui manquent parfois cruellement de détails et les animations faciales figées de certains personnages, on est loin d’être à niveau. Ce côté un peu vieillot se retrouve également dans la mise en scène des dialogues, souvent plate et où les personnages se contentent de débiter leurs dialogues dans une succession de champs/contre-champs.

Money Man

Impossible de ne pas aborder la question de la personnalisation des personnages dans un jeu de super-héros. Oui, Midnight Suns propose bien d’acheter, avec de l’argent bien réel, des costumes pour les personnages. À côté de cela, le jeu intègre tout un pan de personnalisation que vous pouvez acheter avec une monnaie (les éclats) que vous obtenez en récompense de vos missions. Un montant plus ou moins important en fonction de la difficulté. Tout va bien alors ? Disons qu’il faut nuancer. D’abord, la personnalisation via les éclats passe par les coffres que l’on trouve un peu partout dans l’Abbaye et ses environs. Ouvrir ces coffres avec une clé dédiée débloque des options de personnalisation (ce principe ne vous rappelle rien ?). Enfin, "débloque la possibilité de les acheter" est plus exact. La formule est donc assez aléatoire et il faut préciser qu’il s’agit souvent de palettes de couleurs qui n’apportent parfois qu’une très légère modification à l’armure d’un héros.

La boutique d'apparence Premium

Il est également décevant de noter que les options de personnalisation à la création du personnage de Hunter sont réduites par rapport aux possibilités qui se débloquent en cours de jeu. Et on trouvera peut-être un peu mesquin de voir que ces mêmes options deviennent soudainement payantes (toujours en éclats) une fois la création du personnage terminée. Conclusion, oui, vous pouvez personnaliser vos héros sans dépenser d’argent réel, mais le jeu n’oublie pas de vous tenter avec des apparences premium payantes, elles.

Conclusion

Marvel’s Midnight Suns est un titre que j’ai trouvé à moitié réussi. On mettra sans hésiter son système de combat dans ses points forts. Dynamique et spectaculaire tout en restant accessible, le jeu fait du bon travail de ce côté. Je suis par contre moins convaincu par la partie sociale du jeu. Vouloir remplacer la base classique d’un XCOM par un hub que l’on peut parcourir en vue à la troisième personne était une idée qui aurait pu être intéressante. Mais son impact sur le rythme du jeu et sa réalisation technique en retrait finissent par desservir le jeu.

Test réalisé par Grim sur PC à partir d'une version fournie par l'éditeur.

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Plateformes PlayStation 4, PlayStation 5, Windows, Xbox One, Xbox Series X|S
Genres Jeu de rôle (RPG), stratégie, tactical rpg, tactique au tour par tour, super héros

Sortie 2 décembre 2022 (Windows)
2 décembre 2022 (Xbox Series X|S)
2 décembre 2022 (PlayStation 5)
11 mai 2023 (PlayStation 4)
11 mai 2023 (Xbox One)

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