Test de Viewfinder - Un puzzle-game qui fait illusion

Peu nombreux sont les jeux de puzzle a réellement tenter de s'éloigner de la formule de Portal. C'est pourtant à ce club très fermé que Viewfinder va tenter d'appartenir, avec un certain succès comme nous allons le voir dans ce test garanti sans illusions d'optique.

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Un monde à développer

Lorsque le jeu débute, nous apparaissons dans un monde paisible et étrange à la fois. C’est ici que plusieurs des plus grands esprits de leur époque se sont réfugiés pour y effectuer des recherches, à l’abri des contraintes du monde des hommes. Nous sommes ici pour trouver l’une de ces recherches qui pourrait sauver notre monde. Du moins, c’est ce que nous espérons. Guidé par Cait, un étrange chat à la fois gardien et témoin des expériences des chercheurs de ce monde, nous devons explorer les ateliers contenant les travaux de ces grands esprits. Et percer les mystères de ce monde aujourd’hui à l’abandon.

Question de point de vue

Le genre du puzzle-game en vue à la première personne est un genre auquel je reproche régulièrement de ronronner dans la continuité des principes posés par Portal. C’est donc avec curiosité que j’attendais ce Viewfinder au concept prometteur. En effet, le gimmick de Viewfinder consiste à permettre au joueur d’intégrer dans l’environnement une projection en trois dimensions d’une image. Et n’importe quelle image que le joueur peut trouver dans l’univers du jeu est susceptible d’être projetée et donc intégrée dans le décor. Au début, le jeu nous prend par la main, les images que l’on peut utiliser sont des photos qu’il faut simplement placer à un endroit utile ou encore des illusions d’optique qu’il faut observer sous le bon angle pour les rendre réelles. Bien vite pourtant, nous recevons notre propre appareil photo qui nous laisse bien plus de liberté sur la manière de résoudre les énigmes.

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Le concept est classique : le joueur doit pour chaque puzzle réussir à atteindre le téléporteur qui le conduit à la suite du jeu. Problème, ces téléporteurs sont souvent hors d’atteinte, séparés du joueur par le vide. Il faut donc utiliser des photos pour rejoindre ces endroits. N’importe quel mur pris en photo peut ainsi se transformer en pont de fortune pour rejoindre la sortie. Plus loin, il faut alimenter les téléporteurs à l’aide de batterie qui remplacent ici les cubes universels des puzzles-games. Mais attention, peut-être n’y aura-t-il pas suffisamment de cubes pour alimenter les portails. Si seulement nous possédions un moyen de les dupliquer... Ce ne sont là que quelques exemples classiques de défis que pose Viewfinder.

Zut, la sortie est au plafond

Mais qui a des idées

Car une des qualités du jeu est sa capacité à apporter régulièrement de nouvelles idées. On retrouve bien sûr des variations sur les mécaniques normales du jeu, en introduisant par exemple des appareils photo à retardateur (dont je vous laisse découvrir l’utilité) ou des mécanismes qui réagissent au son.  Mais le jeu ne se contente également pas de son concept de projection d’image ou de photo dans le décor pour varier les plaisirs. Le jeu plonge par exemple pour un moment dans l’univers des illusions d’optique. On regrettera tout de même que certaines de ces idées soient un peu sous-exploitées. Le jeu reste également très sage dans l’identité visuelle des mondes qu’il propose. À l’exception de deux ou trois passages, il n’utilise que très peu les idées graphiques que pouvaient permettre l’intégration de « n’importe quelle image » dans son univers. Ne crachons toutefois pas dans la soupe, le jeu fait dans l’ensemble un bon travail pour que le joueur ait régulièrement l’impression de devoir adapter sa façon de penser aux nouveaux éléments ajoutés par le jeu. Tout en ayant le bon goût de rester logique dans ses solutions, même quand elles sont, à priori, un peu idiotes.

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Simple dans la forme et le fond

Les filtres, souvent peu lisibles
Les filtres, souvent peu lisibles
Le jeu est simple à prendre en main et ne demande pas de manipulations compliquées pour arriver à nos fins. Une gâchette permet de viser avec l’appareil photo, la deuxième prend la photo. On passe de l’appareil aux photos avec le D-pad et on reprend le même principe pour intégrer les photos avec les deux mêmes gâchettes. On peut faire pivoter les images afin de les aligner et il est possible à tout moment de remonter le temps et/ou d’annuler notre dernière action. Seul problème, déjà relevé lors de notre aperçu : il est compliqué d’estimer les distances lorsqu’on projette les photos en 3D. C’était peut-être trop difficile à réaliser, mais j’aurais aimé que le jeu nous donne un aperçu du résultat, en transparence par exemple, avant la projection. Là, on tâtonne un peu trop souvent pour trouver un placement qui n’est ni trop haut ni trop bas, ni trop loin ni trop près. Il est bien possible d’ajouter des filtres aux photos que l’on projette mais ceux-ci sont purement visuels et nuisent peut-être même encore plus à la lisibilité.

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Viewfinder est donc un puzzle-game assez classique dans la forme, ce qui se ressent dans sa structure très linéaire. Chaque atelier ou espace de travail dans lequel nous arrivons ressemble à un hub. Dans chacun de ces hubs, on trouve des bornes qui sont les points d’accès à différentes séries de puzzles. Chaque borne propose une succession de 3 ou 4 puzzles qu’il faut compléter pour déverrouiller la borne suivante dans le hub. Il n’est toutefois pas nécessaire de tout finir pour terminer le jeu, certaines bornes ne proposent que des puzzles facultatifs. Au total, on doit tourner autour de la soixantaine de puzzles pour une durée de vie qui doit se situer vers les 6 heures pour arriver au terme du jeu sans chasser les succès. Ça peut sembler court, mais le jeu évite ainsi de trop se répéter. La difficulté n’est également pas très élevée pour les fans du genre, à l’exception de certains puzzles facultatifs. Il m’est ainsi fréquemment arrivé de terminer un niveau en n'utilisant qu’une petite portion des photos disponibles pour terminer le niveau. Un contraste avec le dernier niveau du jeu, en temps limité et dont je me demande s’il est possible de le terminer dans les temps sans anticiper les obstacles que l’on trouvera plus loin.

Encart technique

Viewfinder ne sera pas la plus grande claque visuelle de l'année. Loin de là même. Le jeu fait le choix de rester sur un rendu visuel assez simple qui se combine bien au concept de ses énigmes. Le jeu devrait donc tourner parfaitement sur une machine pas trop ancienne. On note également que l'enchainement des puzzles se fait en douceur, sans temps de chargement. Seule la transition entre les différents hubs en nécessite un, dissimulé derrière un voyage en train. Dernier point, le jeu propose des doublages exclusivement en anglais, mais un sous-titrage français est disponible, tandis que les textes du jeu (livres ou notes laissés dans le décor) sont traduits.

J'aurais aimé plus de délires dans ce genre
J'aurais aimé plus de délires dans ce genre

Alors, c’était comment Viewfinder ?

Avec son concept original bien maîtrisé et sa réalisation sans défaut majeur, Viewfinder coche les cases de la bonne surprise de ce début d’été. Malgré sa durée de vie peut-être un peu faible et sa difficulté un peu basse, le jeu de Sad Owl Studios mérite qu’on lui accorde un coup d’œil et qu’on se projette dans l’expérience qu’il propose.

Test réalisé sur PC par Grim grâce à une version fournie par l'éditeur.

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