Test de The Wreck – Un Visual Novel qui veut se reconstruire
Le studio français The Pixel Hunt, à qui l'on devait déjà le bouleversant Bury Me My Love, nous revient avec un nouveau jeu narratif au ton très adulte. Partons ensemble à la rencontre de Junon, l'héroïne de The Wreck.
Une journée qui change tout
Au début du jeu, nous faisons la connaissance de Junon. Jeune femme au milieu de la trentaine, Junon peine à trouver un sens à sa vie. Elle a laissé derrière elle une carrière de scénariste pour devenir l’aide administrative de sa mère, une célèbre artiste. Tout change lorsque reçoit un appel des urgences d’un hôpital. Sa mère vient d’être admise dans un état critique et c’est Junon qui doit prendre les décisions difficiles qui s’imposent. Pour ne pas craquer, Junon doit faire face aux traumatismes de son passé pour trouver les ressources qui lui permettront de faire la paix avec elle-même.
En thérapie
The Wreck raconte donc une histoire qui s’intéresse beaucoup à l’intimité de ses personnages. Sur bien des aspects, le jeu ressemble à une thérapie pour Junon et aborde des thèmes qui ne seront peut-être pas au goût de tous. Maladie, deuil, parentalité ou relations avec nos proches sont autant de thèmes abordés durant le jeu, souvent avec intelligence et une sensibilité qui peut trouver un écho chez les joueurs trentenaires. En contrepartie, il n’est pas forcément simple d’entrer dans l’histoire du jeu. La forme prise par la narration est en effet assez particulière. Junon se trouve devant une situation à laquelle elle ne peut faire face, part en voiture, a un accident, flashback et on recommence. Dans mon cas, les pièces ont commencé à s’emboiter vers le milieu du jeu, à l’arrivée de l’ex-mari. Le passé de Junon s’éclaircit alors et certains choix de narration avec lui.Fond et forme
Présenter The Wreck comme un visual novel est probablement la façon la plus juste de décrire le jeu. The Wreck met en effet l’accent sur la narration et réduit sa partie « mécaniques de jeu » au minimum. Ainsi, le nombre d’interactions proposées au joueur est limité. Lorsque nous suivons les pensées de Junon, certains mots mis en évidence nous permettent d’orienter la suite de ses réflexions. Et éventuellement de débloquer une nouvelle réponse possible lors du dialogue qu’elle entretient avec son interlocuteur. Difficile de dire d'ailleurs si ces choix de dialogues ont un impact sur le déroulement du jeu. Parfois, c’est un concept ou un thème plus ou moins caché dans le décor qu’il nous faut trouver. Certains s’avèrent insaisissables sur le moment, nous conduisant dans la situation dont je parlais dans le paragraphe précédent. Fuite en voiture, accident, flashback, etc. Une structure narrative qui devient vite monotone tant elle se répète. Je n’ai pas tenu le compte, mais je dois avoir vécu l’accident une bonne vingtaine de fois durant les cinq heures du jeu.
« Arrête, tu tournes en boucle » dit d’ailleurs un personnage à Junon durant le jeu et rarement une citation n’aura aussi bien résumé mon opinion sur un jeu. Les flashbacks, étapes nécessaires pour que Junon puisse avancer, prennent ainsi également la forme d’une boucle. Il s’agit de séquences dans lesquelles vous pouvez avancer ou reculer pour trouver (là aussi) des mots dans le décor. Petit problème, ces mots ne sont parfois disponibles que depuis des positions très précises. J’ai fait le jeu au pad et sur ce point, il est probable que la souris se montre plus précise et rapide. On se perd parfois un peu à parcourir toute la séquence pour trouver LE mot et LE moment qui nous permettront d’avancer. Mais pour être franc, si ces flashbacks se montrent si répétitifs, c’est surtout parce que nous revivons les mêmes flashbacks plusieurs fois durant le jeu. Oh, les deuxièmes et troisièmes fois ne sont pas aussi longues que la première mais la mécanique reste : parcourir la séquence pour y trouver le passage qui nous permettra d’avancer. Et ce qui se révèle un peu lassant, à force.
Parenthèse linguistique
J’aimerais ouvrir une petite parenthèse sur le doublage du jeu. Il n’est pas dans mes habitudes de critiquer l’absence de version doublée française sur un jeu français. C’est la norme sur beaucoup de jeux indépendants, le doublage représente un coût qu’un petit studio ne peut pas forcément se permettre. The Wreck n’y échappe pas et propose donc un doublage exclusivement en langue anglaise accompagné d’un sous-titrage intégral en français. Ceci dit, je ne jurerais pas que tous les doubleurs principaux du jeu sont anglophones d’origine, et ça s’entend. On s’y habitue, mais le fait que les sous-titrages soient très adaptés à notre quotidien franco-français (Junon écrit des scénarios pour une célèbre série française par exemple) donne un côté parfois étrange à l’ensemble.Hormis ce point, le jeu s’en tire correctement sur le plan technique. La direction artistique est plutôt réussie et si certains regretteront un manque d’animations faciales, j’ai pour ma part trouvé que cela collait assez bien à l’ensemble du jeu. On tendra également l’oreille pour la chouette musique accompagnant le jeu.
Alors, que penser de The Wreck ?
La conclusion de ce test est assez partagée. Si on ne s’intéresse qu’au fond, The Wreck est bon. Le titre explore les traumatismes et la reconstruction de Junon avec intelligence et sensibilité, malgré une conclusion un brin facile à mon goût. C’est sur la forme que le titre de The Pixel Hunt pèche à mon sens. Je l’ai fini pour son histoire, c’est un beau roman, mais c’est également un jeu vidéo que j’ai trouvé très moyen sur son aspect ludique.
Test réalisé par Grim à partir d'une version fournie par le développeur.
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Plateformes | Android, Nintendo Switch, PlayStation 4, Windows, Xbox One, Xbox Series X|S, iOS |
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Genres | Aventure, visual novel, contemporain, réaliste |
Sortie |
14 mars 2023 (Windows) 14 mars 2023 (Xbox One) 14 mars 2023 (PlayStation 4) 14 mars 2023 (Nintendo Switch) 3 octobre 2023 (iOS) 3 octobre 2023 (Android) |
Aucun jolien ne joue à ce jeu, aucun n'y a joué.
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