Test de SteamWorld Build - Une nouvelle bonne pioche pour la franchise ?

Depuis près d'une dizaine d'années maintenant, la franchise SteamWorld décline ses titres dans différents genres de jeux. Après la plateforme, la stratégie et le RPG, place au City-builder avec le bien nommé SteamWorld Build. Au programme, des robots, des mines et toujours autant de fun.

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Creuser pour aller plus haut

Bien qu’il soit totalement possible de s’en passer et de directement se lancer en mode bac à sable, SteamWorld Build propose bien une histoire. Nous y découvrons Jack et sa fille Astrid, deux SteamBots parmi une colonie n’ayant qu’un seul rêve : fuir cette terre dévastée sur laquelle ils sont coincés. Pour cela, il leur faut construire une fusée à l’aide des technologies qui reposent là, sous leurs pieds. Alors, à vos pelles et autres pioches, le travail n’attend pas.

Des bases classiques

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Les débuts de partie dans SteamWorld Build se révèlent assez classique. Après avoir choisi notre carte parmi les cinq qui nous sont proposées, nous voilà lâché sur un terrain désert. Enfin, presque désert, puisqu’on y trouve tout de même une gare ferroviaire et une mine, dont la remise en état sont nos deux premiers objectifs principaux. Mais avant cela, il est temps de préparer les lieux pour notre population. Nous plaçons donc des routes et nos premières habitations. Sur cet aspect, SteamWorld Build ne se base pas sur un système de zones. Ici, chaque bâtiment se place à la main à la manière de la série Anno, par exemple. Cette première étape franchie, il est temps de s’occuper d’installer nos générateurs de ressources premières. Il nous faut un endroit où couper du bois, une scierie pour le transformer en planches nécessaires à la fabrication des différents bâtiments et un entrepôt pour stocker le tout. Vous voilà avec les bases d’une ville fonctionnelle.

Une gestion en surface

Les choses se complexifient évidemment très vite, car SteamWorld Build met une emphase particulière sur la gestion de la satisfaction de vos habitants. Globalement, chaque type d’habitants possède des besoins spécifiques que vous devez satisfaire. Vos ouvriers de base ont par exemple besoin d’un magasin généraliste alors vos ingénieurs sont plutôt demandeurs d’un saloon. Loin d’être anecdotique, la satisfaction des besoins impacte directement tant vos revenus que le nombre de travailleurs que fournit une habitation. Une habitation pour ouvriers dans sa version de base vous fournit par exemple 4 habitants alors que la même habitation dont les besoins sont satisfaits en donne plus du double.

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Bien entendu, certains de ces besoins dépendent eux-mêmes d’autres bâtiments qu’il vous faut également construire. Mais chaque bâtiment de production que vous construisez nécessite lui-même un certain type de travailleurs pour fonctionner, sous peine de ralentir la production, voire de l’arrêter totalement. Ce qui donne lieu à des situations cocasses où il vous faut des ingénieurs pour obtenir plus d’ingénieurs. Plus subtil encore, dans SteamWorld Build, vous ne pouvez pas construire immédiatement une habitation dédiée à un type avancé d’habitants. Tout part d’une habitation de base qu’il faut faire évoluer. L’ingénieur, par exemple, occupe la maison d’un ouvrier que l’on a fait évoluer. Ce qui nous oblige constamment à jongler avec la satisfaction globale de tous les types d’habitants (vous ne pouvez faire évoluer un bâtiment que si la satisfaction associée est au maximum). Mais aussi à garder à l’œil notre nombre de travailleurs, car « évolution » implique que nous perdons un type de travailleurs pour en gagner un autre.

De l’art délicat du stockage

Qui dit jeu de gestion dit également production de ressources et SteamWorld Build ne fait pas exception. Là aussi, les premières impressions semblent classiques. On pose nos premiers bâtiments transformant les ressources de la carte en matière première (des bucherons pour le bois par exemple), un bâtiment qui transforme ça en ressource utilisable ailleurs (une scierie pour transformer le bois en planches) et on relie le tout à un entrepôt grâce à une route. Le jeu nous fournit un très utile écran résumant à la fois la production et la consommation de chaque ressource, histoire de bien garder ça à l’œil. Pourtant, dès que la ville commence à trouver son rythme de croisière, on constate que le jeu demande plus d’attention que prévu. Notre ville ne peut en effet stocker qu’un nombre limité de ressources et, contrairement à d’autres jeux du genre, multiplier les entrepôts ne sert à rien.

Le train sifflera trois fois

Le troc à la garre
Vous vous souvenez de la gare dont je vous ai parlé plus tôt ? Et bien figurez-vous que le bâtiment trouve son importance dans la gestion de nos stocks. Par son biais, nous pouvons en effet nous lancer dans l’échange de ressources. Nous produisons trop de bois et n’avons pas assez d’outils ? Plaçons une commande d’échange, notre bois contre des outils, qui sera effectuée à chaque passage du train (soit toutes les quelques minutes). C’est également dans ce centre d’échange et d’achat qu’est la gare que nous pouvons nous procurer des améliorations pour nos bâtiments. Il s’agit là d’objets spéciaux que nous pouvons ajouter à l’un de nos bâtiments via sa fenêtre de gestion et qui lui accorde un bonus spécifique, à raison d’un bonus par bâtiment. Sous ses abords de jeu mignon un peu simpliste, SteamWorld Build cache donc des mécaniques un peu plus complexes qu’il n’y parait.

Des bienfaits d’une bonne interface

Toutefois, cette légère complexité des mécaniques ne rend pas le jeu exigeant pour autant. L’équipe de The Station a ainsi pris soin de vous permettre de corriger simplement des erreurs de planification initiales. Il est ainsi possible de déplacer (ou de détruire, vous êtes alors remboursé du coût initial) tout bâtiment que vous avez installé. Ce qui s’avère même nécessaire puisque certaines installations liées aux matières premières ont une notion de « fertilité » qui peut vous amener à déplacer les bâtiments au fil du temps. Autre décision particulièrement bienvenue, les différents menus de construction vous indiquent toujours immédiatement les prérequis à la construction d’un bâtiment et notamment si d’autres bâtiments sont nécessaires pour placer celui qui vous intéresse. Mieux encore, vous pouvez directement placer ces bâtiments prérequis sans avoir besoin de chercher dans quel menu ils sont planqués.

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Un jeu qui tousse dans les profondeurs

Si vous avez déjà joué à un jeu de la franchise SteamWorld, et en particulier à SteamWorld Dig, vous savez probablement que l’univers fait la part belle aux aventures souterraines. SteamWorld Build ne fait pas exception et intègre une partie dédiée aux activités minières. Le gameplay fonctionne ici de manière différente. Dès le puits de mine réparé, vous avez accès à un premier niveau sous-terrain (car oui, il y en a plusieurs). Contrairement à la surface, l’espace est ici très réduit et vous devez l’utiliser au mieux pour héberger les différents types de robots qui y travaillent. Et c’est là qu’on voit apparaître les premiers problèmes. Le jeu fonctionne ici totalement sur un principe de zoning. Vous définissez une zone qui abrite vos mineurs, une autre pour vos prospecteurs, vos ingénieurs, etc. Plus la zone est grande, plus vous disposez de personnel et chacun d’entre eux a un rôle différent. Les mineurs minent, les prospecteurs exploitent des filons spécifiques, les ingénieurs s’occupent des machines et les gardes s’assurent de la sécurité de l’ensemble. Car oui, plus vous explorez, plus vous risquez de faire des mauvaises rencontres et de voir quelques mineurs imprudents se faire arracher la tête par les bestioles qui rôdent là en bas.

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De nouveau, l’interface se montre efficace pour gérer l’ensemble. La barre de construction horizontale du bas de l’écran devient spécifique à la mine et vous permet de définir rapidement les différentes zones utilisables. Un onglet, marqué d’une pioche, vous permet de plus de spécifier précisément les zones dans lesquelles vous souhaitez que vos mineurs creusent alors qu’ils se chargent de sécuriser (un peu) les lieux sans ordres précis de votre part. Bref, malgré la multiplication des zones, des machines et des types de roches où creuser, le jeu reste assez lisible. La mine en elle-même regorge de surprises, trésors et autres objets à découvrir qui encourage l’exploration.

Des bémols

Si l’interface se montre donc plutôt agréable et efficace, je place un gros point noir au jeu sur la gestion des sauvegardes. Alors que je suis plutôt du genre à apprécier les jeux me permettant créer des points de sauvegarde réguliers aux jalons importants de ma partie, SteamWorld Build impose quant à lui une sauvegarde unique. Autre petit regret, le jeu ne prévoit aucune touche pour mettre immédiatement le jeu en pause, seul un raccourci clavier pour cycler entre les trois vitesses du jeu (pause, normale et rapide) est disponible. Autre point gênant, le jeu manque cruellement d’indicateurs visuels sur les problèmes rencontrés en ville. Ainsi, on se retrouve parfois avec des bâtiments qui sous-performent sans raison apparente. Ou avec une partie de la population qui se plaint soudain d’un manquement dans la satisfaction de leurs besoins alors que les graphiques de synthèse vous indiquent que l’offre est supérieure à la demande. En avançant dans la partie, on finit toutefois par comprendre les subtilités que le jeu n’explique que peu ou mal.

Jusqu'ici, tout va bien
Jusqu'ici, tout va bien

En attendant de maitriser un peu son sujet, la boucle de gameplay a tout d’une montagne russe : phase d’équilibre de l’activité de la ville, agrandissement pour passer le jalon suivant, crise de satisfaction, résolution et retour à l’équilibre. On regrettera également que les cinq cartes du jeu n’apportent que peu de variété et se limitent souvent à changer uniquement l’atmosphère de la ville. Car du côté du gameplay par contre, rien ne change, le développement d’une ville sur une autre carte respectera exactement le même plan, avec les mêmes développements aux mêmes moments. Dommage, car cela diminue d’autant la rejouabilité du titre. Il m’a fallu une douzaine d’heures pour construire ma fusée et la petite récompense pour avoir terminé une carte ne suffit pas à me donner envie d’en entamer une autre.

Alors, ça vaut quoi, SteamWorld Build ?

Comme on pouvait s’y attendre, SteamWorld Build n’est pas un city-builder complexe sur lequel vous passerez des centaines d’heures. À l’image des autres jeux de la franchise, nous avons ici plutôt droit à un jeu simple à prendre en main, immédiatement fun mais dont on aura fait le tour en une dizaine d’heures.

Test réalisé par Grim sur PC à partir d'une clé fournie par l'éditeur

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